• Fanfiction My Hero Academia - J'aurais vécu

    My Hero Academia 

    J’aurais vécu 

     

    Série : My Hero Academia 

    Date de création : Du Lundi 23 janvier au jeudi 2 février 2023

    Personnages principaux : Izuku Midoriya – Katsuki Bakugo 

    Nombre de chapitres : One-shot 

    Avertissement :  Yaoi, POV de Katsuki 

    Genre : Romance, drame

    Rating : PG13 (+ de 13 ans) 

    Résumé : Katsuki découvre un peu brutalement qu'Izuku et Shoto sont en couple. Choqué par cette révélation, il va peu à peu perdre pied, mais une personne inattendue, va l'aider et le soutenir.

    Statut : Terminée

    Liens vers les dessins : Fanart My Hero Academia 

    Voici le lien des dessins :

     

    Je crois que mon cerveau vient de cesser de fonctionner, enfin, presque puisque j’arrive encore à penser une chose :

    -       C’est quoi ce bordel ?

    Les yeux écarquillés, j’observe la scène qui se déroule devant moi et j’aurais préféré ne pas y assister. A quel moment c’est arrivé ? J’ai raté plus qu’un épisode c’est certain.

    -       Eh ! Katsuki, qu’est-ce qu’il y a ? me demande Eijiro. Pourquoi tu t’arrêtes ?

    Il agite une main devant mes yeux avant de regarder lui-même l’endroit que je fixe avec tant d’insistance. Comment cette tête d’ortie n’a-t-il pu pas voir ce qui se passe devant nous ? Ils ne se cachent même pas. Ils sont là et ils ont l’air d’avoir oublié qu’il y a du monde tout autour d’eux.

    -       Ah ! Ok ! dit Eijiro. Attends, Katsuki, tu savais pas qu’ils étaient ensemble ? Ça fait pourtant deux semaines, maintenant. Ils se rapprochés après le championnat, je croyais que tu le savais ?

    Depuis deux semaines ? Rapprochés depuis le championnat ? Comment c’est arrivé ? Je recule d’un pas, un peu choqué. Je regarde Deku et double-face s’embrasser, dans les bras l’un de l’autre. Mon regard se fixe plus particulièrement sur mon ami d’enfance qui a les bras autour des épaules de Todoroki. Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi il l’embrasse ?

    Je sens mon cœur battre de plus en plus vite dans ma poitrine. Je sais que je devrais détacher mon regard de cette scène intime, mais j’ai bien du mal. Le visage de Deku est si serein, il a l’air apaisé… rien avoir avec l’attitude qu’il a en ma présence. Je serre les poings malgré moi, je sens ma vision se troubler, j’ai le souffle court.

    Je finis par détourner les yeux et m’apprête à partir quand je me sens chanceler. J’ai l’impression que mon corps ne m’obéit plus, ma vue se trouble, j’ai du mal à respirer et je sens mes jambes de lâcher. Je crois entendre Eijiro m’appeler. Je sens alors que ma tête rencontre le sol, assez durement. Une douleur lancinante et je ne parviens même plus à bouger. Mon corps refuse de se soulever, c’est comme si on m’avait vidé de mon énergie.

    J’essaie de garder les yeux ouverts, alors que j’entends encore la voix de tête d’orties m’appeler et sa main me secouer. Mais, je ne parviens pas à lui répondre. Je ferme les yeux et c’est là que je l’entends, c’est lointain, mais sa voix je la reconnaitrais entre mille.

    -       Katchan.

    Mais putain, ferme-là, je veux pas t’entendre, pas maintenant.

     

    ***

     

    J’ouvre un œil doucement. Fort heureusement, la lumière dans la pièce est diffuse. J’ai l’impression qu’on est en fin d’après-midi, mais je n’en suis pas sûr. Je mets un peu de temps à me demander où je suis quand je reconnais les murs de l’infirmerie. J’essaie de lever la tête, mais elle retombe lourdement sur l’oreiller. Je sens un picotement sur le haut de ma main gauche. Une perfusion ? Je suis si mal en point qu’il faille en arriver là ? Après, je me sens fatigué, épuisé, mon corps est lourd et j’avoue que je n’ai aucune envie de bouger, comme si on m’avait vidé de mes forces d’un seul coup. Qu’est-ce qui a bien pu se passer ?

    J’essaie de me remémorer la dernière chose que j’ai faite, quand tout me revient brusquement en mémoire. Deku et double-face en train de se rouler la pelle du siècle devant moi. Et à priori, j’étais le dernier au courant de leur relation, car tête d’orties et même les autres étaient apparemment au courant. Mais pourquoi moi je ne l’apprends que maintenant ? Est-ce qu’ils voulaient le cacher ou c’est moi qui n’ai simplement rien remarquer ? Vu qu’ils ne se sont pas gênés pour se peloter en public, j’imagine que c’est moi qui n’ai rien vu comme un imbécile. Comment j’ai pu louper une chose pareille ? Est-ce qu’un rapprochement était si évident entre eux ? Qui s’est déclaré en premier ? Qui a embrassé le premier ?

    Pourquoi je me pose tant de questions ? Ça ne me regarde pas ? J’en ai rien à foutre de la vie amoureuse de Deku et de Todoroki, ils font ce qu’ils veulent de leur cul. Mais alors pourquoi ? Pourquoi, ça me fout en rogne ? Pourquoi… ça m’a mis dans un tel état ? Dès que je les ai vu, j’ai senti mon corps me lâcher, mon cœur s’est tellement serré que même maintenant, j’ai envie de pleurer.

    J’enfouis ma tête dans l’oreiller pour me retenir de crier, j’en mords le tissu, alors que mon cœur recommence à battre un peu trop vite, en repensant à Deku embrassant Todoroki, parce que c’est bien là, le problème. C’est de voir mon ami d’enfance dans les bras d’un autre qui me perturbe. J’arrive vraiment pas à oublier son expression. Je sens une larme perler sur ma joue. Merde ! Je suis pitoyable ! Pitoyablement jaloux.

    -       Katsuki ? m’appelle une voix derrière moi. Vous êtes réveillé à ce que je vois.

    Voilà la vieille. Je ne bouge pas, je n’ai pas envie qu’elle remarque que je suis en train de pleurer. Je ne peux empêcher un soubresaut alors que j’essaie de me calmer, mais elle ne dit rien. Je crois qu’elle est en train de vérifier mes constantes.

    -       Vous avez eu une grosse baisse de tension, c’est pour cette raison que vous avez fait un malaise, m’explique-t-elle. Votre tension est encore un peu basse, alors, je vais vous garder ici pour la nuit. Reposez-vous, j’ai l’impression que vous en avez bien besoin. Je reviendrais vous voir un peu plus tard. Si vous avez besoin de vous lever, appelez-moi, pour l’instant, je ne veux pas que vous vous leviez seul. C’est entendu ?

    -       Oui, soufflais-je.

    -       Bien, à tout à l’heure Katsuki.

    Je l’entends qui s’en va et je desserre la prise sur mon oreiller. Mes larmes se sont un peu calmées et je mets sur le dos pour regarder le plafond. Je me sens pitoyable. Pourquoi ça m’arrive ? Une baisse de tension ? J’ai été si choqué que mon corps n’a même pas tenu le coup ? Pff ! Je suis pitoyable. Je ferme les yeux. Je suis lamentable, parce que je sais que j’ai laissé passer ma chance. Tant qu’il me courrait après, je me disais que je n’avais qu’à tendre la main pour qu’il soit à moi. Il m’a toujours poursuivi alors même que je l’ai repoussé sans cesse, alors j’ai sans doute dû croire que cet état de fait ne changerait pas, qu’il serait toujours derrière moi, à me poursuivre sans cesse, sans condition.

    Mais maintenant qu’il est avec un autre… je me rends compte que j’avais faux sur toute la ligne. Deku ne m’a jamais appartenu. Il a fait son chemin tout seul et il a fini par s’éloigner. C’est logique, mais putain, ça fait mal. Je croyais… qu’il serait à moi pour toujours. Je me suis bien trompé et maintenant… je l’ai perdu… définitivement. Mon corps l’a compris avant ma tête et il semble ne plus vouloir fonctionner correctement maintenant qu’il l’a compris. Je suis vraiment pathétique. Qu’est-ce que je vais faire maintenant ?

     

    ***

     

    Je suis resté jusqu’au lendemain après-midi à l’infirmerie. Mes parents ont été prévenu de mon malaise et je sais que ma mère a failli débarquer au lycée avec ses gros sabots, mais j’ai réussi à la dissuader de venir.

    Et j’ai demandé à la vieille de ne laisser entrer personne dans ma chambre, ce sont les seuls mots que j’ai prononcés. Elle a acquiescé et a à priori accédé à ma demandant car je n’ai vu personne. Elle ne m’a posé aucune question sur ce qui m’était arrivé et quand je suis sorti, j’ai attendu que mes camarades de classe soit tous sortis du lycée pour rentrer chez moi. J’ai eu bien du mal à marcher, les jambes encore flageolantes. A priori, j’ai encore une tension basse, mais elle est bien meilleure que la veille, ce qui a poussé l’infirmière de Yuei a m’autoriser à sortir et à me permettre de rentrer chez moi. Mes parents voulaient venir me chercher, mais je les ai dissuadés de s’absenter du travail, alors qu’il me suffisait de prendre le métro pour rentrer. Je ne suis pas à l’article de la mort, non plus. Je peux encore rentrer chez moi, tout seul.

    Je traine un peu des pieds, mais j’arrive enfin sur le quai de la gare et alors que le métro arrive, j’entends une voix derrière moi, qui me fige. Je n’ai pas très envie de me retourner et j’ai bien envie de l’ignorer, mais je sais très bien qu’il ne l’entendra pas de cette oreille, il n’est pas du genre à lâcher l’affaire, d’autant plus qu’on va descendre au même arrêt et qu’on habite dans le même quartier, alors ça va être bien difficile de l’ignorer.

    -       Katchan ? dit Deku. Comment tu vas ?

    -       Comme tu le vois, ça va.

    -       Tu nous as fait peur en t’écroulant comme ça. Il s’est passé quoi ?

    -       Qu’est-ce que ça peut te faire ?

    -       Je… ben, je me suis inquiété pour toi.

    -       Inquiète-toi plutôt pour ton double-face.

    -       Hein ? Tu… hum…

    -       Oui, je suis au courant.

    -       Ah !

    -       C’est bon, fais pas ta mijaurée, vous vous êtes pas cachés non plus. Maintenant, fous-moi, la paix, j’aimerais passer le trajet sans voir ta sale de gueule de Nerd.

    Durant tout notre échange, je ne l’ai pas regardé une seule fois. Je sais très bien qu’il a rougit plusieurs fois et je sais aussi qu’il s’est réellement inquiété pour moi, mais je n’avais pas envie de voir ces expressions sur son visage. Je me suis déjà retenu pour ne pas exploser et m’énerver. J’ai serré les dents et j’ai empêché mes émotions de prendre le dessus, alors maintenant, j’ai juste besoin de m’éloigner de lui pour me calmer, sinon, je ne sais pas ce que je pourrais faire. J’ai peur de m’énerver, pire de m’effondrer encore une fois et là, ce serait vraiment la honte.

    Je décide d’aller dans un autre wagon que le sien et il ne me suit pas. Je crois que mes dernières paroles l’ont touché et mon cœur se serre à cette seule pensée, mais c’est mieux comme ça. De toute façon, il n’y a plus rien à espérer. Non, il n’y a jamais rien eu à espérer, parce depuis le début, il n’y avait aucun espoir entre nous, et c’est entièrement ma faute. Depuis le début, c’est moi qui ai mis de la distance entre lui et moi, alors qu’il a toujours essayé de la combler. Et maintenant que j’en ai conscience et que c’est lui qui s’éloigne de moi, je ne peux plus rien y faire.

    Sorti du métro, je prends un autre chemin que celui de d’habitude. Ça me fait faire un détour, mais ça m’évite aussi de faire le trajet avec Deku. Quand j’arrive à la maison, je n’ai qu’une seule envie, c’est d’aller me coucher. Ma mère m’appelle, mais je l’ignore royalement et quand je tombe sur mon lit, je m’endors sans même avoir pris le temps de me changer.

     

    ***

     

    -       Eh Katsuki, ça fait plaisir de te revoir, dit Eijiro en me tapant dans le dos.

    Je grogne alors que je m’assois à ma place en l’ignorant. Je suis parti plus tôt ce matin pour ne pas avoir à prendre le métro avec Deku. Pas question que je supporte sa vue dès le matin et je suis bien content qu’il soit assis derrière moi, ça m’évite de l’avoir dans mon champ de vision. Je détourne la tête vers la fenêtre et quand j’entends Miss Gravité et le délégué entrer, je sais que Deku n’est pas loin.

    -       Salut Katchan, dit-il en passant à côté de moi.

    Je ne lui réponds pas et ne tourne pas une seule fois le regard vers lui. Je n’ai même pas envie de savoir s’il est déçu ou non de mon mutisme. Le cours d’anglais commence avec l’autre mégaphone, et franchement, j’ai déjà envie de m’en aller. Je suis encore fatigué et tant d’enthousiasme dès le matin, ça me gonfle beaucoup. A la pause, je m’en vais sans regarder les autres. Je m’assois dans un coin, à l’abri des regards et commence à regarder des vidéos sur mon téléphone portable.

    -       Ah t’es là ! dit Eijiro, pourquoi t’es assis-là tout seul ?

    -       Pour te faire parler, dis-je.

    -       Ah très drôle, dit-il en s’asseyant à côté de moi.

    -       Je t’ai pas dit que tu pouvais me tenir compagnie.

    -       Oh allez Katchan, reste pas tout seul.

    -       M’appelle pas comme ça tête d’orties, grognais-je.

    -       Oh ! C’est vrai, il n’y a que Izuku qui a le droit de t’appeler comme ça.

    -       Parle pas de l’autre abruti, dis-je d’un ton mauvais. Plus jamais. Je veux plus entendre parler de lui, t’as compris ?

    Je me lève brusquement. Eijiro semble surpris par mon attitude. Je sens que je tremble. J’ai peur d’avoir encore des vertiges, mais je prends une profonde inspiration pour reprendre contenance. Je ne peux pas faire encore un malaise, je dois juste me calmer.

    -       Katsuki, dis-je Eijiro en se levant inquiet. Est-ce que… c’est d’avoir appris qu’Izuku et Shoto sont en couples qui  te met dans cet état ?

    -       N’importe quoi, je…

    Je manque de tomber, mais je me retiens à la rambarde de l’escalier près de moi. Eijiro vient me soutenir et je me sens pitoyable. Merde ! Mon corps me trahit encore une fois. J’essaie de calmer encore une fois mon corps. Je prends de profondes inspirations et je sens la main d’Eijiro dans mon dos qui tente de m’apaiser.

    -       Katsuki, si tu veux en parler…

    -       Y’a rien à dire ! dis-je en le repoussant. Pourquoi je voudrais parler de ça ? Deku fait ce qu’il veut, ça me regarde pas.

    -       Pourtant, j’ai l’impression…

    -       De rien, il n’y a aucune impression à avoir, dis-je. Alors, on n’en parle plus. Et je veux plus jamais que tu me parles de ça, ok ?

    -       Heu… oui, d’accord, dit-il. Mais si jamais…

    Je lui lance un regard noir et il ne dit plus rien. La cloche sonne et nous retournons en cours. Je sais qu’Eijiro s’inquiète pour moi, mais je ne veux pas qu’il ait pitié. C’est moi qui ai merdé de base, alors je dois assumer… et seul. La seule chose à faire c’est l’oublier, il n’y a que ça à faire.

     

    ***

     

    C’est le week-end, j’ai déjà fini mes devoirs et j’ai décidé de rester à la maison sans sortir de ma chambre jusqu’à la reprise des cours. Ça ne m’arrive jamais. D’habitude, je sors tous les matins, pour aller faire un footing, mais comme je suis susceptible de tomber sur Deku, je préfère m’abstenir pour l’instant. Je sais que ça inquiète ma mère. Elle a bien essayé de me faire sortir ce matin, en essayant la méthode douce, puis la méthode forte, mais devant mon mutisme inhabituel, elle a fini par abandonner. Elle a compris que quelque chose me tracassait, mais elle n'a pas posé de question. Elle sait très bien que j’aurais fini par l’envoyer bouler et on se serait engueuler comme du poisson pourri, comme d’habitude. Et aucun de nous, n’aurait cédé.

    Je suis sur mon téléphone, depuis quelques jours, c’est devenu mon ultime compagnon. J’ai reçu plusieurs messages d’Eijiro, mais je les ai tous ignoré. J’en ai même reçu un de Deku me demandant comment j’allais et j’ai fini par le bloquer. Pourquoi il fait toujours ça ? Pourquoi il s’inquiète toujours pour moi alors que je n’en vaux pas le coup ? Il a quelqu’un maintenant, pourquoi il faut toujours qu’il préoccupe de moi ? Ça me dépasse. C’est son côté bon samaritain qui prend le dessus ? Ça m’agace prodigieusement. Comment je peux l’oublier, s’il est toujours collé à mes basques ? Pourquoi il ne peut pas comprendre que ça me fait plus de mal que de bien de le voir me coller comme ça d’autant plus qu’il a quelqu’un à chérir maintenant ? Qu’est-ce qu’il recherche à la fin ?

    J’enfouis mon visage dans mon oreiller, ça m’arrive souvent ces derniers temps. Je le fais surtout pour étouffer mes sanglots. Ah il est le beau le Katsuki Bakugo qui est habituellement plein d’assurance. Je suis vraiment pitoyable à m’effondrer comme ça, à cause d’un chagrin d’amour. Parce que je ne me fais pas d’illusion, j’ai conscience depuis longtemps que je ressens de l’amour pour Deku.

    J’ai simplement voulu taire mes sentiments sous une tonne d’injures envers lui. Pas très glorieux, j’en conviens, mais quand je l’ai compris, je n’ai plus su comment faire autrement pour exprimer ce que je ressentais pour lui. Donc, forcément, à force de l’envoyer bouler, il n’est pas étonnant qu’il soit allé voir ailleurs, alors que je ne voulais qu’une seule chose : attirer son attention. Ce n’était pas la bonne manière de faire, mais jusqu’ici, ça fonctionnait. Il continuait toujours à me poursuivre malgré tout ce que je lui faisais et ça me faisait plaisir, donc j’ai continué sans me poser de questions. Mais voilà, j’ai fini par croire que rien ne pourrait changer et je me suis contenté du minimum alors que j’aurais dû essayer de le garder d’une autre manière près de moi. Si je l’avais fait… il ne serait peut-être pas avec l’autre à l’heure qui il est.

    Les larmes coulent sur mes joues. Je n’arrive pas à les arrêter. J’en ai marre. Qu’est-ce que je peux faire pour que ça s’arrête ? Je regarde mon téléphone et je vois une pub sur l’une des vidéos que je regarde. Une pub pour un site de rencontre. Qu’est-ce que c’est ringard, pourtant… je me redresse un moment. Peut-être… que c’est ça la solution. J’appuie malgré moi sur la pub et télécharge l’appli. Qu’est-ce que je suis en train de foutre ? J’ai toujours détesté ce genre d’appli, j’ai toujours trouvé ça débile d’essayer de trouver quelqu’un à travers un écran, surtout qu’on ne sait pas sur qui on peut tomber. Y’a plus souvent des pervers sur ce genre de sites que de vraies personnes voulant trouver l’amour.

    Pourtant, alors que je crée mon profil, avec une fausse date de naissance, puisque je ne suis pas encore majeur, je me dégoute d’être en train de devenir comme l’un d’eux. Mais, c’est plus fort que moi. Je ne sais pas quoi faire d’autre. Après, je n’aurais qu’à ne pas aller trop loin. Pas besoin de les rencontrer, juste leur parler, peut-être… qu’il y en aura intéressant et qui sait… ça y’est, je suis encore plus pathétique, mais je ne m’arrête pas pour autant.

    Je remplis mon profil, je ne mens sur rien, juste mon âge et je mets juste que je suis étudiant et non lycéen. Combien sont dans mon cas ? Combien trichent sur leur profil pour enjoliver la réalité ? Beaucoup trop j’imagine et je deviens l’un d’eux, un menteur. Mais, je continue. Je ne mets pas de photos bien entendu, j’ai un visage trop juvénile, ils me grilleraient d’office. Mon pseudo ? Je ne préfère pas y penser, car j’ai l’impression de m’enfoncer un peu plus, mais je ne me voyais pas mettre mon vrai nom et ce pseudo, c’est celui que je suis aujourd’hui, à cause de lui.

    Une fois que j’ai terminé, je commence à faire le tour des profils. J’avoue que ça m’amuse, certains sont vraiment ridicules. Certains ne se prennent pas pour rien, ils sont vraiment imbus d’eux-mêmes, enjolivant probablement la réalité, exagérant même certains traits. Je suis sûr que la plupart ne valent même pas la moitié de ce qu’ils disent. C’est facile de se cacher derrière un pseudo, d’exagérer un peu ce qu’on sait faire, qui ira vérifier ? Le pire c’est que quand ces personnes rencontrent leur interlocuteur en IRL, je suis sûr qu’ils croient dur comme fer à leur propre mensonge et c’est pire, je pense.

    Pendant une dizaine de minutes, je parcours les profils, mais il n’y a rien de bien folichon. Certains ont mis des photos, mais est-ce vraiment les leurs ? Comment distinguer le vrai du faux ? Moi-même, j’ai menti sur mon profil, alors je sais que c’est facile de tricher. Je soupire, je crois que j’aurais mieux fait de m’abstenir, mais alors que je m’apprête à fermer l’appli, un profil m’est proposé et mon cœur manque un battement, quand je vois le pseudo, mais surtout la photo de profil. Est-ce que c’est possible une coïncidence pareille ?

    Sans attendre, je lui envoie un message et attends qu’il me réponde. J’ai mon cœur qui bat à tout rompre. Au bout de quelques minutes, rien ne vient et je me dis que soit mon profil ne l’intéresse pas ou alors, qu’il n’est tout simplement pas connecté. Je décide donc d’éteindre l’appli. Si jamais il se décide de me répondre, je recevrais une notification, pas besoin de rester coller le nez à mon téléphone, ça ne sert à rien.

    Je laisse donc mon téléphone sur ma table basse et allume la télé. Il n’y a pas grand-chose. Je me mets à regarder une série sur des super héros que j’ai déjà vu mille fois, mais ça me passe le temps. Je finis même par m’endormir. Et ce n’est qu’une vibration de mon téléphone qui me sort de mon sommeil. Je le prends, un peu endormi, me demandant qui peut m’écrire, quand je me redresse brusquement, en voyant qu’il m’a répondu. Je tremble un instant avant d’ouvrir le message.

     

    « … »

    Salut Katchan, j’ai bien reçu ton message. Et si tu es d’accord, on pourrait discuter pour apprendre à mieux se connaître.

     

    Je… qu’est-ce que je réponds ? Pourquoi d’un seul coup, j’ai les mains moites et le cœur qui bat si fort ? Sans doute parce que c’est la première fois que je fais ça. C’est totalement stupide de réagir aussi exagérément. J’hésite un instant, puis commence à lui répondre.

     

    « Katchan »

    Oui, ce serait avec plaisir.

     

    « … »

    (^__^) Super, je suis ravi de faire ta connaissance.

     

    Je pouffe en voyant l’emoji qu’il m’a envoyé. Je pourrais presque trouver ça mignon. Je lui réponds en lui disant que je suis ravi également de faire sa connaissance et il commence à me poser toutes sortes de questions auxquelles je réponds, en essayant d’être le plus sincère possible, même si j’élude quand même certains points pour ne pas me faire griller. Sa façon d’écrire ses messages est très poli et elle me rappelle un peu trop celle de Deku. Mon cœur se serre quand j’y pense, mais je chasse bien vite cette idée. Si je fais tout ça, c’est pour l’oublier justement, alors pas question d’y penser alors que je suis en train de parler avec un autre.

    Nous discutons pendant près d’une heure et je me rends compte que j’ai souri tout le long de notre entretien, ce qui ne m’était plus arrivé depuis longtemps. J’avoue, lui parler m’a fait du bien. Je ne consens qu’à arrêter la discussion, qu’au moment où ma mère m’appelle pour aller manger.

     

    « Katchan »

    Je dois vous laisser. Est-ce que… je pourrais vous recontacter ?

     

    «… »

    Tu peux me tutoyer, tu sais.

     

    « Katchan »

    Je préfère rester au vouvoiement.

     

    « … »

    Comme tu veux, ça me va. (^__-) Et pour te répondre, ce sera avec plaisir de discuter avec toi. J’aimerais apprendre à te connaître un peu plus.

     

    « Katchan »

    Moi aussi.

     

    « … »

    Alors, à bientôt. () 

     

    « Katchan »

    A bientôt.

     

    Je rigole en voyant encore l’emoji puis, je ferme l’application en soupirant. C’est bête, mais… ça m’a fait bien de discuter comme ça avec lui. Je ne sais pas si nos conversations continueront sur la même lancée, mais je vais profiter de ces moments où je peux m’évader un peu, et penser à autre chose qu’à mes études de héros et surtout… à Deku.

     

    ***

     

    Ça fait plusieurs jours que je discute avec lui et j’ai bien du mal à me détacher de nos conversations. Je ne sais pas s’il dit la vérité, il ne me raconte d’ailleurs pas grand-chose sur lui, et c’est plus souvent lui qui me pose des questions, mais peu importe, lui parler me fait tant de bien que j’arrive un peu à oublier ce qui s’est passé récemment. Pour que ça fonctionne, je continue d’ignorer Deku et j’ai l’impression que ça le contrarie, mais c’est mieux comme ça. Il devrait comprendre que c’est mieux pour nous deux qu’on ne s’on côtoie pas, qu’on ne se parle pas. Le seul moment où je lui adresse la parole, c’est lors des entraînements et c’est bien plus que suffisant.

    De toute façon, on va être pas mal occupé, car il va y avoir les examens, les vacances et le camp d’été qui arrivent à grand pas. On va être occupé et ça me va très bien. Même si je vais devoir me coltiner Deku et double-face durant le camp d’été, je pourrais m’occuper en m’entraînant et surtout en discutant avec lui.

    Plus je parle avec lui et plus j’ai envie de le connaître. J’ai même envisagé de lui proposer qu’on se rencontre, mais j’ai peur de sa réaction quand il verra que je ne suis qu’un ado de seize ans. Je pense qu’il sera déçu et il aura raison. Il est peut-être de ceux qui espèrent trouver le grand amour sur l’appli de rencontre, ou alors, il ne souhaite qu’un coup d’un soir, mais dans ce cas, je pense qu’il ne se prendrait pas la tête à discuter autant avec moi. Mais bon, ce n’est peut-être qu’une stratégie pour m’amadouer.

    Raaahh ! Ça me saoule, je me prends beaucoup trop la tête pour quelque chose qui ne devait pas durer. J’ai juste fait ça sur un coup de tête et je me suis pris au jeu. Et puis, même si je le rencontre, il se passera quoi ? Ça se trouve, il ne ressemble même pas à sa photo de profil, je serais peut-être moi-même déçu en le voyant. De toute façon, si jamais on envisageait vraiment de se rencontrer, j’ai peur de ce qui pourrait vraiment se passer. D’un seul coup, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche alors que je suis en pleine révision avec Eijiro dans un café. Il m’a supplié de l’aider et vu son insistance, il m’aurait saoulé jusqu’à ce que j’accepte, ce qui est d’ailleurs arrivé.

     

    « … »

    Je ne sais pas si tu es encore en cours, mais j’avais envie de discuter un peu avec toi.

     

    Je souris malgré moi et je vois Eijiro relever la tête de son devoir et il semble surpris par ma réaction.

    -       Dis-donc Katchan, c’est quoi ce sourire ? C’est ta copine qui t’écrit ? Petit cachottier, et tu ne m’as rien dit.

    -       Raconte pas n’importe quoi et continue de bosser, grognais-je. Et arrête de m’appeler Katchan.

    -       Oh allez, tu souris jamais comme ça Katsuki. Dis-moi, c’est qui ?

    -       Personne, arrête avec ça.

    Je décide de ranger mon téléphone. J’aurais aimé lui répondre et discuter avec lui, mais avec Eijiro à côté de moi, il risquerait de me griller et je n’en ai aucune envie, parce que je sais très bien qu’il va me charrier et me prendre la tête avec ça.

    -       En tout cas, dit-il. Ça me rassure. Je pensais que tu aurais dû mal à te remettre de la relation entre Izuku et Shoto. Tu t’étais pas mal renfermé sur toi-même mais depuis quelques jours, je te trouve un peu plus apaisé.

    Je relève la tête surpris qu’il ait remarqué tout ça. Je détourne la tête, un peu gêné. C’est pas pour autant que je vais lui déballer ma vie privée comme ça. Je n’ai pas envie de recevoir des leçons de moral sur ce que je suis en train de faire, car je le vois déjà me dire de faire attention, que je ne sais pas sur qui je peux tomber. Je sais déjà tout ça, j’en ai conscience. Je sais que je risque d’avoir des problèmes, mais pour autant, je n’ai pas tellement envie d’arrêter là. Ça me fait du bien de discuter avec lui et je n’ai pas envie de m’arrêter pour le moment.

    Eijiro baisse à nouveau la tête sur sa feuille et je prends discrètement mon téléphone, j’envoie un message rapide pour ne pas qu’il s’inquiète.

     

    « Katsuki »

    En pleine révision, je vous envoie un message plus tard.

     

    La réponse ne se fait pas attendre et je souris malgré moi, discrètement cette fois, vérifiant bien qu’Eijiro ne me grille pas.

     

    « … »

    Pas de soucis. Travaille bien. () 

     

    « Katchan »

    Merci. A tout à l’heure.

     

    Je retourne à mes révisions, maugréant sur Eijiro qui ne comprend rien à rien. Pas facile de lui rentrer quelque chose dans sa tête de pioche. Quand enfin, la séance de révision est terminée, je m’empresse de rentrer à la maison. Je lui envoie un message, avant même d’être rentré, et il me répond alors que je retire mes chaussures.

     

    « … »

    Alors ces révisions, pas trop dur ? () 

     

    Je rougis un peu en voyant cet émoji câlin. Qu’est-ce qu’il a dans la tête à faire ça ? Pour autant, je lui réponds sans attendre.

     

    « Katchan »

    Ça a été, même si j’ai dû aider un camarade à réviser, et ça n’a pas été facile de lui faire rentrer quelque chose dans sa caboche.

     

    « … »

    Le pauvre, j’ai l’impression que tu es un professeur impitoyable.

     

    « Katchan »

    Je le reconnais, je suis exigeant.

     

    « … »

    C’est bien d’être exigeant.

     

    « Katchan »

    Oui, sans doute.

     

    Nous continuons à discuter un moment et j’avoue que j’ai toujours en tête l’idée de le rencontrer. Je ne comprends pas pourquoi j’en ai envie. Notre relation est simple comme elle est, mais j’avoue que son physique m’intrigue. J’aimerais savoir s’il ressemble vraiment à sa photo de profil. Ça me perturbe depuis un moment.

     

    « … »

    J’aimerais de te rencontrer.

     

    Je reste un moment figé en regardant son dernier message. C’est comme si… il avait lu dans mes pensées. Alors… lui aussi il a envie de me rencontrer. Je ne sais pas si ça doit m’effrayer ou me faire plaisir. Qu’est-ce que je dois faire ? J’hésite maintenant que c’est lui qui a fait la proposition.

     

    « Katchan »

    Je ne sais pas… j’ai peur que vous soyez sois déçu.

     

    « … »

    Pourquoi je serais déçu ? C’est moi qui devrais avoir peur que tu sois déçu. Si ça se trouve, je ne vais pas te convenir.

     

    « Katchan »

    Ou, c’est moi qui ne vais pas vous convenir.

     

    « … »

    On ne le saura qui si on se voit.

     

    « Katchan »

    Et si ça change tout entre nous ?

     

    « … »

    Parce qu’il y a un nous ?

     

    « Katchan »

    Ce n’est pas ce que je voulais dire. Nos conversations me conviennent tel qu’elles sont. Si on se voit et qu’on est déçu, on aura perdu ce qui changeait notre quotidien, enfin le mien.

     

    « … »

    Sans doute, mais… j’ai envie d’essayer. Pas toi ?

     

    Je reste un moment à me demander ce que je dois répondre. C’est tellement difficile. J’ai vraiment envie de le voir, mais j’ai peur que ça gâche tout. J’arrive enfin me changer les idées, à un peu oublier l’image de Deku et Shoto en train de s’embrasser, leur main qui s’enlacent et tout le reste, alors je n’ai pas envie de perdre ça. Mais… si je refuse, peut-être que je perdrais tout ça quand même, car s’il finit par se lasser parce qu’il espère me rencontrer alors, ça reviendra au même. Alors, autant que ça arrive maintenant, avant que ce ne soit plus difficile encore. Je ne sais pas si je pourrais supporter un nouvel échec.

