• Partie 1

    POV de Drago

    Bon, il faut que je me motive. Pas facile quand on sait ce qu'il se passe aujourd'hui. Tout le monde est en effervescence, je ne vois vraiment pas l'intérêt. C'est pourtant une journée comme les autres. Alors pourquoi en faire toujours tout un plat ? C'est vrai quoi ?

    De toute façon, pour moi cette journée n'est vraiment pas importante. Je ne vois pas pourquoi j'y prendrais un quelconque intérêt. Enfin pour cet événement, je ne vois pas pourquoi j'y prendrais un intérêt. Les autres oublient toujours. Alors pourquoi, moi je n'oublierais pas cette fête.

    -Salut Drago ! Alors ? Tu vas encore en recevoir cette année ?

    -C'est ça Blaise, moque-toi de moi.

    -T'as oublié Parkinson, elle va se faire une joie de ne pas oublier.

    Parkinson ! Avec elle, impossible d'oublier. Ce genre de fêtes, ça ne s'oublie pas. Pourtant, je voudrais bien qu'elle l'oublie et qu'elle pense à une autre. Enfin pas que ça me dérange mais bon, même mes propres parents n'y pensent pas.

    Lucius et Narcissa Malfoy, pourquoi y penseraient-ils après tout ? Ils ne se sont jamais vraiment intéressés à moi alors comment se souviendrait-il de mon anniversaire. Ils doivent être trop intéressés à s'offrir des cadeaux plutôt que de fêter l'anniversaire de leur fils. Je hais vraiment cette fête stupide.

    Je soupire et me lève de la Grande Salle avant d'être assailli par la furie. On est samedi, j'ai une chance d'échapper à toutes les festivités que le vieux fou pourrait prévoir. Je sors dans la cour et me dirige vers le lac. En entrant dans la cour, je croise pleins de couples s'embrassant. Quelle horreur ! Il pourrait faire ça ailleurs.

    Pour ma part, ça me répugne. Enfin pas tant que ça. J'ai honte de me l'avouer mais je suis jaloux. Complètement jaloux. Et le pire, c'est que je sais que ça ne m'arrivera jamais ce genre de choses. Ca ne pourra (pas) m'arriver tout simplement parce que j'aime les hommes.

    Je m'accroupie en face du lac. En fait, j'aime un homme. Un seul. Mais impossible de dire son nom pour le moment. Je trouve ça trop humiliant. Et pourtant, je ne peux rien empêcher. C'est pathétique. Non seulement, je ne peux pas fêter cette fête et en plus tout le monde oublie le jour de mon anniversaire parce qu'ils sont trop occupés avec leurs propres histoires d'amour. La vie est vraiment injuste.

    -Tiens Malfoy ! T'es tout seul ? Je pensais que tu serais entouré de filles tenant de multiples paquets pour toi.

    Je ne me retourne pas et continue à fixer le lac. C'est lui. Je le sais. Je n'ai même pas envie de répondre à son attaque. A quoi bon, d'ailleurs ? Je m'assois correctement sur l'herbe, entourant mes jambes avec mes bras et posant ma tête sur mes genoux.

    Je sens un mouvement près de moi. Il s'est assis. Pourquoi il ne s'en va pas ? Il a bien vu que je ne voulais pas répondre. Mais à mon avis, il est trop têtu.

    -Qu'est-ce qui se passe Malfoy ?

    Je ne réponds toujours pas. Qu'il s'intéresse à moi est le dernier de mes soucis même si ça me fait plaisir qu'il soit là ! Plaisir, un mot à rayer de mon vocabulaire quand je le vois. Je ne devrais rien ressentir, au moins, je m'en ficherais de cette fête et je me ficherais de mon anniversaire. Seulement, ce (ça) n'est pas le cas.

    -Je n'ai rien à te dire, répondis–je finalement avec froideur.

    -C'est comme tu veux. J'essayais juste d'être poli.

    Maintenant qu'il a été « poli » avec moi, il devrait s'en aller non ? Alors pourquoi il reste l ? Il reste à mes côtés comme si on était ami et qu'on avait rien à se dire. Etre l'un près de l'autre, nous comprenant sans avoir besoin de dire des mots et pourtant, ça n'est pas le cas. On ne s'est jamais compris et je ne sais pas si on se comprendra un jour. Un espoir perdu, c'est l'impression que ça me donne.

    -Pourquoi tu ne pars pas ? Demandais-je doucement.

