• Chapitre 16

     Information surprenante

     

    Les quelques jours que j’ai passé avec ma famille ont été éprouvant, je ne pensais pas que recevoir une simple carte postale aurait pu me causer autant de soucis. Perdre encore un membre de ma famille, ça me déchire le cœur. Au fil des années, j’ai perdu tellement de monde, c’est toujours aussi douloureux, mais maintenant, je dois me reprendre, car si je fais tout ce que je fais, c’est pour protéger le reste de ma famille toujours en vie, pour qu’ils ne soient pas traqués et qu’on leur laisse vivre leur vie tranquillement ;

     

    Je me trouve dans le train et je dois me rendre chez Detnerat. Je suis sûr que l’Alliance a encore bougé et je n’ai pas forcément envie de les chercher pour le moment, surtout vu ce qui s’est passé la dernière fois. Ils attendront bien encore un moment avant de me revoir en espérant, cependant qu’il ne se soit pas passé trop de choses en mon absence.

     

    Après quelques heures de train, je rentre à l’appartement afin de me changer. Au moment où je passe la porte, je vois qu’il y a un mot sur la table, forcément de Hawks. Je le prends et l’ouvre. Il est crypté au cas où mais je parviens facilement à le déchiffrer et là, ce que je lis me donne des frissons dans le dos. Ce n’est pas possible, j’ai du mal à lire. Il ne peut pas s’être passé autant de choses en quelques jours. Je repose le message, un peu sonné par les informations de Hawks.

     

    Je me rends dans la chambre, puis dans la pièce attenante, cachée. J’allume l’ordinateur relié à Detnerat et commence à lire mes messages. Rien dans leur contenu ne laisse présager les choses, mais un mail me demandant de me rendre au bureau dès que possible m’alerte quelque peu. Il date fort heureusement d’hier, mais je sais que mon manque de réponse, va quand même alerter Monsieur Yotsubashi qui me demandera certainement de rendre des comptes. Mais, mon excuse est toute trouvée puisqu’elle est réelle. Fort heureusement, je m’étais avancé sur mon travail ce qui ne devrait pas poser de problèmes. Mais vu le mail qua j’ai reçu, je ne pense pas qu’il s’agisse de ça. Je réponds rapidement au message en disant que je serais au bureau d’ici une bonne heure.

     

    Je retourne dans la chambre pour me préparer et laisse par la même occasion un message à Hawks pour le prévenir que j’ai bien reçu l’information. Même si nous venions à nous croiser à l’Alliance, nous n’aurions pas la possibilité de nous parler. Je retourne ensuite au labo et me rends compte qu’il y a un nouveau message et là, je suis surpris par son contenu : « Ne revenez pas au bureau. Un véhicule va venir vous chercher à votre domicile d’ici une heure. »

     

    Un véhicule chez moi, d’ici une heure ? Je m’affole un peu car le lieu que j’ai indiqué dans mon dossier se trouve à trois quart d’heures d’ici. Je n’y mets presque jamais les pieds justement parce que ce n’est pas un lieu sécurisé. Je ne pensais pas qu’un jour Yotsubashi aurait l’idée de me faire chercher. Jusque-là, je me déplaçais toujours à l’entreprise. Est-ce que ce brusque changement aurait un rapport avec le message d’Hawks ?

     

    Probablement et maintenant il n’est plus temps de ses poser des questions. Il faut absolument que j’arrive « chez moi » avant l’arrivée de la voiture qui doit venir me récupérer. Je me change rapidement, prends mes affaires habituelles de travail et sors de l’appartement. Je serais presque tenté de prendre ma voiture, mais d’une, je ne suis pas sûr d’arriver à temps, à cause des embouteillages qui peuvent se profiler à cette heure-là et de deux, je n’aime pas trop l’idée de laisser ma voiture là-bas. Je n’ai pas envie qu’on la remarque, surtout que je ne suis pas censé en avoir une. Donc, tant pis, ce sera le métro et si j’arrive un peu en retard, je prétexterais être allé faire des courses en attendant leur arrivée.

     

    Je cours presque jusqu’au métro et il arrive juste au bon moment. Le trajet m’oblige à faire un changement et c’est là que je regrette ma trop grande prudence. Avoir deux logements aussi éloignés l’un de l’autre est certes, plus sécurisé, mais dans un cas comme celui-là, il me cause des problèmes. J’envie Hawks de pouvoir se déplacer rapidement en volant., même si ça manque de discrétion. De toute façon, lui n’a pas besoin de l’être puisque c’est un héros qui a justement l’habitude d’être sous le feu des projecteurs.

     

    Au bout de quarante minutes, j’arrive enfin devant chez moi. Je prends mon téléphone exclusivement réservé aux informations et appels de Detnerat. Je pense que j’aurais un message quand la voiture arrivera. Je monte rapidement à l’appartement et ouvre la porte. Je ne viens que très rarement ici, parce que le quartier est un peu trop fréquenté à mon goût et que sortir discrètement est compliqué.