     

    « Katchan »

    Si, j’en ai envie aussi.

     

    « … »

    Tu es libre ce week-end ?

     

    « Katchan »

    Oui.

     

    Il fixe le rendez-vous à ce dimanche, quatorze heures, dans le parc près de la gare. Comme il ne sait pas à quoi je ressemble, il compte sur moi pour venir vers lui, ce qui veut dire qu’il doit forcément ressembler à sa photo de profil, sinon, ça n’aurait aucun sens. Je lui dis que je suis d’accord et lui promets d’être au rendez-vous ce dimanche.

     

    « … »

    J’ai hâte. A dimanche ; o(≧▽≦)o 

     

    « Katchan »

    A dimanche.

     

    Mon cœur bat un peu plus vite à l’idée de le rencontrer. J’espère juste qu’il ne sera pas déçu en me voyant.

     

    ***

     

    On est dimanche et je m’apprête à sortir quand ma mère m’interpelle juste avant que je ne passe la porte.

    -       Katsuki, où tu vas ?

    -       Je vais voir un ami.

    -       Un ami ? Ah oui ? Qui ?

    -       Tu le connais pas.

    Elle commence à sourire et je n’aime pas du tout ça. Qu’est-ce qu’elle va s’imaginer encore ?

    -       Un ami ou… une amie ? dit-elle avec un sourire en coin.

    -       Un ami, grognais-je. Je veux même pas savoir à quoi tu penses. Oublie même ne serait-ce qu’un instant ce que tu viens de penser.

    Je la vois venir avec ses grands sabots. Elle pense sûrement que je me suis trouvé une petite amie, mais elle est bien loin du compte.

    -       Je ne pense à rien, dit-elle en feignant l’ignorance. Mais, j’espère que tu as fini tes devoirs avant de partir.

    Je la regarde comme si c’était la chose la plus saugrenue qu’elle ait sortie. Comment peut-elle imaginer que j’ai délaissé une seule seconde mes devoirs ?

    -       Ils sont déjà faits depuis hier, dis-je en soupirant.

    -       Alors, amuse-toi bien avec ton… ami.

    -       Pfff !

    Je sors et marche jusqu’au métro. Une fois monté dans l’un des wagons, je commence à avoir une poussée d’angoisse. Franchement, qu’est-ce que je suis en train de faire ? Et s’il n’était pas celui auquel je m’attends ? Et si c’était un pervers ? Je sais que moi-même j’ai joué avec le feu avec cette appli et qu’il criera sûrement au scandale quand il me verra. Après tout, j’ai menti moi-même sur celui que j’étais. J’ai presque envie de faire demi-tour, mais ma curiosité l’emporte sur tout. J’ai vraiment envie de le rencontrer et vérifier s’il ressemble bien à sa photo.

    En sortant du métro, mon cœur bat de plus en plus vite. Je me rends au parc où nous nous sommes donnés rendez-vous. Mon pas ralentit et j’hésite de plus en plus. Mais quand j’arrive presque à notre point de rendez-vous, je me rends compte qu’il est bien là, assis sur un banc. Je ne peux pas me tromper, il ressemble exactement à sa photo de profil. Je le détaille un moment, des cheveux verts en bataille, des bottes noirs, un jean noir et une veste vert foncé, comme il me l’avait dit.

    Je déglutis en avançant doucement vers lui. Je ne suis pas du tout déçu, mais je me demande comment il va réagir en me voyant. Après tout, il ne sait pas à quoi je ressemble, j’ai donné une description légère sur mon profil et malgré tout, il a continué à me parler, ce qui signifie qu’il ne basait pas cette rencontre sur le physique, je me sens encore plus mal de lui avoir menti.

    Il a les yeux rivés sur son téléphone et je m’approche doucement de lui. Comment l’aborder ? Alors, que je me pose cette question, il se tourne brusquement vers moi et je suis happé par ses yeux verts qui me fixent. Il me sourit, se lève et s’avance vers moi et moi, je reste figé sur place. Il est… vraiment comme sur la photo. Je détourne le regard en rougissant.

    -       Katchan ? demande-t-il.

    -       Hein ? Heu… oui, dis-je mal à l’aise.

    -       Tu ressembles à ta description, dit-il.

    -       Et vous… vous êtes… exactement comme sur votre photo.

    -       Tu en doutais ?

    -       On ne sait jamais sur qui on tombe sur ce genre d’appli. Beaucoup mettent de fausses photos.

    -       C’est vrai. Ou n’en mette pas du tout, dit-il en souriant.

    -       Oui, je… désolé, vous devez être déçu.

    -       Par rapport à quoi ?

    -       Je… je ne suis pas vraiment… majeur.

    -       Oui, ça j’avais remarqué, dit-il en riant.

    Je le fixe un instant et je rougis. Il m’impressionne un peu, je dois l’avouer, et pourtant, ce n’est pas vraiment mon genre d’être impressionné. Mais, il dégage un je ne sais quoi qui me fascine un peu. Et puis, il y a quelque chose chez lui qui m’attire un peu. De toute façon si j’ai choisi son profil, ce n’est pas pour rien.

    -       Tu veux pas t’asseoir ? demande-t-il.

    -       Si.

    Nous nous asseyons sur le banc sur lequel il était assis quelques instants auparavant et un silence gênant s’installe entre nous. Je ne sais pas trop à quoi il peut penser en cet instant. Est-ce qu’il se sent trahi, soulagé, dégoûté ? Ça m’angoisse un peu. Et moi, qu’est-ce que j’attends de lui au juste ? Qu’est-ce que je peux attendre de lui, d’ailleurs ? Qu’est-ce que je voulais vraiment en allant sur cette appli ? Qu’est-ce que j’imaginais faire en le rencontrant ? C’était une relation vouée à l’échec depuis le début.

    -       Je suis désolé, dis-je encore une fois.

    -       De m’avoir menti sur ton âge ?

    -       Oui.

    -       Je me doutais que ça pouvait arriver, dit-il. Beaucoup de gens sur ce genre d’appli, mentent sur leur âge. Après, tout dépend si la personne en face agit en bonne intelligence. Certains seraient capable d’en profiter quand même.

    -       Et pas vous ?

    -       Je ne veux pas avoir de problème, dit-il. J’ai beaucoup aimé discuter avec toi et je ne vais pas te cacher que si tu avais été plus âgé, j’aurais aimé… qu’on aille plus loin, mais… même si physiquement tu me plais aussi, nous nous conterons de discuter si tu veux bien.

    -       Je comprends, dis-je en baissant la tête.

    Je sais qu’il me fixe, mais je n’ose pas le regarder. Je me sens bête et j’ai un peu honte. Depuis quelques temps, j’ai l’impression d’avoir perdu toute mon assurance. Dans d’autres circonstances, j’aurais sûrement fait preuve d’arrogance et je me serais peut-être moqué de lui d’avoir cru à mon histoire, mais là, je n’ai pas du tout envie de ça. Il a pris le temps de m’écouter durant les moments où nous nous sommes parlés et il n’est même pas fâché par mon mensonge, alors, je n’ai pas du tout envie d’être celui que je suis d’habitude, aujourd’hui. Je tords mes mains dans tous les sens, mal à l’aise. Je comprendrais qu’il ne veuille plus me parler, ce serait légitime.

    Je sais que je n’aurais rien dû attendre de cette situation. Je cherchais juste… à oublier Deku et… malheureusement, ce n’est toujours pas le cas. Je sais qu’il est encore dans un coin de ma tête. Pour preuve, j’ai cherché quelqu’un qui lui ressemble et cet homme… il lui ressemble énormément, c’est flagrant, depuis que je le vois en vrai. C’est même troublant.

    -       Katchan… est-ce que tu veux manger une glace ?

    -       Pardon ?

    -       Ça te dit qu’on aille manger une glace ? Même si la finalité de notre rendez-vous n’est pas ce qu’on espérait tous les deux, ça ne doit pas nous empêcher de passer un bon moment, comme deux amis.

    -       Heu… oui.

    Deux amis ? Je ne sais pas si on peut se qualifier ainsi, mais je ne dis rien. Il se lève et m’attend en souriant. Je me lève à mon tour et il m’emmène dans un café à proximité du parc. Nous entrons dans le café et il choisit un endroit assez discret, mais pas trop, probablement pour que les gens ne se fassent pas d’idées. D’un autre côté, personne ne pourrait deviner qu’on s’est rencontré sur une appli de rencontre. Et puis, on pourrait être n’importe qui l’un pour l’autre, ami, frère, cousins ou autre chose. En plus, il n’a que vingt-trois ans, ça aurait été plus bizarre que je vienne avec une personne beaucoup plus âgé que ça.

    -       Tu prends quoi Katchan ? me demande-t-il alors que la serveuse s’approche de nous.

    -       Un… un chocolat liégeois, dis-je avec hésitation.

    Pourquoi je me sens si nerveux. Ce n’est tellement pas dans mes habitudes, mais avec lui, je me sens un peu gauche. Il commande une simple glace à la pistache et je me dis qu’il a les mêmes goûts que Deku, ou alors ce n’est qu’un pur hasard. Mais, ça me trouble encore une fois. La serveuse s’éloigne et je le vois qui me fixe le menton sur ses mains.

    -       Quoi ? demandais-je en rougissant.

    -       Je peux te poser une question ? demande-t-il.

    -       Vous l’avez déjà fait, mais vous pouvez m’en poser une autre.

    -       Bien joué, dit-il en pouffant de rire. Alors… qu’est-ce qui t’a poussé à t’inscrire sur ce genre d’appli ?

    -       Je… j’en sais rien… sûrement… pour m’amuser, dis-je.

    -       T’amuser ?

    -       Oui.

    -       Et tu ne t’es pas dit que tu pourrais tomber sur de mauvaises personnes ?

    -       Si, mais, je ne comptais pas vraiment… rencontrer quelqu’un en vrai.

    -       Pourtant, tu as accepté de me voir, non ? demande-t-il avec malice.

    -       Oui, mais… je… j’ai senti que vous étiez… différent.

    -       J’aurais pu mentir pour qu’on se voit et finir par abuser de toi.

    -       C’est vrai, mais ce n’est pas le cas, n’est-ce pas ? dis-je.

    -       Qui sait ?

    -       Non, je sens que vous n’êtes pas comme ça.

    Je détourne un peu le regard, un peu mal à l’aise car il n’arrête pas de me fixer en souriant depuis tout à l’heure.

    -       C’est gentil, dit-il.

    La serveuse nous apporte nos glaces et je me sens encore un peu morveux. Il est si gentil et j’ai l’impression que de mon côté, je ne suis qu’un pauvre idiot, qui profite de sa gentillesse.

    -       Moi par contre… j’ai menti, dis-je en jouant avec ma cuillère, je ne suis pas quelqu’un de bien, comparé à vous, dis-je un peu honteux.

    -       Tout le monde peut faire des erreurs et puis, mis à part ton âge, je suis sûr que tu n’as pas menti, sur le reste, n’est-ce pas ? demande-t-il.

    -       C’est vrai, enfin… presque… je n’ai pas donné la véritable raison pour laquelle je me suis inscrit sur cet appli.

    -       Chagrin d’amour ? dit-il avec évidence.

    -       C’était si évident ?

    -       Un peu, dis-je. Et je lui ressemble ?

    -       Oui, dis-je en rougissant de plus belle.

    -       Je vois, dit-il en mangeant une cuillère de sa glace à la pistache. Tu veux m’en parler ?

    -       Il n’y a rien à dire, dis-je.

    -       Pourtant, j’ai l’impression du contraire. Il t’a largué ? Il a déjà une copine ?

    -       Vous êtes bien curieux.

    -       Je fais juste la conversation et j’essaie de mieux te connaître.

    -       Je croyais qu’on devait en rester à une relation platonique.

    -       Oui, mais ça n’empêche pas d’apprendre à se connaître.

    -       Sans doute.

    -       Alors ? Ce garçon qui me ressemble ?

    -       Il a déjà quelqu’un.

    Je me demande franchement pourquoi je réponds à ses questions, mais comme lors de nos messages, je ne peux m’empêcher de tout lui avouer. Au fond, ça me fait du bien, même si je devrais me montrer plus méfiant. Mais, je n’arrive pas à l’être avec lui, il sait me mettre en confiance et je n’arrive pas à l’ignorer. C’est peut-être parce qu’il ressemble trop à Deku.

    -       Et tu penses que tu n’as aucune chance avec lui ? demande-t-il curieux.

    -       Je n’en ai jamais eu aucune avec lui.

    -       Pourquoi ?

    -       Parce que… je n’ai jamais été très… gentil avec lui. On… on se connait depuis l’enfance, on habite dans le même quartier, on s’est suivi durant toute notre scolarité et pour une connerie, je l’ai repoussé… je lui ai même fait du mal à une époque et malgré tout, il m’a toujours suivi. J’ai eu la bêtise de croire que ce serait toujours comme ça… que peu importe ce que je ferais, comment je me comporterais, il serait toujours près de moi. Mais aujourd’hui… il… il est…

    -       En couple avec un autre ? complète mon interlocuteur.

    -       Oui, soufflais-je.

    Je me sens totalement désespéré mais en même temps soulagé de pouvoir en parler à quelqu’un. Je n’ai pas réussi à parler à Eijiro alors qu’il avait tout compris et je ne peux pas en parler à mes parents, parce que je ne veux pas qu’ils me jugent. Mais avec lui, c’est différent, il est extérieur à tout ça, alors, c’est simple. Si on ne se revoit plus après, il oubliera simplement ce que je lui ai dit, et ce sera terminé. J’aurais au moins vidé mon sac une fois, c’est déjà ça. Même si ça ne me soulagera pas complétement, je sens que le poids sur ma poitrine est un petit peu plus léger. Juste un peu plus.

    -       Je n’ai plus qu’à me faire à l’idée, maintenant.

    -       Et donc, c’est là que l’appli intervient.

    -       Oui, mais je ne comptais pas me trouver quelqu’un. J’ai juste fait ça sur un coup de tête, comme ça. Je pensais juste que ça m’aiderait à oublier.

    -       Et alors ?

    -       Ça n’a pas vraiment marché, dis-je. Mais… j’ai au moins pu rencontrer quelqu’un de bien.

    -       C’est gentil, Katchan, dit-il.

    Ça me trouble vraiment la façon qu’il a de prononcer mon surnom.

    -       Et vous ? demandais-je après avoir plongé ma cuillère au fond de ma coupe de glace.

    -       Quoi moi ?

    -       Pourquoi vous êtes sur cette appli ?

    Son visage s’assombrit et je sens que j’ai mis les pieds dans le plat.

    -       Je suis désolé, vous n’êtes pas obligé d’en parler, si vous ne voulez pas. J’ai l’impression que vous aussi vous avez eu une histoire compliquée.

    -       On peut dire ça, dit-il. Moi aussi, j’essaie d’oublier quelqu’un.

    -       Lui aussi, il a quelqu’un d’autre ? demandais-je.

    -       Non, il est…

    Il ne finit pas sa phrase et je comprends tout de suite de quoi il retourne. Je me mords la lèvre, j’aurais mieux fait de me taire, même si je ne savais pas que c’était aussi grave.

    -       Je suis désolé, dis-je en baissant la tête.

    -       Tu ne pouvais pas deviner, dit-il. Ne t’en fais pas pour ça.

    Je m’autorise à le regarder et il me fait un sourire triste qui me perturbe un peu. Quelle idée d’avoir choisi quelqu’un qui ressemble autant à Deku, ça me perturbe vraiment. Il a un peu les mêmes expressions, c’est dingue. J’ai l’impression de le voir, lui plus âgé, mais sans les cicatrices et les taches de rousseur.

    -       Elle est bonne ta glace ? demande-t-il.

    -       Hein ? demandais-je sans trop comprendre.

    -       Ton chocolat liégeois, il est bon ?

    -       Heu… oui. Et vous ?

    -       Oui, c’est une bonne glace à la pistache.

    -       C’est votre parfum préféré ? demandais-je curieux.

    -       Oui. Je sais que c’est simple, mais j’aime ça. Je pourrais en manger des tonnes.

    -       Comme lui, chuchotais-je.

    -       Lui ? Celui que tu aimes ? demande-t-il avec malice.

    -       Oubliez ça, je me parlais à moi-même, grognais-je.

    -       Oh ! Quelle expression ! dit-il en riant.

    -       Pff ! C’est mon expression habituelle.

    -       Je ne suis même pas surpris.

    Il rit encore et je me sens un peu vexé. Pour autant, je ne vais pas lui gueuler dessus comme je le ferais avec les autres. Qu’il me taquine ne me gêne pas. Je termine ma glace, il y a de la sauce chocolat restée au fond et c’est ce que j’aime le plus. Je le sens qui me fixe.

    -       Quoi ?

    -       Rien, tu as vraiment l’air d’apprécier.

    -       Et alors ?

    -       Alors rien, c’est bien. Ça me fait plaisir.

    -       Mouais, tant mieux pour vous.

    -       Je commence à entrevoir une de tes autres personnalités, Katchan.

    -       Katsuki.

    -       Pardon ?

    -       Je m’appelle Katsuki.

    -       Katsuki, répète-t-il. Ça te va bien.

    Je rougis malgré moi et alors qu’il rigole, j’entends soudain une voix près de moi, que je reconnaitrais entre mille.

    -       Katchan ?

    Je me retourne doucement et je tombe nez à nez avec Deku. Je fronce les sourcils en voyant qu’il n’est pas seul et que double-face est aussi avec lui. Sur tous les cafés qui existent à Tokyo, pourquoi a-t-il fallu qu’ils viennent roucouler dans celui-là ? C’était vraiment obligé ? A croire qu’ils veulent vraiment me faire chier tous les deux. Deku semble surpris de me voir là et il regarde ensuite mon interlocuteur, avec interrogation. Je détourne le regard, et me mords la lèvre. J’ai envie d’être ailleurs et je crois qu’il a compris.

    -       Katsuki, et si on y allait ? dit-il.

    -       Oui.

    Nous nous levons tous les deux et je passe devant Deku sans le regarder, mais je sens qu’on me retient par le bras. Je me tourne vers lui, qui s’agrippe à ma veste.

    -       Quoi ? grognais-je. Lâche-moi sale Nerd !

    -       Katchan.

    -       Fous-moi la paix.

    Il me regarde avec inquiétude et ça m’énerve. J’en ai marre qu’il s’inquiète pour moi comme ça. Il ferait mieux de s’occuper de son copain, qui n’a pas l’air ravi de son geste d’ailleurs. Même moi, si j’étais à sa place, je ne serais pas content que mon copain retienne un autre. Je retire mon bras brusquement et m’en vais sans le regarder. Je me mords une nouvelle fois la lèvre, essayant de contenir les émotions qui menacent de déferler. Quand je sors du café, je remarque qu’il m’a attendu, un air compatissant sur le visage. Nous marchons un moment en silence jusqu’au parc où l’on s’est rencontré et nous nous asseyons sur un banc.

    -       Alors, c’était lui, celui que tu aimes, dit-il.

    -       Oui, avouais-je en baissant la tête.

    -       C’est vrai qu’on se ressemble beaucoup. Et c’est de lui que te vient ton surnom, c’est ça ?

    -       Oui.

    -       En tout cas, il avait l’air inquiet pour toi. Il m’a surement pris pour un pervers qui menaçait ta vertu. Vu la manière dont il m’a regardé, il était prêt à intervenir si je t’avais menacé de quoi que ce soit.

    -       C’est bien son genre, dis-je d’un rire amer. Toujours à voler au secours des autres. C’est son plus gros problème. Il sait pas se mêler de ses affaires.

    -       Mais il avait vraiment l’air d’être inquiet.

    -       Et ça change quoi ? pestais-je. Il est avec l’autre double-face. C’est de lui dont il devrait se préoccuper, pas de moi.

    -       Mais, si comme tu l’as dit, vous vous connaissez depuis longtemps, c’est normal qu’il se préoccupe malgré tout de toi.

    -       C’est ça qui m’énerve le plus chez lui. Même après tout ce que je lui ai fait, il est toujours derrière moi et pourtant…

    Je serre les poings, je crois que j’ai atteint ma limite. Ça me fait chier, vraiment. Je me dégoute et en plus je suis en train de m’effondrer devant un parfait inconnu. Je sens une main dans mon dos, mais ça ne m’apaise pas du tout. Il ne dit rien et je suis soudain pris de spasmes incontrôlables. Des larmes coulent sur mes joues quand je ne puisse les arrêter. Je pleure comme un bébé et je n’arrive pas à me calmer. Je le sens se rapprocher de moi et son bras m’entoure. Je me laisse aller dans ses bras, appréciant sa présence réconfortante. Je ne sais pas pourquoi je me sens si bien auprès de lui, alors qu’on se connait à peine, mais je préfère ne pas me poser plus de questions. Je pleure de tout mon soul et quand je finis par me calmer, je relève la tête, un peu gêné.

    -       Je suis désolé, dis-je. J’ai craqué, ça ne m’arrive jamais.

    -       Ce n’est pas grave. Ça fait du bien parfois de se lâcher. Est-ce que ça t’a fait un peu de bien ?

    -       Un peu, dis-je.

    Je me lève en essuyant mon visage avec ma veste, et il me tend même un mouchoir que je prends pour me moucher. Je n’avais pas pleuré comme ça depuis longtemps, mais ça fait du bien. Même si je me sens encore mal, ça m’a un peu soulagé de pleurer. Je me tourne vers lui et il se lève à son tour.

    -       On pourra se revoir et continuer à discuter par message ? demandais-je.

    -       Si ça peut te faire du bien, je suis d’accord, dit-il.

    -       Il ne faut pas que ça ne soit que pour ça. Si ça vous dérange, je ne veux pas vous embêter.

    -       Non, ça me ferait plaisir de continuer à discuter avec toi, fait-il en souriant. Par contre, on va éviter de le faire par l’appli d’accord ?

    -       Oui, je comprends.

    Il sort son téléphone et je fais de même. Nous échangeons nos numéros et notre identifiant Line et je souris malgré moi.

    -       Il faudra tout de même rester discret Katsuki, dit-il.

    -       Je sais, mais j’ai bien le droit d’avoir un ami plus âgé.

    -       Oui, c’est vrai, dit-il amusé.

    -       Merci beaucoup d’être venu, de m’avoir écouté et… consolé.

    -       De rien. Si j’ai pu soulager un peu ta peine, alors ça me fait plaisir. Ne perds pas courage Katsuki, je suis sûr que ça finira par s’arranger.

    -       Je ne sais pas, je l’espère.

    Nous nous séparons sur un dernier aurevoir et je rentre chez moi, un peu plus apaisé. Je ne sais pas encore ce qui va se passer par la suite, mais cette journée aura eu au moins le mérite de m’apporter un nouvel ami.

     

    ***

     

    Deku a essayé de me parler plusieurs fois à propos de la personne qui était avec moi au café et je l’ai rembarré à chaque fois. Pourquoi il ne me lâche pas une bonne fois pour toute, c’est encore plus dur de m’éloigner de lui quand il fait ça. Et à chaque fois qu’il s’accroche comme ça, je ne peux m’empêcher de lui envoyer des messages. Il me conseille et je me sens toujours un peu mieux. Ses messages m’apaisent à chaque fois.

    Alors, quand le camp d’été à commencé, j’ai un peu angoissé à l’idée de ne plus pouvoir lui parler. Téléphone interdit durant tout le séjour, donc impossible de le joindre autrement. Et forcément, vu qu’on était en camp d’été, ça a signifié aussi promiscuité avec Deku, mais j’ai tout fait pour le garder loin de moi.

    Puis ces vilains ont décidé d’attaquer le camp et avaient pour but de me capturer au moment du test de courage. Quand je me suis retrouvé avec double-face, j’ai pris sur moi, énormément, car j’étais autant en danger que lui et l’ignorer n’aurait pas jouer en ma faveur. Quand on a fini par calmer Tokoyami, j’ai vu l’état dans lequel se trouvait Deku. Dans les bras de Mezo, il était mal en point, il ne pouvait plus marcher tout seul et ça m’a foutu un coup au moral. Je ne l’ai pas montré, mais je n’avais qu’une seule envie, c’était de l’arracher aux bras de l’autre poulpe et le prendre dans les miens. Le voir blessé encore une fois, ça m’a fendu le cœur. Si j’avais pas été si con avec lui… les choses auraient pu se passer autrement.

    Au moment où il a dit que les vilains en avaient après moi, je me suis tout de suite senti mis de côté. Ils parlaient tous de me protéger comme si je ne pouvais pas me défendre et ça m’a foutu en rogne. Et pourtant, personne n’a pu éviter le pire, moi le premier. Je me suis fait capturer comme un bleu. J’ai vu Deku tenter de me sauver alors qu’il était gravement blessé. Il ne se préoccupe jamais de lui-même, alors que moi… j’aurais aimé me préoccuper que de lui, mais je n’y suis jamais arrivé. Alors qu’il fonçait vers moi, le regard effrayé, je lui ai dit de ne pas bouger.

    Impossible que lui aussi se fasse capturer par l’Alliance, qui sait ce qu’il lui aurait fait ? Je ne l’aurais pas supporté s’il lui était arrivé quelque chose d’encore plus grave par ma faute.

    Quand je me suis retrouvé à l’Alliance, j’ai joué les durs, mais en vérité, je n’en menais pas large. Je pensais sans cesse à Deku en me demandant comment il allait. J’ai craint qu’il ne fasse une dinguerie et bien sûr c’est arrivé. Il ne pouvait pas rester en place et il est venu me sauver. Au fond de moi, quand j’ai attrapé la main d’Eijiro, je me suis senti soulagé, qu’ils soient venus me sauver. Même double-face était là, même si je pense qu’il l’a fait plus pour Deku que pour moi.

    Deku et moi nous avons assistés côte à côte à la chute d’All Might et quand ce dernier a sorti sa fameuse phrase « Le prochain, c’est toi ». J’ai tout de suite compris qu’il parlait de Deku. L’attitude de ce dernier quand il a dit cette phrase parlait d’elle-même, c’était le seul qui pleurait alors que tous congratulaient le plus grand des héros.

    A ce moment-là, j’aurais aimé le prendre dans mes bras, le serrer contre moi, le consoler, mais je me suis retenu. Je n’en avais pas le droit, je n’étais pas légitime. Si Todoroki avait été là, il l’aurait fait naturellement, et Deku se serait laissé faire. Mais moi, je ne pouvais que rester là à le regarder, se vider de ses larmes.

    Quand nous sommes rentrés, nous avons été séparés. Je me suis retrouvé à être interrogé par la police et mes parents m’ont ensuite récupéré et ramené chez eux et la première chose que j’ai fait en arrivant c’est m’effondrer sur mon lit, en pleurant, pas à cause de mon enlèvement, mais parce qu’à cause de moi, le symbole de la paix n’était plus et que j’avais rendu triste la seule personne que j’aimais au monde.

     

    ***

     

    J’ai enfin pu récupérer mon téléphone. Ma mère a hésité à me le redonner comme si quelqu’un allait me kidnapper à travers l’écran. J’ai bien vu qu’elle avait été morte d’inquiétude, bien qu’elle l’ait caché sous cette tonne d’assurance dont j’ai hérité. Mon père a été plus démonstratif et je m’en suis voulu de l’avoir autant inquiété. Quand All Might et Aïzawa sont venus pour faire part à mes parents du souhait de Yuei de créer un internat, ma mère n’a pas hésité une seconde.

    Elle m’a un peu trop vendu, un peu insulté aussi. Elle a bien sûr fait la brave comme je l’aurais fait, arguant que si j’avais été plus fort, je ne me serais pas fait kidnapper, mais je sais que ce n’était qu’illusoire. On s’est encore disputé, sous le regard de mes deux professeurs. Quand ils sont partis, je n’ai pu m’empêcher d’interpeller All Might à propos de Deku et même si je sais qu’il m’a menti, je n’ai pas insisté. Je ne me sens pas le doit d’insister s’il ne souhaite pas en parler. Ce secret entre Deku et lui a l’air d’être assez important.

    En me réveillant ce matin, j’ai entendu les nouvelles. Tout le monde reproche à Yuei de ne pas nous avoir assez bien protégé. Quelle connerie ! Pas sûr qu’ils auraient fait mieux.

    Je regarde mon téléphone et je remarque que j’ai un message de lui. Il n’y en a qu’un, mais il me fait bien plus plaisir que tous les messages que j’ai reçu jusqu’à présent. Mes camarades de classe m’ont abreuvé de message pour savoir comment j’allais, et honnêtement, je n’ai répondu à aucun d’eux. Il n’y a que le sien auquel j’ai envie de répondre.

     

    « … »

    J’ai vu ce qui s’était passé à la télévision. J’espère que tu vas bien.

     

    Juste ce message et j’ai envie de pleurer. C’est bête, mais il n’y a vraiment qu’avec lui, que je peux être moi-même en ce moment. Je n’ai pas besoin de faux semblant alors je peux lui donner une réponse sincère.

     

    « Katchan »

    Non, ça ne va pas. Pas du tout. J’ai envie de vous voir.

     

    « … »

    Je ne pense pas que tu puisses sortir si facilement, et vu ce qui s’est passé, ce ne serait pas très prudent. Est-ce que tu veux que je t’appelle ?

     

    « Katchan »

    Non, je veux vous voir. Il y a un parc près de chez moi. S’il vous plait.

     

    Il met du temps à répondre et durant un moment, je me demande si son silence ne marque pas son refus. Je sais qu’il a raison, que je ne devrais pas sortir, alors même que j’ai été kidnappé par des vilains, mais j’ai vraiment besoin de le voir. Moi qui n’aime pas supplier, je n’ai pas hésité à lui dire s’il vous plait. Quand, c’est lui, je n’ai pas de filtre.

     

    « … »

    D’accord.

     

    Je souris et je lui envois l’adresse du parc et il me dira quand il sera là pour que je puisse sortir. Je m’allonge sur mon lit, en attendant. Je sais que la police ne veut pas que je sorte au cas où, que ma mère va faire une crise si je le fais, mais j’ai vraiment besoin de le voir.

    Au bout de vingt minutes d’attente, je reçois un message. Je m’empresse de sortir, faisant attention à ne pas me faire repérer surtout par ma mère. Je saute par la fenêtre à l’aide de mon alter et je fonce au parc. J’ai fait attention à mettre des vêtements pas trop voyants, une casquette vissée sur la tête et des lunettes de soleil. Les mains dans les poches, je ralentis le pas pour ne pas paraitre trop suspect et quand j’arrive au parc, je le remarque tout de suite. Il est assis sur l’un des bancs, assez à l’abri des regards pour être tranquille.

    Je m’avance vers lui et pose ma main sur son épaule. Il lève la tête vers moi et se lève. Durant un moment, nous restons là à nous regarder. J’ai les mains qui tremblent et je sens que mon corps est en train de me lâcher. Je m’approche de lui, un peu hésitant, mais bien vite je réduis la distance entre nous et je tombe dans ses bras. Lui n’hésite pas un seul instant à me serrer contre lui alors même qu’il m’avait pourtant dit qu’il voulait éviter qu’on soit trop proche pour ne pas attirer l’attention et surtout que les gens ne se fassent pas de fausses idées sur nous.

    Mais là, je me fiche bien qu’on nous voie au non. J’ai juste besoin de réconfort et je sens encore une fois mes larmes couler. Décidemment, dès que je suis avec lui, je ne suis plus maître de mes émotions. Nous restons un moment dans les bras l’un de l’autre, avant que je ne finisse par me reculer. Il me tend un mouchoir pour essuyer mes larmes, mais je garde la tête basse.

    -       Je suis désolé, dis-je.

    -       Ne t’excuse pas. Après ce que tu as vécu, c’est normal.

    -       Je vous remercie d’être venu.

    -       C’est normal, j’ai senti ta détresse et je ne voulais pas te laisser comme ça, dit-il. Par contre, je pense que tu ne devrais pas rester trop longtemps dehors.

    -       Oui, vous avez raison. Je suis content que vous soyez venu. Ça m’a fait du bien de vous voir, même quelques minutes.

    -       Tant mieux.

    -       Yuei a mis un internat en place, alors…je ne pourrais plus sortir comme je le voudrais.

    -       Alors, on continuera à parler par message ou au téléphone.

    -       Dès que je pourrais sortir, je vous le dirais.

    -       Tu devrais plutôt garder tes moments de sortie pour sortir avec tes amis.

    -       Vous êtes mon ami, plus qu’aucun autre. Y’a qu’avec vous, que je peux être complètement moi-même.

