• Ceux qui peuvent voler ne doivent pas s'en priver - Chapitre 14

    Chapitre 14

     Detnerat

     

    -       Ça fait un moment qu’on ne t’avait pas vu Shinji, dit un collègue alors que je passe la porte du laboratoire.

     

    -       Tu sais bien que je n’aime pas la foule, Tadashi. Si je pouvais ne jamais voir personne, je ne m’en porterais que mieux.

     

    -       Toujours aussi sauvage, dit mon collègue alors que je m’assois malgré moi sur le fauteuil à côté de lui.

     

    -       Ouais, et je l’assume, dis-je. Si je reviens, c’est juste parce que je n’ai pas le choix, je ne peux pas tout faire de chez moi.

     

    -       Tu as quand même de la chance, dit Tadashi en étant avachi sur son fauteuil. Votre notre boulot, travailler de chez soi, même ne serait-ce qu’un peu, c’est exceptionnel. Qu’est-ce que tu as fait pour convaincre le patron de te laisser faire ? Et je ne parle même pas du matériel. Tu dois avoir une sacrée installation chez toi.

     

    -       J’ai ce qu’il faut, dis-je simplement. Et je n’ai pas eu de passe doit, j’ai simplement fait valoir que j’étais plus efficace seul chez moi, qu’ici. Et les résultats sont là, il me semble. Si je ne donnais aucuns résultats probants, je pense que je n’aurais pas le choix.

     

    -       Oui, sans doute, dit Tadashi.

     

    -       Bon, je m’y mets. Plus vite je me mettrais au travail, plus vite je pourrais rentrer chez moi, dis-je.

     

    -       T’es vraiment pas drôle Shinji. T’es tellement austère comme garçon.

     

    Je ne lui réponds pas. Me voici dans un nouveau rôle, un rôle totalement différent de celui que je joue quand je suis à l’alliance des super vilains. J’ai aussi un autre nom, pour ne pas éveiller les soupçons. Shinji Azuma, c’est mon patronyme ici. Je joue un homme austère et qui n’aime personne.

     

    Mon style vestimentaire aussi contraste avec celui que j’arbore dans la vie courante, ou avec l’Alliance. Des lunettes, des lentilles noires que j’utilise aussi pour l’Alliance pour cacher mes yeux dorés trop reconnaissables, des cheveux devant les yeux pour cacher mon visage, des vêtements pas du tout à la mode, chemise à carreaux, pantalon en tweed. Même Hawks n’arriverait pas à me reconnaitre. Si j’ai choisi ce look, c’est pour rester discret vis-à-vis de mes collègues, mais pour autant, j’ai su devenir une pièce indispensable pour le directeur de l’entreprise et c’est exactement ce que je recherchais.

     

    C’est justement lui que je surveille et le fait de parvenir à l’approcher est déjà une victoire pour moi. Bien entendu, le chemin a été long pour en arriver, mais le tout, c’est d’y être. Je commence à travailler sur mon ordinateur, récupérant les données que j’ai sauvegardée chez moi, mais j’ai à peine le temps de les charger que je reçois un message. Apparemment, le patron sait déjà que je suis là et il m’attend. Je me lève et Tadashi me regarde interrogation.

     

    -       Tu pars déjà, Shinji ? Tu viens à peine d’arriver. Me dis pas que tu as déjà terminé ?

     

    -       Bien sûr que non, mais j’ai été convoqué.

     

    -       Par le patron ?

     

    -       Hum, dis-je en fermant la session de mon ordinateur.

     

    -       Eh beh, t’es vraiment un privilégié. Sa venue dans ce service peut se compter sur les doigts d’une main et toi, tu peux le voir comme ça.

     

    -       Tu n’as qu’à lui dire, dis-je d’un ton neutre.

     

    -       Tu rigoles ! dit-il avec un regard effrayé. Il parait que ses colères ne sont pas tristes, je ne tiens pas à les expérimenter.

     

    -       Alors, ne te plains pas, dis-je.

     

    Je m’en vais pour rejoindre le bureau du patron. La réputation le précède dans l’entreprise et encore ils sont loin du compte concernant ces accès de colère, tout simplement parce que ça vient justement de son alter : Stress. Plus il est stressé et plus il gagne en puissance.

     

    J’arrive devant la porte du bureau et frappe. J’entends une voix qui me dit d’entrer et j’ouvre la porte. Devant moi se tien celui que je dois surveiller et qui pourrait devenir un problème pour la société si on le laisse agir à sa guise : Rikiya Yotsubashi, connu par ses familiers sous le nom de Re-destro, descendant d’un ancien vilain Destro qui a fini par se suicider. J’ai mis du temps à obtenir cette information, car personne ne savait que Destro avait eu un enfant. C’est après plusieurs recherches et en m’intéressant à l’armée de libération des facultés para-humaines dont Destro était le principal instigateur que j’ai pu trouver l’information.

     

    Après j’ai infiltré l’entreprise Detnerat dirigé par Yotsubashi et j’ai tout fait pour me rendre indispensable, mais ça n’a pas été évident. N’ayant pas d’alter à proprement parlé, j’étais la dernière personne à pouvoir l’approcher et surtout l’intéresser. Cependant, grâce à mes connaissances scientifiques, notamment en génétique, j’ai pu m’infiltrer au plus près de lui. Je n’en suis pas très fier, mais j’ai contribué à certaines magouilles de Re-Destro pour qu’il puisse me faire confiance. Mais l’infiltration en tant qu’espion est ce qu’elle est et on est parfois obligé, pour le bien de la mission, de fermer les yeux sur certaines activités interdites. C’est d’ailleurs ce que j’ai essayé de faire comprendre à Hawks. En tout cas, c’est grâce à ça que j’en suis là.