     

    L’odeur de renfermé me prend dès que j’ouvre la porte et je me dis que je devrais venir un peu plus souvent ne serait-ce que pour faire le ménage. La pièce est petite, pas besoin de plus. Je ne prends même pas la peine d’ouvrir le volet roulant. De toute façon, je ne vais pas rester longtemps. Je fais le tour quand même pour vérifier que tout va bien quand je sens mon portable vibrer dans ma poche de jean. Juste trois mots « on est là ». J’avoue que je ne suis pas rassuré. C’est la première fois que Yotsubashi me fait un coup comme ça. Je suis partagé entre méfiance et curiosité, pour autant, je sais que ne pas y aller serait suspect.

     

    Je sors de l’appartement, referme soigneusement la porte avant de descendre dans la rue. Une berline noire m’attend. Je regarde autour de moi, il y a du monde mais personne ne semble faire attention à moi, fort heureusement. Je réajuste mes lunettes qui glissent sur mon nez, tandis que la porte arrière de la voiture s’ouvre pour me laisser entrer. Je m’engouffre à l’intérieur et me rends compte qu’il n’y a personne. C’est presque angoissant parce que je ne sais pas du tout ce qui va se passer et où on compte m’emmener. Et j’avoue, je déteste ce sentiment de ne pas maîtriser la situation.

     

    Mais j’imagine que si le patron de Yotsubashi a pris toutes ces précautions pour me faire venir, ce n’est pas pour rien. Je suis toujours étonné de constater qu’il me fait confiance, enfin c’est peut-être un bien grand mot, alors que je n’ai techniquement pas d’alter. J’imagine que je lui suis assez utile pour qu’il oublie ce détail non négligeable et tant que je le pourrais, je ferais en sorte de me rendre indispensable, la réussite de cette mission en dépend.

     

    La voiture démarre et me voici partit pour une destination inconnue. Je ne peux même pas regarder à l’extérieur car les vitres sont teintées. Je me demande pourquoi il prend autant de précaution. A-t-il peur que je dévoile le lieu où il se trouve une fois rentré ? Probablement et d’une certaine manière, il a raison de ne pas me faire totalement confiance. Mais malgré tout, il n’est pas dit que je ne découvre pas où il m’emmène par la suite.

     

    La voiture roule à vitesse constante, je pense que l’on a déjà quitté Tokyo. Je regarde ma montre, ça fait près d’une demi-heure que l’on roule et je ne sais pas combien de temps va durer le trajet. Je commence à avoir les yeux qui papillonnent, il faut dire que je n’ai pas beaucoup dormi ces derniers temps et la voiture n’arrange pas mon envie de dormir. Je ferme les yeux. De toute façon, quitte à être coincé dans cette voiture, autant en profiter pour me reposer un peu. Ça me permettra d’être un peu plus en forme quand nous arriverons et ça m’évitera de cogiter. Ma conscience me dit que ce n’est pas totalement prudent, mais tant pis, je prends le risque. Je me pose ma tête contre la vitre et m’endors assez vite.

     

    Un peu plus tard, c’est le ralentissement de la voiture qui me réveille et peut-être le bruit du chauffeur contre la vitre sans teint séparant l’avant et l’arrière du véhicule. Quoiqu’il en soit, j’ouvre les yeux et m’étends un peu pour me réveiller. La voiture s’arrête et j’entends les pneus finir leur rotation sur ce qui ressemble à une plateforme en métal, d’après le bruit. La voiture pivote soudain pour se remettre dans el sens de la marche. La portière s’ouvre et je sors sans un mot et me rends compte que nous sommes dans un parking d’immeuble.

     

    Le passager avant ainsi que le conducteur sortent à leur tour, costard noir, lunettes de soleil, pas de doute, ils sont dans leur rôle. Ils ne m’accordent aucun regard et se dirigent vers une porte d’ascenseur. Je comprends que je dois les suivre quand ils entrent dans l’ascenseur et que la porte coulissante reste ouverte. Je m’engouffre à l’intérieur, un peu fébrile de savoir où cela va me mener. Je ne suis pas totalement rassuré, je dois l’avouer. Nous montons jusqu’au dernier étage de l’immeuble. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent directement sur son bureau. Mes acolytes ne sortent pas, mais je sais que moi, je dois m’avancer.

     

     La porte se referme derrière moi et je constate que le bureau dans lequel je me trouve ressemble trait pour trait à celui de Monsieur Yotsubashi au siège de Detnerat, mais je sais qu’on n’y est pas, car la vue que donne la baie vitrée montre une ville totalement différente, qui a à priori subi des dégâts réparés à la va-vite. Quelques instants plus tard, je me rends comptes que quelqu’une m’observe. Trop curieux de découvrir l’endroit, je n’avais même pas remarqué que le directeur de Detnerat me regardait dans un coin, mais surtout qu’il n’était pas seul. Quand je vois l’homme à ses côtés, je me fige, de surprise, mais aussi d’effroi. Alors, c’est donc de ça que Hawks faisait allusion dans son message, c’est vraiment effrayant.

     


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