    -       Ça me fait plaisir, Katsuki, même si je ne sais pas trop si je le mérite, dit-il en souriant. Allez, maintenant, tu devrais rentrer.

    -       D’accord.

    Une seconde d’hésitation et je me blottis une nouvelle fois dans ses bras. Je sais que ce n’est pas bien. J’ai peur qu’il ne soit qu’un substitut de Deku parce qu’il lui ressemble, mais je ne peux pas m’en empêcher, c’est plus fort que moi, j’ai besoin de sa chaleur à lui, surtout en ce moment. Je m’éloigne de lui et il me salue. Je sais qu’il me suit du regard afin de s’assurer que je rentre bien chez moi. Dès que je suis dans le jardin, je saute jusqu’au balcon de ma chambre et avant de me changer, je lui envoie un rapide message pour lui dire que je suis bien rentré.

     

    ***

     

    Nous sommes devant l’internat et Aïzawa fait la leçon à la plupart de mes camarades, surtout à Deku, Eijiro, le délégué, la vice-délégué, et double-face qui sont venus me sauver. Il nous parle également du permis provisoire avant de nous inviter à entrer dans notre nouveau chez nous. Avant ça, je me dois de rendre quelque chose à Eijiro. Je prends Pikachu a part, il me doit de l’argent alors c’est le bon moment, puis je rends ce que je dois à Eijiro. Ce n’est pas très conventionnel mais c’est comme ça. Nous entrons ensuite dans l’internat, Aïzawa, nous fait la visite, nous indique nos chambres et nous invite à prendre possession des lieux.

    Nous pouvons décorer notre chambre comme nous le souhaitons et pour cela nous avons pu ramener tout ce que nous voulions de chez nous. Nous nous séparons donc pour décorer chacun notre chambre. De mon côté, je le fais rapidement, et je lui envoie une photo pour lui montrer le résultat.

    Fatigué, je préviens Eijiro que je vais me coucher. Je crois que les autres ont décidé de faire un concours de la plus belle chambre, mais je n’ai pas du tout envie d’y participer. A vrai dire, je n’ai envie de voir personne ce soir et surtout pas Deku. Je l’ai vu embrasser Todoroki furtivement à un moment donné dans le couloir et très franchement, ça m’a donné envie de fuir l’internat.

    Je serre mon oreiller contre moi, ça me fout encore les boules de les voir ensemble. Et maintenant qu’on est en internat ensemble, ça va être encore pire. Je vais devoir supporter de les voir ensemble, toute la journée. Lorsque je rentrais chez moi, ça passait, mais là, ça va être du vingt-quatre, vingt-quatre et ça va être difficile à supporter. Mais il n’était pas question que je ne vienne pas, ça aurait signifié la fin de mon rêve de devenir un héros et je ne l’aurais pas supporté. Ça aurait la goutte d’eau de trop. J’entends mon téléphone vibrer et je souris en voyant un message de lui.

     

    « … »

    Simple et efficace. (✯◡✯) 

     

    Voilà le retour des émojis bizarres. Ça faisait longtemps, mais je ne peux m’empêcher d’en être amusé.

     

    « Katchan »

    Toujours.

     

    « … »

    Sinon, comment ça se passe ?

     

    « Katchan »

    Ça va, même si je vais devoir les voir tous les deux tous les jours.

     

    « … »

    (。╯︵╰。) 

     

    « Katchan »

    Je fais avec. Tant que vous discutez avec moi, je tiens le coup.

     

    « … »

    Si je peux aider, tant mieux.

     

    « Katchan »

    C’est le cas, je ne tiens que parce que vous êtes là. Merci.

     

    « … »

    De rien.

     

    « Katchan »

    Je vais aller dormir, la journée a été longue.

     

    « … »

    Bonne nuit Katsuki. Dors bien.

     

    « Katchan »

    Bonne nuit.

     

    Je repose mon téléphone. J’entends encore mes camarades parler dans les couloirs. Ils n’ont toujours pas terminé, leur stupide concours, à priori. Je ferme les yeux et je finis par m’endormir malgré le bruit ambiant.

     

    ***

     

    J’ai échoué. J’ai complètement échoué. Comment j’ai pu me rater à ce point sur un examen ? C’est la première fois que ça m’arrive, c’est invraisemblable. Je fixe ma note et je regarde une nouvelle fois le tableau d’affichage et il n’y a pas d’erreur, je suis recalé au permis provisoire. Je froisse le papier de colère avant de m’éloigner de mes camarades.

    A part double-face qui a échoué et secrètement, ça me fait plaisir, tous les autres ont réussi, même Deku. Il est d’ailleurs à côté de Todoroki en train de le consoler plus ou moins et ça me fout encore plus en rogne. Moi personne ne vient me voir, soit parce qu’ils ne sont pas surpris du résultat soit parce qu’ils savent que je vais les envoyer bouler, Il faut dire que lors de la deuxième épreuve, j’étais sur les nerfs et je n’ai pas été très attentif aux personnes à sauver. J’en ai conscience, mais je n’ai pas pu m’empêcher de faire mon Katsuki Bakugo, comme si tout le monde pouvait se sauver soi-même. Mais, les héros ne seraient pas là, si c’était le cas. Mais, je n’en ai pas pris conscience sur le moment, trop occupé à beugler à tout va.

    Bref ! J’ai échoué et je me sens minable. Je regarde une nouvelle fois Deku. Je devrais me réjouir pour lui, mais je n’y arrive pas. Quand on aime quelqu’un, on devrait être content du moindre de ses exploits, mais quand on a soi-même échoué, c’est plus compliqué.

    Je me dis qu’au fond, vu que j’ai échoué, je ne mérite même pas qu’il m’accorde un seul regard. Je me sens frustré, diminué, alors que lui n’arrête pas de grimper les échelons à une vitesse hallucinante. Dans ces moments-là, je le déteste autant que je l’aime. Et quand j’en arrive là, je ne me montre souvent pas sous mon meilleur jour devant lui.

    Avant que nous ne repartions, j’entends vaguement l’organisateur de l’examen nous dire qu’il y aura une session de rattrapage pour ceux qui ont échoué. Avec tout ce qui se passe, ils ont besoin de héros opérationnels au plus vite, même si nous commençons à peine notre apprentissage. Je pourrais y voir une chance, mais pour le moment, je vois juste que je vais prendre du retard par rapport aux autres. Eux, vont avancer, ils pourront commencer leur apprentissage dans une agence de héros, tandis que moi, je vais passer plusieurs mois à réapprendre ce que je sais déjà.

    Une fois sorti du centre d’examen, je monte dans le bus en silence et me cale au fond du véhicule, mes écouteurs sur les oreilles. Personne n’ose me parler, ni me déranger, pas même Eijiro. Il s’est mis à côté de moi, et il n’ose même pas me regarder. De toute façon, je n’ai pas envie de voir son regard plein de pitié, comme celui qu’est en train de me lancer Deku juste en ce moment. Je lui lance un regard noir et il détourne le regard, s’asseyant à sa place, sans plus me regarder.

    Je tourne la tête et me mords la lèvre pour empêcher mes émotions de remonter à la surface. Fais chier, j’aimerais tellement être à la place de double-face et me faire consoler par Deku, mais ça n’arrivera jamais. Je ne pourrais pas changer aussi radicalement, c’est impossible. Tout le monde me voit comme le connard de service, celui qui gueule à tout bout de champ et aujourd’hui, c’est bien trop compliqué de me sortir de cette réputation que j’ai moi-même forgé.

    Une vibration dans ma main, me fait dire que j’ai un message. C’est lui. Je me mords la lèvre encore une fois. Je ne sais pas si je vais avoir le courage de lui répondre. Mais… je sais que lui me comprendra et ne me jugera pas.

     

    « … »

    Alors cet exam ?

     

    « Katchan »

    Raté. J’ai échoué sur toute la ligne.

     

    « … »

    Tu veux en parler ?

     

    « Katchan »

    Pas maintenant. J’ai envie d’entendre votre voix, mais je suis encore dans le bus qui me ramène au lycée.

     

    « … »

    Appelle-moi dès que tu peux.

     

    « Katchan »

    Merci.

     

    Je ferme les yeux, me laissant porter par la musique afin de me calmer. J’ai les mains qui tremblent et ça m’énerve. Pourquoi j’ai tant de mal à contenir mes émotions aujourd’hui ? C’est ce qui m’a valu d’échouer. Je rouvre les yeux, et mon regard rencontre celui de Deku qui s’est retourné pour regarder l’allée. Il me fixe et j’ai bien du mal à détacher mes yeux des siens. C’est comme s’ils me happaient complètement. Qu’est-ce qu’il a à la fin à me regarder comme ça ? Je vois de la pitié et même de l’inquiétude se peindre sur son visage et ça m’agace. J’ai pas besoin de sa pitié, j’ai pas besoin qu’il s’inquiète. Ce que je voudrais… c’est… qu’il me regarde comme il regarde Todoroki, avec un sourire, de la bienveillance et surtout de l’amour. Mais voilà, ça n’arrivera jamais.

    Encore une fois, je retiens mes larmes qui menacent en fermant les yeux, ce qui me permet également de couper le contact visuel avec Deku. Je me tourne vers la fenêtre et reste ainsi jusqu’à l’arrivée du bus au lycée. Une fois descendu, je me rends directement dans ma chambre, sans un mot et en ignorant royalement Eijiro qui tente de me faire parler sur ce qui s’est passé aujourd’hui. Il a pourtant essayé de m’aider lors de l’examen, mais comme d’habitude, j’ai fait ma tête de mule et au final, je m’en mords les doigts maintenant. Je prends mon téléphone et appelle celui que j’ai le plus envie d’entendre pour le moment.

    -       Katchan ?

    Je note immédiatement qu’il m’appelle par mon surnom, alors que ces derniers temps, il ne m’appelait plus que Katsuki. Mais j’ai l’impression que c’est une manière de m’apaiser, de me dire que je suis proche de lui et qu’il est là pour moi, maintenant, dans ce moment compliqué.

    -       Oui.

    -       Comment tu te sens ?

    -       Très mal, dis-je alors que mes lèvres tremblent. Je suis vraiment qu’une grosse merde.

    -       Arrête, ne dis pas ça.

    -       Mais j’ai échoué comme un gros nul, alors que je n’ai jamais raté un examen de ma vie.

    -       On ne peut pas toujours être bon constamment, dit-il avec un ton apaisant.

    -       Oui, mais là… c’est mon rêve qui s’éloigne, dis-je alors qu’une larme roule sur ma joue. J’ai l’impression de régresser, je ne me sens plus bon à rien et je sais que c’est entièrement ma faute. Je me suis encore montré arrogant, je n’arrive pas à corriger mon comportement, alors que je sais qu’il est bien loin de celui d’un héros. Je ne sais même pas si je mérite d’en être un.

    -       Bien sûr que tu mérites d’en être un. Tu te donnes toujours à fond dans ce que tu fais, mais tu ne peux pas être toujours au top constamment, ce n’est pas gérable. Je sais que tu vas rebondir, ton rêve ne fait que commencer, tu n’es qu’en seconde, tu auras bien d’autres moments pour te rattraper.

    -       Je sais que vous essayez de me consoler, et je vous en remercie mais, j’ai beau me dire que ce n’est pas la fin, que j’ai même droit à une seconde chance, parce qu’ils ont mis en place un rattrapage, je n’arrive pas à rester positif. Tout ce qui s’est passé ces derniers temps, la chute d’All Might par ma faute, cet examen raté et surtout Deku qui s’éloigne de plus en plus de moi, j’ai l’impression que je vais en crever. Chaque fois que je le vois avec l’autre, j’ai l’impression qu’on m’arrache le cœur de la poitrine. Je ne sais plus quoi faire.

    Le silence se fait durant un moment et je sais qu’il fait en sorte que je puisse me calmer. Je pleure comme un enfant, Je suis recroquevillé, sous les couvertures de mon lit, et j’essaie de calmer les soubresauts qui envahissent mon corps. Je me sens misérable. Je le plaints de devoir écouter mes états d’âme, je ne comprends pas qu’il continue à me parler. Je ne suis qu’un gamin et il prend toujours le temps de m’écouter avec patience.

    -       Katchan ?

    -       Je suis désolé de vous embêter à chaque fois. Je ne fais que m’apitoyer sur mon sort, je me demande comment vous pouvez supporter ça.

    -       C’est parce que je vois ta détresse et que je n’ai pas envie de te lâcher. J’ai l’impression que si je le faisais, il pourrait t’arriver quelque chose et si jamais ça devait se produire et que je n’avais rien fait, je m’en voudrais toute ma vie. Alors, ne te tracasse pas pour ça, je ne te lâcherais pas, d'accord ? Si tu as besoin de parler, à n'importe quel moment, je serais là.

    Je suis surpris par ses paroles, mais elles me touchent énormément. Là, à cet instant, j’aimerais tellement qu’il soit là avec moi. C’est bête, mais quand je suis dans ses bras, je me sens comme protégé. Je sais que je ne devrais pas penser ça, que c’est bête de m’attacher à un homme que je connais depuis à peine deux mois, mais c’est plus fort que moi. Je me sens bien quand je suis avec lui, j’ai l’impression qu’il me comprend.

    -       Merci, ça me touche beaucoup, ce que vous me dites.

    -       Tant mieux. Katchan, ne perds pas espoir, je suis sûr que ça finira par s’arranger.

    -       Je l’espère.

    -       Maintenant, repose-toi, je pense que tu en as besoin.

    -       Oui, c’est ce que je vais faire. Je suis épuisé d’avoir trop pleuré. A bientôt et merci.

    -       A bientôt Katchan.

    Nous raccrochons et je soupire. A chaque fois qu’on arrête notre conversation, je sens comme un vide en moi. Je pose mon téléphone sur ma table de chevet et me lève pour me changer. Je n’ai même pas envie d’aller dîner, alors autant me coucher maintenant. Une fois ma tête posée sur l’oreiller, je ferme les yeux, en espérant avoir un sommeil sans cauchemars.

     

    ***

     

    J’ai fait une connerie, une grosse connerie. Je n’ai pas pu m’empêcher de défier Deku en combat. Je ne sais pas ce qui m’a pris. J’ai été pris d’un accès de colère quand je l’ai vu encore une fois embrasser Todoroki au détour d’un couloir. Quand nous nous sommes battus, je lui ai balancé tout ce que j’avais sur le cœur, sauf l’essentiel. J’ai tu encore une fois mes sentiments pour lui, mais tout le reste a été exprimé, mes regrets, mes angoisses, mes peurs, mes faiblesses.

    J’ai voulu lui montrer que j’étais encore le plus fort, malgré mon échec au permis provisoire et j’ai gagné, mais au moment où je l’ai bloqué au sol, la main sur le visage, le pied sur son bras droit et ma jambe gauche bloquant le reste de son corps, j’ai eu envie de me rapprocher de lui, encore plus. Mais, je me suis retenu, parce qu’il n’aurait sûrement pas compris mon geste, alors j’ai joué au méchant encore une fois. Et si All Might n’était pas intervenu, je l’aurais sans doute été encore plus. Cacher mes véritables sentiments sous une tonne d’insultes, c’est bien mon genre et pourtant, qu’est-ce que j’aimerais lui dire que je l’aime, que j’ai envie de prendre soin de lui, que je veux le protéger de tout, mais encore une fois, ça n’arrivera jamais.

    Après notre combat et notre discussion avec All Might, je me suis senti vidé de mes forces. J’ai dû digérer le secret que celui que j’aime et le héros que j’ai toujours admiré avaient en commun. Je m’en doutais depuis un moment, depuis le jour où Deku a vendu la mèche un soir après les cours. Je n’ai pas voulu y croire sur le moment, me disant qu’il m’avait tout simplement menti depuis longtemps, mais pourquoi alors se laisser harceler durant des années, s’il avait un alter. Ça n’avait aucun sens.

    Deux options étaient alors possibles, soit son alter s’était vraiment manifesté tardivement, soit on lui avait transmis. Et ses propos en début d’année, ne laissaient pas vraiment de doute, au final. Deku n’était pas du genre à mentir et finalement tous les indices étaient là, flagrants, sous mes yeux. Je n’avais simplement pas envie de les voir, me voilant encore une fois la face. Au fond, dès qu’il s’agissait de Deku, je n’étais jamais rationnel, je n’ai jamais fait les choses dans le bon sens. Et ce combat en aura encore été le preuve une nouvelle fois.

    Quand All Might nous a ramené au dortoir, nous nous sommes pris une soufflante par Aïzawa. Trois jours d’assignation à résidence pour Deku et quatre pour moi, à faire le ménage matin et soir. Encore une idiotie de plus qui va me mettre en retard par rapport aux autres, mais je n’ai que ce que je mérite de toute façon. C’est comme ça, je ne peux rien y faire.

     

    ***

     

    On a enfin un week-end de libre, un week-end où nous pouvons rentrer chez nous. Ça va me faire du bien de quitter le lycée, je n’en pouvais vraiment plus. J’ai commencé les premiers cours de rattrapage pour le permis provisoire, avec double-face et ça n’a pas été de tout repos. Cette bande de marmots de maternelle a failli avoir ma peau, mais j’ai réussi à prendre sur moi et je pense avoir fait un grand pas en avant, mais j’avoue que travailler avec Todoroki me crispe un peu même s’il se montre plutôt aimable avec moi.

    Moi, je ne lui rends pas. Je ne peux pas, parce que je lui en veux d’être celui qui retrouve Deku le soir quand nous rentrons de nos cours. Deku l’accueille avec un sourire radieux, quant à moi, je passe à chaque fois à côté d’eux, en essayant d’ignorer les pincements au cœur qui m’étreignent.

    Alors, je l’avoue, ce week-end, va être bienfaisant. Je ne serais pas obligé de les croiser où que j’aille et je pourrais enfin respirer un peu. Et pour ce week-end, j’ai décidé d’aller le voir. Ces dernières semaines, on n’a pu que se parler par message ou au téléphone. Il m’a beaucoup soutenu et je crois vraiment que je n’aurais pas tenu le coup s’il n’avait pas été là.

     

    « Katchan »

    Je suis chez moi. On se voit toujours demain ?

     

    « … »

    Oui, avec plaisir. (≧◡≦) 

     

    « Katchan »

    J’ai hâte. A demain.

     

    « … »

    A demain, Katchan. \(^▽^)/ 

     

    Depuis mon ratage à l’examen, il ne m’appelle plus que Katchan et je n’avais pas envie de le reprendre. La façon dont il le prononce au téléphone, ça me rappelle vraiment celle de Deku et bizarrement, ça me fait du bien. J’ai hâte de le voir demain. Je dois le rejoindre chez lui, ce sera la première fois et ça me rend un peu nerveux. Je ne sais même pas ce qu’on va faire à part discuter tous les deux, mais le connaissant, je sais qu’il trouvera de quoi m’occuper l’esprit pour ne pas trop penser à Deku.

     

    ***

     

    Je suis devant sa résidence. Elle est… plus grande que je ne l’aurais cru. A vrai dire, je ne sais même pas quel métier il fait. Ce n’était pas noté sur son profil et on n’en a jamais vraiment discuté. A vrai dire, il ne m’a jamais vraiment beaucoup parlé de lui, c’est plus souvent moi qui m’apitoie sur mon sort et lui qui m’écoute.

    Mais je pense qu’il a un métier plutôt flexible car il me répond à n’importe quel moment de la journée ou même de la nuit, à chaque fois que je lui envoie des messages. A croire qu’il est tout le temps sur son téléphone à attendre un message de ma part. Je devrais trouver quelque chose de malsain dans ce comportement, mais je n’y arrive pas. Je suis toujours content qu’il me réponde rapidement, donc, il serait bien malvenu de ma part de me plaindre aujourd’hui de son attitude. D’autant plus que j’ai bien conscience d’être le plus ambiguë de nous deux dans notre relation. Depuis le début, il laisse une distance bienveillante entre nous, n’allant pas plus loin qu’il ne le faut, alors que moi je tente de franchir la limite un peu trop souvent.

    A vrai dire, je ne sais même pas pourquoi je fais ça. Il m’attire certes, mais je sais que ce ne serait pas bien de le forcer à aller plus loin. Je n’aimerais pas qu’il s’imagine n’être qu’un simple substitut de Deku, car ce n’est pas du tout le cas. Je tiens à lui et à notre relation actuelle et je n’ai pas envie de la gâcher. Mais, je ne peux m’empêcher de vouloir être proche de lui par n’importe quel moyen. C’est cette ambiguïté que j’ai du mal à contrôler.

    Je sonne au portail et quand j’entends sa voix par l’interphone, mon cœur s’emballe un peu, à l’idée que je vais enfin le revoir. Il m’ouvre et alors que je commence à pénétrer dans la résidence, j’ai une drôle de sensation qui me prend. Je regarde autour de moi. J’ai l’impression d’être épié, c’est vraiment très étrange. En fait, cette sensation m’a tenaillé tout le long du trajet jusqu’à chez lui, comme si on était en train de me surveiller. Mais, à chaque fois, je n’ai vu personne de suspect.

    Je dois sûrement me faire des idées ou je deviens parano. J’ai sans doute tellement peur qu’on nous surprenne ensemble, que je vois le mal partout. Même si techniquement, on ne fait rien de mal. Seulement, certaines personnes risqueraient de ne pas être du même avis, surtout s’ils apprenaient la manière dont nous nous sommes rencontrés.

    Je chasse mes mauvaises pensées et commence à traverser l’allée menant à la maison de style occidentale qui me fait face. Elle se trouve sur deux étages, avec un rez-de-chaussée surélevé. Je jette un œil au jardin bien entretenu, couvert de parterre de fleurs. J’avoue que je n’imaginais pas un lieu comme ça pour lui. Je l’imaginais vivre dans un appartement en plein centre de Tokyo, c’était plus plausible que cette maison bourgeoise.

    Il m’ouvre la porte bien avant que je ne sois monté sur la dernière marche et son sourire me donne une soudaine bouffée de chaleur. J’avais vraiment oublié à quel point il pouvait ressembler à Deku. C’est vraiment perturbant.

    -       Salut Katchan, tu vas bien ? me demande-t-il.

    -       Salut. Oui… ça va et vous ?

    -       Très bien. Entre, tu veux un thé ou quelque chose d’autre à boire ?

    -       Un thé, merci.

    Je retire mes chaussures dans l’entrée et il m’invite à enfiler les chaussons devant moi. Je le suis dans le salon, à l’allure très rustique. C’est vraiment étonnant tous ces meubles en bois, je voyais quelque chose de plus moderne pour son intérieur. Mais encore une fois, cela montre que je ne le connais pas encore assez bien. En fait, je ne sais même pas ce qu’il aime réellement, à part la glace à la pistache, chose que j’ai appris lors de notre premier rendez-vous.

    Puisque je suis là, je n’aurais qu’à lui poser des questions, on verra bien s’il me répond. A vrai dire, ce sera mieux que de me lamenter sur mes échecs récents, même si je sais très bien qu’il va me demander comme se passe le rattrapage pour le permis provisoire.

    -       L’eau est en train de bouillir, dit-il. Je te fais visiter en attendant ?

    C’est là que je me rends compte qu’il m’a laissé seul durant plusieurs secondes sans que je ne m’en rende compte. J’étais tellement perdu dans mes pensées, que je ne me suis même pas aperçu de son absence.

    -       Oui, acquiesçai-je.

    Il commence à me montrer le rez-de-chaussée avec sa grande cuisine dans le même style rustique que le salon. Même si ce n'est pas trop à mon goût, on peut dire que le style de la maison est homogène, ça ne part pas dans tous les sens. Et la suite de la visite ne me trompe pas. Le bureau du rez-de-chaussée est dans la même lignée, et j’apprécie les bibliothèques qui s’étendent de part et d’autre des murs. Je m’y attarde même un moment, sous le regard bienveillant de mon hôte qui m’attend patiemment. Quand je me rends compte qu’il m’attend, je me racle la gorge, un peu gêné, puis nous continuons la visite à l’étage.

    Il me montre les trois chambres du premier, et la salle de bains qui a la chance d’être assez grande pour accueillir une baignoire et une douche. Puis, nous montons au deuxième étage qui est en fait une grande pièce aménagée en salle de cinéma, avec là encore une quantité impressionnant de DVD et surtout de jeux vidéo. Cette pièce-là, dénote un peu avec le reste de la maison, à cause de ce grand écran et des diverses consoles qui y s’y trouvent, mais, elle reste tout de même bien aménagée.

    Nous redescendons ensuite dans le salon et il repart dans la cuisine pour finir de préparer le thé. Je m’assois, sur le canapé du salon qui est plutôt confortable. Puis, il revient avec un plateau et deux tasses de thé et un pot rempli de sucre, qu’il pose sur la table basse en bois du salon. Il me tend une tasse encore fumante avec un sourire et je le remercie.

    -       Est-ce que tu veux du sucre ?

    -       Un seul, merci.

    Il me sert et je le remercie encore une fois. Durant un moment, nous restons silencieux, buvant notre tasse un peu trop chaude, ce qui nous oblige à souffler dessus pour la refroidir. Je le sens un peu mal à l’aise, comme s’il voulait me poser une question et qu’il n’osait pas. Je le fixe un instant et cela semble l’encourager à parler.

    -       Je ne sais pas si je peux te le demander, mais… je voudrais savoir comment tu vas ?

    -       Ça va… aussi bien qu’on peut l’être quand on échoue à tout.

    -       Je comprends, ce n’est pas évident d’enchainer les échecs, mais je suis sûr que tu vas remonter la pente. Tu es un battant Katchan, je sais que tu es du genre à te relever de tout.

    -       Je ne sais pas, dis-je en me calant au fond du canapé en soupirant. Je sais que je parais fort au premier abord. Les gens me trouvent d’ailleurs arrogant à cause de ça, mais… en ce moment, même si j’essaie de donner le change, que j’essaie d’être comme d’habitude, au fond… je me sens de plus en plus mal. La preuve, quand j’ai défié Deku, je lui ai craché toute ma rancœur au visage. Je me suis battu avec lui et je n’ai fait que le repousser un peu plus loin de moi. Alors que…

    Les mots se coincent dans ma gorge et je sens que je suis à ma limite. Ça m’énerve parce que je ne devrais pas m’épancher comme ça, ce n’est pas mon genre, mais dès que je suis avec lui, les mots sortent tout seul. C’est tellement simple, parce qu’il m’écoute sans me juger et c’est sans doute aussi parce qu’il est extérieur à tout ça. Pourtant, quand je suis arrivé ici, je m’étais promis qu’on éviterait les apitoiements sur mon sort et que j’en profiterais pour en apprendre plus sur lui. C’est raté pour le moment, mais je compte bien changer la donne. Pas question de m’effondrer cette fois.

    -       Peu importe, dis-je avant de boire une gorgée de thé. De toute façon, ça ne changera rien à la situation. Même si je me comportais mieux avec Deku, notre relation ne changerait pas comme je le voudrais.

    -       Qu’est-ce que tu en sais ? me demande mon interlocuteur.

    -       Après tout ce qui s’est passé entre nous, et même s’il ne m’a jamais lâché, je doute qu’il envisage un jour une relation avec moi autre que celle d’ami d’enfance. Je lui ai fait trop de mal. Et puis, il est avec double-face et il a l’air heureux. Pourquoi voudrait-il échanger une relation stable par une relation chaotique comme la nôtre ?

    -       Tu ne t’es pas dit qu’il avait peut-être choisi ce garçon, parce qu’il pensait n’avoir aucune chance avec toi ? Qui te dit que vous ne pensez pas la même chose ? La seule différence entre vous deux, c’est que lui, il essaie d’avancer, de passer à autre chose.

    -       Et moi, je regarde toujours en arrière et je n’arrête pas de me lamenter sur mon sort, c’est ça ? dis-je un peu vexé et énervé par ses dernières paroles.

    -       Ce n’est pas ce que j’ai dit. Simplement, chacun réagit différemment. Si ça se trouve, il n’attend qu’un geste de ta part.

    -       Je ne sais pas, ça me semble tellement impossible, dis-je en baissant la tête. Je ne vois même pas comment faire et puis, je ne suis pas le genre à aller piquer le copain d’un autre.

    -       C’est tout à ton honneur, dit-il. Mais, rien ne t’empêche de te rapprocher de lui. Personne ne te demande de changer du tout au tout, ce serait bizarre d’ailleurs. Si tu arrives à te remettre en question pour obtenir le permis provisoire, alors, tu peux le faire aussi dans ta vie privée. Je crois savoir qu’il y a bientôt la fête de Yuei.

    -       Comment vous savez ça ? le coupais-je.

    -       Parce qu’elle a lieu tous les ans à la même date et qu’elle fait toujours grand bruit, dit-il avec un sourire.

    -       Ha ! Oui, c’est vrai.

    -       Et donc, tu pourrais peut-être commencer par là.

    -       Comment ça ? dis-je en levant un sourcil.

    -       Participe aux préparatifs, ne reste pas dans ton coin. Je suis sûr que tu es du genre à te mettre en retrait pour ce genre d’évènement, parce que ça te saoule.

    -       Non, je… si peut-être bien, dis-je vexé qu’il me comprenne si bien. Pfff ! Donc si je comprends bien, vous me demandez de m’investir dans cet évènement, même si ça me gonfle ?

    -       Tout à fait, dit-il avec un sourire radieux. Je suis sûr qu’au fond, tu te retiens pour rester fidèle à toi-même, mais que tu adores ce genre d’évènements, je me trompe ?

    -       N’importe quoi.

    Raaah ! Pourquoi il faut qu’il me comprenne si bien ? En vrai, j’adore ce genre de fêtes, je m’amuse toujours, mais je me retiens à chaque fois pour qu’on ne me charrie pas. Je me suis tellement enfermé dans un rôle, que je ne parviens même plus à m’amuser et me lâcher. Et lui, il l’a bien compris et il m’encourage et à lâcher prise pour cette fête.

    -       Je ne sais pas… si je pourrais complètement me lâcher, dis-je. Mais… j’essaierai de faire preuve de souplesse.

    -       Je suis ravi de l’entendre.

    Il semble vraiment content et j’espère ne pas trop le décevoir. Ce n’est pas vraiment facile de changer du tout au tout, même si je sais qu’il faut que j’y aille petit à petit. Il est évident que je ne vais pas m’amuser à faire de grands sourires à tout le monde, en leur lançant des politesses, ce serait trop bizarre. Même moi, je ne me reconnaitrais pas.

    -       Vous êtes plutôt de bon conseil, dis-je du bout des lèvres.

    -       C’est gentil ça. Est-ce que tu veux encore du thé ?

    J’acquiesce et il repart dans la cuisine avec ma tasse pour me servir à nouveau. En revenant, il commence à me poser des questions sur mes activités du permis provisoire et je n’ai même pas le temps de lui poser les questions que j’aimerais lui poser qu’il est déjà temps pour moi de partir. Je me demande s’il n’a pas fait exprès de m’interroger comme ça, pour ne pas qu’on parle de lui.

    C’est vraiment un homme mystérieux et je me pose beaucoup de questions sur lui. Je ne sais toujours pas ce qu’il fait dans la vie, ni ce qu’il aime ou déteste vraiment. La seule certitude que j’ai, c’est qu’il me fait beaucoup penser à Deku. Par moment, ils ont les mêmes mimiques et j’ai l’impression de l’avoir entendu marmonner dans sa barbe comme lui, mais il s’est vite arrêté quand il s’est aperçu que je le regardais. Il m’intrigue vraiment et je sais que je devrais me méfier un peu plus de lui, mais je n’y parviens pas. Je me sens tellement bien quand je suis avec lui que je n’ai aucune envie de le perdre à cause d’une curiosité ou de questions mal placées.

     

    ***

     

    Un concert, ils ont décidé de faire un concert pour la fête de Yuei. J’ai essayé plus ou moins d’éviter de me retrouver mêlé à la conversation, mais j’ai repensé à ce qu’il m’avait dit. Essayer de m’impliquer dans la préparation et malgré moi, j’ai dit que je savais jouer de la batterie. Et je crois que j’ai choisi le rôle qui me convenait à merveille, parce qu’honnêtement, il était hors de question que je danse sur scène.

    Au mieux, j’aurais aidé dans les coulisses, et ça se serait arrêté là. Mais bon, si je veux changer, ne serait-ce qu’un petit peu, je dois faire plus d’effort et jouer de la batterie pour le groupe, c’est déjà un pas en avant. Deku lui va danser et j’avoue que je suis curieux de voir ça, parce qu’on ne peut pas dire qu’il soit très souple, comme le serait Mina. On dirait plutôt un robot, comme le délégué, mais je sais qu’il fera des efforts. Après ce qui s’est passé lors de son stage chez Sir Nighteye, le décès de ce dernier, et la perte de l’alter de Mirio Togata, j’imagine qu’il a besoin de se changer les idées.