    -Parce que je n'en ai pas envie. J'aurais cru que la Saint-Valentin était une fête que tu aimais. Après tout, tu as plein d'admiratrices.

    -Non, je n'en ai pas, à part Parkinson. Mais qui voudrait l'avoir comme admiratrice ?

    Je ris amèrement. Je ferme les yeux. Je suis en train de lui parler. Sans aucune méchanceté, juste. . .de la sincérité. Et lui, fait pareil. Mais pourquoi ? Pourquoi ce jour-là? Je voulais juste rester seul et oublier. Oublier que ma vie est vide et que tout le monde s'en fout de moi. Ils sont tous dans leurs bulles à jubiler sur leurs vies merveilleuses.

    -Je te comprends, dit-il.

    Non, c'est le problème. Il ne me comprend pas. Il ne voit rien du tout. Il peut voir que je ne suis pas comme d'habitude mais il ne voit pas ce qu'il se passe au plus profond de moi. Je le sens encore bouger à côté de moi et une main se pose sur mon épaule. Mais qu'est-ce qu'il lui prend ? Je me tourne vivement vers lui, le regard un peu hagard. Il me sourit.

    -Non, tu ne comprends pas justement. Tu ne sais rien.

    Je me lève brusquement après ces mots. Il pense qu'être gentil avec moi va tout effacer ? C'est impossible. Sept ans de combats verbaux et physiques ne peuvent pas s'oublier aussi facilement. Pourtant j'aimerais bien que ce soit le cas. Drago, tu te voiles la face.

    Je commence à marcher lentement tournant le dos à Potter. Je me sens mal. J'ai l'impression d'étouffer et pourtant je suis dehors. J'arrive près d'un arbre et pose ma main droite sur l'écorce et l'autre sert ma chemise près de mon cœur. Pourquoi est-ce si dur cette année ?

    Avant, je ne me posais pas de questions. Je me fichais bien de mon anniversaire ou de la Saint-Valentin alors pourquoi aujourd'hui, ça me fait mal ? Je m'écroule à genoux, ma main glissant sur le tronc de l'arbre et l'autre toujours tenant ma chemise.

    Je suis pris de soubresauts et je sens mes larmes commencer à montrer. Mes yeux se brouillent. Je ne vais pas pleurer quand même ? Oh et puis après tout, pourquoi les autres auraient le droit de pleurer et pas moi ? Pourquoi je n'ai jamais le droit de montrer ce que je ressens ?

    -J'en ai assez.

    Je frappe la terre et mes larmes s'échappent de mon corps tombant sur l'herbe fraîche. Je n'en peux plus. Je m'assois, le dos collé à l'arbre, entourant mes jambes de mes bras et cachant ma tête dans leur creux. Je pleure sans pouvoir m'arrêter.

    Je sens des gouttes d'eau tomber sur mes cheveux. Il commence à pleuvoir. C'est bien, le ciel aussi est triste. Aussi triste que je puisse l'être. Je devrais rentrer mais je ne veux pas. Je me sens bien au milieu de cette pluie d'hiver. Je suis dans mon élément.

    Je ne sais pas depuis combien de temps je suis assis par terre. En fait, je m'en fiche. Je voudrais être à demain pour pouvoir oublier cette journée, recommencer à oublier. J'ai envie d'oublier. Oublier qui je suis, ce que je suis, les oublier tous. J'ai envie d'être seul et oublier.

    Une main se pose sur ma tête s'y appuyant légèrement. Quelqu'un caresse mes cheveux. Mais qui ? Je relève doucement la tête. Je sais que je pleure toujours. Mes larmes, comme la pluie, ne cessent de tomber. Je ne vois pas vraiment qui c'est. Mes yeux sont brouillés.

    Je repose ma tête sur mes bras et je sens ceux de l'autre me prendre dans leur étreinte. Est-ce une fille ou un garçon ? Je ne sais pas. Je m'en fiche. J'ai l'impression d'être protégé. Pour une fois, j'ai le droit de me laisser aller. J'ai le droit de me montrer faible. J'ai beau avoir dix-sept ans aujourd'hui, pleurer est une chose que je n'ai quasiment pas faite dans ma vie.

    J'entends de doux murmures prononcés par l'inconnu. C'est une voix d'homme. Je me laisse peu à peu tomber dans ses bras, de plus en plus près de son corps, sentant sa chaleur s'imprégner en moi. Je me sens bien. J'en oublierais presque la pluie qui tombe. Mes larmes se sont arrêtées et je me laisse bercer par les battements du cœur de mon inconnu. Je me sens peu à peu sombrer dans le sommeil.