     

    -       Shinji ! dit Yotsubashi avec bonne humeur. Te voilà enfin de retour.

     

    -       Bonjour Monsieur, dis-je simplement. Oui je suis rentré.

     

    -       J’ai lu les derniers éléments que tu m’as envoyé et c’est très prometteur comme toujours.

     

    -       Je viens de télécharger les derniers résultats à l’instant.

     

    -       Oh ! Comme toujours, droit au but.

     

    -       Je n’aime pas perdre de temps.

     

    -       Tu as raison, le temps c’est important, dit-il. Tu ne veux pas t’asseoir un moment ?

     

    J’obéis pour ne pas le contrarier. Jusque-là, il est plutôt de bonne humeur et j’espère que ça va durer. Une fois assis, il jette un œil à son ordinateur.

     

    -       Comme tu le sais, nous allons développer de nouveaux costumes pour les héros et j’avoue que ta façon d’aborder leur conception est vraiment intéressante, dit-il.

     

    -       J’essaie juste d’envisager l’optimisation au maximum de l’alter de la personne cela ne passe pas que par des gadgets ou un costume adapté. La science doit jouer un rôle prépondérant et plus encore la génétique car c’est de la que vient les pouvoirs.

     

    -       Eh bien, tu es plus loquace quand tu parles de ton travail, dit-il. Ça me plait. Bien que tu n’aies pas d’alter, tu te mets au service de ceux qui en ont. Tu sais parfaitement où est ta place.

     

    Ce genre de remarque pourrait faire mal à n’importe qui n’ayant pas d’alter. Il essaie de ranger les sans alters dans une case et notamment celle d’être inférieur. Ça me met dans une rage folle, mais je fais tout pour me contenir.

     

    -       J’essaie, en tout cas, dis-je en ignorant sa dernière phrase. J’estime que chaque faculté doit être optimisé pour chaque personne. C’est vraiment dommage de ne pas pouvoir utiliser se pouvoirs alors qu’on en a la possibilité.

     

    -       C’est comme toi avec la génétique, dit Yotsubashi. Tu es un génie dans ce domaine. C’est vrai que ce serait dommage que tu n’utilise pas ton talent à cent pour cent alors que tu le peux.

     

    -       Oui, on peut voir les choses comme ça, répondis-je.

     

    -       On a la même vision des choses, dit-il. A quoi sert d’avoir des pouvoirs si ce n’est pas pour s’en servir, dit-il en se levant.

     

    Il finit par me tourner le dos, les yeux dans le vague. Je ne bouge pas, je ne veux pas le perturber.

     

    -       Mon père avait cette vision, dit-il, et personne ne l’a écouté, mais je compte bien changer les choses. Mais pour cela, il faut qu’il y ait de l’ordre.

     

    Il se tourne à nouveau vers moi et je constate qu’il a activé son alter. Je ne bouge pas, je remonte simplement mes lunettes qui glissent malgré moi de mon nez. Je ne sais pas s’il essaie de me tester, mais je ne lâcherais pas, d’ailleurs il ne m’effraie pas.

     

    -       De quelle manière ? demandais-je.

     

    -       Déjà en me débarrassant des nuisibles, se confie-t-il. Cette Alliance des vilains, je compte bien m’en débarrasser.

     

    La nouvelle ne m’étonne qu’à moitié, mais j’essaie de ne rien montrer.

     

    -       Comment comptez-vous vous y prendre ?

     

    -       En coupant une partie de leur approvisionnement, dit-il avec un sourire machiavélique. On ne devrait pas tarder à mettre la main sur celui qui leur fournit leur équipement et quand il sera entre nos mains, je compte bien lui faire cracher le morceau sur leur emplacement.

     

    Là j’avoue, ça craint un peu. Si c’est bien celui auquel je pense, alors connaissant Re-Destro, il risque de passer un mauvais quart d’heure s’il se fait chopper.

     

    -       Est-ce que vous attendez quelque chose de moi ? demandais-je.

     

    -       Que tu fasses ce pourquoi tu es doué, Shinji, dit-il. Si je t’ai confié tout ça, c’est parce que je sais que tu ne l’ébruiteras pas, n’est-ce pas ?

     

    -       Bien sûr que non, dis-je. Ça n’a aucun intérêt pour moi. La seule chose qui m’intéresse ce sont mes recherches.

     

    -       Je suis ravi de te l’entendre dire, fit-il en désactivant son alter. Continue comme ça Shinji, fais ce que tu sais faire de mieux et tu ne le regretteras pas.

     

    -       Bien, dis-je simplement.

     

    -       Tu peux retourner travailler, dit-il.

     

    Je me lève et sors de la pièce. Je sais qu’il ne m’a pas donné ces infos par hasard, c’est une façon de tester ma loyauté. Si je fais fuiter la moindre information, il saura que ça vient de moi, vu qu’on était seuls tous les deux. Pardon Giran, mais je ne vais pas pouvoir t’aider. Je ne peux pas privilégier une mission au détriment d’une autre, donc je vais devoir faire comme si je n’avais rien entendu, tout du moins, face à l’Alliance. Pas évident de faire la part des choses et difficile de choisir les informations à diffuser et à qui les donner. La moindre erreur de ma part et toute ma couverture pourrait être foutue et ça, je ne peux pas me le permettre. Jamais.

     


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