    Quand il est revenu, encore blessé de sa mission, mon cœur a manqué de flancher. Il a l’art et la manière de se blesser constamment et cette mission l’a bien marqué. Le sauvetage de cette petite fille, Eri, l’a bien éprouvé et je vois bien qu’il a envie de passer à autre chose. Double-face a été là pour lui et j’aurais tellement aimé être à sa place, pouvoir le consoler et le prendre dans mes bras. Je ne suis pas insensible à son chagrin et à ses larmes. Quand il est mal, je le suis aussi, mais je me sens toujours obligé de faire semblant d’ignorer sa détresse et ça me frustre. Je sais très bien que si j’essayais de le consoler, il penserait que je me moque de lui, alors, je me retiens, bien malgré moi.

    Il m’a dit d’y aller en douceur, qu’il fallait que je montre que je change petit à petit. Et c’est ce que j’essaie de faire. D’abord avec ma participation avec la fête de Yuei, et aussi lors des réunions avec All Might et Deku, pour parler du One For All. Je fais en sorte de m’impliquer puisque j’ai été mis dans la confidence. Même double-face ne connait pas ce secret et j’avoue, que ça me fait plaisir, parce que je partage au moins un secret avec celui que j’aime. Et quel secret, je pense que c’est le plus important pour lui.

    Donc, je sais qu’il faut que je profite de ça, pour tenter un rapprochement avec lui. Me montrer un peu plus aimable, participer, donner mon avis, j’y arrive petit à petit, même si parfois ma personnalité remonte à la surface. Une petite remontrance, un grognement, ce ne serait pas moi sinon et je pense que ça inquiéterait Deku si je ne faisais pas mon Katsuki Bakugo durant un moment, alors je donne le change et ce n’est pas trop difficile, puisque j’ai fait ça toute ma vie.

    Après avoir réussi à échapper à mes camarades, qui continuent depuis des jours à blablater sur l’organisation de notre concert, je m’écroule sur mon lit et prends mon téléphone. Je ne lui ai pas encore dit ce que je faisais dans le groupe, je lui ai simplement dit que je participais et ça lui a fait plaisir. J’ai même senti un soulagement dans sa voix quand je l’ai eu au téléphone. Il ne m’a rien demandé de plus, trop heureux à priori que j’ai écouté ses conseils. J’ai même cru pendant un moment qu’il pleurait, mais j’ai sans doute rêvé.

    J’appuie sur le bouton vert et attends un moment qu’il décroche, ce qui ne tarde pas. Il est toujours à l’affut du moindre de mes messages ou mes appels, car il répond toujours sans attendre. Ce qui m’interroge encore sur ce qu’il fait de ses journées. Mais, je n’ai toujours pas osé lui poser la question et je me dis qu’il bottera en touche si je lui demande. J’ai bien compris qu’il n’avait pas très envie de parler de lui et qu’il préférait me poser des questions plutôt que l’inverse.

    Parfois, ça me met un peu mal à l’aise, parce que ça me donne l’impression de profiter de sa gentillesse et qu’il n’y a que moi qui compte lors de nos échanges. J’aimerais aussi qu’il me dise ce qu’il a sur le cœur. J’ai encore dans un coin de ma tête, notre première conversation où il me disait qu’il avait perdu celui qu’il aimait. Mais, j’ai l’impression que lui en parler ne ferait que raviver de douloureux souvenirs et qu’il se renfermerait sur lui-même en changeant de sujet. Alors, je ne dis rien. La curiosité me brule les lèvres, mais je ne veux pas qu’il se braque et qu’il ne me parle plus à cause de ça, et ça je ne pense pas que je pourrais le supporter en ce moment. Il n’y a que lui qui embellit ma vie ces derniers temps.

    -       Ça va Katchan ? Tu as passé une bonne journée ?

    -       Ça a été et vous ?

    -       Bien, merci. Et le concert ?

    -       Ça avance.

    -       Et tu as quel rôle ? Tu ne me l’as pas dit.

    -       Je suis à la batterie.

    -       Un rôle qui va bien t’aller, dit-il avec amusement.

    -       Pourquoi vous vous marrez comme ça ? C’est pas drôle.

    -       Disons qu’avec ton caractère, il fallait au moins un instrument qui te défoule pour que tu puisses y trouver ton compte.

    -       Pfff !

    -       Allez Katchan, ne le prends pas mal. C’est un rôle parfait pour toi et tu le sais.

    -       Mouais, dis-je avec un petit sourire qu’il ne peut heureusement pas voir.

    -       Je suis vraiment content que tu participes à la vie de ta classe. C’est bien.

    -       Mouais, c’est pas si mal, dis-je d’un ton nonchalant.

    -       Je savais que ça te plairait.

    -       Eh calmos, j’ai juste dit que c’était pas si mal.

    -       Oui, bien sûr, dit-il en riant de plus belle.

    -       Vous avez fini de vous marrer comme une baleine ? dis-je un peu vexé.

    -       Pardon Katchan, j’arrête. Et avec Deku, comme ça se passe ?

    -       Toujours pareil, dis-je sur un ton plus sombre. Enfin, on se parle normalement, c’est déjà ça. J’essaie de faire des efforts.

    -       C’est bien.

    -       Oui… sans doute.

    Nous restons silencieux un instant. J’entends sa respiration à travers le téléphone et bizarrement, ça m’apaise. Je ferme les yeux. Je pourrais presque m’endormir juste en l’entendant respirer.

    -       Je pourrais vous voir ce week-end ? demandais-je. On fait les répétition samedi, mais samedi soir, je rentre chez mes parents. On pourrait se voir dimanche.

    -       Si ça te fait plaisir.

    -       Oui, c’est le cas. Et vous ?

    -       Moi quoi ?

    -       Ça ne vous dérange pas de passer votre dimanche avec un adolescent à problème ?

    -       Tu n’es pas un adolescent à problème, dit-il avec gentillesse. Tu es juste un peu paumé c’est tout.

    -       Mouais, on va dire ça.

    -       Mais pour te répondre, non ça ne me dérange pas. J’aime les moments qu’on passe ensemble.

    -       Moi aussi, dis-je un sourire flottant sur les lèvres. On pourra déjeuner ensemble ?

    -       Oui, si tu veux.

    -       Bien, alors on se dit à midi chez vous ?

    -       D’accord.

    Nous discutons encore un petit moment, parlant encore du concert. Il me demande qui va faire quoi et je raccroche juste au moment où l’on frappe à ma porte. Je fronce les sourcils et ouvre la porte. A ma grande surprise, c’est Deku qui se trouve derrière.

    -       Quoi ? demandais-je un peu trop brusquement.

    -       Ça va être l’heure de dîner.

    -       T’étais pas obligé de venir me prévenir pour ça. J’avais vu l’heure.

    -       Je… oui, c’est vrai. Mais, on pensait que tu dormais, alors…

    -       Ok !

    Il semble un peu mal à l’aise, comme s’il voulait me demander quelque chose. Je soupire, quand je vois qu’il hésite à me parler. J’ai autant envie de le secouer que de le prendre dans mes bras.

    -       Tu comptes rester planté là devant ma porte ?

    -       Non, je… Katchan…

    -       Quoi ? Qu’est-ce que tu veux ? Parle, bon sang, au lieu d’hésiter comme ça.

    Il a la tête baissée et je soupire encore une fois. Je décide de passer à côté de lui, quand il me retient par le bas de mon tee-shirt.

    -       Est-ce que tu vas bien ? demande-t-il.

    -       Hein ? Pourquoi tu me demandes ça tout à coup ? Pourquoi ça n’irait pas ?

    -       Je te trouve différent, ces derniers temps et je m’inquiète pour toi.

    -       T’as pas à l’être. Je vais bien.

    -       Ah ! D’accord, dit-il simplement.

    Son regard me fait dire qu’il ne me croit pas totalement, mais il n’ose pas insister. Il craint sans doute que je l’envoie bouler encore plus violemment et c’est ce qui risque d’arriver s’il le fait. Je ne peux pas m’épancher sur lui, car tout ce qui se passe le concerne. Je me mords la lèvre, en lui tournant le dos, en me disant que je lui fais encore du mal à l’ignorer comme ça. Mais, je ne peux pas faire autrement. Je me retiens de me retourner et de le prendre dans mes bras. C’est tellement dur de l’avoir si proche et de ne pas pouvoir être près de lui, comme pourrait l’être Todoroki. C’est dans ces moments-là que j’ai envie de l’appeler, mais retourner dans ma chambre maintenant inquiéterait encore plus Deku et je ne veux pas qu’il voit que ses paroles me troublent.

    -       Allons manger, dis-je en grognant.

    -       Oui, dit-il en me suivant.

     

    ***

     

    J’ai eu bien du mal à m’éclipser de chez moi aujourd’hui. Ma mère n’a fait que me poser des questions avant que je ne sorte. Elle m’a demandé où j’allais, qui je devais voir, m’a demandé de ne pas rentrer trop tard, car je devais rentrer au lycée. J’ai senti qu’elle était inquiète plus que de raison et j’avoue que je n’ai pas été très tendre avec lui, l’envoyant bouler, comme je le fais toujours, mais avec plus de hargne que d’habitude.

    Quand je lui ai dit que j’allais voir un ami qu’elle ne connaissait pas, elle a cherché à savoir à tout prix qui s’était, mais je n’ai pas flanché. Je sais très bien que si je lui avais dit, elle aurait refusé que j’aille le voir. J’aurais pu me servi d’Eijiro comme excuse, mais je n’aime pas mentir comme ça et si l’envie lui avait pris de l’appeler ou ses parents, elle aurait compris que je lui avais menti, alors j’ai simplement éludé l’identité de celui que j’allais voir. Après une longue bataille, elle a fini par céder, et me voici enfin arrivé, avec un peu de retard chez lui.

    Comme d’habitude, il m’accueille sur le pas de la porte et je vois tout de suite sur son visage qu’il était inquiet.

    -       Je me demandais si tu allais venir, dit-il. Je m’inquiétais, j’ai eu peur qu’il te soit arrivé quelque chose en chemin.

    -       Je suis un apprenti héros, même si je n’ai pas encore mon permis provisoire, je sais quand même me défendre.

    -       Je sais ça, mais ça ne m’empêche pas de m’inquiéter quand même.

    -       Je suis désolé, c’est ma mère. Elle n’a pas arrêté de me demander qui je voyais et on s’est engueulé. Elle me soupçonne d’aller voir une fille en cachette, je pense et ça l’agace parce qu’elle aimerait bien savoir qui c’est.

    -       Une fille ? Elle est bien loin du compte, dit-il avec amusement alors qu’il me fait entrer à l’intérieur.

    -       Oui, d’autant plus que je ne risque pas d’être avec une fille, dis-je en enfilant mes chaussons.

    -       Elle ne sait rien sur tes préférences ?

    -       Non et c’est mieux comme ça, pour l’instant.

    -       Tu penses qu’elle le prendrait mal ?

    -       Non, je ne pense pas, mais honnêtement, je n’ai pas envie de lui en parler maintenant.

    -       Je comprends. Tu as faim ? demande-t-il. Je te propose de commander, à moins que tu ne veuilles qu’on ne sorte manger dehors ?

    -       Non, je préfère rester ici, dis-je. Je n’ai pas très envie de prendre le risque de tomber sur quelqu’un que je connais et je n’ai aucune envie de me justifier.

    -       Oui, c’est mieux, en effet.

    -       Vous n’avez rien dans vos placards ? On aurait pu préparer quelque chose.

    Il me regarde, un peu mal à l’aise, la main derrière la nuque. Je soupire, avant de me rendre dans la cuisine regarder ce qu’il y a et qu’elle n’est pas ma surprise en voyant qu’il n’y a que des plats préparés et surtout des nouilles instantanées.

    -       Ne me dites pas que vous ne mangez que ça ?

    -       Heu… si, dit-il gêné.

    -       Vous plaisantez ?

    -       Non, dit-il penaud. Mais, je ne sais pas trop cuisiner et quand j’essaie, c’est un véritable désastre.

    Je soupire. Pourquoi, je ne suis même pas étonné ? Etonnamment, ça va bien avec le personnage et même si je ne le montre pas, je trouve ça plutôt amusant.

    -       Il y a un combini, par loin, dis-je. Je vais chercher ce qu’il faut et je reviens.

    -       Je viens avec toi.

    -       Seulement si on reste discret.

    -       Promis, dit-il en souriant.

    Il enfile une veste, une casquette et des lunettes et nous sortons pour nous rendre au magasin du coin. Je me demande si je ne vais pas le regretter, mais quel est le risque que nous croisions quelqu’un que je connais par ici ? Et puis, nous n’allons pas sortir très longtemps, juste le temps de faire quelques courses. Nous arrivons au combini et je lui mets un panier entre les mains et sans qu’il ait son mot à dire je commence à le remplir.

    -       Tu comptes faire quoi ? demande-t-il.

    -       Un Katsudon, dis-je.

    -       J’adore ça, dit-il avec des étoiles pleins les yeux.

    -       Je l’aurais parié, dis-je.

    A vrai dire, je n’ai pas choisi ce plat par hasard, me demandant si comme Deku, il allait aimer ça. Et j’ai tapé dans le mille. Il a vraiment les mêmes goûts que lui. Il ne me parle pas beaucoup de lui, mais en comparant ses goûts avec ceux de Deku, j’apprends à mieux le connaître de manière détournée. Je tourne la tête vers lui et il semble un peu gêné, comme s’il s’était grillé alors qu’il ne le voulait pas. Je souris intérieurement, en me disant que j’ai bien joué sur ce coup-là. Je ne dis pourtant rien et nous continuons nos achats et une fois que c’est terminé, nous sortons du magasin, bien chargé. Une fois rentrés, je m’attèle dans la cuisine sans attendre.

    -       Tu veux un coup de main ? Je me sens mal de tout te laisser faire, dit-il.

    -       Ça va aller. Et puis, vous m’avez dit que ça pouvait être un désastre si vous vous mettiez à cuisiner, et je n’ai pas très envie de tester.

    -       Mouais, mais bon, dit-il en faisant une moue vexée.

    -       Dites-vous que c’est ma manière de vous remercier pour tout ce que vous faites pour moi.

    -       Tu n’as pas besoin de me remercier de quoique ce soit.

    -       Bien sûr que si, vous me supportez depuis tous ces mois et vous êtes toujours là quand j’en ai besoin, alors c’est le moins que je puisse faire pour vous.

    -       D’accord, j’accepte le cadeau, alors. En plus, je suis sûr que ce sera excellent.

    -       Bien sûr que oui, je suis le meilleur.

    Il rigole et je ne peux empêcher un sourire étirer mes lèvres. Je me sens tellement bien à cet instant. J’aimerais vraiment que ce moment dure le plus longtemps possible. Je lui tourne le dos pour qu’il ne voit pas mon sourire qui s’étire de plus en plus. Je me sens heureux en cet instant… très heureux.

     

    ***

     

    Le concert a été un succès. Je l’avoue, j’ai vraiment adoré ce moment, même si je ne l’ai montré que derrière une arrogance digne de moi. On voulait rendre le sourire aux autres élèves, et ça a fonctionné et j’avoue que j’y ai trouvé une sorte de jubilation. Je pense que ce petit intermède joyeux nous a tous fait du bien. Ça nous a fait oublier un moment tous les soucis que nous avons eu ces derniers mois. C’est juste dommage que la fête ait dû être fermée au public. J’aurais vraiment aimé qu’il puisse venir, mais voilà, la sécurité avant tout et finalement, ce n’était pas si mal quand même.

    Ça m’a même reboosté pour le permis provisoire. Je suis proche de la fin et j’ai hâte que ça se termine et surtout que je puisse enfin rattraper les autres. J’ai toujours la sensation d’avoir pris beaucoup de retard, mais je compte bien me rattraper dès que j’aurais mon permis en poche.

    -       Tu as l’air de bonne humeur Katchan, dit-il.

    -       Oui, le rattrapage est bientôt terminé et je compte bien l’avoir ce permis provisoire.

    -       Je sais que tu l’auras.

    -       Bien sûr que je l’aurais, dis-je sûr de moi.

    -       Ça me fait plaisir de te voir comme ça. Je suis content de voir que tu as repris du poil de la bête. Et… comment ça se passe avec Deku ?

    Mon visage s’assombrit et il sent que le sujet reste sensible. Mais, à chaque fois, il me pose la question, comme un rituel qu’il se sent obligé d’accomplir.

    -       Ça va… pas d’avancée significative, si c’est ça que vous me demandez. De toute façon, à part lui parler normalement, je ne peux rien tenter de plus.

    -       C’est déjà ça, dit-il.

    -       Mouais.

    Je me cale dans le canapé, mes bras autour de mes jambes, avant de me rapprocher de lui, subrepticement. Ces derniers temps quand je suis chez lui et que l’on se cale sur le canapé pour discuter, jouer aux jeux vidéo ou regarder la télé, je finis toujours par me coller à lui, épaule contre épaule. Et parfois, il met un bras autour de mes épaules et je pose ma tête dans le creux de son cou. C’est l’un des seuls rapprochements qu’on s’autorise, mais ça nous fait du bien à tous les deux, je crois. Sentir la chaleur de l’autre, ça fait du bien, c’est réconfortant.

    Le seul bruit qu’il y a dans la pièce, c’est la télévision. Nous ne parlons plus, profitant de ce moment au calme. Je sens même mes paupières se faire plus lourdes, la fatigue me gagnant. Il m’arrive souvent de dormir dans ses bras et de finir la tête sur ses genoux alors que sa main droite se perd dans mes cheveux. Cette fois, je n’attends même pas de m’endormir et je prends, un oreiller et le pose sur ses genoux. Il me laisse faire et je ferme les yeux m’endormant sans même demander mon reste.

    C’est le bruit de la sonnette qui me réveille brusquement. Mon cœur bat un peu trop vite, et je mets un peu de temps à comprendre ce qui se passe. Il me caresse les cheveux avec gentillesse avant de se lever pour aller voir qui est à la porte. Je me recouche sur le canapé, refermant les yeux pour me reposer encore un peu, mais je suis vite sorti de ma torpeur quand j’entends une voix que je ne connais que trop bien retentir dans la maison. Je me redresse brusquement et vois mon ami reculer les mains devant lui pour se protéger, apeuré.

    -       Il est où ? Qu’est-ce que vous avez fait à mon fils ? crie ma mère alors qu’elle rentre en furie dans le salon sans même retirer ses chaussures.

    Je me lève brusquement, abasourdi de la voir débarquer ici comme ça. Comment a-t-elle su où je me trouvais ? Est-ce qu’elle m’a suivie ? Dans ce cas, pourquoi mettre autant de temps à intervenir ? Elle aurait pu m’arrêter au moment où j’arrivais chez lui. Ce qui veut dire… que quelqu’un lui a dit où je me trouvais, mais qui ? Personne ne savait que j’étais… là. C’est là que je le vois derrière, mal à l’aise, tremblant un peu de peur, effrayé sans doute de la réaction de ma mère et probablement de celle que je vais avoir quand je saurais qu’il m’a balancé. D’ailleurs… ça veut dire… que c’est lui qui m’a suivi ? Je n’ai pas trop le temps de me poser de question, me rappelant que ma mère est en train de menacer mon hôte, avec un air furieux sur le visage.

    -       Arrête maman ! dis-je brusquement, en me mettant devant lui. Lâche-le !

    -       Katsuki ! dit-elle. Qu’est-ce que tu fais ici, avec cet homme ? Où tu as la tête hein ?

    -       Je ne fais rien de mal, dis-je.

    Elle ne semble pas me croire et je la vois qui s’avance encore vers lui d’un air menaçant tandis que je vois Deku détourner le regard sur le pas de la porte, en se tordant les doigts, regrettant sans doute d’avoir prévenu ma mère. C’est bien trop tard pour le regretter maintenant que le mal est fait. J’avoue que je suis furieux contre lui et surtout peiné qu’il ait fait ça, sans même comprendre dans quoi il mettait les pieds.

    -       Katsuki, je pense que tu devrais parler avec ta mère, dit mon ami.

    Je soupire, en me disant que je ne pourrais pas échapper à une explication en bonne et due forme. C’est le seul moyen de la calmer, avant qu’elle n’essaie d’étriper mon ami. Elle le regarde avec rage, puis me regarde avec incompréhension. Je prends le bras de ma mère et l’emmène à l’étage où nous ne serons pas dérangés.

    -       Viens, dis-je d’un ton sec.

    Elle me suit, un peu surprise par mon attitude. Je regarde mon hôte qui invite Deku à entrer. Je remarque que les deux ont la même expression de crainte. En cet instant, l’un à côté de l’autre, je remarque que leur ressemblance est flagrante. Je détourne le regard et pousse ma mère, qui aimerait à priori en découdre et dire ses quatre vérités à celui qu’elle pense sans doute être une personne malveillante qui profite certainement de ma jeunesse. Je l’emmène dans la première chambre de l’étage, tout de suite à droite. Je n’y suis rentré qu’une seule fois, le jour où il m’a fait visiter. Maman se tourne vers moi alors que je m’assois sur la descente de lit fleurie.

    -       Tu m’expliques ? demande-t-elle les bras croisés sur la poitrine. Qu’est-ce que tu fais chez cet homme ? C’est lui cet ami que tu allais voir à chaque fois, celui dont tu ne voulais pas me parler ? C’est qui ? Tu l’as connu où ? Est-ce qu’il t’a fait quelque chose ? Parle, bon sang !

    -       Si tu me laissais en placer une, je pourrais te répondre, grognais-je.

    -       Je ne comprends pas Katsuki, c’est pas ton genre de mentir comme ça, dit-elle.

    -       Mentir ? A quel moment, j’ai menti sur quoi que ce soit ? Je n’ai pas menti en te disant que c’était mon ami. Je ne t’ai juste pas dit que c’était un adulte, ce n’est pas mentir, il me semble.

    -       Non, mais si tu ne m’as pas parlé de lui plus en détail, c’est parce que tu savais que ça ne me plairait pas. Pourquoi, si ce n’est parce que tu as quelque chose à cacher ? Tu peux avoir des amis plus âgés, ça ne me gêne pas, mais le fait que tu te caches, est plus que suspect, tu ne penses pas ?

    Je détourne la tête, un peu penaud, en me disant qu’elle n’a pas tort. Si je lui avais parlé de lui dès le départ, elle ne se serait pas inquiétée autant. Mais elle m’aurait forcément demandé où je l’avais rencontré et je n’aurais pas pu lui mentir et honnêtement, je n’avais pas envie de faire face à ses remontrances à ce moment-là. Au final, ça n’a servi à rien, parce que je vais m’en prendre plein la figure maintenant et de la pire manière qui soit.

    -       Oui, c’est vrai, dis-je en bougonnant.

    -       Alors, c’est qui ? Tu l’as rencontré comment ?

    -       Je… je l’ai rencontré… sur une appli de rencontre, dis-je en chuchotant.

    -       Tu peux répéter, dit-elle en se rapprochant de moi.

    Je sais qu’elle m’a parfaitement entendu et quand je l’aurais répété, elle pètera un plomb, c’est sûr. Je me recule un peu sur le lit, me préparant aussi mentalement à m’en prendre plein la tête.

    -       Sur une appli de rencontre, dis-je un peu plus fort.

    -       Une appli de rencontre ? crie-t-elle soudainement. Mais, t’es complètement inconscient, Katsuki ? Qu’est-ce qui t’a pris, enfin ? C’est pas ton genre de faire des bêtises pareilles. Je croyais que tu avais plus de jugeotte que ça. Qu’est-ce qui t’es passé par la tête pour faire une chose pareille ? Tu sais pas que sur ces applis, tu peux rencontrer des pervers ?

    -       Je le sais, dis-je. Mais, il est pas comme ça.

    -       Qu’est-ce que tu es en sais ? Peut-être qu’il cache bien son jeu et qu’il joue les gentils pour t’amadouer.

    -       Je te dis qu’il n’est pas comme ça, criais-je en la fixant dans les yeux ce qui la déstabilise car elle recule avec surprise. Ça fait plusieurs mois qu’on se connait et il n’a jamais rien tenté.

    -       Ça ne veut rien dire Katsuki.

    -       Je sais, mais j’aimerais que tu me fasses confiance quand je te dis qu’il n’a rien tenté et qu’il ne s’est rien passé, dis-je en baissant la tête.

    D’un seul coup, je la sens se détendre et elle vient s’asseoir à côté de moi. Le simple fait que je lui parle de confiance a fait retomber la tension entre nous. Elle pose une main sur mon bras et je sais maintenant que je ne pourrais pas échapper à une confession en bonne et due forme.

    -       Je ne comprends pas Katsuki, pourquoi tu as fait ça ? Qu’est-ce qui t’a poussé à t’inscrire sur ce genre d’appli ?

    -       Je… j’en sais rien.

    -       Katsuki…

    -       C’est trop embarrassant, dis-je en serrant les poings.

    -       Oh ! Est-ce que… ce serait un chagrin d’amour ?

    -       Mamaaaannn, dis-je mal à l’aise.

    -       Je vois que c’est ça, dit-elle en resserrant sa prise sur mon bras. Je comprends mieux.

    -       Tu comprends rien, dis-je.

    -       Si, je peux comprendre pourquoi tu ne voulais pas m’en parler. Tu pensais que ça me gênerait que tu aimes les garçons ?

    -       Non, je sais pas… j’en sais rien. C’est pas ça, dis-je encore plus mal à l’aise. Tu crois vraiment que c’est facile de parler de ça avec sa mère ?

    -       Non, d’autant plus que je sais que tu n’es pas du genre à te confier facilement. Tu caches tes sentiments derrière ta fierté et tu penses que personne ne s’en apercevra, mais tu ne peux pas toujours cacher tes sentiments ce n’est pas possible.

    -       Je sais, dis-je en me mordant la lèvre.

    C’est pas vrai, je vais pas pleurer maintenant devant ma mère quand même ? Ce serait trop la honte, mais j’ai bien du mal à retenir le flot d’émotion qui est en train de m’assaillir. Tout ce qui s’est passé ces derniers mois est en train de me revenir en pleine figure, tous mes échecs, mes désillusions, mon désespoir et mes déceptions.

    -       C’est Izuku ? demande-t-elle soudainement.

    -       Hein ? dis-je en me tournant vers elle avec interrogation.

    -       Celui dont tu es amoureux, c’est Izuku, n’est-ce pas ?

    -       Que… hein… n’importe qu… comment tu peux le savoir ?

    -       Cet homme en bas, il lui ressemble étrangement. Ça m’a sauté aux yeux quand je l’ai vu. C’est même troublant, on dirait Izuku adulte. Et j’imagine que tu ne l’as pas choisi par hasard, sur cette appli, n’est-ce pas ?

    Je baisse la tête et une larme coule sur ma joue que je m’empresse d’essuyer avec rage. Je ne veux vraiment pas pleurer, c’est pas possible.

    -       Oui, c’est vrai. Je suis amoureux d’Izuku, mais va pas lui répéter.

    -       Je ne le ferais pas, dit-elle. Je ne jouerais pas les entremetteuses, d’autant plus que j’ai l’impression que les choses sont plutôt compliquées entre vous.

    Je la regarde sans comprendre et elle me sourit un peu tristement.

    -       Tu pensais que je ne le savais pas ? Je sais très bien que ces dernières années, votre relation était plutôt tendue, mais vous êtes malgré tout restés ensemble. Alors, je comprends que ce ne soit pas évident pour toi.

    -       Tu ne peux même pas imaginer, dis-je avec un certain dégout de moi-même.

    -       Sans doute. Par contre, ce que j’ai remarqué c’est que tu ne rends pas Izuku indifférent. La preuve, il s’inquiétait pour toi, c’est pour ça qu’il est venu me voir.

    -       Mais de quoi il se mêle franchement, dis-je en colère.

    -       Ne le blâme pas. Je ne sais pas quels sont ses sentiments exacts pour toi, mais j’ai l’impression qu’il ressent plus que de l’amitié pour toi.

    -       Ça m’étonnerait.

    -       Pourquoi tu dis ça ?

    -       Parce qu’il sort déjà avec quelqu’un, donc ça m’étonnerait qu’il m’aime de la même manière que moi je l’aime.

    -       Ça tu n’en sais rien, dit-elle. Peut-être qu’il essaie juste de passer à autre chose, parce qu’il pense qu’il n’a aucune chance avec toi. Il faut dire, qu’avec ton attitude, difficile de se dire qu’on a une chance avec toi.

    -       Mouais… il me l’a dit lui aussi, dis-je un peu bougon.

    -       Cet homme ?

    -       Oui.

    -       Oh alors, il a compris comment tu fonctionnais, il remonte dans mon estime.

    -       C’est quelqu’un de bien et il est gentil. Il est toujours à mon écoute et il me donne souvent de bons conseils.

    -       Tu l’aimes beaucoup, on dirait.

    -       Oui, c’est mon ami et en ce moment… j’ai besoin de lui, plus que de n’importe qui.

    Elle semble surprise par mon aveu et elle me prend soudainement dans ses bras, ce qui me crispe un peu. J’ai vraiment du mal quand elle me montre son amour maternel de cette manière, comme si c’était une autre personne. D’habitude, on est toujours dans la confrontation, on se dispute beaucoup, mais c’est notre manière de se montrer qu’on s’aime. Alors, quand elle est gentille comme ça, je ne sais pas trop comment réagir. Peut-être que je devrais simplement lâcher prise pour une fois, mais ce n’est pas si évident.

    -       Mon bébé, je sais qu’un chagrin d’amour, ce n’est pas évident. Si cet homme peut t’aider alors… je veux bien que tu le vois, mais ne me mens plus. Même si je ne l’ai pas dit, je me suis fait un sang d’encre quand tu as été kidnappé par l’Alliance et je ne veux pas que ça se reproduise, ou qu’il t’arrive quelque chose de pire. Je suis ta mère et je veux juste te protéger, tu comprends ?

    -       Je sais, dis-je en enfouissant malgré moi ma tête dans son cou. Je suis désolé de t’avoir inquiété.

    Elle me serre durant un instant contre elle et au bout d’un moment, je me recule et me lève. J’essaie de reprendre contenance en soufflant un bon coup, mais ce n’est pas évident.

    -       Bon, je pense que je vais aller m’excuser auprès de ton ami. J’espère qu’il ne m’en voudra pas trop.

    -       Ça m’étonnerait, il n’est pas comme ça. Et je pense qu’il comprendra aisément pourquoi tu t’es comportée comme ça.

    Elle acquiesce et nous redescendons pour rejoindre Deku et mon ami assis dans le salon, en train de boire un thé en silence. Deku semble complètement tétanisé et lui le regarde avec beaucoup de bienveillance et de compassion. Ma mère s’approche de mon ami, qui se lève, un peu mécaniquement, s’attendant au pire, un peu sur la défensive.

    -       Je suis désolée d’avoir réagi si vivement, dit-elle. Katsuki m’a tout expliqué.

    -       Je comprends votre réaction, dit-il. Elle était tout à fait légitime. Je suis un adulte et je n’ai pas été très responsable. Mais, je ne ferais jamais rien à Katsuki. Nous sommes seulement amis.

    -       Je sais, dit-elle. J’ai confiance en Katsuki, alors vous pouvez continuer à vous voir. Mais si jamais vous lui faites le moindre mal, vous aurez affaire à moi.

    Il déglutit se disant certainement qu’il ne vaut mieux pas se mettre à dos ma mère et il a tout à fait raison. Je pense qu’elle pourrait effrayer All For One, lui-même. Elle jette un œil à Deku qui s’est levé à son tour et qui n’ose pas me regarder. Même s’il a prévenu ma mère parce qu’il s’inquiétait pour moi, je lui en veux un peu de l’avoir fait. Je le trouve gonflé de s’être mêlé de mes affaires de cette manière. Est-ce que moi, je me mêle de ses affaires avec double-face ?

    -       Je vais te ramener chez toi Izuku, dit maman.

    -       Oui, dit-il penaud.

    -       Katsuki, ne rentre pas trop tard, d’accord ?

    -       Oui, promis, dis-je.

    -       Je vous ai à l’œil, dit-elle à mon ami.

    Il acquiesce un peu mal à l’aise et sur le pas de la porte, alors que ma mère et Deku passent le portail, je le sens soupirer à côté de moi.

    -       Elle fait vraiment peur ta mère.

    -       Oui, c’est vrai.

    -       Mais, on voit qu’elle tient à toi.

    -       Je sais.

    Nous retournons à l’intérieur et une fois assis dans le salon, j’observe la tasse qu’Izuku a laissé là. Je ne comprends vraiment pas ce qui lui ait passé par la tête à celui-là.

    -       Vous avez parlé à Deku ? demandais-je.

    -       Oui, un peu.

    -       De quoi ?