    ********

    Il fait bon. Je sens un tissus doux sur moi. Je devrais ouvrir les yeux mais je n'en ai pas envie. Pourtant, je devrais peut-être non ? Je dois être dans mon lit. Allez un peu de courage, il faut que j'ouvre les yeux. Je lève une paupière, puis la deuxième, lentement afin de m'habituer à la lumière.

    Je me lève légèrement. Je suis bien dans un lit mais apparemment ce n'est pas le mien. Les draps sont. . .rouges ? Hein ? Mais, je ne suis tout de même pas chez les Gryffondor quand même ? Je regarde autour de moi. Je crois bien qu'oui. Mais comment j'ai atterri ici ?

    D'un seul coup, tout me revient en mémoire. J'étais dans le parc de l'école et. . .j'ai pleuré dans les bras d'un inconnu. Hum. . .dans un sens, ça m'a fait du bien. Mais, ça voudrait dire que l'inconnu était un Gryffondor. Sur toutes les maisons, il a fallu que ce soit un Gryffondor. Je sais que ça n'aurait pas pu être un Serpentard, c'est pas leur genre. Mais ça aurait pu être un Serdaigle ou un Poufsouffle. Quoique dans un sens, je ne sais pas si ça m'aurait plu. Enfin, pas que ça me plaise plus de savoir que c'est un Gryffondor mais. . .ouais, je m'embrouille.

    Je me lève et m'aperçois que je n'ai plus que mon pantalon sur moi. Il m'a déshabill ? Mais qui est- « il » ? J'entends la porte du dortoir s'ouvrir. Je me remets dans le lit et m'y assois.

    -Ca y est, tu es réveillé.

    Je tourne la tête pour tomber nez à nez avec Potter. Alors c'est lui ? Oh Merlin, ce n'est pas possible. Je n'ai pas pu être aussi faible face à lui ? Je le vois qui me sourit affectueusement. C'est étrange l'attitude qu'il a.

    -Tu sais que ce n'est pas bon pour la santé de rester sous la pluie ? Tu aurais pu attraper une pneumonie.

    -Depuis quand tu t'inquiètes pour moi ?

    Potter s'approche de son lit et s'y assoit. Je commence à avoir chaud tout à coup.

    -Depuis quand tu te laisses aller dans les bras d'un inconnu ? Me demande t-il avec un sourire.

    Je me sens rougir et tourne la tête. Il me prend à mon propre piège. Je déteste ça. C'est énervant. Sa main s'approche de mon visage et me caresse la joue. Je le regarde brusquement avec incompréhension. Mais qu'est-ce qu'il fait ? Qu'est-ce qu'il lui prend ? Son visage s'approche doucement du mien. Il. . .il ne va pas. . .

    Soudainement, je me lève de son lit. Je recule près de son bureau. Il me regarde avec tristesse. Oh non, ne me regarde pas avec ces yeux-là. Tu ne comprends pas. Je me retourne et prends mes affaires qui se trouvent sur sa chaise. Je m'habille. Je sais qu'il me regarde sans bouger. Je ne comprends pas comment c'est possible. Je m'avance dans la pièce lentement, me dirigeant vers la porte.

    -Il y a des Gryffondors dans la Salle Commune ? Demandais-je.

    -Non, ils sont tous dans la Grande Salle ou d'autres pièces. Tu peux sortir sans problème.

    Sa voix est cassée. Je ne comprends pas. Mais mieux vaut que j'oublie. Je pose ma main sur la poignée et ouvre la porte. Je regarde à terre. Je ne peux pas le regarder.

    -Merci Harry.

    Je sors après ces derniers mots. Je n'ai jamais dit sincèrement merci à quelqu'un mais là, c'était mon cœur qui parlait. Je ferme la porte et avant que je parte, j'entends ses deux derniers mots.

    -Joyeux anniversaire.

    Je souris. Il n'a pas oublié. Pourtant, il n'avait aucune raison de le savoir. Je me sens presque soulagé et pourtant, je sens toujours un poids sur mon cœur. J'ai peut-être eu tort de le repousser et pourtant. . .pourtant, je l'ai fait. Je suis désolé Harry, mieux vaut que tu oublies. La seule chose que je n'oublierai pas, ce sont les deux derniers mots que tu as prononcés aujourd'hui.


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