    -       De toi.

    -       Pourquoi ?

    -       Parce que c’était nécessaire, je crois.

    -       Ben voyons. Et donc ?

    -       Il tient à toi, ça se voit, dit-il en souriant.

    -       Mouais, ça reste à voir. Si ça se trouve, il pensait encore que c’était son devoir de jouer les héros. Il a sûrement pensé qu’il allait me sauver d’un dangereux prédateur.

    -       J’aurais pu l’être.

    -       Mais vous ne l’êtes pas, dis-je en me rapprochant de lui en calant ma tête dans le creux de son épaule.

    -       Non, je ne le suis pas, mais lui ne le savait pas. Ne lui en veux pas d’avoir voulu t’aider.

    Je ne dis rien. Pour l’instant, je ne peux pas lui dire oui, parce qu’au fond, je lui en veux malgré tout. En fait, je sais que ça devrait me faire plaisir qu’il se préoccupe de moi comme ça, mais je crois que ça provoque l’effet inverse. Ça me frustre plus qu’autre chose, parce que je sais que je ne peux même pas rester auprès de lui, que même si on se rapproche pour devenir amis, ça ne me suffira pas. Ça ne me suffira jamais. Je ne veux pas qu’une simple amitié avec lui, et ça me bouffe vraiment le cœur.

     

    ***

     

    Ça m’énerve. Deku n’arrête pas de me regarder depuis quelques jours, c’est pénible. J’ai l’impression qu’il veut me parler, mais moi, je n’en ai aucune envie. Quand il essaie de m’adresser la parole, je m’esquive systématiquement.  Lors de l’entrainement en commun avec la seconde B, j’ai été bien content de ne pas être dans son groupe. J’ai fait semblant que tout allait bien, j’ai même travaillé en équipe ce qui a surpris tout le monde, montrant ainsi que je pouvais changer et que le rattrapage pour le permis provisoire m’avait été utile.

    Deku a décortiqué tous les combats comme d’habitude, et lorsque ça a été le tour de son équipe, j’ai été surpris de voir, comme tout le monde, qu’il avait débloqué un nouveau pouvoir. Malheureusement, il en a perdu le contrôle et j’ai bien cru que les profs allaient arrêter l’entraînement, mais il a repris le contrôle grâce à Miss Gravité et j’avoue, j’en ai été jaloux.

    Durant un instant, j’ai failli moi-même y aller, mais encore une fois, je me ne suis pas senti légitime et mon orgueil a aussi pris le dessus. Je lui en veux encore d’avoir été baver auprès de ma mère. Je n’arrive pas à me dire que c’est pour mon bien qu’il a fait ça. J’ai l’impression qu’il l’a fait pour une autre raison et ça m’a empêché d’agir. Mais de toute façon, qu’est-ce que j’aurais pu faire ? Je ne sais même pas si j’aurais réussi à le calmer. Je me suis juste éloigné et quand le cours s’est terminé, je me suis empressé de fuir le terrain d’entraînement.

    Les jours suivants, j’étais bien content d’aller au rattrapage, ça m’a évité de le voir. Durant tout ce temps, je n’ai pas arrêté de me demander comment il avait su où j’allais et chez qui. La seule explication, c’est qu’il m’ait vu avec lui. Mais quand ? Peut-être quand on était au combini la dernière fois, ou bien avant, lorsque je suis venu la première. Je me sentais observé et je me demande si ce n’était pas lui qui me suivait. Mais si c’est ça, pourquoi n’en a-t-il pas parlé avant à ma mère ? Il attendait quoi au juste ? Ça me saoule, parce que je ne comprends pas pourquoi il a fait ça. Je n’ai pas envie de lui demander, parce que j’ai peur de ne pas le faire de la bonne manière et qu’il finisse par ne même plus m’adresser la parole. Alors pour l’instant, je préfère m’éloigner volontairement de lui, le temps de calmer ma colère.

    Cependant, aujourd’hui, Deku n’a pas l’air décidé à me laisser tranquille par ce qu’il n’arrête pas de me fixer. Est-ce que je vais passer tout mon dimanche avec son regard braqué sur moi ? Sûrement pas. Je décide de quitter le salon et aller dans ma chambre. Je suis sûr au moins d’être tranquille, mais mon ami d’enfance n’a pas l’air de l’entendre de cette oreille et il se glisse dans l’ascenseur avant qu’il ne se referme. Je soupire, déjà las de son comportement. Il me tourne le dos et je me rends compte qu’il n’a pas appuyé sur le bouton du premier étage où se trouve sa chambre, ce qui signifie qu’il compte monter au troisième avec moi.

    Une fois la porte ouverte, il sort et j’envisage presque de rester dans l’ascenseur pour redescendre, mais je finis par sortir à mon tour. Je passe à côté de lui, sans un regard, en espérant et c’est un comble, que c’est double-face qu’il va voir, mais je sens qu’il s’arrête juste derrière moi. Je me retourne brusquement vers lui et il recule d’un pas.

    -       Putain Deku, qu’est-ce que t’as à me suivre comme ça ? Qu’est-ce que tu veux ?

    -       Te parler, dit-il. Tu m’évites depuis quelques temps.

    -       J’ai rien à te dire. Tu me gonfles.

    J’ouvre la porte de ma chambre et tente de la fermer mais Deku ne semble pas d’accord avec ça et bloque la porte avec sa main et son pied.

    -       Merde, fous-moi la paix !

    -       Non, je veux qu’on parle, dit-il avec un air désespéré qui me fait lâcher prise.

    Il entre dans ma chambre et me fixe avec angoisse et les poings serrés. Il baisse la tête alors que moi, je reste ébahi par sa soudaine ténacité et son culot.

    -       Je suis désolé Katchan, pour ce qui s’est passé avec ta mère, dit-il. Si je lui ai dit où tu étais, c’est parce que je m’inquiétais pour toi.

    -       Pourquoi ?

    -       Parce que je tiens à toi.

    -       Arrête de dire des conneries.

    -       Je dis pas de conneries, dit-il les larmes aux yeux en me regardant à nouveau. On se connait depuis qu’on est gosses, je te connais depuis longtemps, c’est normal que je m’inquiète pour toi.

    -       Non, c’est pas normal. C’est pas normal que tu t’inquiètes pour le connard que je suis. Après tout ce que je t’ai fait, c’est pas normal. D’ailleurs, tu devrais pas. Je ne t’ai rien demandé. Tu m’agaces vraiment à jouer les héros comme ça. A toujours vouloir me sauver. Et si je n’avais pas envie que tu me sauves hein ? Qu’est-ce que ça peut te foutre ce que je fais de ma vie ? T’avais peur pour moi ? Tu croyais que cet homme allait me faire quoi ? Me baiser ? Profiter de moi, jusqu’à ce qu’il n’ait plus besoin de moi ? C’est vrai que ça aurait pu arriver et tu sais quoi, ça n’aurait pas été ton problème, ok ? Je fais ce que je veux de mon cul, tu comprends ? Alors, ne te mêle plus de ma vie comme ça, t’entends ?

    Durant tout mon monologue, je me suis avancé vers Deku, jusqu’à le coincer dans un coin de la chambre. Je l’ai vu écarquiller les yeux au fil de mes paroles, des larmes perlant au coin de ses yeux, peiné probablement de toute ce que je viens de lui dire, mais il fallait que ça sorte.

    -       Je… je ne voulais pas… bégaye-t-il.

    -       Tu ne voulais pas quoi ? Te mêler de ma vie ? Mais tu ne fais que ça depuis qu’on est gosses. Tu n’arrêtes pas de te mêler de mes affaires. Tu ne peux pas t’en empêcher. Je n’ai rien dit jusqu’à présent, mais là, franchement tu m’emmerdes. Je t’en veux de ce que tu as fait, tu n’as même pas idée. T’as failli tout gâcher. Cet homme, c’est la seule personne qui me comprend en ce moment, j’ai besoin de lui et toi, t’as failli tout briser, à cause de quoi au juste ? Pourquoi ? T’as aucune raison de faire ça. T’as des amis, tu réalises ton rêve et t’es avec double-face, pourquoi tu viens m’emmerder au juste ? C’est devenu ton passe-temps de me gâcher la vie ou quoi ?

    -       Non, je… Katchan….

    -       Arrête avec tes Katchan, chaque fois que tu le prononces, j’ai envie de te cogner.

    Non, je n’ai pas envie de le cogner, c’est un mensonge. Tout est mensonge. Je voudrais lui dire que j’ai envie qu’il s’occupe de moi et uniquement de moi. En vérité, je lui en veux parce que je sais qu’il ne s’inquiète pour moi, que parce que c’est dans sa nature de s’en faire pour les autres, alors, que je voudrais que ce soit pour une autre raison.

    J’aimerais qu’il m’aime, mais ça n’arrivera jamais. J’aimerais essuyer les larmes qui coulent sur son visage, mais je ne m’en sens pas le droit. J’aimerais le serrer dans mes bras, le consoler, lui dire que je l’aime, mais rien ne sort, parce que ces gestes, ces paroles ne sont pas légitimes. Je ne suis pas légitime. Je baisse la tête et je sens que je suis à ma limite. Si je ne me recule pas, je risque de le regretter.

    -       Katchan… je suis désolé.

    -       Putain, ta gueule. J’en veux pas de tes excuses. Tu fais chier, j’en peux plus.

    Je sens une larme rouler sur ma joue. C’est trop tard, je craque. J’en peux plus de me retenir. Je lâche les épaules de Deku, que je tenais jusque-là et sans ménagement, je pose mes mains sur son visage et l’embrasse. Cela ne dure que quelques secondes et quand je me recule, je prends conscience de mon geste. Deku a les yeux écarquillés, choqué par mon geste. Je recule encore et je suis arrêté par la chaise de mon bureau. Je lui tourne le dos, et pose ma main sur le dossier de la chaise.

    -       Dégage !

    -       Katchan…

    -       Dégage ! criais-je. Sors d’ici !

    J’entends des bruits de pas précipité et je vois Todoroki pénétrer dans ma chambre, sûrement alerté par mes cris. Il me regarde, puis il regarde Deku. Ce dernier a une main sur ses lèvres et le fils d’Endeavor a l’air de comprendre ce qui vient de se passer. Il s’avance vers moi, mais je lui tourne le dos. Ma vision se trouble soudainement et je sens que mes forces m’abandonnent. Je me sens faible tout d’un coup, comme la fois où je les ai vu s’embrasser la première fois. Je bouge légèrement et ma main glisse de la chaise. Je chancèle et je sens que mes jambes ne me portent plus. Avant que je ne m’écroule, j’entends Deku crier mon nom et puis plus rien.

     

    ***

     

    J’ouvre les yeux, un peu difficilement. Je me sens faible et je sens que j’ai du mal à bouger mes membres. Pourtant, je me force à me mettre sur le côté et me rends compte que je suis allongé sur mon lit dans ma chambre. Depuis combien temps que je suis resté inconscient ? Je me souviens alors de ce qui s’est passé. Ma discussion avec Deku, mon geste inconsidéré, l’intervention de Todoroki et mon corps qui m’a complètement lâché. J’ai encore fait une baisse de tension, ça ne fait aucun doute. En tout cas, si personne n’a jugé bon de me déplacer à l’infirmerie, c’est que ce n’est pas trop grave.

    J’enfouis ma tête dans mon oreiller. Heureusement, personne n’est là à côté de moi, à attendre que je me réveille. Ça me va. Je n’ai pas envie de m’expliquer. Je ne veux pas parler, j’en ai assez de me justifier. Je me redresse doucement, malgré le tremblement de mes bras. Je prends mon téléphone et me rends compte qu’il est près de vingt heures. J’ai dormi longtemps.

    Je soupire et mon corps est pris de soubresaut. D’un seul coup, je m’effondre en larme. Qu’est-ce que j’ai foutu ? Qu’est-ce qui m’a pris d’embrasser Deku comme ça ? Là, c’est sûr, il ne me parlera plus jamais. Je l’ai choqué, j’ai été trop con de faire ça, mais je ne savais plus quoi faire et j’ai craqué.

    Je jette un œil à mon téléphone. Il est tard, je ne devrai pas, mais je ne sais pas quoi faire pour me calmer. J’appuie sur le bouton vert et ça sonne juste deux fois. Comme d’habitude, il me répond vite.

    -       Katchan ?

    Je ne parviens même pas à aligner deux mots. Au lieu de ça, je m’effondre en pleure au téléphone.

    -       Eh ! Qu’est-ce qui s’est passé ? Katchan ? Parle-moi, tu m’inquiètes ? Il s’est passé quelque chose de grave ?

    -       J’ai fait… une connerie, hoquetais-je.

    -       Quoi ? quelle connerie ? demande-t-il inquiet.

    -       Je… j’ai…embrassé… Deku.

    -       Tu l’as embrassé ? Qu’est-ce qui s’est passé au juste ?

    Je pleure de plus belle et je n’arrive même plus à parler. Je me sens vraiment pitoyable. J’ai juste envie me cacher sous mes draps et ne plus jamais en sortir.

    -       Katchan ? m’appelle-t-il angoissé.

    -       Je veux vous voir, dis-je.

    -       Il est tard et je ne pense pas que tu pourras sortir du lycée comme ça.

    -       J’arrive, dis-je en me levant.

    -       Attends, Katchan, tu…

    Mais je raccroche. Je veux le voir, j’en ai besoin, là maintenant. Si je ne vais pas le voir, je n’arriverais pas à remonter la pente. Je me change en essayant de calmer mes larmes, mais c’est bien difficile. Pourtant, je me force à aller vite. Je sais que dès l’instant où j’aurais passé le portail de Yuei, ils sauront que je suis parti, mais je m’en fiche. Je ne peux pas rester ici une seconde de plus ici. Pour ne pas me faire repérer par mes camarades, qui sont, pour certains, encore dans la salle commune, je sors par la fenêtre. M’élançant avec mon alter, je me rattrape à l’arbre le plus proche pour amortir ma chute et je retombe lourdement au sol, avant de me mettre à courir jusqu’à l’entrée du lycée.

    Mon badge me permet de sortir, mais il va lancer l’alerte, c’est évident. Je me remets à courir dès l’instant, où je passe le portail, aussi vite que je peux. Je me rends au métro le plus proche et dès qu’il arrive je saute à l’intérieur de l’un des wagons. Même si les profs sont alertés, ils mettront un peu de temps à me retrouver. Il n’y a que ma mère et éventuellement Deku qui comprendront où je me trouve et d’ici là, j’y serais déjà. Ça me permettra de parler avec lui, d’être dans ses bras un moment et quand ils arriveront, nous verrons bien, je n’ai pas envie de me projeter si loin.

    Mais en attendant, je garde l’espoir de pouvoir le voir assez longtemps pour calmer mes angoisses qui se sont insinués en moi depuis mon réveil. A vrai dire, je me demande comment je peux avancer, alors que je sens que mes jambes me portent difficilement, à cause de cette baisse de tension qui m’étreint. Peut-être que c’est l’idée de le voir qui me permet d’avancer, oui c’est sûr que c’est ça, sinon, je serais encore au fond de mon lit, sans force.

    Quand enfin, j’arrive chez lui, quinze minutes plus tard, je me rends compte qu’il m’attend devant le portail, le visage déformé par l’inquiétude. Je cours vers lui, et je me jette dans ses bras, alors que mes larmes recommencent à couler dès l’instant où ses bras sur referment sur moi. Nous restons un moment comme ça, jusqu’à ce qu’il me soulève pour m’emmener à l’intérieur. Je me laisse faire, de toute façon, je suis épuisé et ma baisse de tension se rappelle à moi, si bien que mes jambes ne me portent même plus. Arrivé à l’intérieur, il me pose sur le canapé et je m’allonge en position fœtal. Il s’éloigne un instant et revient avec une couverture qu’il pose sur moi. Il s’agenouille ensuite devant le canapé et commence à me caresser les cheveux.

    -       Katchan, dit-il doucement en posant son front contre le mien. Qu’est-ce qui s’est passé ?

    -       Je vous l’ai dit, j’ai embrassé Deku, mais… pas de la bonne manière, avouais-je.

    Mes larmes coulent de plus belle et je me sens tellement mal. Il ne dit rien, pendant un moment, continuant de caresser mes cheveux, me laissant le temps de me calmer. Je ferme les yeux quelques instants afin d’essayer de reprendre contenance, mais ce n’est pas évident.

    -       Je… me suis énervé contre lui, continuais-je. Je lui ai reproché de m’avoir balancé à ma mère et je lui ai dit… les pires horreurs. Et après… j’ai lâché prise… j’ai vrillé, et je l’ai embrassé. Je l’ai choqué, c’est sûr. Je m’en veux d’avoir fait ça. Je suis vraiment qu’un connard, vraiment.

    -       Mais non, tu as juste agi sous le coup de l’émotion. C’est sûr que l’embrasser de cette manière n’était pas la meilleure chose à faire et il faudra que tu t’excuses. Et justement, tu n’auras qu’à en profiter pour lui dire ce que tu as sur le cœur.

    -       Non, jamais, dis-je en enfouissant mon visage sous la couverture. Je m’excuserais, mais je ne compte pas lui avouer ce que je ressens. De toute façon, je suis sûr qu’il me déteste à présent.

    -       Ça tu n’en sais rien, tant que tu ne lui auras pas parlé, dit-il. Moi, je suis sûr qu’il ne t’en veut pas.

    -       Vous n’en savez rien, grognais-je.

    -       Toi non plus, dit-il d’un ton sec qui me surprend.

    C’est la première fois qu’il est si catégorique. Je baisse la couverture et je vois dans ses yeux qu’il est fâché. Je me mords la lèvre. Je n’aime vraiment pas le voir comme ça surtout que c’est la première fois. En général, il est plutôt calme, mais là, c’est comme si toute cette histoire lui tenait plus à cœur qu’à n’importe qui.

    -       Je suis désolé, dis-je en détournant le regard mal à l’aise.

    -       Non, c’est moi, dit-il alors que son visage retrouve son calme. C’est à toi de décider ce qui est le mieux, mais tu aurais tort de de te mettre des barrières parce que tu as réagi une fois trop vivement.

    -       Ce n’est pas qu’une fois, soupirais-je. Avec lui, c’est tout le temps. Je suis toujours dans l’excès, je n’arrive jamais à être mesuré. Je me sens vraiment minable.

    -       Katchan…

    La sonnette retentit soudainement, coupant net notre conversation. Je sais déjà qui c’est. Je soupire en me disant que je n’aurais pas profité longtemps de sa présence. Pas de doute, que je vais devoir rentrer au lycée manu militari et que j’aurais sans doute droit en prime à une punition en bonne et due forme, mais je m’en fiche. Je ne regrette pas d’être venu ici, parce que je me sens un peu plus calme, même si au bout du compte, je ne sais pas ce que je vais faire vis-à-vis de Deku.

    Je doute qu’il veuille me parler après ce que je lui ai fait et à part m’excuser, je n’ai pas envie de m’épancher sur mes sentiments auprès de lui. Il est avec Todoroki et ça ne servirait à rien de lui avouer mes sentiments en sachant que je serais de toute façon rejeté. Je dois me faire une raison et l’oublier, taire à jamais mes sentiments pour lui, c’est le mieux à faire, même si ça fait très mal. De toute façon, ce n’est pas comme si j’espérais quoi que ce soit avec lui. Ce baiser ne changera rien, il va même nous éloigner un peu plus je pense, mettre une distance infranchissable entre nous et je pense que c’est mieux comme ça.

    Je me redresse sur le canapé, je suis épuisé, j’ai du mal à bouger mon corps. J’aimerais dormir, mais je sais que je vais devoir me lever pour rentrer. Je l’entends discuter devant la porte et bientôt des bruits de pas se dirigent dans le salon et je vois ma mère ses précipiter vers moi et me prendre dans ses bras. Je la laisse faire, bien incapable de faire le moindre geste. Je me sens las, et je n’ai pas envie de me disputer, ni me battre avec elle.

    -       J’ai été prévenu par le lycée que tu étais parti. Je leur ai dit que tu étais rentré à la maison et qu’ils n’avaient pas à s’inquiéter.

    -       Hein ?

    -       Il m’a tout expliqué, dit-elle en désignant mon ami.

    -       Oh non ! je gémis dans son cou.

    Et je m’effondre en larme, honteux qu’elle sache ce qui s’est passé avec Deku. Elle ne me lâche pourtant pas, alors que je pleure comme un bébé. Je me sens tellement misérable, mais je ne sais même plus quoi faire pour m’arrêter. Elle finit par se reculer et s’asseoir à côté de moi. Elle a le visage tiré par la fatigue et l’inquiétude et je m’en veux de lui faire vivre cet enfer. Je me calme peu à peu et elle me tend un mouchoir pour que j’essuie mes larmes et mon nez qui coule. Je me sens vraiment pitoyable.

    -       Pardon d’être parti comme ça, dis-je en baissant la tête d’un air penaud.

    -       C’est clair, que ce n’était pas très responsable de ta part, dit-elle. Si je ne connaissais pas la situation, je t’aurais passé la soufflante de ta vie, mais je ne peux pas ignorer ta détresse, alors, je ne vais pas me fâcher. Pour ce soir, tu peux rester ici, mais tu retournes au lycée demain. Ton stage de rattrapage pour le permis provisoire est bientôt fini et ce serait dommage que tu échoues si près du but.

    -       Oui, je ne compte pas échouer cette fois, dis-je. Maman, je suis désolé.

    -       Bon sang, ça me fait tellement bizarre que tu t’excuses comme ça, dit-elle d’un air faussement choqué.

    -       Arrête de te moquer de moi, dis-je un peu vexé.

    Elle se met à rire, avant de me reprendre dans ses bras. Je me laisse faire, puis elle recule avant de se lever et rejoindre mon ami, qui a attendu jusque-là à la porte du salon pour nous laisser tranquille.

    -       Prenez soin de lui, dit-elle. Je compte sur vous pour le ramener au lycée demain matin et par la peau des fesses s’il le faut.

    -       Je ne pense pas que j’aurais besoin d’aller jusque-là, dit-il avec amusement. Même s’il a fait des choix plus que discutables ces derniers temps, je sais que Katchan est quelqu’un de responsable et il est déterminé à devenir un héros.

    -       Le numéro un, grommelais-je. Je serais le numéro un des héros, plus fort qu’All Might lui-même.

    -       Ravi de voir que tu as repris du poil de la bête, dit ma mère. Mais n’en fais pas trop avec ton orgueil, il y a encore quelques minutes, tu pleurais comme un bébé dans les bras de ta maman.

    -       Mais, tais-toi, la vieille.

    -       Arrête de m’appeler la vieille, fils indigne.

    -       Pfff !

    Je souris malgré moi. Ça me fait du bien de me disputer avec ma mère, j’ai l’impression de retrouver un peu de normalité après tout ce qui s’est passé ces derniers temps. Je soupire, fermant les yeux quelques instants.

    -       Je t’appelle demain Katsuki, dit ma mère.

    -       Ouais.

    Elle sort, en sa compagnie et je me rallonge sur le canapé, m’enfouissant sous la couverture, la remontant juste au-dessus de mon nez. Quelques minutes plus tard, il revient vers moi et s’assoit à nouveau par terre devant moi. Il lève une main et caresse à nouveau mes cheveux et je soupire de satisfaction. Je sais que je ne devrais pas, mais ça me fait vraiment du bien.

    -       Merci, dis-je. Merci d’être là.

    -       Ce n’est rien. Je serais toujours là pour toi, Katchan. Maintenant, repose-toi, d’accord ?

    -       Oui. Merci.

    Je ferme les yeux, tandis que je sens encore sa main dans mes cheveux. Ce simple geste m’apaise et je m’endors sans demander mon reste.

     

    ***

     

    Je n’ai pas reparlé à Deku, depuis une semaine. On a été plutôt occupé ces derniers temps et je me suis plutôt concentré sur le permis provisoire. Todoroki a fait comme si de rien n’était durant toute cette semaine, ce qui m’a un peu surpris. Je pensais qu’il me snoberait, ou pire qu’il m’en ferait voir de toutes les couleurs, parce que j’ai osé toucher à son précieux petit ami. Mais il a agi comme d’habitude, avec un sérieux qui m’a un peu surpris. J’avoue que si j’avais été à sa place, je n’aurais pas été si conciliant. Je ne comprends pas vraiment ce qu’il a dans la tête.

    Est-ce que Deku a interagi en ma faveur ? Il n’y a aucune raison, d’autant plus après les horreurs que je lui ai dit la dernière fois. Il devrait m’en vouloir, et je ne lui en voudrais même pas pour ça, c’est même légitime, mais quand je l’ai croisé durant cette semaine, il a plutôt eu l’air de s’inquiéter pour moi que d’être en colère. Lui aussi, je ne comprends pas ce qu’il a dans la tête. Est-ce qu’il est maso au point de ne pas m’en vouloir ? C’est dingue que quoi que je fasse, il soit toujours derrière moi. Je l’ai insulté, martyrisé durant toute son enfance, et malgré tout, il est toujours près de moi. Je ne le comprends vraiment pas.

    Quoiqu’il en soit, je compte bien m’excuser pour ce que je lui ai fait dès que je le pourrais. Je lui dois bien. Il n’a pas mérité que je déverse toute ma haine sur lui. Il encaisse toujours sans broncher, alors quand je lui demanderais pardon, je supporterais tout ce qu’il pourra me balancer à la figure, insulte, remontrances, haine et je le laisserais même me frapper si ça peut le soulager un peu.

    Aujourd’hui, Todoroki et moi avons passé notre dernière épreuve et nous avons bien entendu réussi tous les deux. Alors que nous sommes sur le chemin, de retour, dans la voiture d’All Might, je regarde la carte, avec ma photo qui prouve que je peux agir en héros et je souris malgré moi.

    -       On a réussi, dit Todoroki.

    -       Ouais. Enfin !

    -       Tu vas aller voir Izuku ?

    -       Hein ? Pourquoi j’irais le voir ? grognais-je.

    -       A ton avis ?

    Je détourne la tête pour ne pas qu’il me voie grimacer.

    -       Ouais, j’irais le voir pour m’excuser, grognais-je. Je me suis mal comporté avec lui… et avec toi. Je… je suis désolé.

    -       C’est bon, c’est oublié.

    -       Hein ?

    Je me tourne vers lui avec surprise. Son visage me fait dire qu’il ne m’en veut vraiment pas. Pourquoi il agit comme ça ?

    -       Comment tu peux oublier ça ? demandais-je. Si c’était moi, je t’en voudrais d’avoir embrassé mon petit ami.

    -       Je t’en ai voulu, dit-il. Mais… je sais que tu étais à bout. J’en ai discuté longuement avec Izuku. Et, nous en avons conclu que tu n’aurais jamais fait ça pour te moquer de lui, c’est pas ton genre. Cependant, lui pense que tu as agi juste sous le coup d’une impulsion, il refuse de croire que tu peux ressentir quelque chose pour lui, ou plutôt, il se voile la face. Au fond, je pense qu’il espère que tu l’aimes aussi.

    -       Hein ? Qu’est-ce que tu racontes comme connerie ?

    -       Tu l’aimes non ?

    -       Je… ça te… regarde pas, dis-je gêné.

    -       Alors, j’ai raison, dit-il en regardant droit devant lui. Tu devrais lui dire.

    -       Mais tu t’entends ? Pourquoi tu me dis ça alors que tu sors avec Deku ? Tu devrais plutôt m’empêcher de l’approcher, non ?

    -       On n’est plus ensemble.

    -       Quoi ?

    -       Izuku et moi, on n’est plus ensemble, dit-il d’un ton si stoïque qu’il me fait peur. Après ce qui s’est passé, on en a discuté et on a décidé que se séparer était le mieux à faire.

    -       Hein ?

    Je suis abasourdi par ce que j’entends. Deku et Todoroki se sont séparés ? Comme ça ? Et le pire, c’est qu’il n’a même pas l’air triste.

    -       Attends… tu devrais pas être triste ou un truc dans le genre ? demandais-je surpris.

    -       Je le suis, mais… je crois qu’au fond, même si j’aime beaucoup Izuku, que je tiens à lui, j’ai compris que je ne pourrais jamais le rendre heureux. On aurait pu continuer, mais on aurait fini par être malheureux tous les deux. Ce n’est pas avec moi qu’il a envie d’être et je ne veux que son bonheur.

    -       Pourquoi tu me dis ça ? dis-je en m’enfonçant dans mon siège les bras croisés.

    -       Pour t’encourager à agir, dit-il. Avant qu’il ne soit trop tard. Peut-être que lui et moi on s’est séparés, mais rien ne dit qu’il ne trouvera pas quelqu’un d’autre. Si tu n’agis pas avant, il sera trop tard. Mais bon, la première chose que tu dois faire, c’est t’excuser et après, tu pourras lui dire ce que tu as sur le cœur.

    -       Je sais bien que je dois m’excuser… mais pour le reste… je ne compte pas faire quoi que ce soit.

    -       Pourquoi ne pas le faire si tu l’aimes ?

    -       Parce que… merde, j’ai pas envie de parler de ça, surtout avec toi.

    -       Ok ! Mais, tu devrais quand même te déclarer, il n’attend que ça.

    -       N’importe quoi !

    -       Je te le dis.

    -       Mais ferme-là, j’ai pas envie re recevoir des conseils de ta part.

    -       Pourtant, tu devrais m’écouter pour une fois.

    Je m’apprête à lui répondre une réplique bien cinglante quand All Might arrête la voiture brusquement. Je souris en voyant qu’on va intervenir plus vite qu’on ne l’aurait cru. Je ne pensais vraiment pas étrenner mon permis provisoire aussi vite, mais ces vilains tombent à pic et j’ai bien envie de me défouler. Ni une, ni deux, Todoroki et moi sortons de la voiture et nous voici partis pour notre premier combat en tant qu’apprenti héros. Nous ne faisons qu’une bouchée des vilains et j’avoue que je ne me suis pas senti aussi bien depuis longtemps. J’ai hâte de pouvoir lui dire ce qui s’est passé aujourd’hui. Après ce petit intermède, nous retournons au lycée et avant que nous rentrions à l’internat, Todoroki, m’arrête en posant une main sur mon bras.

    -       Tu devrais vraiment lui dire ce que tu ressens.

    -       Arrête avec ça, grognais-je.

    -       Trop têtu.

    -       Répète un peu, double face ! pestais-je.

    -       T’es vraiment un gamin.

    -       Raaahh ! Tu me saoule.

    Il me lâche le bras et nous entrons dans la salle commune de l’internat. Tout le monde nous accueille avec joie, nous félicitant d’avoir eu notre permis provisoire. Je vois Deku qui s’approche de double-face et le félicite, moi je m’éloigne de lui, même si nos regards se sont croisés l’espace d’un instant. Je prends mon téléphone et lui envoie un message.

     

    « Katchan »

    Je l’ai.

     

    Son message ne se fait pas attendre et je souris en voyant qu’il a remis ses emojis bizarres.

     

    « … »

    Félicitation Katchan, je suis heureux pour toi. \(^▽^)/ Je savais que tu l’aurais. (´꒳`)♡ 

     

    « Katchan »

    Bien sûr que oui.

     

    « … »

    (^▽^)

     

    Je pouffe de rire. Il est vraiment marrant quand même. Je soupire, en me disant que j’aurais aimé le voir, mais je ne compte pas recommencer ce que j’ai fait il y a une semaine. J’ai évité la punition, mais là, pas sûr que ça passerait. J’espère quand même que je pourrais le voir durant les vacances de Noël. Je dois rentrer chez mes parents pour fêter le nouvel an.

     

    « Katchan »

    Je vais rentrer pour les vacances, juste après Noël. On pourra se voir ?

     

    « … »

    Bien sûr avec plaisir.

     

    « Katchan »

    Je vais fêter Noël avec ma classe. Et vous ?

     

    « … »

    Je vais rester tranquille à la maison.

     

    « Katchan »

    Ah !

     

    « … »

    Ne t’en fais pas pour moi. J’ai hâte qu’on se voie durant tes vacances.

     

    « Katchan »

    Moi aussi.

     

    -       Katsuki, tu viens ? me dit soudain Eijiro. On va dîner et fêter votre permis provisoire, comme il se doit.

    -       J’arrive.

    -       Est-ce que ça va ?

    -       Oui, nickel.

    -       Super, dit-il en souriant.

    Je me rends compte que je n’ai pas beaucoup discuté avec lui ces derniers temps. Il a pourtant essayé de me faire parler, mais je l’ai toujours envoyé bouler. Je vais me rattraper. Il est plus que temps que je me reprenne, mais avant ça… Je regarde Deku qui est assis à table, en bonne discussion avec Uraraka. C’est à lui que je dois parler en premier lieu. Je repense à ce que m’a dit Todoroki dans la voiture, sur le fait que je devrais me déclarer. Il m’a dit que Deku n'attendait que ça. J’en doute. De toute façon, le plus important pour le moment, c’est de m’excuser auprès de lui. Après, on verra par la suite. Je reprends mon téléphone que j’ai délaissé quelques instants pour envoyer un dernier message.

     

    « Katchan »

    On m’appelle pour dîner. Je vous laisse. Bonne soirée.

     

    « … »

    Bonne soirée Katchan. Et encore félicitation pour ton permis.

     

    « Katchan »

    Merci.

     

    Je souris avant de ranger mon téléphone dans ma poche. Un seul de ses messages arrive à me rendre le sourire. Je me demande ce que j’aurais fait s’il n’avait pas été près de moi, tout ce temps et honnêtement, je n’ai pas très envie de le savoir.

     

    ***

     

    C’est le jour de Noël et je me suis enfin décidé à parler à Deku aujourd’hui, juste avant la soirée. Mais, j’avoue, je ne sais pas encore comment l’aborder. Je suis un peu nerveux. Je dois juste m’excuser, mais c’est un exercice plutôt difficile pour moi. Tout le monde s’affaire à préparer la soirée et j’évite un maximum de m’y impliquer.

    En plus, ils n’arrêtent pas de regarder en boucle l’interview que j’ai donné avec Todoroki après notre premier exploit en tant qu’apprenti héros. Et je retiens ces foutus journalistes, ils ont osé couper tous mes passages au montage, ces enfoirés. Et le pire c’est qu’après ça, on a eu droit à un cours, sur le sujet, avec l’héroïne Mount Lady. Tout le monde a eu l’air à l’aise, même double-face. Il n’y a que Deku et moi qui avons foiré ce cours. Je l’admets, je déteste les interviews, ça me gonfle.

    Je décide de remonter dans ma chambre pour fuir la bonne ambiance. Je suis sûr que lui me dirait de m’investir dans cette fête, mais tant que je n’aurais pas parlé à Deku, je ne pourrais pas me sentir totalement à ma place dans la classe.

    Alors que je m’apprête à prendre l’ascenseur, je croise Deku qui s’apprête à sortir de la cabine. Je m’avance vers lui, ne lui laissant pas le temp de sortir et j’appuie sur le bouton de fermeture. J’ai bien conscience que mon geste n’est pas approprié, mais je me dis que le destin ne l’a pas mis sur mon chemin pour rien.

    -       Katchan ? Qu’est-ce que tu fais ? Je voulais sortir.

    -       Faut qu’on cause, dis-je simplement.

    -       Maintenant ?

    -       Oui, maintenant, dis-je sur un ton qui ne souffre d’aucun refus.

    Il ne dit rien, mais je sens qu’il n’est pas très content de mon comportement. Tant pis, une fois que j’aurais fait ce que j’ai à faire, c’est lui qui décidera ce qui adviendra de notre relation. J’avoue que ça me rend un peu nerveux. Si jamais il décidait de ne plus me parler, je ne sais pas ce que je ferais, mais je préfère ne pas y penser. J’avoue que même si j’ai toujours pensé n’avoir aucune chance avec Deku, je n’arrive pas à imaginer ma vie sans lui.

    Peu importe à ce que je pense lorsque que j’imagine mon futur, il est toujours là, même de loin. Pourtant, je pense vraiment qu’il faut que je me fasse à l’idée qu’il risque de disparaitre de ma vie et tout ça, ce sera entièrement ma faute. Je me mords la lèvre, un flot d’émotion commence à monter, mais je le retiens. J’ai bien du mal à me contrôler ces derniers temps, mais là, je ne peux pas déjà flancher alors que je ne me suis pas encore expliqué.

    Nous arrivons au troisième étage et je sors de l’ascenseur. S’il le voulait, il lui suffirait de rester à l’intérieur et j’aurais ma réponse. S’il ne veut pas qu’on parle, alors c’est qu’il est toujours fâché et qu’il ne veut définitivement plus me parler, contrairement à ce que m’a dit Todoroki. Je soupire avant de me tourner vers lui et je le vois sortir de la cabine. Je retiens un soupir de soulagement et je reprends mon chemin jusqu’à ma chambre. La dernière fois qu’on s’est parlé dans cette pièce ou plutôt que je lui ai gueulé dessus, ça s’est mal terminé, mais je compte bien me contrôler cette fois.

    Nous entrons dans ma chambre et je sens qu’il est nerveux car il reste près de la porte. De mon côté, je vais m’asseoir sur mon lit. Je ne veux pas le brusquer et je me dis que si je suis dans une position un peu inférieure à lui, ça le rassurera. Malgré ça, il reste sur la défensive et je ne l’en blâme pas.

    -       Deku ! dis-je d’une voix un peu trop forte qui le fait sursauter.

    Il recule un peu plus près de la porte et je me mords les lèvres, peiné de le voir dans cet état à côté de moi. Merde, comment faire pour qu’il n’ait plus peur de moi ?

    -       Ça va détends-toi, je ne vais pas t’agresser, dis-je d’un ton calme sans le regarder. Je veux juste te parler.

    -       De quoi ?

    Son ton est sec et je me rends compte qu’il est vraiment en colère contre moi. Pas étonnant, mais ça fait mal quand même. Je prends une profonde inspiration, pour calmer les battements de mon cœur qui bat un peu trop vite dans ma poitrine. Il faut que je me calme. Ce n’est pas facile, mais je sais que je peux y arriver, je le dois pour qu’on puisse avancer tous les deux.

    -       Je suis désolé Deku… pour ce que je t’ai fait la dernière fois, dis-je en baissant la tête. J’ai déversé ma colère et ma frustration sur toi. Je n’aurais pas dû te parler comme ça. Je sais… que tu as prévenu ma mère parce que tu t’inquiétais pour moi et sur le moment, j’ai considéré ça, comme une trahison de ta part. Mais… je comprends pourquoi tu l’as fait. Quoiqu’il en soit, je suis désolé d’avoir réagi aussi vivement.

    Je me lève et le regarde. Il m’écoute attentivement. Cette fois, je me sens étrangement calme. Je sens que ça me fait du bien de vider mon sac.

    -       Et je suis désolé… de mon geste déplacé, ajoutais-je. Je n’aurais pas dû t’embrasser sans ton consentement. C’est impardonnable et… je comprendrais que tu ne veuilles plus du tout m’adresser la parole. Alors, voilà… encore une fois. Je te demande pardon, Izuku.

    Je me penche en avant en guise d’excuse. J’attends un moment qu’il parle, mais rien ne vient. Je me redresse doucement, m’attendant à une réaction de rejet. J’aurais dû m’en douter. Jamais il ne me pardonnera pas. Ce geste, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder un vase déjà bien trop rempli. Il en a trop supporté et là, je ne peux plus revenir en arrière. Je retiens mes larmes, et quand nos regards se croisent, je vois son visage emplit de colère, qui me fait dire qu’il est vraiment trop tard.

    -       Je te pardonne, dit-il.

    -       Hein ? demandais-je incrédule.

    -       Je te pardonne, Katchan, répète-t-il.

    -       Mais pourquoi ?

    -       Quoi, tu préfères que je reste fâché ?

    -       Non, mais… ce serait tout à fait légitime que tu ne veuilles plus me parler.

    -       Oui, c’est vrai. J’ai tous les droits de t’en vouloir et ce depuis des années. Mais, je ne sais pas si tu as remarqué, mais depuis tout ce temps, je suis toujours resté près de toi, malgré tout. Je t’ai toujours suivi et ça, ça ne changera pas. Je suis stupide, je le sais. Tu ne me mérites même pas que je t’accorde autant d’importance, mais voilà… je n’arrive pas te lâcher, c’est comme ça. Tu fais partie de ma vie Katchan, et que tu le veuilles ou non, ça ne changera jamais. Tes paroles de la dernière fois m’ont fait peur, mais elles m’ont fait aussi comprendre aussi dans quelle détresse tu te trouvais et après avoir compris ça… je ne peux pas envisager de te lâcher aussi facilement. Et si c’est le fait de m’avoir embrassé sans mon consentement, qui te perturbe, tu n’as pas à t’en faire pour ça. Je ne vais pas crier au scandale par ce que tu m’as fait un bisou de rien du tout sans me le demander. Ce que je veux savoir c’est pourquoi tu l’as fait. C’est ça qui m’intéresse, pour le reste c’est secondaire. Alors… pourquoi Katchan ?

    Je me sens complètement perdu. Tout ce qu’il vient de me dire, j’ai du mal à l’assimiler. Je me suis trompé sur toute la ligne. A aucun moment, il ne comptait me lâcher. Il me pardonne et il est toujours là. Est-ce qu’il est stupide ou quoi ? Je ne comprends pas. Pourtant… je ne peux pas m’empêcher d’être rassuré, d’être soulagé par ses paroles. Mais maintenant, je dois répondre à sa question et honnêtement, je ne me sens pas encore prêt à lui avouer ce que je ressens.

    -       Je suis désolé, c’est la seule réponse que je ne peux pas te donner pour le moment, dis-je en baissant la tête, mal à l’aise.

    -       Pour le moment, ça veut dire que ça peut changer ?

    -       Peut-être… je ne sais pas. Ça dépendra… de beaucoup de choses.

    -       Alors, j’attendrais, dit-il d’un ton ferme. J’attendrais ta réponse. Je t’attendrais tout ma vie s’il le faut.

    Je relève la tête, incrédule. Attendre toute sa vie ? Il est vraiment sérieux ? Je ne sais pas comment je dois prendre ses paroles. Est-ce que je dois y voir un espoir quelconque ? Non, je ne dois pas m’emballer, je ne veux pas être déçu. Il vaut mieux que je prenne ses paroles avec précaution, mais au fond, j’ai envie de m’accrocher à ce petit espoir qu’il vient d’influer en moi.

    -       D’accord, quand le moment sera venu, je te répondrais. Mais laisse-moi un peu de temps.

    -       D’accord.

    Il me sourit et je rougis malgré moi. Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas vu de sourire sur son visage ou plutôt un sourire qui m’est adressé, rien qu’à moi. Il s’approche de moi et me prends les mains, me faisant rougir encore un peu plus, si bien que je ne sais même plus où me mettre maintenant.

    -       Je compte sur toi, Katchan.

    -       Mouais, dis-je.

    -       Et si on rejoignait les autres pour les aider à préparer la soirée ?

    -       Je… j’ai quelque chose à faire avant, dis-je en lui lâchant les mains.

    -       D’accord, mais tu viendras hein ?

    -       Oui.

    Il s’avance vers la porte et alors qu’il s’apprête à sortir, il se tourne vers moi.

    -       Cet homme… tu tiens beaucoup à lui ?

    -       Oui, dis-je.

    -       D’accord, alors s’il est si important pour toi, il l’est pour moi aussi.

    Il me lance un dernier sourire avant de sortir, me laissant encore pantois. Décidemment, cette conversation était à mille lieues de ce que j’avais envisagé. Je retombe lourdement sur mon lit, vidé par cette conversation. Je ne m’attendais vraiment pas à ça. Je m’allonge les bras en croix, en souriant. Je suis tellement soulagé. Durant un moment, je reste  à regarder le plafond avant de prendre mon téléphone dans ma poche.

     

    « Katchan »

    J’ai parlé à Deku.

     

    « … »

    Ah ! Et alors ?

     

    « Katchan »

    Ça s’est bien passé. Mieux que je l’espérais.

     

    « … »

    Je suis content pour toi. Je t’avais dit de croire en lui. (⌒‿⌒)

     

    « Katchan »

    Oui, vous aviez raison. Merci. Je vous raconterai tout en détail quand on se verra.

     

    « … »

    Avec plaisir.

     

    « Katchan »

    Joyeux Noël.

     

    « … »

    Joyeux Noël à toi aussi, Katchan. ♡\( ̄▽ ̄)/♡

     

    Je me mets à glousser en voyant l’émoji. Il n’y a vraiment que lui pour me remonter le moral comme ça. Je me redresse et décide de rejoindre les autres en bas. La soirée se passe dans la bonne humeur, même si Mina a décidé de me faire chier avec le déguisement de Père Noël qu’elle essaie à tout prix de m’enfiler. Je parviens à m’extirper à plusieurs reprises, mais à la fin de la soirée, je fini quand même avec la veste et le bonnet sur la tête.

    Bah, ce n’est pas si grave. Cela a quand même beaucoup amusé Deku et je me suis même permis un petit sourire. A la fin de soirée, alors que nous rangeons, tout le monde parle de l’apprentissage. Malheureusement de mon côté, je ne vois pas vers quel héros je pourrais me tourner. J’aurais aimé retourner auprès de Best Jeanist, mais il n’a plus donné de signe de vie depuis un moment, ce qui m’inquiète un peu, je dois l’avouer. Mais, c’est là que Todoroki nous interpelle Deku et moi et nous fait une proposition pour le moins étonnante.

    -       Izuku, Katsuki, nous interpelle-t-il, si vous n’avez pas encore d’agence, vous venez ? Chez le numéro un. Dans l’agence d’Endeavor.

     

    ***

     

    J’avoue que sa proposition m’a surpris, mais je ne pouvais pas vraiment refuser. Faire son stage chez le numéro un des héros, c’est une occasion à ne pas rater et j’avoue, me dire que je vais être près de Deku est un plus. Ce sera peut-être l’occasion de me rapprocher un peu de lui et je finirais peut-être par répondre à sa question. J’avoue que je ne pensais pas l’imaginer un jour, je m’étais pourtant fait à l’idée que je ne lui avouerais jamais mes sentiments, mais notre dernière conversation m’a fait un peu changer d’avis et je ne pensais pas que ce serait possible. J’avais pourtant été catégorique de ce côté-là, mais il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis et je ne veux pas être un idiot.

    Avant de commencer notre stage chez Endeavor, je passe quelques jours chez mes parents pour fêter le nouvel an. Ça me fait bizarre de rentrer à nouveau chez moi, de ne plus être lycée et surtout de retrouver un environnement plus calme. Et aujourd’hui, veille de la nouvelle année, je me rends chez lui. Ma mère m’arrête, cependant à la porte et je grogne de mécontentement.

    -       Quoi ? dis-je avec une pointe d’agacement dans la voix.

    -       Tu vas le voir ?

    -       Oui.

    -       S’il est tout seul ce soir, invite-le à dîner.

    -       Hein ?

    -       Fais pas celui qui comprends pas, Katsuki.

    -       Ouais bon, ça va, j’ai quand même le droit d’être surpris.

    -       Pourquoi ? C’est un ami de mon fils, alors c’est normal que j’ai envie de plus le connaître.

    -       Pitié maman.

    -       Est-ce que tu te sens vraiment le cœur de le laisser seul un jour comme celui-là ?

    Elle sait taper là où ça fait mal. Je lui fais une moue boudeuse et elle semble ravie d’avoir visé juste. De toute façon, elle a raison. Je m’en suis déjà voulu de l’avoir laissé seul à Noël et je n’avais pas le choix, alors, là, j’avoue que je ne me sens pas le cœur à l’ignorer alors que même ma mère le propose.

    -       C’est bon, dis-je.

    -       Et dis-lui qu’il reste dormir à la maison. Ça lui évitera de rentrer en pleine nuit, on risque de boire beaucoup ce soir.

    -       Y’a pas moyen que vous vous saouliez, grognais-je. Et t’as pas intérêt à l’encourager à le faire.

    -       Ce sera à lui d’en décider, dit-elle avec un sourire malicieux.

    -       Pfff !

    Je sors de la maison et j’avoue que ça ne me plait pas trop. Je suis sûr qu’elle cherche à le faire parler pour en apprendre un peu plus sur lui. J’avoue que moi aussi, j’ai envie d’en savoir plus sur lui, mais à chaque fois, on parle d’autre chose et je n’ai jamais l’occasion d’aborder le sujet. Peut-être que maman arrivera à le dérider un peu. Je m’emmitoufle dans ma veste et mon écharpe. Je déteste vraiment le froid, ce n’est pas bon pour mon alter, je me sens toujours diminué à cette période-là de l’année.

    Je prends le métro et arrive chez lui, en courant. Comme à son habitude, il m’attend devant la porte d’entrée tout sourire. J’enfile mes chaussons comme d’habitude et il se rend dans la cuisine pour aller préparer le thé. Je m’installe sur le canapé, les pieds sur l’assise. J’ai vraiment pris mes aises ici et je me sens tellement bien. Je me suis même habitué à la décoration un peu vieillotte de l’intérieur de la maison. Je ferme les yeux quelques instants, profitant de la chaleur et de l’odeur du bois dans la cheminée. C’est vraiment agréable, je pourrais presque m’endormir, tellement, je me sens apaisé quand je suis ici. Il revient dans le salon et s’installe à côté de moi en me tendant une tasse, qui ne ressemble pas du tout à du thé.

    -       Du chocolat ? demandais-je.

    -       Oui, c’est de circonstance, et ça change.

    -       C’est vrai.

    -       Alors raconte-moi, dit-il.

    -       J’ai pu m’excuser auprès de lui, tout en sachant qu’il pourrait me détester, mais… je ne m’attendais pas à ce qu’il me pardonne. Il m’a fait une telle tirade que j’ai encore du mal à croire qu’il m’ait dit tout ça. Il m’a dit que je faisais partie de sa vie et qu’il n’imaginait pas les choses autrement. Ça m’a… fait plaisir… très plaisir.

    Je rougis un peu, cachant mon visage dans mon bras gauche entourant mes jambes, mon autre bras tenant ma tasse de chocolat chaud.

    -       Je vois ça, dit-il en souriant.

    -       Il m’a demandé… pourquoi je l’avais embrassé.

    -       Et qu’est-ce que tu lui as répondu ?

    -       Que je n’étais pas prêt à lui répondre, avouais-je. Et c’est toujours le cas. J’ai peur de lui dire pourquoi j’ai fait ça. Je pense que j’ai besoin d’un peu de temps. J’ai besoin de faire le point sur mes sentiments. J’ai aussi peur de ce qui pourrait arriver ensuite.

    -       Je comprends, dit-il. Mais, j’ai l’impression que les choses vont dans le bon sens et à priori rien n’est perdu, d’après ce que je comprends. Il n’est pas complètement fermé.

    -       Oui, j’en ai l’impression, même si je ne comprends toujours pas pourquoi. Il a beau me dire qu’il n’imagine pas sa vie sans moi, je me demande toujours comment il ne peut pas me détester après tout ce que je lui ai fait.

    -       Sans doute, parce qu’il te connait mieux que personne.

    -       Oui, peut-être.

    Je bois une gorgée de chocolat chaud. Il est vraiment bon, un peu crémeux, c’est délicieux. Je me rapproche de lui et il met un bras autour de mes épaules.

    -       Vous faites quoi ce soir ?

    -       Rien de spécial.

    -       Vous allez passer la soirée tout seul ? demandais-je.

    -       Oui, sans doute, dit-il avec un sourire triste qui m’intrigue soudainement.

    -       Et votre famille ?

    -       Je… elle est loin, je n’ai donc pas la possibilité de la voir.

    Il semble triste d’un seul coup et je m’installe un peu plus contre lui, pour lui montrer que je suis là. Si je lui pose davantage de questions, est-ce qu’il me répondra ?

    -       Vous faites quoi dans la vie ? demandais-je.

    -       Pardon ?

    -       Eh bien, je ne vous ai jamais posé la question. On parle plus souvent de moi que de vous et ça m’intrigue. J’ai l’impression que votre vie privée est un sujet sensible, mais… j’ai envie d’apprendre à vous connaître.

    -       Je suis désolé… j’ai un peu de mal à parler de moi, dit-il. Mais pour te répondre, je travaille pour la sécurité publique.

    -       Vous êtes un héros ?

    -       Non.

    Je le regarde et je ne sais pas s’il me ment ou non. Il a répondu un peu trop rapidement, mais je ne veux pas le braquer alors, je ne dis rien.

    -       Vous avez un alter ?

    -       Non, je n’en ai pas.

    Cette fois encore, je sens qu’il ne dit pas toute la vérité. Je ne comprends pas. Pourquoi me mentir sur quelque chose comme ça ? A-t-il peur que je lui demande de me le montrer ? C’est vrai, s’il m’avait répondu oui, je lui aurais sans doute demandé ce que c’était. En me répondant non, il m’oblige à ne pas insister. Je l’avoue, je me sens peiné qu’il ne me fasse pas assez confiance pour me parler plus de lui.

    -       Ma mère vous invite à dîner avec nous ce soir, vous allez venir, hein ?

    -       Ah ! Heu… je ne sais pas.

    Je me tourne vers lui après avoir posé ma tasse sur la table basse. Je le fixe et il tourne la tête vers moi, plongeant ses yeux verts dans les mains. C’est vraiment troublant. Il ressemble tellement à Deku. Je me pose de plus en plus de questions. J’ai des hypothèses sur lui, mais elles sont toutes plus invraisemblables les unes que les autres, alors j’imagine que, encore une fois, mes questions resteront sans réponses.

    -       S’il vous plait, si vous êtes tout seul, venez dîner à la maison. Je me suis déjà senti coupable de vous laisser seul à Noël.

    -       Qu’est-ce que tu racontes, tu ne pouvais pas faire autrement. Ce n’est pas si grave.

    -       Mais quand même, dis-je en faisant la moue. S’il vous plait, venez, ça me ferait plaisir.

    -       Bon… si tu insistes, je veux bien, dit-il en souriant.

    -       Merci, dis-je avec reconnaissance. Et prenez de quoi vous changer, vous restez dormir, ordre de ma mère.

    -       Oh ! Alors, si c’est un ordre, je ne peux pas refuser.

    -       Disons qu’en cas d’ébriété, elle s’en voudrait qu’il vous arrive quelque chose en rentrant chez vous.

    -       Il n’y a pas de risques, parce que je ne bois pas, dit-il avec amusement.

    -       Ah oui ? dis-je étonné.

    -       Oui, j’ai besoin d’être sobre en toute circonstance.

    -       Besoin ?

    -       Oui, faisant partie de la sécurité publique, je dois être prêt si on m’appelle.

    -       Hum, oui, j’imagine.

    C’est vraiment très étrange quand même. Si ce n’est pas un héros, je ne vois pas ce qui pourrait l’obliger à intervenir à tout moment en cas de besoin, mais je ne connais pas tous les corps de métier de l’organisation, donc, je me pose peut-être beaucoup de questions. Je n’insiste donc pas, me disant que de toute façon, il ne me dira rien de plus, secret oblige, sans doute.

    Nous restons le reste de l’après-midi dans le calme, à regarder des séries et j’apprécie ce moment où nous ne parlons ni de mes cours, ni de Deku. Et quand la fin de journée arrive, nous allons direction la maison. En chemin, il prend un cadeau, un panier de fruit, pour mes parents, puis nous arrivons chez moi. Ma mère l’accueille avec gentillesse, et mon père le salue avec son sourire habituel. C’est bête, mais je me sens un peu gêné, comme si je présentais mon petit-ami à mes parents, ce qui n’est pourtant absolument pas le cas.

    La soirée se passe dans la bonne humeur et comme il me l’avait dit, il ne boit pas une seule goutte d’alcool au grand désarroi de ma mère, qui pensait trouver un camarade de beuverie, mon père ne buvant pas beaucoup. Elle pensait, sans doute, aussi le faire parler de lui, et même si ça m’aurait plu à moi aussi, il n’a pas lâché prise de la soirée, répondant le plus souvent des banalités sans rentrer dans les détails. Il n’a vraiment pas envie de parler de lui et ça m’intrigue vraiment. Assis à côté de moi, je ne peux m’empêcher de regarder son profil et à chaque fois que je le fais, je ne peux m’empêcher de me dire que c’est Deku tout craché. C’est vraiment troublant.

    -       Nous allons au temple demain pour la nouvelle année, vous viendrez avec nous, n’est-ce pas ? lui demande ma mère.

    -       Oui, avec plaisir, dit-il en souriant.

    -       Bien, la nuit est déjà bien avancée et vous devez être fatigué, je vais vous montrer votre chambre.

    -       Je vous remercie, dit-il.

    Je me lève et débarrasse la table, tandis que ma mère emmène notre invité dans sa chambre. Mon père m’aide à débarrasser et quand nous arrivons dans la cuisine pour faire la vaisselle, je sens qu’il va me dire quelque chose.

    -       Il est gentil ton ami, dit-il.

    -       Oui, très.

    -       Tu l’aimes beaucoup, j’ai l’impression.

    -       Oui, beaucoup.

    -       Est-ce que… tu es… amoureux de lui ?

    -       Hein ? dis-je en manquant de faire tomber une assiette. Non, pas du tout. On est juste ami, c’est tout.

    -       Oh ! D’accord. Je pensais… enfin, vu la manière dont tu le regardais…

    -       Comment ça vu la manière dont je le regardais ?

    -       Je ne sais pas, ça m’a donné cette impression, mais je me suis trompé, dit-il en haussant les épaule.

    Je suis surpris par ce que je pensais que ma mère lui raconterait tout, mais elle n’a pas l’air de lui avoir dit pour mes sentiments envers Deku. Pour l’instant, je ne vais pas lancer le sujet d’autant plus que je ne sais pas vraiment où je vais avec lui en ce moment.

    -       Eh bien oui, tu te trompes. Il n’y a rien de plus que de l’amitié entre nous. Il ne se passera jamais rien. Mais… je l’avoue, je l’aime beaucoup, quand je suis avec lui, je peux être moi-même. Il m’écoute et me donne des conseils. C’est quelqu’un de bien.

    -       Oui, j’ai vu ça. Et j’ai remarqué aussi qu’il avait l’air de tenir beaucoup à toi.

    -       Comment t’as pu voir ça ? dis-je en lui passant un verre pour qu’il le rince.

    -       Il te regarde avec beaucoup de tendresse et de bienveillance.

    Je rougis un peu malgré moi. Si mon père a vu ça, c’est plutôt gênant, mais ça me fait quand même plaisir. A vrai dire, je suis rassuré que mes parents l’aiment bien. Quand ma mère a découvert son existence, j’ai cru qu’elle allait m’empêcher de le voir, qu’on allait rentrer en conflit, mais elle m’a écouté et compris. Elle m’a fait confiance. Ça m’a surpris, mais aussi rassuré que je puisse autant compter sur elle. On a beau se disputer, on se ressemble beaucoup et elle sait aussi comment je pense, plus je ne l’aurais cru. Je souris malgré moi, et je vois que mon père sourit à son tour.

    -       Quoi ?

    -       Je suis rassuré de te voir comme ça, dit-il.

    -       Pourquoi tu dis ça ?

    -       Il y a quelques mois, je te voyais te renfermer sur toi-même et avec tout ce qui s’est passé, ton kidnapping et ton échec au permis provisoire, j’ai eu peur que tu ne perdes pied pour de bon, mais je suis content de voir que tu vas mieux.

    -       C’est grâce à lui, avouais-je.

    -       Oui et je lui en suis reconnaissant et ta mère aussi. C’est pour cette raison qu’on l’a invité ce soir. S’il est important pour toi, alors il l’est aussi pour nous.

    -       Merci, dis-je un peu gêné.

    Papa sourit et je me renfrogne un peu, mal à l’aise. Il s’essuie les mains et profite que j’ai les mains prisent dans l’eau pour m’ébouriffer les cheveux, alors qu’il sait que je déteste ça.

    -       Arrête ! grognais-je. N’en profite pas.

    -       J’ai bien le droit de temps en temps de taquiner mon fils.

    -       Pas quand je ne peux pas me défendre.

    -       Je le fais justement, parce que tu ne peux pas te défendre, dit-il avec amusement.

    -       Mouais. C’est déloyal.

    -       Je suis bien obligé, entre ta mère et toi, je n’ai souvent aucune chance.

    -       Alors, tu uses de stratagèmes déloyaux.

    -       Bien obligé.

    Il se met à rire et je me permets un sourire en coin. Je baisse la tête sur ma vaisselle, en me disant que j’ai des parents vraiment super, mais pas question de le dire à haute voix, surtout devant ma mère, sinon, elle en profiterait pour me charrier le reste de ma vie. Dès la vaisselle terminée, je salue mon père et monte le rejoindre. Quand j’arrive dans la chambre d’amis, je constate que ma mère et lui sont en pleine conversation. Je ne sais pas trop si je dois m’annoncer ou non, mais je préfère attendre le moment le plus opportun.

    -       Je vous remercie vraiment de votre soutien, dit-elle. Quand j’ai découvert votre relation, j’ai eu peur qu’il ne sombre un peu plus dans sa tristesse. Je voyais bien qu’il n’allait pas bien, mais connaissant Katsuki, il ne m’aurait jamais parlé et on serait rentré en conflit immédiatement. Le fait qu’il ait trouvé une oreille attentive auprès de vous et qu’il ait finalement pu se confier à moi grâce à ça, je me sens soulagée. Et je vous en remercie encore une fois.

    -       Ce n’est rien, dit-il. Quand je l’ai rencontré, j’ai tout de suite vu, qu’il avait besoin d’aide. J’aurais pu simplement arrêter notre relation lors de notre première rencontre. Ça aurait été plus sage et ça nous aurait sans doute causé moins de problèmes. Mais, quand on a discuté ce jour-là, je n’ai pas pu me résoudre à l’abandonner. J’avais peur qu’il tombe sur un inconnu bien moins scrupuleux que moi.

    -       Ça aurait pu arriver, dit-elle. Et même si je fais confiance au jugement de Katsuki en temps normal, le simple fait qu’il ait été sur cette appli de rencontre, montre qu’il eut un moment d’égarement, sûrement encouragé par son chagrin d’amour. J’avoue que ça m’a surprise quand j’ai compris. Katsuki n’a jamais montré le moindre intérêt pour ces choses-là, avant, en tout cas, il ne l’a jamais montré, alors, je ne m’en étais jamais préoccupé jusque-là. Tout ce qui a toujours compté pour lui, c’était de devenir le numéro un des héros. Mais finalement, mon petit garçon est un garçon comme les autres. Et, je ne suis même pas surpris que son regard se soit tourné sur Izuku. Ils se connaissent depuis longtemps, et même si j’ai constaté leur éloignement ces dernières années, je ne suis pas tellement surpris qu’il se soit attaché à lui. J’imagine bien Katsuki vouloir éloigner la seule personne qu’il aime, pour le protéger et parce qu’il a peur de le perdre.

    -       Vous le connaissez bien, dit-il.

    -       Je suis sa mère, c’est normal. J’espère juste que ça ira pour lui.

    -       Ne vous en faites pas, je suis sûr que ça va bien se passer, dit-il avec un sourire rassurant.

    -       Vous savez des choses que j’ignore ?

    -       Eh bien…

    -       Hmmm, hmmm, dis-je soudainement pour m’annoncer.

    Je pense que j’en ai assez entendu, pas besoin qu’on rentre plus dans les détails de ma vie privée. Je suis déjà assez surpris de voir que ma mère a compris autant de choses. Et je n’ai pas envie qu’elle se mêle de ma relation avec Deku, donc je préfère arrêter la conversation là, avant qu’il n’en dise trop. Je préfèrerai que ce que je lui ai dit, reste entre nous. Après, rien ne dit qu’il aurait tout raconté, mais je préfère rester prudent.

    -       Ah Katsuki ! dit ma mère en se levant. La vaisselle est terminée ?

    -       Oui.

    -       Bien, je… je vais vous laisser alors. Demain, on se lève tôt pour aller au temple, alors ne veillez pas trop tard.

    -       Ouais ouais, dis-je. Bonne nuit.

    -       Bonne nuit à vous deux, dit-elle avant de sortir de la chambre.

    Je referme légèrement la porte, puis vais m’asseoir à côté de lui, sur le lit. Je pose ma tête contre son épaule et il me laisse faire, mettant même un bras autour de mes épaules pour me rapprocher un peu plus de lui.

    -       Merci, dis-je.

    -       Pourquoi tu me remercie.

    -       Pour tout ce que vous avez fait pour moi.

    -       Tu n’as pas à me remercier.

    -       Bien sûr que si. Sans vous… j’aurais sûrement mal tourné.

    Il reste un instant silencieux et je lève la tête vers lui, intrigué par son silence. Son regard s’est perdu dans le vide et s’est même assombrit, ce qui m’inquiète un peu.

    -       Est-ce que ça va ? demandais-je.

    -       Hein ? Oui, ça va. Mais, je suis sûr que tu n’aurais pas mal tourné, tu es fort Katsuki.

    -       Pas aussi fort qu’on pourrait le croire.

    -       Mais assez pour remonter la pente, dit-il avec un sourire.

    -       Entouré des bonnes personnes, c’est toujours mieux.

    -       Merci pour le compliment.

    -       C’est normal, dis-je en fermant quelques secondes les yeux pour profiter du moment.

    Si je n’étais pas si amoureux de Deku, je pense que j’aurais vraiment pu tomber amoureux de lui, peu importe la différence d’âge. Nous restons un moment dans les bras l’un de l’autre, jusqu’à ce qu’il se décale légèrement.

    -       Tu t’endors Katchan.

    -       Mouais, je pense que je vais aller me coucher.

    -       C’est plus sage, surtout si on se lève tôt demain.

    -       Pff ! En vrai, on pourrait y aller plus tard, mais elle veut toujours être la première au temple le matin, du coup, on se lève toujours aux aurores le jour du nouvel an alors qu’on pourrait en profiter pour dormir.

    Il se met à rigoler et j’en profite pour me lever, le sourire aux lèvres.

    -       Bonne nuit, dis-je.

    -       Bonne nuit Katchan.

    Pris d’une pulsion, je me penche vers lui et lui embrasse la joue, ce qui le fait rougir et moi aussi par la même occasion. Très gêné par mon geste, mais ne le regrettant pas une seule seconde, je m’empresse de sortir de la chambre pour rejoindre ma chambre et aller me coucher.

     

    ***

     

    Ma mère est un vrai tyran, elle m’a réveillé à six heures alors que je n’ai pas trouvé le sommeil avant quatre heures du matin. Je lui en veux beaucoup en ce premier jour de l’année et je grogne en lui disant que c’est une mère tyrannique. Elle me gueule dessus, et voilà notre première dispute de l’année sous le regard amusé de mon père et de mon ami, qui eux, sont déjà prêt à partir.

    Je suis pourtant, du genre lève-tôt. Au lycée, je suis le premier réveillé, j’ai une certaine routine matinale, mais j’avoue, quand je suis chez mes parents et que je sais que je ne dois pas aller en cours, je me permets de dormir un peu plus tard. Mais voilà, aujourd’hui, je n’ai même pas le droit d’en profiter. Mais même si je traîne un peu des pieds, je pars me préparer rapidement, pour ne pas faire patienter mon ami, parce que franchement, c’est pour lui que je fais tout ça aujourd’hui.

    Une fois que je suis prêt, nous sortons, bien emmitouflés dans nos manteaux et nos écharpes. Nous nous rendons au temple du quartier, un petit temple, mais qui attire beaucoup de monde le premier jour de l’année. Quand nous arrivons, je remarque que nous ne sommes pas les premiers à avoir décidé de venir tôt, si bien qu’il y a déjà la queue pour la prière. Je soupire et ma mère me lance un regard noir.

    -       Ne commence pas Katsuki. Si on était arrivé plus tard, ce serait bien pire.

    -       Ouais, on peut voir les choses comme ça.

    Il rigole à côté de moi et je lui donne un coup de coude, mais il ne s’arrête pas pour autant. Alors, que nous commençons à nous mettre dans la file, j’entends soudain une voix que je connais bien et qui me fige sur place quelques secondes.

    -       Katchan ?

    Non, ne me dites pas qu’il est là ? Par aujourd’hui ? Je me retourne doucement pour tomber nez à nez avec Deku, accompagnée de sa mère. Apparemment, ils ont eu aussi envie de venir tôt pour la prière du Nouvel an, et bien sûr ils ont choisi ce temple pour le faire. Enfin, à quoi je m’attendais, on habite dans le même quartier, après tout.

    -       Salut De… Izuku, dis-je en détournant le regard.

    Il semble surpris de ma politesse, mais mes parents et mon ami sont là, à côté de moi, alors je me dois de me tenir un peu. Et puis… en vérité, ça me fait plaisir qu’il soit là, bien sûr, il est hors de question que je lui dise. Pour l’instant, je ne suis pas encore prêt à faire ce genre d’effort, ça ferait trop bizarre de toute façon.

    -       Bonne année, Katchan.

    -       Ouais… bonne année à toi aussi.

    Il salue ensuite mes parents et mon ami, leur souhaitant une bonne année. Sa mère fait de même et semble ravie de revoir mes parents. Ma mère et elle commencent à papoter et mon père fait la conversation avec mon ami, me laissant ainsi devant Deku, sans que je ne sache vraiment quoi lui dire.

    -       Tu… heu… tu as passé de bonnes vacances ? demande-t-il pour faire la conversation alors que nous avançons lentement vers le temple.

    -       Oui… pas trop mal… et toi ?

    -       Ah ! Heu… oui, c’était calme.

    Le silence se fait entre nous et on a rarement été dans cette situation, aussi gêné et mal à l’aise. Je pense que lui comme moi, se souvient de notre dernière conversation. Elle est bien ancrée dans mon esprit. Je n’ai toujours pas répondu à sa question et je ne me sens toujours pas prêt à le faire. Il va me falloir plus de temps et de toute façon, ici ce n’est ni le lieu ni le moment de parler de ça.

    Il y a beaucoup trop de monde et des oreilles aussi indiscrète que celles de ma mère. Et d’ailleurs, je ne suis pas aveugle, je vois bien qu’elle n’arrête pas de nous regarder Deku et moi, comme si elle espérait qu’il se passe quelque chose entre nous. Je soupire et les mains dans les poches, je décide de regarder devant moi, espérant que cette foutue file avance plus vite.

    -       Tu… heu… tu le vois toujours à ce que je vois.

    -       Qui ça ?

    Il le désigne d’un signe de tête et je fronce les sourcils en remarquant qu’il n’a pas l’air vraiment ravi. Est-ce qu’il serait… jaloux ? Ce serait vraiment possible une chose pareille ? J’ai presque envie de sourire, mais je me retiens. Je pense qu’il vaut mieux que j’évite de me faire des illusions.

    -       Oui, répondis-je. Pourquoi je ne le verrais plus ?

    -       Je ne sais pas… c’est vrai, c’est ton ami, dit-il en soupirant.

    -       Deku, t’es vraiment bizarre.

    -       Pas autant que toi, répond-t-il du tac au tac.

    Je le regarde surpris par sa répartie. Il essaie clairement de me tenir tête, ce qui reste assez rare pour être souligné. Enfin non, ces derniers mois, il l’a souvent fait. Il a gagné en assurance, alors que de mon côté, j’ai l’impression d’avoir plutôt régressé de ce côté-là. Je jette un coup d’œil à mon ami et il me fait un signe de temps en temps, comme s’il m’encourageait à continuer la conversation. Cependant, je ne sais pas trop ce que je pourrais lui dire.

    -       Me cherche pas, Deku.

    -       Je ne te cherche pas Katchan, dit-il d’un ton sec.

    -       Tant mieux.

    Il soupire et je sens qu’il est agacé. A quoi il s’attendait au juste ? Je ne sais pas comment parler normalement avec lui. Je me suis trop habitué à être agressif avec lui systématiquement, alors, j’ai bien du mal à me comporter autrement. Pourtant, je sais que je dois faire des efforts, alors… je prends une profonde inspiration, cherchant un sujet de conversation qui pourrait nous contenter tous les deux et je n’en vois qu’un seul.

    -       Qu’est-ce que tu penses de l’idée du stage chez Endeavor ? demandais-je.

    -       Quoi ? demande-t-il surpris.

    -       T’es bouché maintenant ? J’essaie de trouver un sujet de conversation alors fais un effort.

    -       Désolé, c’est tellement inhabituel de ta part.

    -       Oui, bah, je fais un effort, grognais-je.

    -       J’apprécie le geste, Katchan, dit-il en souriant.

    -       T’as intérêt.

    -       Tu peux pas t’en empêcher, hein ?

    -       Désolé, dis-je en chuchotant.

    -       Pardon, j’ai pas entendu ? dit-il avec amusement.

    -       J’ai dit désolé, dis-je un peu plus fort. Me le fais pas répéter.

    -       Non, c’est bon.

    -       Alors, ce stage, tu penses quoi de l’idée ?

    -       C’est une chance à ne pas manquer. C’est gentil de la part de Shoto de nous l’avoir proposé.

    -       Oui, plutôt. Mais, si je comprends pourquoi il te l’a proposé, je ne comprends pas qu’il me l’ait proposé à moi.

    -       Il ne t’en veut pas Katchan, dit-il.

    -       Oui, il me l’a dit. Il est vraiment bizarre comme mec.

    -       Pas autant que toi, répète Deku.

    -       C’est bon t’as fini ?

    -       Oui, j’ai fini. Quoiqu’il en soit, Shoto est gentil, pragmatique et il sait faire la part des choses. Il réfléchit… lui.

    -       T’en fais un tel éloge, dis-je agacé. Pourquoi t’es pas resté avec lui ?

    -       Tu sais très bien pourquoi, dit Deku lui aussi agacé. Me fais pas regretter mes paroles de la dernière fois.

    -       Non, c’est bon, pardon.

    Nous avançons et je suis vraiment surpris par son assurance aujourd’hui. Est-ce qu’il aurait pris de nouvelles résolutions en cette nouvelle année ? On dirait bien. Quoiqu’il en soit, je vais devoir faire attention à ce que je dis, parce que le moindre faux pas et je risque de le perdre pour de bon. Je vois bien qu’il fait des efforts lui aussi.

    -       Pardon Deku.

    -       Tu me l’as déjà dit, dit-il.

    -       Pas assez, je pense, dis-je en baissant la tête. Je te promets que je vais me rattraper. Je ne peux pas encore répondre à ta question, mais je te promets que je le ferais.

    -       Je sais que tu le feras Katchan, j’ai confiance en toi.

    Et là, il me fait le plus beau des sourires et je détourne le regard en rougissant. Je l’entends ricaner, mais je décide de ne pas relever cette fois. Je me tourne quelques instants vers mon ami et il me regarde avec bienveillance, tout en discutant toujours avec mon père, de je ne sais quel sujet. Ma mère et celle de Deku, sont en train de parler déco et enfin, je vois que nous sommes à la fin de cette foutue file qui n’en finissait plus. Quand enfin, nous arrivons devant le temple, Deku et moi faisons notre prière en même temps et je me demande l’espace d’un instant, ce qu’il a souhaité pour cette nouvelle année. Moi de mon côté… ce que j’ai souhaité… non, je ne le dirais pas, sinon, ça ne se réalisera pas. Une fois, fini, c’est au tour de nos mères, puis mon père et lui.

    -       Bien Izuku, rentrons nous mettre au chaud, dit la mère de Deku.

    -       Oui, d’accord.

    Deku se tourne vers moi et bizarrement, j’aurais aimé rester un peu plus longtemps avec lui. On s’est peut-être heurtés un peu durant ce moment ensemble, mais ce n’était pas si mal. On était ensemble au moins. Ce n’est pas encore ça, mais je sens que c’est déjà mieux qu’avant.

    -       On se voit au lycée Katchan.

    -       Oui. A bientôt Izuku.

    Il me sourit, sûrement heureux que pour une fois, je l’appelle par son prénom. Sa mère nous salue et ils s’en vont.

    -       Moi aussi, je vais vous laisser, dit mon ami.

    -       Hein ? Déjà ? demandais-je. Vous pourriez rester déjeuner avec nous.

    -       Oui, vous êtes le bienvenu, dit ma mère.

    -       Je vous remercie pour l’invitation, mais je n’ai que trop abusé de votre gentillesse.

    -       Vous n’abusez pas puisque c’est nous qui le proposons.

    -       Je vous remercie beaucoup, mais je vais rentrer.

    -       Bon, aucuns soucis, nous ne voulons pas vous forcer.

    Je suis un peu déçu qu’il n’ait pas accepté, mais moi non plus, je ne veux pas le forcer. Il s’approche de moi et pose une main sur mon bras.

    -       Si tu as besoin, un message ou un appel, ok ?

    -       Oui.

    -       Bonne année, Katchan.

    -       Bonne année à vous aussi et merci d’être resté aussi longtemps.

    -       C’était avec plaisir. Je te souhaite un bon stage chez Endeavor et… profites-en pour…

    -       Oui, le coupais-je.

    Il sourit et salue mes parents, avant de partir. D’un seul coup, je me sens très seul, et un peu vidé. Il y a encore quelques minutes, j’étais bien entouré, et voilà que celui que j’aime et mon confident me laissent en même temps. Je me sens un peu abandonné, mais je me reprends bien vite, en me disant les choses avancent quand même bien, malgré tout.

     

    ***

     

    Ça fait une semaine que l’on a commencé le stage chez Endeavor et je peine comme jamais. Je savais que le top des héros, c’était difficile, je l’avais déjà vu avec Best Jeanist, mais avec le numéro un, c’est d’un tout autre niveau. Deku, double-face et moi, on n’arrive même pas à le rattraper et pourtant, on est plutôt rapide. Mais, je me rends compte que je manque cruellement de précision et que je ne me sers pas de mes explosions aussi bien que je le pensais. Il a mis en lumière nos défaut et de mon côté, je compte bien m’améliorer par tous les moyens.

    A la fin de cette première semaine, Endeavor, nous a fait la surprise, enfin si on peut dire ça, de nous inviter à dîner chez lui. Soi-disant que la sœur de Todoroki souhaite rencontrer ses amis. Depuis quand je suis son pote ? Je ne comprends toujours pas pourquoi il ne m’en veut pas. Je ne le comprendrais jamais ce gars.

    Lors du dîner, la tension était palpable, même moi, je me suis senti mal à l’aise, quand le grand-frère s’est levé en plein milieu du dîner pour se barrer, parce qu’il ne pouvait pas supporter son père. Tu parles d’une famille. La seule chose que j’ai noté, c’est que le Mapo de Fuyumi était excellent et je lui ai demandé… ou plutôt ordonné de me filer la recette.

    Cette soirée m’a un peu agacé, je dois le dire, mais franchement, je plains double-face d’être dans une famille comme celle-là. Moi à côté, mes parents sont adorables, mais bien entendu, je ne leur dirais jamais, et surtout pas de cette manière-là. A la fin de la soirée, alors qu’Endeavor s’apprête à nous ramener au lycée, Todoroki me prend à part quelques secondes pour me parler.

    -       Profites-en pour te rapprocher d’Izuku, me dit-il.

    -       De quoi je me mêle, grognais-je.

    Il hausse les épaules et la conversation s’arrête là. Je le soupçonne vraiment de nous avoir proposé de rejoindre l’agence de son père pour nous rapprocher. Qu’est-ce qui lui prend de jouer les entremetteurs celui-là, j’ai pas besoin de lui pour me rapprocher de Deku, enfin… peut-être qu’un peu si, mais bon, j’arrive très bien à me débrouiller. Je l’engueule moins, c’est déjà ça. Merde ! Je sais pourtant, que ce n’est pas suffisant.

    Dans la voiture, nous sommes serrés comme des sardines à l’arrière. Qu’est-ce que c’est que cette bagnole ? Il ne pouvait pas prendre plus grand, le numéro un ? Quand Todoroki me disait de me rapprocher de Deku, je ne pense pas qu’il avait imaginé que ce serait au sens littéral. Et son chauffeur, là, il l’a trouvé où le numéro un ? On peut pas dire que ce soit l’amabilité qui l’étouffe, enfin, je suis peut-être mal placé pour le dire.

    J’essaie de m’éloigner autant que possible de Deku, mais son genou et son bras me touchent et ça me met un peu mal à l’aise. Si seulement, j’avais un peu plus de courage et que je lui prenais la main, mais je sais que ça n’arrivera jamais une scène comme ça. Ce n’est pas mon genre. Katsuki Bakugo ne fait pas ce genre de chose.

    Je pourrais l’effleurer en faisant mine de ne pas avoir fait exprès, ce serait une bonne solution, mais j’ai peur qu’il comprenne mon manège. Et alors, que je suis perdu dans mes pensées, d’un seul coup, la voiture fait une embardée et je vois même passée, il me semble, la tête du frère de Todoroki juste devant le pare-brise de la voiture.

    Un vilain ? Voilà qui m’arrange. Au moins, je n’aurais pas à me prendre la tête avec cette histoire de main prise et d’effleurement. Nous sortons tous de la voiture à toute de vitesse et nous élançons. D’après ce que j’ai compris, ce vilain en a après Endeavor et il déblatère un truc sur le fait qu’il est le seul qui doit le tuer. Encore un malade, quoi !

    Nous nous élançons pour sauver le frère de double-face, car… fait un incroyable, le numéro un des héros est complètement figé sur place, incapable de réagir, ce qui n’est pas son genre, mais j’ai l’impression que la vue de son fils prisonnier du vilain, l’a complètement bloqué. Il est à genoux par terre et il ne semble pas réagir. Alors, nous le faisons à sa place. Todoroki face au vilain, Deku s’occupant des passants et moi… qui m’élance pour sauver Natsuo d’une rencontre avec un train à grande vitesse. Je le sauve in extremis et j’avoue que j’en éprouve une immense fierté. Cette semaine m’aura été bénéfique, je me rends compte que j’ai gagné en rapidité.

    Je détache le frère de double-face et d’un seul coup, je me sens enserré par des bras puissants. Oh non, pas d’effusions de ce genre, je déteste ça. Ni une, ni deux, je me retire des bras d’Endeavor, qui pleure dans les bras de son fils. J’interroge Todoroki et Deku et eux aussi semblent avoir le contrôle de la situation. Je fixe un peu plus celui dont je suis amoureux et je me rends compte qu’il a bien évolué depuis le temps. Il commence même à maîtriser son fouet noir. J’ai presque envie de sourire, mais je me retiens.

    Natsuo vient nous voir et commence à me remercier en me demandant mon nom de héros. Deku intervient, mais je le remets à sa place. J’ai trouvé mon nom de héros, mais pas question de le révéler, avant d’en avoir parlé à Best Jeanist. C’est lui qui m’a encouragé à trouver un nom de héros digne de ce nom, alors pas question de le révéler à un autre que lui. Deku semble déçu, mais malgré ça, je tiens bon et ne dis rien. Il fait pourtant sa moue boudeuse et ça m’énerve autant que ça m’attendrit. J’aimerais dégager cette mèche qui est retombé sur son front, mais je me retiens. Encore une fois, je dois garder mes mains dans mes poches, elles sont très bien là où elles sont, cela m’évitera des ennuis.

    Nous finissons par rentrer au lycée et je me rends compte que j’ai un message de sa part. Je m’affale sur mon lit en souriant.

     

    « … »

    Tout se passe bien chez Endeavor ?

     

    « Katchan »

    Oui, plutôt bien dans l’ensemble.

     

    « … »

    Tant mieux. Et avec Izuku ?

     

    Je grimace. J’aurais préféré qu’il ne me pose pas la question, car depuis le nouvel an, et avec la semaine qu’on a eue, bien entendu, que ça n’avance pas. Et ce n’est pas la pauvre tentative de Todoroki de nous rapprocher qui va changer quelque chose. Je ne sais même pas si on va avoir le temps de quoi que ce soit. Entre les cours, les entraînements, le stage qui va nous occuper deux jours par semaine, et les rattrapages pour combler ces jours où nous ne sommes pas au lycée, je ne sais même pas si on va avoir le temps de dormir.

    Alors, espérer un rapprochement avec Deku, c’est totalement utopique. On aura beau passer du temps ensemble, vu la semaine qu’on a déjà passée, et qui a été éreintante, pas sûr qu’on ait le temps de discuter de quoi que ce soit et surtout pas de notre relation. Pourtant… il le faudra bien un jour. Je ne vais pas pouvoir rester indéfiniment sur une question sans réponse et même s’il m’a dit le contraire, je me dis que Deku ne m’attendra pas éternellement non plus.

     

    « Katchan »

    Au point mort.

     

    « … »

    Oh ! (>_<) Je pensais pourtant que vous vous étiez rapprochés au nouvel an. Vous aviez l’air bien partis.

     

    « Katchan »

    On a été très occupé toute cette semaine. Et puis, je ne sais pas trop comment m’y prendre pour lui parler. A chaque fois, je suis agressif, même si j’essaie de me contrôler, mais c’est pas évident.

     

    « … »

    Je comprends, mais le simple fait que tu essaies, c’est déjà un début.

     

    « Katchan »

    Oui, sans doute.

     

    « … »

    Courage. Je suis de toute cœur avec toi. \(^▽^)/ 

     

    « … »

    Merci.

     

    Nous continuons de discuter de l’apprentissage, durant un moment, puis, après notre conversation, je m’endors sans demander mon reste.

     

    ***

     

    -       Ça avance ?

    Je me tourne vers double-face qui me fixe. Nous sommes en patrouille tous les deux, à mon plus grand désarroi, ce qui n’est pas son cas. Il tient la conversation, me lançant plusieurs perches depuis le début de la matinée pour que je lui parle de l’avancée de ma relation avec Deku. Et à chaque fois, je botte en touche, ne répondant pas la plupart du temps.

    -       Quoi ? grognais-je.

    -       Avec Izuku.

    -       Tu vas me le demander combien de fois dans la journée ?

    -       Jusqu’à ce que tu me répondes.

    -       T’es tenace.

    -       Autant que toi, dit-il d’un ton laconique.

    -       Putain, tu fais chier, double-face. Lâche-moi avec ça. Ma relation avec Deku ne te regarde pas. Qu’est-ce que ça peut te foutre, si ça avance ou non ?

    -       Je veux simplement votre bonheur.

    Je le fixe, incrédule. Mais qu’est-ce qu’il a dans la tête celui-là ? Je n’arrive vraiment pas à le comprendre.

    -       C’est gentil de ta part, mais il faut vraiment que t’arrête, dis-je agacé.

    -       Pourquoi, tu ne lui dis pas simplement ce que tu ressens, me fait-il remarquer.

    -       Que… de quoi je me mêle ? Tu crois que c’est si simple ? Tu crois que je peux aller simplement le voir et lui dire Deku, je t’aime.

    -       Pourquoi pas ?

    -       Non, mais t’es taré ? Jamais je lui dirais une chose pareille comme ça. C’est pas mon genre.

    -       Mais tu veux changer non ?

    -       Un peu, mais pas au point de devenir mielleux. Ça me ressemble pas du tout.

    -       Alors, dis-le avec ton propre langage, dit Todoroki.

    -       T’es lourd, soupirais-je. Pourquoi je parle de ça avec toi, franchement ? Arrête de me saouler avec ça et reprenons la patrouille. Si ton paternel voit qu’on tire au flanc, on va se prendre une soufflante.

    Il acquiesce et nous continuons à surveiller notre secteur. Puis d’un seul coup, un grand boom retentit et le sol se met à trembler. Je parviens tant bien que mal à me maintenir debout, mais ce n’est pas tellement évident et quand je vois des crevasses se former un peu partout, j’écarquille les yeux.

    -       Putain, il se passe quoi là ?

    -       Aucune idée.

    -       Super réponse, merci, grognais-je.

    -       Tu m’as demandé, je t’ai répondu.

    -       T’es grave double-face. Allez, viens, ça vient de là-bas.

    Je lui montre une direction et nous nous élançons. Et plus j’avance vers la source du tremblement, plus, je me rends compte que c’est le secteur que doit surveiller Deku. Mon cœur commence à tambouriner un peu plus vite dans ma poitrine. L’angoisse m’étreint d’un seul coup, mais je respire un bon coup pour reprendre contenance. Deku n’est pas un débutant, il sait se défendre. Il sait se défendre, mais… il se blesse aussi très facilement à cause de son alter. Merde, j’espère qu’il ne va pas trop en faire comme d’habitude. Mais qu’est-ce que je raconte, bien sûr qu’il va en faire trop, au point de ne même pas penser à lui.

    J’accélère le pas, suivi de près par Todoroki et quand nous arrivons sur place, je me rends compte qu’il y a des trous partout et qu’il va falloir être très prudent pour ne pas tomber dedans. Je regarde autour de moi, mais ne vois pas le vilain. Double-face et moi, avançons prudemment et bien vite, je me rends compte que les trous bougent constamment, ce qui rend notre avancée plus difficile. Même si mes explosions me permettent de me maintenir en l’air un moment, je dois forcément retomber sur une surface dure à un moment donné et si le sol bouge comme ça, je n’ai pas intérêt à me louper.

    -       Ça va être compliqué, dit Todoroki.

    -       Je le vois bien, dis-je. Mais, Deku était dans le secteur, il faut le retrouver.

    -       Tu t’inquiètes ?

    -       T’en as encore des questions débiles comme celle-là ? demandais-je agacé

    -       Tu es inquiet, finit-il par dire.

    Qu’est-ce qu’il peut m’agacer, franchement. Nous continuons notre avancée et enfin, nous arrivons à retrouver le vilain et Deku par la même occasion, qui est en train de se battre contre lui. Je constate qu’il utilise son fouet noir pour pouvoir se rattraper et je me rends compte qu’il l’utilise de mieux en mieux. Alors, que je m’apprête à aller me battre à ses côtés, je vois le vilain lui donner un coup violent dans les côtes ce qui le déséquilibre, si bien qu’il commence à tomber dans un des trous formé par le vilain.

    -       Deku ! criais-je alors que je m’élance vers lui.

    J’écarquille un peu plus les yeux quand je vois que le trou se referme sur lui et qu’il se retrouve coincé dans le sol. Il essaie de se dégager, mais je le vois qui peine, d’autant plus que le vilain ne lui laisse pas de répit, l’assaillant de coup sans qu’il ne puisse se défendre correctement. Mon sang ne fait qu’un tour en voyant ça et, je le rejoins d’un seul bond et file un coup de pied au vilain qui va s’écraser contre l’immeuble le plus proche. Je m’agenouille à côté de Deku, tandis que Todoroki s’occupe du vilain.

    -       Deku, ça va ? demandais-je.

    -       Je suis coincé. Je ne peux pas bouger et j’ai du mal à respirer.

    -       T’en fais pas, je vais te sortir de là, dis-je.

    C’est bien beau de dire ça, mais je ne sais pas vraiment comment faire. La sol entoure complètement Deku et j’ai peur qu’en frappant le sol, je lui fasse mal. Je pourrais utiliser mes explosions, mais ça le blesserait également. Réfléchis Katsuki, il doit bien y avoir un moyen. Je regarde autour de moi et au même moment, je vois Todoroki se prendre un coup qui l’envoie valser à proximité de l’endroit où l’on est.

    Putain, c’est pas vrai. Le vilain s’est rapproché et je ne sais toujours pas comment faire pour décoincer Deku. Je me mets debout devant lui, et m’apprête à le combattre, mais alors que je m’élance, il fait quelque chose d’inattendu. Il provoque un énorme tremblement qui ouvre la terre, juste devant un immeuble, qui commence à bouger dangereusement de notre côté.

    Là, ma seule pensée est pour Deku derrière moi, qui ne peut pas bouger pour échapper à cet amas de ciment qui s’effondre peu à peu. J’envisage d’exploser l’immeuble, mais je ne pense pas que mes explosions seraient assez efficaces et puis, il y a encore des civils à l’intérieur. Le seul moyen serait d’arrêter la course de l’immeuble, mais il est bien trop gros. Si seulement All Might était là, lui il aurait pu arrêter ça. Mais, il n’est pas là, il n’est plus là. D’un seul coup, je ne sais plus quoi faire. Je me retourne vers Deku et m’agenouille devant lui.

    -       Katchan, va-t’en. L’immeuble va s’écrouler. Sauve-toi.

    -       Non, je peux pas te laisser.

    J’essaie de taper le sol avec mes poings afin d’essayer de briser le bitume. Je tente quand même les explosions, mais ce n’est pas suffisant. Deku n’arrête pas de m’implorer de partir, mais je ne peux pas. Je ne peux pas le laisser. Je refuse de le laisser. D’un seul coup, je le prends dans mes bras, le serrant contre moi.

    -       Katchan, dit-il les larmes aux yeux. Va-t-en. Je ne veux pas que tu meures à cause de moi.

    -       Et moi, je ne veux pas te voir mourir sous mes yeux. C’est hors de question.

    L’immeuble arrive sur nous et je vois que Todoroki s’est relevé et continue de combattre le vilain, un peu plus loin. Je pense qu’il essaie de l’obliger à refermer la faille, mais de toute façon, il est trop tard, l’immeuble ne va plus tenir très longtemps. Même si le trou se refermait, il est bien trop tard. Je serre Deku contre moi, fermant les yeux.

    -       Deku, je suis désolé. Ma réponse…

    Je ne finis pas ma phrase, car, j’entends un bruit sourd derrière moi. Surpris, je me retourne et je vois un éclair vert qui s’approche de l’immeuble et qui le fait se redresser. Je vois les civils restés dans l’immeuble être sortis, par des fils noirs. Tout se passe à une telle vitesse que j’ai du mal à en croire mes yeux et Deku semble aussi surpris que moi. Une fois l’immeuble mis en sécurité et les civils sains et saufs, l’éclair vert se dirige vers le vilain et ce dernier n’a même pas le temps de dire ouf qu’il est mis hors d’état de nuire en un instant, juste devant Deku et moi. L’éclair vert s’estompe et c’est là que je le vois, cet homme que je connais bien.

    C’est lui, il n’y aucun doute. Il se tourne vers moi, en souriant avec soulagement, une main sur son écharpe jaune, ses yeux vert brillant, ses cheveux verts ondulant avec le vent et son costume verts un peu abimé mais tellement reconnaissable. Je remarque une cicatrice sur le visage qu’il n’avait pas montré jusque-là, ainsi que les taches de rousseur qui ne font plus aucun doute. Je me dis qu’il a bien caché son jeu, même si au fond, j’avais des doutes et qui finalement sont fondés. Il s’approche de nous et parvient à libérer Deku, sans peine. Ce dernier est totalement interdit, se demandant s’il est en train de rêver ou non. Alors que je l’aide à le relever, je vois notre sauveur qui s’apprête à partir.

    -       Izuku ! lui criais-je.

    Il se retourne et son sourire se fait plus triste cette fois.

    -       Dès que vous le pourrez, rejoignez-moi tous les deux, je vous expliquerais tout.

    Puis il s’en va à une vitesse hallucinante. Je reste pantois devant la scène qui vient de se passer, jusqu’à ce que je me tourne vers Deku, qui semble complètement perdu.

    -       C’était…

    -       Oui, dis-je.

    -       Tu le savais ?

    -       J’avais des doutes, même si je ne comprends pas comment c’est possible.

    -       C’est… incroyable.

    -       Oui.

    Nous nous regardons dans les yeux un moment. Je me mords la lèvre, en me disant que j’ai failli le perdre. Je m’avance vers lui et le prends dans mes bras.

    -       Katchan…

    -       Je t’aime !

    -       Quoi ? dit-il surpris.

    -       Je t’aime. C’est ma réponse à ta question, dis-je en le serrant contre moi. Je suis désolé d’avoir été si long à te dire les choses. Je pensais que je n’avais pas le droit de t’aimer, que je n’en étais pas digne. Après tout ce que je t’ai fait, je me disais que tu méritais bien mieux qu’un connard comme moi. Alors, j’ai tout fait pour t’éloigner de moi. J’ai caché mon amour, sous un tas d’insultes, de moqueries et d’orgueil. Je pensais que c’était mieux ainsi, mais aujourd’hui, je ne veux plus de tout ça. Je ne sais pas si je pourrais changer du tout au tout, mais ce que je sais c’est que je suis prêt à faire tous les efforts du monde pour être à tes côtés. Je ne veux plus jamais revivre une journée comme celle-là. Je n’imagine pas ma vie sans toi. Je t’aime tellement Izuku.

    -       Katchan… commence-t-il.

    -       Quoi ?

    -       Tu parles beaucoup, c’est pas dans tes habitudes.

    -       C’est tout ce que tu as à dire le Nerd ? dis-je en me reculant.

    Il me sourit et je le vois qui se penche vers moi, pour m’embrasser. Le baiser est léger, mais assez intense pour me faire rougir jusqu’aux oreilles. Je ne pensais pas qu’il serait si entreprenant. C’est aussi surprenant que moi, qui fais un monologue pour lui déclarer mon amour.

    -       Je t’aime, dit-il avec le rouge aux joues.

    Je souris et j’ai une envie irrépressible de l’embrasser là-maintenant, mais je sens un certain malaise m’envahir, surtout quand j’aperçois Todoroki près de nous qui nous observe avec un sourire satisfait. Je vois qu’il a de multiples blessures, il a bien morflé en tout cas.

    -       Pas un mot, double-face, ou je te refaits le portrait, dis-je.

    -       Je n’ai encore rien, dit-il.

    -       Tu viens de le faire, dis-je en m’apprêtant à m’élancer vers lui.

    -       Arrête Katchan, me retient Deku.

    Je m’arrête, un peu à contre cœur. C’est ce moment que choisi le numéro un pour apparaitre enfin. Où est-ce qu’il était passé ?

    -       T’étais où ? demande Shoto.

    -       Un vilain me retenait. Est-ce que vous allez bien ? Comment vous avez fait pour vous débarrasser de ce vilain ? demande-t-il étonné.

    -       On a reçu une aide providentielle, dis-je en me tournant avec un sourire en coin vers Deku, qui rougit malgré lui.

    -       Une aide ? De qui ?

    -       Allez savoir, dis-je en prenant la main de Deku dans la mienne sous le regard surpris d’Endeavor.

    -       Il s’est passé quoi au juste ?

    -       Laisse tomber papa, le principal, c’est que le vilain soit arrêté.

    -       Mouais, dit Endeavor en faisant la moue. De toute façon, vous avez intérêt à faire un rapport détaillé et je ne veux aucune omission.

    On se regarde tous les trois et quand je vois le visage de Todoroki, pas de doute qu’il a lui aussi vu qui était la personne qui nous a sauvé et pourtant, il ne dit rien. Peut-être qu’il a cru rêver, en tout cas, il se tait et c’est tant mieux. Et concernant le rapport, on lui rapportera les faits exactes. Un éclair vert nous a sauvé et nous ne savons pas qui c’était. De toute façon, je ne pense pas qu’il nous croirait si on lui disait la vérité. Et d’ailleurs, je ne suis même pas sûr de ce qu’il en est. Tant qu’on ne lui aura pas parlé, tout ce qu’on a vu ne restera qu’une supposition.

    -       Rentrez à l’agence pour vous soigner, nous ordonne Endeavor. On prend la suite.

    On ne se fait pas prier et nous rentrons rapidement. Sur le chemin, je ne lâche pas la main de Deku. Je sens qu’il est épuisé par cette journée intense.

    -       Ça va aller ? demandais-je un peu inquiet.

    -       Oui, je n’ai rien de cassé, c’est déjà ça. Ça change ! dit-il avec un rire gêné.

    -       Justement, faudrait pas que ça devienne une habitude ce genre de chose.

    -       Je m’y emplois.

    Nous arrivons à l’agence et prenons tout de suite la direction de l’infirmerie ou nous nous faisons soigner rapidement. Puis, nous allons prendre une bonne douche bien méritée. A la sortie de la douche, Todoroki, vient me voir et me fixe un moment, ce qui m’agace un peu.

    -       Alors, ça y’est, tu t’es enfin déclaré.

    -       De quoi je me mêle, dis-je en grognant.

    -       Vous vous êtes embrassés devant moi.

    -       Mouais… bon, ok, je lui ai dit.

    -       C’est pas trop tôt.

    -       Oh ! Ça va, je ne t’ai rien demandé.

    -       Moi, par contre, j’ai quelque chose à te demander.

    -       Quoi ? demandais-je.

    -       Cet homme qui nous a sauvé… hésite-t-il. C’était bien… Izuku, n’est-ce pas ? Enfin, lui en plus âgé… je n’ai pas rêvé.

    -       T’as pas rêvé ou si c’est le cas, toutes les personnes présentes sur place ont rêvé elles aussi, nous compris.

    -       Comment c’est possible ? dit-il en s’asseyant sur le banc à côté de moi.

    -       Je ne sais pas, avouais-je. Enfin, j’ai bien une idée. De toute façon, Deku et moi on doit aller le voir. Il nous a dit qu’il nous expliquerait tout.

    -       Ok ! dit simplement double-face.

    Je suis surpris qu’il ne se pose pas plus de questions, mais le connaissant, il doit certainement se dire que ça ne le concerne pas. Deku sort enfin de la douche et moi, je termine de me changer. A la fin de la journée, nous rentrons au lycée pour un repos bien mérité. Et alors, que je m’apprête à aller dans ma chambre, je suis retenu par le tee-shirt par Deku qui me regarde en rougissant.

    -       Je peux… rester un peu avec toi ? demande-t-il avec une petite voix en rougissant.

    -       Oui, évidemment, répondis-je avec un sourire discret. Je comptais lui envoyer un message.

    -       Oh !

    -       Allez, viens, dis-je en lui prenant la main pour l’emmener jusqu’à l’ascenseur.

    Nous montons au troisième étage et une fois dans ma chambre, je m’assois sur mon lit, mais Deku reste debout au milieu de la pièce comme s’il ne savait pas quoi faire.

    -       Viens là, le Nerd, dis-je en tapotant le lit à côté de moi. Je ne vais pas te manger… quoique…

    -       Katchan, s’offusque-t-il.

    -       C’est bon, j’ai le droit de faire des blagues de temps en temps. Et puis, on est en couple, non ?

    -       En… en couple ? dit-il en s’asseyant à côté moi.

    -       Bah… oui, c’est pas le cas ? demandais-je soudain inquiet.

    -       S… si, dit-il.

    Je le fixe un instant. Pourquoi il est si gêné tout à coup ? Avec double-face, il était beaucoup moins prude. Pourquoi il est comme ça avec moi ?

    -       Détends-toi un peu Deku, dis-je en mettant un bras autour de ses épaules. Pourquoi t’es si gêné ?

    -       C’est… parce que j’ai pas l’habitude que tu sois aussi gentil. Du coup… je ne sais pas trop comment réagir.

    -       Oh ! Je comprends, enfin, un peu.

    Je ne lâche pas son épaule et le rapproche même de moi. Il commence enfin à se détendre un peu, puis je sors mon téléphone et vais sur mon appli de messagerie.

     

    « Katchan »

    On est rentré au lycée.

     

    La réponse ne se fait pas attendre. Je suis assez surpris parce que je pensais qu’il ne me répondrait pas, maintenant qu’il s’est complètement dévoilé, mais il était sérieux, en disant qu’il nous dirait tout.

     

    « … »

    Tu vas bien ? Izuku aussi ?

     

    « Katchan »

    Oui, tout va bien.

     

    « … »

    Tant mieux. Je suis soulagé. J’imagine que tu as beaucoup de questions.

     

    « Katchan »

    Des tonnes

     

    « … »

    J’y répondrais quand on se verra.

     

    « Katchan »

    Demain soir, on est libre.

     

    « … »

    D’accord, je vous attendrais tous les deux. A demain, Katchan.

     

    « Katchan »

    A demain Izuku.

     

    « … »

    (⁄ ⁄•⁄ω⁄•⁄ ⁄) 

     

    Je soupire en voyant qu’il a encore mis ses emojis débiles. Pourtant, Deku n’a jamais fait ça. D’un autre côté, il ne m’a jamais tellement envoyé de messages non plus.

    -       Franchement, tu fais ça toi aussi ? demandais-je.

    -       Heu… ça m’arrive oui, dit-il en rougissant.

    -       J’imagine que je ne dois pas être surpris. Bref ! Je vais prévenir mes parents pour demain, qu’ils ne s’inquiètent pas.

    -       Je vais faire pareil pour ma mère.

    J’envoie un message rapidement lui fais de même et durant un moment, nous restons silencieux. A vrai dire, je ne sais pas trop comment me comporter. Depuis tout à l’heure, je fais celui qui est sûr de lui, mais au fond, j’ai une trouille monstre.

    -       Je suis un peu nerveux pour demain, dit-il finalement.

    -       Pourquoi ? Qu’est-ce qui t’inquiète ?

    -       J’ai peur de ce qu’il va nous raconter, fait-il en se mordillant la lèvre inférieure. S’il est là, ce n’est sans doute pas pour rien. A mon avis, il a dû lui arriver quelque chose de grave pour qu’il vienne ici.

    -       Je… oui, tu as sûrement raison.

    C’est vrai que maintenant qu’il le dit, moi aussi, je me demande pourquoi il est là. Si c’était pour sauver Deku, enfin son lui passé, il n’aurait pas eu besoin de prendre contact avec moi aussi longtemps à l’avance, ou alors, il y a autre chose. De toute façon, il y a forcément une explication et il nous la donnera demain, alors pas besoin de se prendre la tête toute la soirée pour ça.

    -       On en saura plus demain, ok ? dis-je en le serrant contre moi.

    Je le regarde dans les yeux et pose une main sur son visage. Il sourit et je prends ça pour une autorisation à aller plus loin. Je me penche vers lui et il ferme immédiatement les yeux, ce qui m’amuse quelques instants. A priori, il attendait autant que moi ce moment. Je finis par combler la distance qui nous sépare et l’embrasse enfin. Tout à l’heure, ce n’était qu’un petit baiser de rien du tout, là, il est plus intense, il a beaucoup plus de sens. Ce baiser est l’aboutissement de ces années de frustration et d’amour non avoué. Je le serre contre moi, tout en ne lâchant pas ses lèvres, jouant avec sa langue qui me cherche constamment. Doucement, je pousse Deku sur le lit et nous nous allongeons dessus, dans les bras l’un de l’autre, sans arrêter de nous embrasser.

    Je ne sais pas durant combien de temps, nous restons dans cette position, mais je n’ai pas forcément envie que ça s’arrête. Pourtant, un coup à ma porte, nous oblige à nous arrêter. Deku me sourit et je lui rends, mais je grogne bien vite en pestant contre celui qui nous a dérangé.

    -       Katsuki ?

    Je reconnais la voix d’Eijiro et je soupire. Je le connais, si je ne réponds pas, il va frapper encore et encore contre ma porte pour que je réponde, parce qu’il sait parfaitement que je suis là. Par contre, il ne sait pas que je suis avec Deku.

    -       Je pourrais faire comme si de rien n’était, chuchotais-je à Deku.

    -       Tu sais que ça marchera pas.

    -       Je sais, et c’est ça le pire, soupirais-je.

    -       Vas-y Katchan.

    -       Ne bouge pas.

    Il me sourit, avant de m’embrasser à nouveau et je me lève un peu à contre cœur du lit. Deku se redresse tandis que je vais ouvrir la porte. Je l’entrouvre et tombe sur la tête de Kirishima.

    -       Quoi ? dis-je agacé.

    -       On se fait un jeu vidéo avec Denki et Hanta, tu veux venir ?

    -       Non ?

    -       Pourquoi ?

    -       Parce que…

    -       Allez Katsuki, tu vas pas rester dans ta chambre, demain c’est le week-end. On peut bien s’amuser un peu.

    -       Et alors ? J’ai passé une journée de dingue, j’ai envie de me coucher.

    -       T’es pas drôle Katsuki, dit Eijiro en faisant une moue boudeuse.

    -       Je m’en fiche.

    Je m’apprête à refermer la porte, quand j’entends une voix retentir dans le couloir.

    -       Eh ! Vous auriez pas vu Deku ? demande Uraraka. Je le trouve pas.

    Ils font vraiment chier. On peut jamais être tranquille. Je jette un œil derrière moi et cela fait réagir Eijiro. Eh merde !

    -       Bonne nuit ! dis-je en voulant refermer la porte.

    Mais Eijiro ne l’entend pas de cette oreille et il bloque la porte avec son pied.

    -       T’aurais pas quelque chose à me dire Katsuki ? demande-t-il avec un sourire narquois.

    -       Non, rien.

    -       Ochaco, je crois que je sais où est Deku, dit Kirishima.

    -       Ah oui, où ça ? demande la jeune fille.

    Il me regarde avec une drôle de lueur dans les yeux et ça m’agace prodigieusement.

    -       Mais foutez-nous la paix bordel !

    -       Alors, il est là ?

    -       Qu’est-ce que ça peut vous foutre ?

    -       Alors, vous êtes ensemble ? demande Eijiro.

    -       Qui est ensemble ?

    -       Katsuki et Izuku.

    -       Sérieux ? Pourquoi je suis pas au courant ? s’indigne Uraraka.

    -       Mais de quoi je mêle. Dégagez de là, bordel ou je vous explose la tronche.

    J’entends du bruit derrière moi. Deku s’est levé de mon lit et il se retrouve soudain à côté de moi.

    -       Alors, c’est vrai ? Deku, t’aurais pu me le dire, dit Miss gravité avec une moue boudeuse.

    -       Je… désolée Ochaco, c’est tout récent.

    -       De quand ? s’intéresse Eijiro.

    -       D’aujourd’hui, avoue-t-il.

    -       Oh ! Eh bien félicitation, mon vieux, me dit tête d’orties.

    -       Je m’en fous de tes félicitations. Je veux juste que vous dégagiez tous les deux.

    -       Oh ! Oui, bien sûr, désolé. On vous laisse roucouler tranquillement, pas vrai Ochaco ?

    -       Oui, oui, bien sûr, pouffe-t-elle de rire.

    Ils finissent par enfin s’en aller et je me sens tout à coup épuisé. Je referme la porte et Deku a un sourire amusé.

    -       Ça te fait rire, le Nerd ?

    -       Beaucoup, répond-t-il honnêtement.

    -       Ils m’épuisent.

    -       Allez Katchan, c’est pas si grave, non ? A moins que tu ne veuilles que personne ne soit au courant pour nous deux, dit-il son visage souriant passant à l’inquiétude.

    -       Hein ? Tu penses que j’ai envie de cacher notre relation ?

    -       Je ne sais pas, dit-il en détournant le regard.

    Je me rapproche de lui et le prends dans mes bras. Je n’en reviens vraiment pas que je puisse faire ce geste aussi facilement. Il y a encore peu, je pensais que ça n’arriverait jamais et voilà que je peux le serrer contre moi. C’est tellement incroyable.

    -       Je n’ai pas peur qu’on le dise à tout le monde. Le principal, c’est que tu ne sois qu’à moi.

    -       C’est très possessif comme réponse, me fait-il remarquer.

    -       Disons que je ne te laisserais à personne et si je dois le crier sur tous les toits pour que les gens comprennent, je le ferais, expliquais-je

    -       Je ne t’en demande pas tant, mais ça me fait plaisir, dit-il en se serrant un peu plus contre moi.

    Il m’embrasse une nouvelle fois et nous retournons ensuite nous allonger sur le lit. Nous restons dans les bras l’un de l’autre, profitant de la présence de l’autre, jusqu’à que Deku finisse par retourner dans sa chambre pour dormir. Ne brulons pas les étapes, on vient à peine de se mettre ensemble, il est inutile de se presser. Maintenant que Deku et moi nous sommes ensemble, je vais profiter de chaque instant avec lui.

     

    ***

     

    Nous sommes devant sa maison. Mais est-ce que c’est vraiment sa maison ? Après tout, il n’est pas d’ici en fait. Je me sens un peu nerveux, Deku aussi, car il a agrippé mon bras dès que nous sommes arrivés. Nous passons le portail et nous traversons l’allée et comme il l’a toujours fait, il nous attend devant la porte. Je note qu’il a revêtu son costume de héros et je ne peux m’empêcher de froncer les sourcils. Je sens que cette conversation va être vraiment difficile. Je serre la main de Deku, qui est toujours accroché à moi, tandis que nous avançons vers celui qui doit nous donner des réponses.

    Il nous laisse entrer dans la maison et nous allons directement dans le salon tandis que notre hôte se rend dans la cuisine. Il ne change pas ses habitudes, c’est peut-être pour se donner du courage. Deku et moi nous asseyons sur le canapé en attendant, qu’il revienne. Nous ne parlons pas, nerveux à l’idée d’avoir les réponses à nos questions. Il revient dans le salon avec trois tasses de chocolat chaud.

    -       Je me suis dit que ce serait mieux qu’un thé, dit-il en s’asseyant sur le fauteuil à bonne distance.

    -       Merci, dis-je.

    -       Merci, répond également Deku.

    -       Alors ? demandais-je.

    Il soupire et je le vois qui semble hésiter, ne sachant peut-être pas par où commencer.

    -       Bon, je vais commencer alors, dis-je en voyant qu’il ne dit toujours rien. Tu viens du futur ?

    Je sais que je suis un peu brusque mais je n’ai pas envie de tourner autour du pot. Il semble surpris par mon ton, il faut dire que j’ai toujours pris soin de le vouvoyer, et là, j’emplois volontairement le tutoiement pour le faire parler plus facilement, mais aussi pour montrer que je sais à qui je parle.

    -       Oui, je suis toi dans six ans, dit-il à l’attention de Deku.

    -       Si… six ans, répète Deku.

    -       Pourquoi tu es là ? dis-je sèchement.

    Son regard s’assombrit et il semble encore une fois hésiter à parler. Pourtant, c’est lui qui nous a dit qu’il nous avouerait tout, mais j’imagine que ce n’est pas si évident que ça.

    -       Pour te sauver, finit-il par dire en fermant brièvement les yeux.

    -       Me sauver ? demandais-je en fronçant les sourcils. Me sauver de quoi ?

    -       De toi-même.

    J’avoue que je suis un peu perdu, mais j’attends qu’il continue, parce qu’il y a forcément une suite à cette révélation.

    -       Tu te souviens de ce que je t’ai dit la première fois qu’on s’est rencontré ?

    Je me rappelle parfaitement la conversation que l’on a eu la première fois et je comprends immédiatement de quoi il retourne.

    -       Oui, acquiesçais-je. Tu parles… de ce qui t’a poussé à aller sur cette appli de rencontre.

    -       Oui.

    Deku ne semble pas trop comprendre ce qui se passe et j’hésite un peu à lui dire, mais je pense que c’est nécessaire qu’il sache tout. Je me tourne vers lui et il m’interroge du regard.

    -       Celui que j’aime n’est plus de ce monde, finit-il par expliquer à ma place.

    Deku écarquille les yeux et il semble comprendre assez vite de quoi il retourne. Je vois que ses yeux se remplissent de larmes, mais il se retient pour ne pas les laisser couler. Je serre sa main dans la mienne pour lui montrer que je suis là et que tout ira bien.

    -       Et donc, qu’est-ce qui s’est passé ? l’interrogeais-je avec la gorge sèche avant de boire ma tasse de chocolat chaud.

    -       Tout comme toi, commence Izuku, mon Katchan a commencé à perdre pied lorsqu’il a appris pour ma relation avec Shoto. J’avais décidé de mon côté de passer à autre chose, de l’oublier parce que je ne pouvais plus supporter l’état actuel de notre relation, alors, je me suis éloigné de lui et j’ai dit oui à Shoto, quand il m’a demandé de sortir avec lui. C’est aussi ce qui t’es arrivé, n’est-ce pas ?

    -       Oui, acquiesce Deku.

    Je serre un peu plus sa main. On dirait bien que notre conversation sera un moment de confession pour tous les trois.

    -       Sauf que, tout ne s’est pas passé comme pour toi, continue Izuku en me regardant. Mon Katchan a bien été sur cette appli de rencontre, mais il n’est pas vraiment tombé sur la bonne personne. Il n’a d’ailleurs eu personne pour le soutenir. Après son kidnapping, la chute d’All Might et son échec au permis provisoire, il s’est peu à peu renfermé. Il n’adressait plus la parole à personne et il passait son temps sur son téléphone, et surtout tous ses week-ends dehors. Ses parents ne savaient même plus où il allait et il était en conflit permanent avec eux. Lors du festival de Yuei, il n’a pas participé à la préparation et il n’est même pas venu au concert. Personne ne l’a vu de la journée et il a même été réprimandé pour ça. Quand il a raté le rattrapage, il était trop tard. Il a quitté le lycée après ça et il a sombré de plus en plus dans les ténèbres, jusqu’à…

    Il ne finit pas sa phrase et je sens que ses aveux ont été très difficile à prononcer. Tout comme Deku tout à l’heure, il a les larmes aux yeux et je vois même une larme s’échapper de son œil droit.

    -       Et donc… c’est à cause de ça que tu as décidé de venir me sauver ? demandais-je.

    -       Oui.

    -       Comment ?

    -       Mei Hatsume, dit-il comme une évidence. Elle connaissait quelqu’un qui pouvait faire des sauts dans le temps, sur un court laps de temps, mais elle a adapté son alter pour créer une machine à remonter le temps. J’ai alors saisi ma chance et je l’ai testé.

    -       Comment tu pouvais être sûr que ça allait fonctionner ?

    -       Je ne le savais pas, avoue-t-il. J’aurais très bien pu me retrouver au moyen-âge ou à la préhistoire, mais honnêtement, je n’avais plus rien à perdre. Katchan n’était plus là et même si je suis devenu le héros que je voulais devenir, je voulais à tout prix essayer de te sauver, donc j’ai tenté ma chance et ça a miraculeusement fonctionné.

    -       Miraculeusement oui, dis-je. Tu as eu de la chance, parce qu’avec les inventions d’Hatsume, on n’est jamais sûr de rien.

    -       Oui, c’est vrai. Et tu en sais quelque chose, hein ? dit-il en s’adressant à Deku.

    -       Oui, que trop bien, répond son double plus jeune.

    -       Et ensuite ? l’encourageais-je.

    -       Ensuite, j’ai entrepris de prendre contact avec toi, via l’appli, dit-il.

    -       C’est moi qui t’ai contacté en premier, je lui fais remarquer.

    -       C’est vrai, mais je savais que tu irais dessus, alors j’ai tout fait pour attirer ton attention, avec ton nom de héros et une photo de moi. J’ai entrepris de changer quelques petites choses sur mon physique. Grâce à Mei, j’ai pu cacher mes cicatrices et mes taches de rousseurs, mais j’espérais que ça suffirait à t’interpeller.

    -       C’est vrai, ça a fonctionné, avouais-je. J’aurais vraiment dû me méfier, il y avait beaucoup trop de coïncidence, surtout par rapport à mon nom de héros.

    -       Ton nom de héros… tu ne lui as pas encore dit, n’est-ce pas ? demande-t-il.

    -       Non, pas encore, dis-je en jetant un œil à Deku.

    -       Tu veux en parler à Best Jeanist en premier, c’est ça ?

    -       Comment tu le sais ? D’ailleurs, comment tu as su ce que j’avais… enfin ce que ton Katchan avait fait tout ce temps.

    -       Il a laissé un carnet, dit-il. Après… son décès, sa mère me l’a donné et c’est là que j’ai compris ce qui s’était passé.

    Moi aussi, j’ai écrit durant un moment alors, ça ne me surprend pas tant que ça. C’était plus facile d’écrire ce que je ressentais plutôt que le dire à haute voix. Mais j’arrêté au bout d’un moment parce que parler avec lui me soulageait plus que d’écrire.

    -       Ça a d’ailleurs marqué la fin de ma relation avec Shoto, continue-t-il. J’ai compris à ce moment-là que j’avais fait les mauvais choix. Pas que ma relation avec Shoto m’ait déplu, il était gentil et attentionné, mais je me suis rendu compte que je m’étais mis avec lui pour de mauvaises raisons. Je voulais fuir mes sentiments, me retrouver auprès de Katsuki était une torture. Je n’arrivais plus à supporter nos disputes incessantes et ses insultes récurrentes. J’étais à bout, si bien que j’ai fini par m’éloigner de lui, jusqu’à ce que je ne voie même plus sa détresse. Je me suis senti misérable, indigne d’être un héros. Alors, quand j’ai eu cette chance de te sauver, je l’ai saisi. Et quand tu m’as contacté, il y a quelques mois, tu ne peux pas savoir comme j’ai été soulagé. Alors, j’ai fait en sorte de ne pas te lâcher, de répondre dès que tu m’envoyais un message. Je voulais te montrer que j’étais là. Lorsqu’on s’est vu la première fois, j’avais tellement envie de te prendre dans mes bras, mais je me suis retenu, j’ai joué mon rôle, celui de l’adulte responsable, même si au final, notre relation allait plus loin qu’une simple amitié.

    Je ne relève pas, parce qu’il a raison. Tout ce qu’il raconte pour le moment me prend un peu aux tripes. D’autant plus que je me dis que moi aussi, j’aurais pu sombrer comme son Katchan, s’il n’avait pas été là. Mais justement, c’est parce qu’il a fait le choix d’être là, que je peux aujourd’hui être avec Deku.

    -       A chaque message, dès que je voyais que tu perdais pied, j’ai essayé de te soutenir du mieux que je pouvais.

    -       Et tu as réussi, dis-je en fixant ses yeux verts. Sans toi, j’aurais certainement sombré comme lui, c’est même sûr. Mais dès que je me sentais perdu, au plus bas, un message de ta part et je reprenais pied. Tu m’as encouragé à continuer, tu as tout fait pour me consoler.

    -       J’ai essayé en tout cas.

    -       Tu as réussi, lui dis-je. C’est toi qui m’as encouragé à participer à la fête de Yuei, toi aussi qui m’a encouragé juste après mon échec au permis provisoire.

    -       J’essayais juste de faire ce que j’aurais dû faire pour mon Katchan, dit-il.

    -       Merci, dis-je. Merci d’avoir été là pour moi.

    Il sourit tristement et je sais qu’il pense à celui qu’il a aimé et qu’il aime toujours. Je me tourne vers Deku qui est là, à côté de moi. Il se retient encore de pleurer. Puis, il commence à gigoter et je me demande s’il n’a pas envie de demander quelque chose à son double adulte.

    -       Je… commence-t-il. Hum… comment… ton Katchan est… mort ? demande-t-il avec hésitation.

    -       Il est mort… en me sauvant, dit-il. Après son départ de Yuei, Katchan n’a plus donné signe de vies pendant deux mois. Quand je l’ai revu, il avait tellement changé que je l’ai à peine reconnu. Il avait rejoint l’Alliance… Ça a été le moment le pire de ma vie. Voir Katchan passer à l’ennemi, devenir un vilain alors qu’il avait toujours voulu être héros, c’était incompréhensible. Je voulais absolument le sauver, le ramener, je l’ai poursuivi longtemps. On s’est battu plusieurs fois. Il n’a fait machine arrière… que quand j’ai manqué de me faire tuer par Shigaraki… il s’est interposé… et…

    Il baisse la tête et je le vois pleurer. Cette fois, il ne peut plus retenir ses larmes et je ne peux pas lui reprocher. Même moi, je me sens mal, surtout qu’il s’agit de ma mort, enfin celle que j’aurais pu avoir. J’avoue, j’ai bien du mal à comprendre comment mon autre moi ait pu faire une bêtise pareille, mais je me rappelle dans quel état j’étais, il y a quelques mois et si je n’avais pas eu le soutien d’Izuku, j’aurais sûrement suivi la même voie. Deku à côté de moi, se serre un peu plus contre moi et je constate qu’il pleure également. Il a conscience lui aussi que j’aurais pu mal tourner et ça doit le contrarier.

    -       Bref ! dit Izuku. Je ne peux plus rien faire pour lui de toute façon.

    -       Pourquoi ? demande Deku. Puisque vous avez changé le passé, il devrait…

    -       Non, le coupais-je. Ça ne fonctionne pas comme ça.

    -       Comment ça ? demande celui que j’aime avec surprise.

    -       Il y a deux théories qui s’affrontent quand on parle de voyage dans le temps. La première est que modifier le passé peut engendrer une réaction en chaîne qui changerait le futur de milliers voir de millions de personnes. On appelle ça l’effet papillon. Un simple battement d’aile à un endroit peut provoquer une immense tempête de l’autre côté du globe. Tu comprends ?

    -       Oui, je vois ce que tu veux dire, dit Deku. Et la deuxième théorie ?

    -       La plus probable, c’est que le passé est immuable, une fois qu’on l’a vécu, il est impossible de le changer pour soi. Si quelqu’un remonte le temps, il ne changera pas son propre passé, mais il créera un autre futur, un monde parallèle si tu veux.

    -       Mais alors… dit Deku avec effroi.

    -       Oui, peu importe ce que j’ai fait, dit Izuku. Mon Katchan ne reviendra pas. Il est mort dans mon monde et ça ne peut être changé.

    -       C’est… vraiment triste, dit Deku qui s’effondre en larme.

    -       S’il te plait Izuku, ne pleure pas pour moi. J’ai peut-être perdu mon Katchan, mais toi tu l’as encore. Et tu sais, quand je le rejoindrais, je pourrais me dire que j’aurais vécu sans regrets, parce que je sais que dans ce monde Katsuki est vivant et qu’il vit son amour comme il l’a toujours rêvé. Je pense que ce sera ma plus belle réussite en tant que héros. Cependant, je vous le dis, les choses ne seront pas faciles, Shigaraki n’étant pas encore vaincu, vous vivrez sans doute des moments encore difficiles, mais je suis sûr que tout ira bien pour vous. Je sais que vous affronterez l’adversité ensemble et que rien ne pourra vous séparer, maintenant que vous vous êtes trouvés.

    Il se lève et je commence un peu à paniquer. J’ai peur de ce qui va se passer par la suite. Il fait le tour du salon du regard, comme s’il voulait encrer la décoration dans sa mémoire.

    -       La maison ? dis-je pour retarder un peu le moment de notre séparation.

    -       Elle appartient à la famille de Yuga. Il m’a dit qu’ils ne l’utilisaient jamais à cette époque et que je serais tranquille.

    -       D’accord. Je comprends mieux la déco, maintenant, dis-je en grimaçant.

    -       Oui, j’ai pas choisi, dit-il amusé.

    -       Non, c’est sûr. Et la cicatrice sur ton visage ?

    -       Un souvenir de Katchan, lors de l’un de nos combats, dit-il avec un sourire, mal à l’aise.

    -       Je vois, dis-je désolé pour lui.

    -       Ne t’en fais pas, ce n’est pas grave. J’aurais pu la faire disparaitre, mais… quand je me vois dans le miroir, je me rappelle qu’il a bien existé. Je ne l’ai caché cette fois que pour pouvoir t’approcher, mais elle restera ainsi toute ma vie.

    -       Izuku…

    Je me lève, lâchant la main de Deku. Ce dernier reste assis, parce qu’il a compris que le moment allait être plus que douloureux pour moi. Je sens mon cœur qui se serre, et qui bat un peu trop vite. Je m’approche de lui et il ne bouge pas.

    -       Sois fort, Katsuki. Même si je ne suis plus là, lui, le sera, dit-il en désignant Deku. Ayez confiance l’un envers lui et tout se passera bien.

    -       Je ne veux pas que tu partes, dis-je alors que mes larmes menacent de couler.

    -       Il le faut, Katchan, dit-il avec un sourire triste. Ma place n’est pas ici. Je suis resté le temps qu’il fallait pour que tu puisses avancer. Mais aujourd’hui, il est temps que je m’en aille. Tu sais, ces moments passés en ta compagnie ont été les meilleurs moments de ma vie depuis très longtemps. Je n’oublierais jamais nos échanges et nos rendez-vous.

    Il pose une main sur ma joue et mes larmes finissent par se libérer. Il se penche vers moi et me chuchote quelque chose à l’oreille.

    -       Tu deviendras un grand héros Dynamight. N’en doute jamais.

    Je me recule surpris. Je jette un coup d’œil à Deku, qui n’a à priori rien entendu. Il le saura… plus tard, mais pas maintenant. Izuku garde sa main sur ma joue et je ferme les yeux. Puis, je le prends dans mes bras. Je veux le sentir une dernière fois contre moi. Je veux encore profiter une dernière fois de ce corps qui m’a consolé tant de fois ces derniers mois. Il va me manquer ça c’est certain et je ne l’oublierais jamais. Au bout de quelques instants, je me recule légèrement, puis pose mes lèvres sur les siennes. C’est un geste que je n’ai jamais osé, parce que j’avais peur de ce qui aurait pu se passer entre nous, mais là, je me l’autorise.

    -       Merci Izuku, pour tout ce que tu as fait pour moi, dis-je en retournant près de Deku qui s’est levé. Je ne t’oublierais jamais.

    -       Merci à toi aussi de m’avoir donné une chance de me racheter, dit-il. Je vous souhaite beaucoup de bonheur à tous les deux.

    -       Merci, dit Deku. Prends soin de toi.

    -       C’est promis, dit Izuku. Vous aussi.

    Il touche une espèce de miroir puis nous le voyons disparaitre devant nous, comme s’il n’avait jamais existé. Je me tourne vers Deku et le prends dans mes bras.

    -       Tu ne m’en veux pas de l’avoir embrassé ?

    -       Non, de toute façon, je ne vais pas être jaloux de moi-même quand même.

    -       C’est vrai, dis-je avec un sourire triste.

    -       J’espère que ça ira pour lui.

    -       Moi aussi, dis-je. Il va vraiment me manquer.

    -       Oui, je comprends. Tu as vécu tant de choses avec lui ces derniers mois.

    -       Tu n’es vraiment pas jaloux, hein ?

    -       Non, parce que s’il n’avait pas été là, on n’en serait pas là aujourd’hui. J’aurais peut-être suivi la même voie que lui.

    -       Mais ce n’est pas le cas, dis-je en mettant mes mains sur ses joues. On est ensemble maintenant, d’accord ? Je ne te laisserais plus, je te le promets. Je t’aime plus que tout Izuku.

    -       Moi aussi Katchan, dit-il en souriant.

    Je me penche vers lui et l’embrasse, avant de le reprendre dans mes bras dans une étreinte bienfaisante. Au bout de quelques instants, nous nous séparons et nous sortons de la maison. Je jette un dernier coup d’œil à la bâtisse qui m’a servi de refuge pendant tant de mois et Deku et moi nous éloignons ensuite, main dans la main, souhaitant et espérant qu’Izuku trouve le même bonheur que nous dans son futur.

     

    Fin !

     

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :