• My Hero Academia

     Une émotion douce-amère

     

     

    Série : My Hero Academia 

    Date de création : Du lundi 29 août 2022 au lundi 5 septembre 2022 

    Personnages principaux : Izuku Midoriya – Katsuki Bakugo 

    Nombre de chapitres : One-shot 

    Avertissement :  Yaoi, lemon léger, POV de Deku et Katsuki 

    Genre : Romance 

    Rating : PG16 (+ de 16 ans) 

    Résumé :  Izuku découvre au hasard d’une sortie nocturne, que Katsuki s’adonne à une passion pour le moins étonnante : La pâtisserie. Intrigué, il va le suivre à nouveau et découvrir de nouvelles facettes de son ami d’enfance qu’il n’avait encore jamais vu avant. 

    Statut : Terminée

    Liens vers les dessins : Fanart My Hero Academia 

    Attention !!!!!!  Gros spoil du tome 34 non sorti en France jusqu’au chapitre 365.

     


     

    Katsuki

     

    -       Il faut le gagner ce combat… pas vrai Izuku ?

     

    Se battre dans la douleur, déceler les détails importants, c’est par là que tu es passé, hein, Izuku ?

     

    Dis… Tu crois que je peux encore te rattraper ?

     

    Est-ce que… on aurait pu… être ensem…

     

    -       S… Son cœur…

     

    ***

     

    Izuku

     

    -       Cinq-cents cinquante, cinq-cents cinquante-et-un…

    Allez, ce n’est pas terminé, je dois continuer. Si je veux que mon corps se renforce et que je puisse m’approprier totalement le One For All, je dois absolument continuer, encore, et toujours. Les coups de pieds s’enchainent et je ne me ménage pas, même s’il est tard et que la fatigue se fait ressentir. Quand j’atteints enfin, les mille coups de pieds, je m’arrête. Je retire mes écouteurs. La musique m’a bien aidé à garder le rythme. Je fais quelques étirements pour ne pas avoir de courbatures demain, puis, je récupère mon cahier où sont notés tous mes exercices quotidiens.

    Alors que je m’apprête à rentrer à la résidence, j’entends du bruit près de moi. Sur mes gardes, j’essaie de voir d’où provient le bruit. J’entends des bruissements près de moi et je me cache derrière un arbre pour savoir qui fait ce bruit-là. C’est là que je le vois : Katchan, qui marche d’un pas nonchalant, mais il ne se dirige pas vers la résidence, mais plutôt vers la cafétéria de l’école. Ça va bientôt être l’heure du couvre-feu. Qu’est-ce qu’il compte faire à cette heure-ci tardive ? La dernière fois, qu’on a enfreint le couvre-feu tous les deux, ça s’est terminé en combat et ça nous a valu trois jours de punition pour moi et quatre pour lui. C’est étonnant qu’il tente une nouvelle fois le diable.

    Je sais que je ne devrais pas m’en mêler, que ce n’est pas mon problème. Lui s’en ficherait royalement, et me dénoncerait probablement juste pour me faire chier, mais moi… c’est la curiosité qui me pousse à savoir ce qu’il compte faire. Je suis comme ça, j’ai envie de comprendre ce qui lui passe par la tête, et s’il compte faire quelque chose de répréhensible, je me dis que je pourrais l’arrêter et lui éviter peut-être des ennuis. Même si à mon avis, il va me dire d’aller me faire voir ailleurs, que ça ne me concerne pas ce qui peut lui arriver et il aura tout à fait raison, j’en suis conscient. Mais, quand ça concerne Katchan, je suis loin d’être rationnel.

    Il vient d’entrer dans la cafétéria et j’essaie de rester le plus discret possible. Qu’est-ce qu’il compte faire ? Empoisonner le petit-déjeuner de demain ? Non, il ne ferait jamais une chose pareille, il ne serait pas assez fou pour gâcher sa carrière de super-héros, il tient trop à être le numéro des héros. Il est allé dans les cuisines et je le vois allumer un des fours, avant de sortir des ingrédients, du frigo et du garde-manger, ainsi que divers ustensiles. Attends, il ne va quand même pas… cuisiner ? J’ai presque envie de rire, mais je me retiens parce que je ne veux pas qu’il me remarque. Je sais que Katchan est un cuisinier hors pair, mais je ne pensais pas que cuisiner faisait partie de ses passe-temps.

    Je l’observe un moment. Il est en train de préparer un gâteau, peut-être un fondant ou un brownie, mais je ne suis pas sûr, en tout cas, ça sent bon le chocolat. Ça embaume la pièce et j’aimerais bien m’approcher pour pouvoir gouter la pâte qu’il est en train de verser dans ses moules. C’est incroyable la vitesse à laquelle il a fait sa préparation. Il reste à peine une demi-heure avant le couvre-feu et je pense qu’il aura terminé bien avant la cuisson. J’aimerais vraiment pouvoir gouter son gâteau, parce que je suis sûr qu’il est réussi.

    Après avoir enfourné sa préparation, il commence à ranger et à nettoyer et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, tout est clean comme s’il n’y avait rien eu. Je reconnais bien là, Katchan, le maniaque de la propreté. Il nous en fait toujours voir au dortoir, quand il s’agit de garder les parties communes propres. Une véritable fée du logis. Il ferait une bonne épouse, mais si jamais quelqu’un avait l’audace de lui dire, il ne ferait pas long feu. Enfin, je crois que Denki s’y est risqué une fois et il l’a regretté.

    J’ai envie d’attendre qu’il ait sorti le gâteau du four, mais si je traine, il va finir par voir que je suis là. Je m’apprête à partir, un peu à contre-cœur, quand j’entends un bruit bizarre venant de lui. Je me retourne et jette un œil et ce que je vois, me couvre d’effroi. Katchan… pleure. Je le vois taper contre la console, puis il s’effondre à genoux, juste devant le four, pleurant à chaude larme. Cette vision me donne des frissons et me fait mal au cœur. Je me retiens d’aller vers lui, je mets une main sur mon cœur et serre mon t-shirt. Je ferme les yeux quelques instants, avant de partir, à contre-cœur. Si jamais il découvre que je l’ai vu comme ça… je ne préfère même pas imaginer sa réaction, alors je pars sans un mot, perturbé.

     

    Katsuki

     

    J’avais besoin de me changer les idées. Pâtisser calme mes angoisses et en ce moment elles sont nombreuses. Mon enlèvement, mon combat contre Deku, mon échec lors du permis provisoire. Je n’arrive plus à avancer. Je me rends compte que je ne suis pas le plus fort, les autres prennent une longueur d’avance et moi je stagne. Même ce Nerd de Deku avance, alors que moi, je ne fais que régresser.

    Alors que je mets mon gâteau dans le four, je ne peux m’empêcher de m’effondrer et de pleurer. Il est hors de question qu’on me voit comme ça. Il n’y a qu’ici que je peux être tranquille. Je sais que personne n’aurait l’idée de me chercher dans cet endroit.

    Je suis agenouillé par terre et je regarde le four cuire ma préparation, mais je vois à peine ce qu’il y a devant moi, les yeux brouillés par mes larmes. Je me recroqueville et frappe le sol, de rage.

    -       C’est moi le raté, je suis vraiment un incapable. Pourquoi j’arrive pas à être plus fort ? Pourquoi ?

    Je frappe une nouvelle fois alors que mes larmes coulent sur le sol sans pouvoir s’arrêter. Quand le four sonne pour indiquer la fin de cuisson, j’essuie mes larmes. Je prends des gants pour ne pas me bruler, même si je résiste relativement bien aux flammes, je ne vais pas tenter le diable. Je sors ma préparation du four et me redresse pour la poser sur plan de travail. Je ne sais même pas ce que je vais en faire. Si je la ramène au dortoir, ils vont forcément me demander d’où ça vient. Je coupe des parts et en prends un morceau. Je goute toujours ce que je prépare.

    -       Délicieux, comme d’habitude.

    Au moins, ça je ne le rate pas. Je n’ai pas tout perdu. Je décide de laisser le gâteau ici. Lunch Rush en fera ce qu’il voudra, ça m’est égal. Je le couvre et le mets dans un coin avant de rentrer au dortoir. Je fais bien attention à essuyer mes larmes. Je ne sais pas quelle tête, je dois avoir, mais elle ne doit pas être belle à voir. De toute façon, je ne pense pas croiser qui que ce soit. Je suis à la limite du couvre-feu et tout le monde doit être couché à cette heure-ci, même cet imbécile de Deku, qui fait toujours ses exercices presque jusqu’à la dernière minute. Comment je le sais ? Parce qu’il s’entraîne juste au-dessous de ma fenêtre et ça m’agace même parfois, parce qu’il fait toujours trop de bruit.

    Je rentre au dortoir et une fois que je suis dans mon lit, mes yeux refusent de se fermer. Qu’est-ce que je peux faire pour être le meilleur ? J’ai beau me donner à fond, rien n’y fait. Est-ce que je suis condamné à rester derrière les autres ? Je suis pitoyable.

     

    Izuku

     

    -       Eh vous savez la nouvelle ? demande soudain Denki alors qu’on est à la table du petit-déjeuner dans la cafétaria.

    -       Non, mais tu vas nous le dire, n’est-ce pas ? dit Kyoka.

    -       Oui… bien sûr… Il parait que quelqu’un a fait un gâteau et l’aurait laissé dans la cuisine de Lunch Rush. Il cherche à savoir qui c’est.

    -       Il est en colère ? demandais-je alors que je vois Katchan se raidir.

    Je suis le seul à l’avoir remarqué, mais c’est sans doute parce que je sais que c’est lui qui l’a préparé. Je ne dirais rien, car je n’arrête pas de repenser à ce qui s’est passé hier. Je n’ai pas pu m’empêcher de cogiter et j’ai même très mal dormi. Voir Katchan dans cet état m’a vraiment fait mal au cœur. Avant de partir, je crois l’avoir même entendu murmurer « c’est moi le raté » et ce n’est vraiment pas dans ses habitudes. Je ne peux pas m’empêcher de le regarder et il me lance un regard noir.

    -       Tu veux ma photo, débile ? crache-t-il.

    -       Non, désolé Katchan, je ne te regardais pas spécialement.

    -       Quoi Izuku, tu penses que Bakugo pourrait être celui qui a cuisiné ce gâteau ?

    -       Non, bien sûr que non, c’est pas son genre, dis-je un peu gêné.

    -       C’est clair, c’est pas le genre de Bakugo de faire de la pâtisserie, se moque Kirishima, même s’il est doué en cuisine, tout le monde le sait.

    -       La ferme ! dit Katchan. On t’a pas sonné.

    -       Et donc, pour en revenir à la question d’Izuku. Non, Lunch Rush n’est pas en colère. Il voudrait d’ailleurs bien savoir qui a fait ce gâteau, parce qu’il parait qu’il est excellent. D’ailleurs, il l’a distribué à quelques élèves… et… votre serviteur a réussi à en avoir une part, dit Denki fier de lui en présentant la part comme si c’était un trésor.

    Tout le monde regarde avec intérêt, même Sato qui est réputé pour être le meilleur pâtissier de la classe. D’ailleurs, tout le monde se tourne soudain vers lui et il met ses mains devant lui pour nier les choses.

    -       C’est pas moi les gars, j’ai pas besoin d’aller dans les cuisines de l’école, j’ai tout ce qu’il faut dans ma chambre et la cuisine de l’internat. J’aurais aucun intérêt à aller là-bas.

    -       C’est vrai… mais alors… c’est qui ? demande Mina.

    Ils semblent tous intrigués. Je jette une nouvelle fois un coup d’œil à Katchan qui fait comme si ça ne l’intéressait pas, mais je sais qu’il reste attentif.

    -       Et si on le goutait ? demande Mina. On va voir s’il est aussi bon qu’on le dit.

    -       Il n’y en a pas beaucoup. On le joue au Chifumi ?

    Et les voilà en train de jouer pour savoir qui aura le droit de goûter le morceau de Brownie. Je n’ai pas joué, même si l’envie ne m’a pas manqué d’y gouter. Vu l’odeur que j’ai sentie hier, je sais déjà qu’il sera bon, et j’aimerais vraiment en manger un bout, mais je sais que ça ne plaira pas à Katchan, même s’il n’avouera jamais que c’est lui qui l’a fait, alors je m’abstiens un peu à contre-cœur. Les gagnants sont Shoto et Mina, qui se partagent un bout du sésame. Shoto en goute un bout avant de laisser le reste à Sato pour qu’il donne son avis. Et à priori, le brownie a l’air de faire l’unanimité.

    -       Hmmmm ! dit Mina. C’est un délice. Pas trop sucré, mais on sent bien le chocolat. J’aimerais en manger tous les jours. Dommage qu’il y en ait si peu.

    -       C’est vrai qu’il est très bon, approuve Sato.

    -       J’aimerais vraiment savoir qui c’est, dit Mina. Forcément un élève ou un professeur.

    -       Un professeur ne se serait pas caché, je pense dit Momo.

    -       Sauf s’il ne veut pas qu’on se moque de lui.

    -       Oui, mais il ne l’aurait sans doute pas caché à Lunch Rush, juste aux élèves.

    -       Pas faux.

    Les pronostics vont bon train, mais personne ne soupçonne Katchan. Il s’en va d’ailleurs sans un mot. J’ai envie de le suivre, mais il n’appréciera sûrement pas. Et d’ailleurs, pourquoi je le suivrais ? Pour lui dire que je sais ? Non, je n’oserais jamais. Alors, ça ne sert à rien sinon m’attirer ses foudres. Je le suis du regard jusqu’à ce qu’il pousse la porte de la cafétéria. Je regarde son assiette, il n’a rien mangé, elle est aussi pleine que lorsqu’il l’a prise. Je fronce les sourcils.

     

    Katsuki

     

    Ils m’ont bien fait rire ce matin, à chercher qui pouvait bien être l’auteur du gâteau. En tout cas, ça a fait le tour de l’école et tout le monde y va de son hypothèse, mais heureusement, personne ne pense à moi. Il n’y a que cet imbécile de Deku qui a eu une drôle de réaction que, heureusement, personne n’a pris au sérieux.

    Ce soir, pas question de retourner dans la cuisine. Je suis sûr que des petits malins vont tenter de savoir qui se cache derrière ça, donc jusqu’à ce que ça se tasse, je peux dire adieu à mon exutoire. Putain, je suis trop con, j’aurais dû le jeter ce gâteau, mais je n’aime pas le gâchis. Je souris malgré moi. Il a plu en tout cas. Enfin, il ne pouvait pas en être autrement, après tout, je suis doué…

     

    Mouais, tu parles… Y’a meilleur que toi Katsuki, ne rêve pas.

     

    Je serre mes draps, j’ai encore envie de pleurer. J’enfouis mon visage dans mon oreiller. J’ai envie de crier, de hurler ma détresse et ma peine, mais je me retiens. Je n’arrive même plus à être positif, pourtant il faut que je me reprenne. Il y a le rattrapage pour le permis provisoire et je dois me donner à fond, pour espérer rattraper les autres.

     

    Izuku

     

    Je n’ai pas la tête à m’entraîner ce soir. La mission pour secourir Eri a été éprouvante, j’ai bien du mal à m’en remettre. La mort de Sir Night-Eye, la perte de l’alter de Mirio, ce qu’a subi Eri, ça me hante. Je suis assis contre un arbre, mes écouteurs sur les oreilles pour essayer de me détendre. Je profite de la fraicheur de la nuit pour réfléchir un peu. Je dois devenir plus fort, encore plus, ne faire plus qu’un avec le One For All. Je ferme les yeux et m’imprègne de la musique que j’écoute, c’est une musique très mélancolique, elle est comme mon humeur du jour : triste. Je sens mes larmes au coin des yeux mais je me retiens. Je sais que je suis considéré comme un pleurnicheur parce que je pleure facilement. Mais là, j’ai envie d’être fort alors je résiste à l’envie de m’effondrer.

    Ma tête bouge en rythme, mes doigts battent la mesure. J’adore cette mélodie, elle m’emporte dans un autre monde. Je relève la tête et regarde les étoiles, avant de sourire, alors que mes larmes brouillent ma vue. Je n’aurais pas résisté bien longtemps. Alors que la musique amorce sa fin, j’entends du bruit autour de moi, assez fort malgré la musique. Je regarde qui est là et je vois une nouvelle fois Katchan non loin de là, se diriger vers la cafétéria. Je sais qu’il a évité les cuisines pendant ces dernières semaines, pour éviter que quelqu’un ne voit qui était l’auteur du brownie et depuis, on n’en parle même plus. J’imagine que c’est ce qui l’a décidé à réitérer l’expérience.

    Je me lève rapidement. Je veux savoir ce qu’il va faire cette fois. Je sèche mes larmes. Je ne sais pas pourquoi, mais cette nouvelle filature de mon ami d’enfance me rend un peu le sourire. Katchan fait exactement la même chose que la dernière fois. Il prépare soigneusement ses ingrédients et ses ustensiles. Cette fois, je crois qu’il ne va pas faire un brownie. Il y a des pommes sur le plan de travail. Je le regarde faire et il est toujours très minutieux comme à son habitude. J’aime beaucoup le regarder, ses gestes sont si fluides. Alors qu’il termine son gâteau et que je bouge pour mieux le voir, quelque chose craque sous mes pas. Merde !

    -       Qui est là ?

     

    Katsuki

     

    J’ai attendu assez longtemps avant de retourner dans la cuisine de la cafétéria. J’ai bien fait attention que plus personne ne parlait de cette histoire de gâteau. Aujourd’hui, je décide de faire une tarte aux pommes, simple et efficace. Couper les quartiers de pommes et faire la compote me demande du temps, mais cette fois, j’ai prévu plus du temps avant le couvre-feu. J’ai bien fait attention à ce que personne ne me suive et pourtant, j’ai eu une drôle d’impression tout le long du trajet et même encore maintenant. Alors que je m’apprête à sortir ma pate du four, j’entends soudain un bruit de craquement.

    -       Qui est là ? demandais-je.

    Mon cœur s’emballe un peu. J’ai peur d’être découvert. Qu’est-ce que je dois faire ? Aller vers cette personne en lui faisant promettre de ne rien dire ? Le menacer pour qu’il ne dise rien ? J’ai plusieurs options, mais rien ne me garantit que cette personne ne dise rien. Je me dirige vers le bruit rapidement, mais il n’y a personne pourtant, au loin j’aperçois une silhouette. Une silhouette qui ne m’est pas inconnu, puisque je la connais trop bien. Je fronce les sourcils. Ça ne pouvait pas être pire, pourquoi a-t-il fallu que ce soit lui ? A moins que ce ne soit qu’un hasard qu’il se trouve là puisqu’il s’entraîne souvent à cette heure-là. Il va falloir que j’en ai le cœur net.

    Le lendemain, je scrute son visage pour savoir s’il me surveillait ou non et je lis en lui comme dans un livre ouvert. Il n’arrête pas de me regarder depuis qu’on s’est levé ce matin. Pas de doute, c’est bien lui qui était là. Cette nuit, j’ai bien pris soin de ne pas laisser la tarte aux pommes, donc il n’y a aucune raison qu’il me regarde comme ça. Pour être sûr de ce que j’avance, je vais y retourner ce soir et l’obliger à se montrer.

     

    Izuku

     

    Katchan m’a regardé bizarrement ce matin. Est-ce qu’il se doute que c’est moi qui le surveillais cette nuit ? Il m’a entendu c’est certain, mais je ne sais pas s’il m’a vu partir. Il m’a regardé bizarrement toute la journée et ça m’a un peu angoissé, je dois l’avouer. Ce soir, nous devons réfléchir avec toute la classe à ce que nous ferons lors du festival de l’école, car nous n’avons pas réussi à nous décider durant la journée pendant les cours. J’ai vraiment hâte. Une activité ordinaire dans un lycée qui ne l’est pas, c’est vraiment génial.

    Lors de la réunion, plusieurs idées se sont confrontées et finalement il a été décidé de faire un concert. Kyoka doit nous écrire et nous composer la chanson et sera même au chant. Momo, Denki, Fumikage et à ma grande surprise Katchan s’occuperont de jouer des instruments. Moi, je vais danser. J’ai hâte qu’Eri voit ça, ce sera la première fois pour elle qu’elle assistera à un évènement de ce genre, j’espère vraiment qu’elle passera un bon moment. J’espère que tout le monde passera un bon moment, on en a tous besoin, je crois après tout ce qui s’est passé ces derniers mois. Je regarde Katchan, il essaie de ne pas se sentir concerné mais je sais qu’au fond, ça lui plait et je sais aussi qu’il sera consciencieux et qu’il ne bâclera pas son rôle. Il veut montrer à tous qu’il est le meilleur et c’est encore une fois une bonne occasion, d’autant plus que ces derniers temps, il n’est pas très en forme, même s’il ne le montre à personne.

    Le seul moment où il a craqué c’est quand nous nous sommes battus l’un contre l’autre, mais depuis, il fait comme si de rien n’était, alors que je sais, après l’avoir vu dans cette cuisine à faire de la pâtisserie, qu’il n’en est rien. Il est bien plus touché qu’il ne veut le laisser paraitre. J’aimerais l’aider, mais je sais qu’il refusera tout aide de ma part. Il est bien trop fier.

    Ce soir, je ne sais pas s’il va décider de se rendre une nouvelle fois dans la cuisine. J’ai peur qu’il soit méfiant à cause du bruit que j’ai fait hier. Mais, j’aimerais vraiment le revoir pâtisser. Je dois l’avouer, le regarder s’affairer comme ça, me détend moi aussi. Ses gestes m’hypnotisent complètement.

    Je décide d’aller m’entraîner comme d’habitude, on verra bien. Au bout d’une demi-heure, j’entends du bruit près de moi et je vois une nouvelle fois Katchan se diriger vers la cafétéria. Il marche plus lentement que d’habitude, c’est bizarre. J’hésite à la suivre, mais la curiosité l’emporte sur la prudence et lorsque j’arrive, Katchan s’est déjà installé. Je crois qu’il prépare une nouvelle fois un brownie, mais je n’en suis pas sûr. Si seulement, je pouvais m’approcher. Je soupire, ça sent trop bon. Je ferme les yeux et quand je les rouvre, je me rends compte que Katchan n’est plus derrière le plan de travail.

    -       Alors, c’était toi qui m’espionnais, dit-il soudainement devant moi, me faisant sursauter.

    Je me recule vivement de lui, prêt à recevoir un coup de sa part, mais il ne fait rien. Au lieu de ça, il retourne pâtisser, comme si de rien n’était. Je reste un moment coi, surpris qu’il ne m’ait pas balancé une explosion à la figure et surtout qu’il ne me pourrisse pas comme il l’aurait fait d’habitude. J’hésite un moment à faire quoi que ce soit, puis mes jambes avancent toutes seuls vers lui. Je ne sais pas si c’est une bonne idée, mais je le fais quand même. Il reste concentré, comme si je n’étais pas là. Je le regarde attentivement, ses mains font des gestes parfaits. Je n’avais jamais remarqué à quel point, il avait de belles mains, et cette seule pensée me fait rougir. Je relève la tête pour regarder son visage concentré, qui n’a pas un seul regard pour moi. Je le vois vraiment sous un nouvel angle et très franchement, ça me plait beaucoup.

    -       Je ne dirais rien, Katchan, dis-je en brisant le silence qui s’était installé entre nous.

    -       Je sais, dit-il. Si tu avais voulu le faire, tu l’aurais fait la première fois.

    -       Tu… tu savais ? bégayais-je gêné.

    -       J’ai su que tu savais pour le brownie, quand je t’ai vu t’enfuir la deuxième fois.

    -       Ah ! Désolé Katchan.

    -       Je m’en fiche Deku.

    -       Hein ? dis-je surpris.

    -       Je me fiche bien que tu sois désolé, dit-il. J’en ai rien à foutre de toi. T’es qu’un moins que rien.

    Il commence à verser sa préparation dans les moules et moi, je l’observe sans bouger. Pourquoi ces mots me font plus de mal que d’habitude ? Je baisse la tête. C’est son ton. Oui, c’est la différence. D’habitude, il me dit ça avec un ton dédaigneux, en se moquant de moi, mais là, il est sérieux et froid. Il ne me regarde pas.

    -       Katchan !

    -       Quoi ? demande-t-il sèchement alors qu’il termine de verser les dernières gouttes de sa pâte.

    -       Je peux gouter ?

    Je ne sais pas ce qui me prend de demander ça. Je sais très bien qu’il va refuser. Jamais il ne me laissera goûter ce qu’il a préparé. Il vient de me dire qu’il n’en avait rien à foutre de moi, ce n’est pas pour me laisser manger le gâteau qu’il vient de préparer. Il se détourne de moi, pour mettre le gâteau dans le four. Je regarde le bol dans lequel il y avait la pâte, j’ai envie d’y gouter. Je sais qu’il va me pourrir, mais je crois que j’ai perdu mon instinct de survie. J’approche mon doigt et racle une partie du bord et alors que je m’apprête à y gouter, Katchan me prend le poignet. Je tremble légèrement, m’attendant à prendre un coup qui ne vient finalement pas. Au lieu de ça, Katchan se penche sur mon doigt et le lèche d’un seul coup. Je reste figé, incapable de bouger, alors qu’il lèche toute la pâte sur mon doigt. Je rougis malgré moi, gêné par son geste. Il lève la tête vers moi et me lance un regard noir.

    -       T’avise plus de faire ça, dit-il avant de sortir une cuillère et de me la tendre.

    -       Heu… oui… désolé… Ka…Katchan, bégayais-je complètement perdu.

    Il s’est passé quoi au juste ? Pourquoi Katchan a fait ça ? Qu’est-ce qu’il lui a pris de lécher mon doigt comme ça ? Est-ce qu’il se rend compte de ce qu’il a fait ?

    -       Lave-toi les mains la prochaine fois.

    -       La… prochaine fois ? Parce que…

    -       Ta gueule.

    Je ne sais plus trop quoi faire. Je tiens la cuillère dans ma main mais je n’ose pas faire quoi que ce soit. La prochaine fois ? Ça veut dire qu’il accepterait que je revienne une prochaine fois ? Il m’a donné une cuillère, mais il me dit de me laver les mains la prochaine fois, est-ce qu’il m’encourage à recommencer si je me lave les mains ? Je ne comprends vraiment plus le comportement de Katchan. Finalement, je plonge la cuillère dans le bol et racle la pâte restée sur les bords et la goûte.

    -       Hummm ! Juste ça, c’est délicieux.

    -       N’en fais pas trop Deku, dit-il avant de s’asseoir par terre et de regarder le four.

    -       Je suis sincère, dis-je avant de m’asseoir à côté de lui.

    Il ne dit rien à mon grand soulagement et durant un moment nous restons silencieux. C’est la première fois que c’est si calme entre nous, à croire que le four a un effet apaisant sur nous deux et je ne peux m’empêcher de sourire.

     

    Katsuki

     

    C’était bien Deku qui me suivait. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire que je savais et je l’ai même laissé rester. Je ne sais pas trop ce qui m’a pris. J’ai essayé de ne pas me déconcentrer, mais il n’a pas arrêté de me fixer, ce qui m’a perturbé un peu, je dois l’avouer. Je ne comprends toujours pas pourquoi il est aussi gentil avec moi, après tout ce que je lui ai fait et ce que je lui fais encore. Il n’a pas conscience que…

     

    Je suis un connard, c’est moi le moins que rien, l’imbécile.

     

    Quand il a voulu goûter ma préparation, je ne sais pas trop ce qu’il m’a pris. J’ai attrapé son poignet et j’ai léché son doigt. Même moi ça m’a surpris. C’était un geste totalement invraisemblable, j’ai perdu la tête. Il a été surpris, et je l’ai été aussi, même si j’ai fait de mon mieux pour le cacher. Au lieu de ça, je lui ai sorti une banalité pour que ça passe. Il n’a rien dit, mais j’ai senti son trouble. A-t-il senti le mien ? Je ne veux pas le savoir en fait. Je me suis ensuite assis et nous n’avons plus parlé jusqu’à ce que le gâteau soit cuit. Je l’ai sorti et il s’est levé.

    -       Il faut le laisser refroidir un peu avant de le manger, dis-je.

    -       Ça veut dire… que j’ai le droit d’y gouter ? demande-t-il avec espoir.

    Je ne dis rien et il détourne la tête et nous restons encore une fois silencieux, puis quand je juge que le gâteau a assez refroidi, j’en coupe une part et la lui tends.

    -       Je peux vraiment ? demande-t-il surpris.

    -       Dépêche avant que je change d’avis, grognais-je.

    -       Merci. Itadakimasu, dit-il avec un sourire avant de mordre dedans.

    J’attends son impression et je le vois sourire de bonheur. Ses tâches de rougeur sont encore plus visibles et ses yeux se plissent. Je le fixe un moment, surpris par ce visage si souriant. Je détourne ensuite le regard, gêné alors que mes joues chauffent, je ne sais pourquoi.

    -       Oishiiii, dit-il. C’est trop bon Katchan. T’es vraiment doué. Tu sais en quoi tu pourrais te reconvertir, si tu ne deviens pas héros.

    -       Ferme-là ! dis-je soudainement en colère.

    Il perd instantanément son sourire. Ces paroles, je ne voulais pas les entendre.

    -       Tu crois que je ne pourrais pas devenir un héros ? grognais-je.

    -       Je… ce n’est pas ce que j’insinuais.

    -       Tu te crois encore meilleur que moi, Deku de mes deux ?

    -       Ce… ce n’est pas… dit-il en reculant. Katchan, je sais très bien que tu deviendras un héros.

    -       Oui et meilleur que toi, crachais-je.

    -       Je suis désolé Katchan… je ne voulais pas te contrarier.

    Il détourne la tête et je vois qu’il est vraiment contrarié lui aussi. Je recule et d’un seul coup, je me sens mal. Ma respiration s’accélère. Tout ce qui s’est passé ces derniers mois me revient en mémoire et me rappelle à quel point je suis bien loin de devenir un héros.

    -       Katchan ? s’inquiète Deku.

    Je lui tourne le dos et m’agrippe au plan de travail. Je sens soudain une main sur mon épaule et je la repousse violement, si violement que Deku recule et fait même tomber le plat où se trouvait le gâteau.

    -       Aïe ! dit Deku.

    Je crois que le plat encore chaud lui a légèrement brulé le bras en tombant. Il se le tient, tandis qu’il grimace de douleur et qu’il regarde le gâteau à terre. Moi, je reste là à le regarder sans bouger, figé, incapable de faire quoi que ce soit.

    -       Katchan ? dit Deku.

    -       Je… désolé, dis-je en reprenant mes esprits. Passe-toi de l’eau froid, tu dois avoir mal, je vais ramasser.

    Il me regard surpris, et je vais chercher de quoi nettoyer. Quand je me retrouve dans le placard à balais, je frappe le mur, alors qu’une larme coule soudainement de mon œil droit. Je suis vraiment trop con. Je m’essuie les yeux d’un revers de la main, et prends le balai. Je ne regarde pas Deku qui passe son bras sous l’eau.

    -       Tu mettras de la pommade en rentrant, lui dis-je alors que je ramasse ma connerie.

    -       Oui, dit-il simplement.

    Je finis de nettoyer et sans un mot, nous retournons au dortoir. Deku me dit juste bonne nuit et je ne lui réponds pas. Je suis vraiment pitoyable. Pourquoi il faut toujours que je me laisse emporter ?

     

    Katsuki, tu es le pire de tous !

     

    Izuku

     

    Je suis rentré au dortoir un peu sonné. Cette soirée a été vraiment très étrange. L’attitude de Katchan était tellement bizarre, en dent de scie. Il a été plutôt gentil, ce qui n’est pas dans ses habitudes et d’un seul coup, il est redevenu lui-même à cause d’une parole malheureuse. Dès que l’on parle de sa carrière de héros, il est tout de suite dans l’excès. Ça je m’y attendais, j’ai l’habitude. Ce dont j’ai moins l’habitude, en revanche, c’est qu’il se montre prévenant. Il m’a encouragé à soigner mon bras et son visage à ce moment-là était si empreint de tristesse, que ça m’a fait mal au cœur. Pour ne pas envenimer les choses, je n’ai rien dit, lui souhaitant seulement bonne nuit, puis nous sommes allés nous coucher chacun dans notre chambre.

    Le lendemain, Katsuki est redevenu lui-même, et pourtant, j’ai senti aussi au moment où il est parti avec Shoto pour son rattrapage au permis provisoire, qu’il était découragé. Quand il a vu que je le regardais, il m’a lancé un regard haineux, me disant d’aller me faire voir et je n’ai rien répondu.

    Je regrette un peu le début de soirée d’hier, même si je ne comprends pas trop son geste. Qu’est-ce qu’il lui a pris de me lécher le doigt comme ça ? Je rougis, rien que d’y penser, alors que lui n’a pas eu l’air d’être perturbé plus que ça, comme si c’était tout à fait normal. Il a fait comme si de rien n’était, mais n’importe qui aurait pris son geste autrement. Mais connaissant Katchan comme je le connais, c’était juste un réflexe sans doute. Il ne voulait pas que je goute directement la pâte avec mes doigts et c’est ce qu’il a trouvé de mieux pour m’arrêter sur le moment. C’est sûr que je ne suis pas près de recommencer.

    Les jours qui suivirent furent tellement intenses que j’ai à peine eu le temps de m’entraîner. Mina a insisté pour que nous nous entrainions tous les soir à danser et donc, à la fin de la soirée, j’étais tellement crevé que je n’ai pas eu le courage de sortir. Je crois que Katchan n’est plus retourné lui non plus en cuisine. Je crois même que ça l’a vacciné pour un moment.

    Ce qui me rassure, c’est qu’il a quand même pris à cœur de s’entraîner à la batterie pour le festival. De toute façon, je le connais, il n’est pas du genre à faire les choses à moitié, et il veut prouver à toute l’école qu’on mérite d’être à Yuei et plus particulière en classe héroïque. Ces derniers temps les autres élèves nous reprochent tous les maux du monde, il faut dire qu’on a été sous les feux des projecteurs plus d’une fois, et pas toujours pour les bonnes raisons.

    La veille du festival, je décide de sortir m’aérer un peu. Malheureusement, j’ai appris il y a quelques jours, que je ne serais pas sur scène durant tout le spectacle, je suis un peu déçu car je voulais que Eri me voit, mais bon… j’y serais quand même un peu, ce sera déjà ça. Je lui également prévu une surprise avec l’aide de Sato, j’espère que ça lui plaira et lui rendra le sourire.

    Je lève la tête et regarde les étoiles, avant de fermer les yeux pour profiter de la fraicheur du soir. Je m’assois ensuite contre un arbre, prends mon téléphone et mets mes écouteurs avant de lancer ma musique. Je referme les yeux un moment, profitant du son qui se diffuse doucement dans mes oreilles. Puis, j’entends soudain un bruit près de moi. Je rouvre brusquement les yeux, sur mes gardes. C’est là que je le vois, Katchan. Il me regarde au loin, le visage fermé. Nos yeux se croisent durant un instant, puis il reprend son chemin en direction du dortoir. Il ne compte pas aller pâtisser aujourd’hui, il faut dire qu’une longue journée nous attend demain alors j’imagine qu’il ne veut pas se fatiguer pour rien.

    Je reste encore un moment dehors, à écouter ma musique, puis me décide à rentrer. Je ne sais pas pourquoi mais avant de rentrer, je lève la tête pour regarder les balcons de la résidence et je vois Katsuki accoudé à celui de sa chambre. Il a le regard dans le vide et je le vois soudain mettre sa tête entre ses bras. Son attitude me fait mal au cœur. Je sens qu’il y a quelque chose qui ne va pas, mais je ne sais pas comment l’aider. Je sais qu’il me repoussera si je fais quoi que ce soit et ça me dérange, je dois l’avouer. J’aimerais tellement pouvoir l’aider, mais son égo est tellement élevé qu’il m’en empêche. Je soupire avant de rentrer et d’aller me coucher. Je réfléchirais quand même à une solution, je n’aime pas le voir comme ça, c’est plus fort que moi, quand quelqu’un est dans le besoin, je ne peux m’empêcher de vouloir l’aider.

     

    Katsuki

     

    Je n’ai pas pu m’empêcher de regarder Deku, quand je suis passé. Il avait ses écouteurs sur les oreilles. J’aurais pu simplement passer mon chemin sans un regard, mais ça a été plus fort que moi. On ne s’est pas vraiment parlé ces derniers jours. Je ne sais pas pourquoi je ressens ce sentiment de culpabilité pour ce qui s’est passé ce soir-là. Ça n’a aucun sens. J’ai fait comme d’habitude et pourtant, je ne sais pas… ça m’a perturbé plus que d’habitude. Il faut dire que l’ambiance était totalement différente, je ne me suis pas comporté comme d’habitude. J’ai été même surpris par mon calme, mais bien entendu, ça n’a pas duré. Le simple fait, qu’il évoque ma carrière héroïque et qu’il la remette en question a eu le don de me faire sortir de mes gonds. Je suis à fleur de peau dès qu’il s’agit de ça. Rien ne tourne comme je le veux ces derniers temps, alors la moindre remarque me fait partir en vrille, d’autant plus quand c’est lui qui en parle.

    Même si ces derniers temps, j’ai été très occupé avec le rattrapage et le festival, je n’arrive pas à me remotiver. J’ai l’impression de stagner de plus en plus, malgré mes efforts. Et même si je donne le change, mon moral est au plus bas.

    Je suis remonté dans ma chambre et voyant que je n’arrive pas à dormir, je décide d’aller faire un tour sur mon balcon. Je remarque que Deku est toujours à la même place. Il a les yeux fermés et semble profiter de sa musique. Je l’envie d’être aussi insouciant. Je fronce les sourcils.

    Le regarder aussi serein, me rappelle que chaque jour, il devient de plus en plus fort. Il est en train de s’approprier complètement le One For All, il a le permis provisoire, il est aimé de tous. Il a le profil du parfait super héros, contrairement à moi. Je serre le garde-corps, jusqu’à m’en faire mal aux mains. J’ai presque envie de pleurer tellement je suis pitoyable. Ça m’énerve d’être jaloux de lui. Je devrais être le meilleur, je devrais le surpasser en tout, mais il est en train de partir devant et moi, je peine à le rattraper. Quand est-ce que les rôles se sont inversés ?

    J’enfouis ma tête entre mes bras. Je suis au bord des larmes encore une fois. J’ai envie de crier, mais je me retiens. Je ne veux pas qu’on m’entende ou qu’on me voit dans cet état. Je dois enfouir toute cette frustration en moi. Je dois être plus fort. Je suis Katsuki Bakugo, bordel. Je serais le numéro un des héros, je ne dois pas me laisser abattre, sinon, ce sera terminé pour moi. Je me redresse soudainement et souffle un bon coup. Je ne regarde pas en bas, j’ai peur que si je vois Deku, ma volonté s’envole. Je décide de retourner dans ma chambre, puis je me couche, même si je sais que je ne trouverais pas le sommeil tout de suite, comme tous les jours.

     

    Izuku

     

    L’avant festival a été chaotique pour moi. Je ne m’attendais pas à devoir me battre contre un vilain. J’étais pourtant juste allé chercher la corde qui nous manquait pour le spectacle. Je suis, cependant arrivé juste à temps, même si je me suis pris des remontrances de quelques profs. Hound Dog fait vraiment peur parfois, j’en ai encore des frissons dans le dos. Je me suis changé vite fait et le spectacle a commencé. Les gens dans la salle attendaient de pouvoir nous lyncher, mais quand Katchan a lancé le signal de départ, tout le monde en a pris plein les yeux. J’ai aperçu Eri dans le public, dans les bras de Mirio.

    Durant tout le concert, j’ai espéré qu’elle passe un bon moment et à la fin de la chanson, tout le monde était en transe. Nous avions réussi, à leur donner un peu de bonheur. Tout le monde est ensuite sorti pour la suite des festivités et Eri et Mirio m’ont rejoint pour nous féliciter. La petite était aux anges et c’est tout ce qui comptait. J’ai passé ensuite le reste de la journée avec elle et je lui ai fait la surprise de lui faire goûter une pomme d’amour que j’ai fait avec l’aide de Sato. Son sourire a été mon plus beau cadeau de la journée.

    Quand enfin, la journée s’est terminée, j’ai un peu tardé devant l’internat, écouteur sur les oreilles, à profiter des étoiles et de la lune. J’ai fait quelques exercices, même si avec ce qui s’est passé ce matin, je n’en avais pas vraiment besoin, puis je suis allé me coucher. En rentrant, j’ai vu que Katchan avait une nouvelle fois déserté l’internat pour se rendre au réfectoire, mais cette fois, j’ai préféré ne pas m’y aventurer. La dernière fois m’a suffi, je suis passé par tellement d’émotions, que je ne sais plus trop quoi penser de lui et je pense que ce n’est pas encore le moment d’aller le voir pour essayer de l’aider.

    Il a eu beau être le même que d’habitude toute la journée, arrogant et sûr de lui, je sais qu’au fond, il n’en est rien. Je l’ai vu à sa façon de se tenir lorsqu’il s’est éloigné tout à l’heure. Ce n’était pas la démarche de quelqu’un sûr de lui, au contraire. Je suis allongé sur mon lit et je n’arrive pas à me sortir de la tête ce qui s’est passé avec lui la dernière fois. Je serre les poings et cache mon visage dans l’oreiller en espérant trouver le sommeil.

    Le lendemain, je suis malheureusement complètement HS. Je n’ai pas beaucoup dormi, cogitant encore sur le cas de Katchan. Pourquoi je n’arrive pas à me le sortir de ma tête ? Est-ce mon côté héros qui ressort ? Probablement, mais j’ai l’impression qu’il y a plus que ça. C’est peut-être le fait que je connais Katsuki depuis l’enfance et que je ne peux pas me résoudre à le laisser tomber malgré tout ce qu’il m’a fait par le passé. Je sais que c’est débile, je ne devrais pas m’en préoccuper autant, il m’a quand même harcelé une partie de mon enfance.

    N’importe qui dirait que ce n’est pas quelqu’un de bien. Mais, c’est plus fort que moi, je sais qu’il a de bons côtés quand il veut. Et puis, il est… moins méchant depuis le lycée, et j’ai l’impression qu’il reconnait peu à peu ma valeur, même s’il ne l’admet pas ouvertement. Je n’ai pas envie de le laisser tomber, je l’admire et je le respecte. Je sais qu’il peut encore changer pour devenir meilleur, j’en suis persuadé.

    -       T’as une sale tête Midoriya, dit Iida. Tu n’as pas beaucoup dormi ?

    -       Pas vraiment non.

    -       Il est pourtant important de bien dormir la nuit pour être en forme toute la journée.

    -       J’y penserais oui.

    Iida peut être très gentil, mais il ne voit parfois pas le fond des choses et ne se pose pas de questions sur le pourquoi du comment. Je prends un plateau pour prendre mon petit-déjeuner et je vois un attroupement devant les desserts. Je me fraye un chemin tant bien que mal pour voir ce qui se passe et je remarque que les élèves se battent pour ce qui ressemble à un brownie. Est-ce que par hasard… ? Je regarde autour de moi, mais ne le vois pas dans la salle. Ce n’est peut-être qu’une coïncidence, je dois me faire des idées. Je finis par éviter cette foule, en prenant seulement un fruit, dont le rayon a été délaissé par les élèves. Je n’ai pas très faim aujourd’hui de toute façon et je retourne m’asseoir près d’Ochaco et Tenya, qui ont déjà bien entamé leur petit-déjeuner.

    -       Tu ne prends que ça Midoriya ? me demande Iida.

    -       Je n’ai pas très faim.

    -       Le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée, tu sais.

    -       Je sais, soupirais-je.

    C’est marrant, mais je ne suis pas vraiment enclin à écouter ses sermons ce matin. Je croque dans ma pomme et me rends compte que Katchan vient d’entrer dans le réfectoire. Il ne prend qu’un yaourt et va s’asseoir à l’autre bout de la table, accompagné de Kirishima et Kaminari. Je vois alors Tenya faire le même sermon à Katsuki qui l’envoie balader sans ménagement.

    -       Ferme-là, on t’a pas sonné, dit Katchan avec son ton le plus aimable.

    Iida s’indigne, mais il l’a bien cherché. Il devrait savoir que Katsuki n’est pas très aimable au réveil, enfin il l’est même rarement dans la journée, mais là, je sens que c’est pire aujourd’hui, comme s’il était contrarié par quelque chose.

    -       Eh ! Vous savez quoi ? dit Kaminari. Il parait que le pâtissier mystère a refait des siennes.

    -       Ah oui ? Ça explique la foule devant les pâtisseries, dit Kirishima.

    Je regarde directement Katchan qui détourne le regard, en faisant claquer sa langue. Encore une fois, les suppositions vont bon train sur l’identité de la personne qui fait ça en pleine nuit. Alors hier, il est vraiment retourné au réfectoire pour faire des gâteaux et il les a même laissés. Qu’est-ce qu’il cherche au juste ?

    -       T’as une idée Midoriya ?

    -       Hein ? Quoi ? Sur quoi ?

    -       Sur l’identité de la personne qui fait ces gâteaux.

    -       Non, aucune idée, dis-je en fixant Katsuki.

    Personne ne remarque que je le regarde et ce dernier fait comme si ça ne l’intéressait pas. Je finis par détourner le regard à mon tour, de peur que quelqu’un se doute de quelque chose. S’il est retourné là-bas hier, c’est qu’il était vraiment contrarié, je pense.

     

    Katsuki

     

    Ce matin, tout le lycée était en effervescence à cause du pâtissier mystère. Je sais que j’ai pris un risque à laisser les gâteaux sur le plan de travail, mais je n’avais vraiment pas envie de les jeter. On ne se doute toujours pas que c’est moi qui les fais et je ne sais pas si j’ai envie ou non qu’on le sache. Je sais très bien qu’on me raillerait si c’était le cas et je sais que ça m’agacera fortement. Pour autant, j’ai une certaine satisfaction qui s’empare de moi quand je vois que les gens font la queue pour pouvoir en manger un bout.

    J’ai fait comme si de rien n’était et comme d’habitude, les autres ont considéré que je m’en foutais totalement, ce qui est loin d’être le cas. J’ai quand même senti le regard de Deku sur moi, le seul à savoir ce que c’est moi. Quand on lui a posé la question, il a fait mine de ne rien savoir. Il aurait pu le dire, mais il s’est tu. Pourquoi ? Il aurait tellement pu se venger s’il l’avait fait, mais je sais qu’il n’est pas comme ça. Jamais, il ne sera comme ça. Il est gentil, beaucoup trop gentil.

    Après tout ce que je lui ai fait, il devrait me détester, me haïr, ne plus vouloir me parler, mais il est toujours là. Il m’a dit qu’il m’admirait depuis toujours, mais il n’y a rien à admirer chez moi. Je ne suis qu’un connard arrogant, qui se moque des plus faibles, alors qu’il devrait les défendre. Deku est bien meilleur que moi. Il m’accepte même comme je suis, il me pardonne mes écarts et il me défend. Pourtant, je ne mérite vraiment pas sa compassion et c’est ça qui me fait le plus chier et qui fait qu’il m’agace à ce point.

    A la fin de la première matinée de cours, je décide de le prendre à part. Je ne sais pas pourquoi je fais ça, sûrement pour m’assurer qu’il ne dira vraiment rien sur ce que je fais la nuit. Je veux m’en assurer alors que je sais pertinemment qu’il ne fera rien pour me nuire. Pour autant, j’ai besoin de l’entendre de vive voix. Je me retourne avant que Deku n’ait l’idée de partir et il semble surpris par mon geste.

    -       Deku, on peut parler ? demandais-je.

    -       Heu… oui, si… si tu veux Katchan, dit-il mal à l’aise.

    Je me lève et il me suit dans la cour. Il n’a pas l’air de savoir quoi faire de son corps, car il n’arrête pas de bouger, ne sachant pas quelle position prendre pour me parler. J’avoue qu’il commence déjà à m’agacer, mais je prends sur moi, après tout, c’est moi qui ai voulu lui parler.

    -       Pourquoi t’as rien dit ce matin ? demandais-je soudainement.

    -       Par rapport à quoi ? demande-t-il.

    -       Tu sais très bien de quoi je parle.

    -       Ah ! Heu… eh bien… bégaye-t-il, je t’avais dit que je ne dirais rien et je ne pense pas que tu aurais apprécié que je parle.

    -       C’est clair.

    Le silence s’installe entre nous et je sens qu’il a envie de me demander quelque chose. Je soupire, encore plus agacé que tout à l’heure. Il peut pas simplement dire ce qu’il a à dire au lieu de cette hésitation énervante. Il fait ça depuis toujours, pourquoi il ne parle pas franchement bon sang.

    -       Deku, dépêche-toi de cracher le morceau, sinon je t’en colle une.

    -       Hein ? Mais…

    -       Je sais que tu veux me demander quelque chose. Tu tritures toujours tes mains quand tu hésites à me parler et tes yeux sont fuyants alors dépêche-toi.

    -       Heu… je me demandais, si… tu allais bien, hésite-t-il.

    -       Pourquoi tu me demandes une chose pareille ?

    -       Pour rien, oublie, dit-il en détournant le regard. Mais…

    -       Pourquoi t’es pas venu hier ? demandais-je soudainement pour ne pas qu’il essaie de me demander d’avantage mon état mental.

    -       Pourquoi ? Je… ben, après ce qui s’est passé la dernière fois, je me suis dit que tu n’apprécierais pas.

    -       Tsss !

    -       T’aurais voulu que je vienne ? demande-t-il en me regardant dans les yeux.

    -       Raconte pas des conneries, mais comme je t’ai vu dehors, je pensais que t’allais pas manquer de me suivre, comme le toutou et le deku que t’as toujours été.

    -       Sympa, dit-il vexé. Je suis pas un chien. T’as peut-être des problèmes dans ta vie, Katchan, mais c’est pas la peine d’insulter les gens. Je m’inquiétais vraiment pour toi, mais en fait, t’es toujours aussi détestable. Tu t’inquiétais de quoi au juste en voulant me parler ? Que je brise ta réputation ? T’en as déjà pas, tu la détruit toi-même alors que t’es même pas encore un héros. Et franchement, je préfère être un bon à rien qu’un connard arrogant.

    Je reste abasourdi par ses paroles. C’est la première fois qu’il est aussi cash avec moi et j’avoue que ça me déstabilise. Je ne réponds rien et il a l’air surpris. Je recule même. C’est la première fois que je le mets autant en colère au point qu’il m’insulte. J’ai encore été trop loin, beaucoup trop et cette fois il ne s’est pas laissé faire. En temps normal, je lui aurais défoncé la gueule, mais là… mon corps ne m’obéit plus. Il me regarde avec rage et j’ai l’impression… qu’il est réellement blessé et même… triste ?

     

    Je suis vraiment nul, il a raison, c’est plutôt moi le bon à rien. Qu’est-ce que je dois faire ? Je ne sais plus comment agir. Je perds complètement pied.

     

    -       Tu changeras jamais Katchan, pourtant, j’y ai cru l’espace d’un instant, dit-il déçu. Va te faire voir.

    Il tourne les talons et je n’arrive toujours pas à bouger. Pourtant, le voir s’éloigner brise quelque chose en moi. Je sais qu’en temps normal, je m’en serais foutu. Son opinion, il y a encore quelques temps, je m’en foutais, alors pourquoi aujourd’hui, ça m’importe plus que celui d’un autre ? Je déglutis. Si je laisse la situation comme ça, je risque d’empirer la situation. Je… je ne veux pas qu’il me dét…

    -       Deku, dis-je en lui attrapant le bras.

     

    Izuku

     

    Dire que je pensais qu’il avait changé un peu, mais c’est toujours le même. Je sais que j’ai été un peu trop loin. J’ai pourtant toujours eu l’habitude de ses insultes, mais là, je ne sais pas pourquoi, c’était celle de trop. Je pense que c’est parce que j’ai trop attendu de lui, ces derniers temps. J’avais eu l’impression de voir une autre facette de lui, mais il s’escrime à vouloir tout cacher au point d’insulter ceux qui veulent l’aider et ça me met hors de moi. Cette fois, c’est fini, je ne peux pas supporter une énième insulte de sa part. S’il veut s’enfoncer un peu plus, c’est son problème, je ne veux plus m’en mêler.

    Alors que je lui tourne le dos, je sens mon visage se crisper et je sens mes yeux me bruler. Non, je ne peux pas me mettre à chialer, pas maintenant. J’en ai marre de toujours me mettre dans un sale état pour lui. Alors que je m’éloigne de lui, je sens soudainement qu’on m’attrape le bras.

    -       Deku, dit-il. Attends, ne pars pas.

    Je me retourne surpris et d’un seul coup, mes larmes coulent toute seule et il me lâche le bras de surprise. Je peux lire dans son regard qu’il est totalement perdu et ma résolution de le laisser tranquille vole déjà en éclat. Je n’aurais même pas tenu une minute. Je regarde autour de nous et me rends compte que nous sommes beaucoup trop à découvert. Je ne sais pas pourquoi je m’en préoccupe maintenant, sans doute parce que j’ai toujours trop de considération pour Katsuki et que je sais qu’il n’aimerait pas que l’école le voit dans cet état.

    Cette fois, je lui prends le bras et l’emmène à l’écart et il se laisse faire. C’est la première fois que le vois si calme et si docile. J’essuie les quelques larmes qui ont coulé à cause de lui, et me rends compte qu’il a le regard vide. Je m’approche de lui et agrippe ses deux bras. Il ne me regarde pas et mon cœur soudain se serre.

    -       Parle-moi Katsuki, dis-je doucement.

    -       Je… ne peux pas, dit-il en serrant les dents.

    -       Je suis désolé. Je n’aurais pas dû m’emporter comme ça. Ce n’est pas mon genre, mais ça m’a frustré que tu agisses comme ça.

    -       J’ai toujours agi comme un connard, Deku.

    -       Oui, mais là, c’était trop, d’autant plus que tes réactions ne coïncident pas du tout avec tes paroles. Tu peux essayer de donner le change en faisant croire que tout va bien, mais un jour ça va t’exploser à la figure et c’est pas peu dire, dis-je avec un sourire.

    -       Pfff ! C’est nul, dit-il.

    -       Je sais, mais d’un autre côté, c’est vrai. Plus tu te cacheras et plus la chute sera brutale. J’ai bien compris que faire de la pâtisserie t’aidait à évacuer ton stress et tes frustrations. Si c’est ce qu’il te faut, alors continue, je protègerais même ton havre de paix s’il le faut, si ça peut te faire te sentir mieux.

    -       Pourquoi tu ferais ça ? demande-t-il alors que ses lèvres tremblent.

    -       Parce que… c’est ce que font les héros, ils protègent les autres, dis-je.

    -       Tu te prends pour mon héros ? N’abuse pas trop Deku.

    -       Prends ça comme tu veux, Katchan. Mais sache que je le ferais quoiqu’il arrive. Je veux que tu te sentes bien, c’est tout.

    -       Pourquoi ? Pourquoi être aussi gentil avec moi alors que je ne l’ai jamais été avec toi ?

    -       Je ne sais pas, je suis sans doute idiot.

    -       Ça ne fait aucun doute, dit-il avec un sourire en coin, un peu triste.

    -       Je sais que je suis idiot, mais je préfère ça à rester indifférent à ta douleur. Je ne veux pas avoir à regretter de ne pas t’avoir aidé quand tu en as eu le plus besoin.

    -       Deku le bon samaritain.

    -       Tu comptes me donner encore combien de surnom comme ça ? demandais-je en souriant tendrement.

    -       Autant qu’il le faudra, dit-il.

    -       D’accord. Alors ?

    -       Alors quoi ? Fais comme tu veux, crache-t-il.

    Je lui souris et il ne me regarde pas, un peu mal à l’aise sans doute à cause de cette conversation. Il faut dire qu’on se parle rarement aussi franchement.

    -       Ça va aller ? demandais-je.

    -       Bien sûr que oui, le nerd. C’est bon, je suis pas en sucre non plus.

    -       Je sais. Je vais te laisser, il ne nous reste plus beaucoup de temps pour déjeuner et j’ai faim. Je pars en premier.

    Il me fait un signe de la tête que j’interprète comme un remerciement. Je m’en vais et vais jusqu’à la cafétéria. Je vois Katchan arriver quelques minutes plus tard. Installé à côté d’Ochaco et de Tenya, je ne peux m’empêcher de regarder Katsuki, rassuré qu’on ait pu se parler comme ça. Dire que j’étais à deux doigts d’abandonner, s’il n’était pas venu vers moi, je crois que ça aurait été pour de bon. Mais, s’il m’a rattrapé, c’est qu’il y a vraiment encore un espoir.

    -       Qu’est-ce que tu regardes Deku-kun ?

    -       Rien, rien de spécial, dis-je en souriant.

    Ochaco et Tenya me regardent sans comprendre. De mon côté, je préfère ne rien dire et continuer mon déjeuner tranquille en me disant que les choses vont vraiment changer à partir d’aujourd’hui.

     

    Katsuki

     

    Durant les semaines qui suivirent, j’ai continué à pâtisser juste avant le couvre-feu aidé de Deku. Il ne restait pas toujours avec moi, mais il protégeait comme il l’avait promis mon havre de paix. Quand il restait, nous ne disions rien de la soirée. Il me regardait juste cuisiner avec patience. Je lui faisais goûter ensuite ce que je faisais et nous laissions ensuite le reste sur le plan de travail.

    Les élèves s’étaient à présent habitué à avoir des pâtisserie certains matins. Lunch Rush ne cherchait même plus à savoir qui était le mystérieux pâtissier qui utilisait ses cuisines, mais quelque chose me dit qu’il a déjà découvert que j’en étais à l’origine et qu’il avait simplement décidé de me laisser faire à ma guise. Je ne pense pas que j’aurais pu berner un héros aussi longtemps, d’autant plus dans sa propre cuisine. Enfin, bref, ça m’a bien arrangé.

    Et d’ailleurs, les choses s’arrangent aussi peu à peu. Nous avons fait une session de combat contre le seconde B que j’ai bien entendu gagné avec mon équipe, ce qui m’a un peu rassuré, je dois l’avouer. Ce n’est pourtant pas encore la grande joie, mais après ça, j’ai enfin eu mon permis provisoire ce qui est une grande avancée dans ma carrière de héros.

    Cependant, je ne me réjouis pas trop vite, car j’ai encore du retard par rapport aux autres qui ont déjà pu travailler dans des agences, alors que moi je trimais avec des morveux au début de mon rattrapage. Enfin, maintenant, c’est terminé et après les vacances de Noël, je pourrais enfin passer aux choses sérieuses et montrer ma valeur. J’en ai besoin pour ne pas me sentir encore plus en marge des autres.

    Aujourd’hui, c’est Noël et je passe ce jour avec mes camarades de classe. On va faire une fête ce soir. Je fais comme si je me foutais de cet évènement, mais au fond, Noël est ma fête préférée. J’aimerais tellement me laisser aller pour une fois, mais ma conscience est toujours en mode défensive si bien que je n’arrive même pas à profiter de la journée, restant dans mon rôle de je m’enfoutiste de première.

    Mais, malgré tout, je me suis permis une petite entorse, qui passera inaperçu aux yeux de tous, sauf d’une personne. Je ne sais pas pourquoi j’ai eu cette pulsion, mais j’avais besoin de faire une bonne action pour une fois, et je pense que le jour de Noël, c’est le meilleur moment. Je ne sais pas ce qu’il va en penser, j’ai peur qu’il s’emballe comme à son habitude, mais bon… pour une fois, je prendrais sur moi pour ne pas lui faire de remarques désobligeantes. A vrai dire, au fond de moi, j’attends vraiment de connaître sa réaction.

     

    Izuku

     

    Il s’est passé pas mal de choses ces dernières semaines, je ne les ai d’ailleurs pas vu passer. Je me suis surpris à passer plus de temps avec Katchan que prévu, même si nous n’avons pas tellement parlé. J’avais trop peur qu’il m’envoie bouler et qu’il ne veuille plus que je sois près de lui, pendant la préparation de ses gâteaux. Je me rends compte que je suis vraiment un privilégié. Le fait que l’on partage ces moments tous les deux me fait extrêmement plaisir et je sais que j’ai beaucoup de chance.

    Cependant, même si durant ces moments Katchan reste plutôt courtois, en dehors, il redevient le Katsuki Bakugo que j’ai toujours connu, même s’il est un peu moins incisif qu’avant. Lors du cours en commun avec la seconde B, il a même fait preuve d’esprit d’équipe alors qu’auparavant il partait toujours dans son coin, en pensant qu’il n’avait besoin de personne. J’ai l’impression que son rattrapage pour le permis provisoire lui a été bénéfique. Il s’est un peu remis en question et je le sens un peu mieux depuis quelques temps, plus détendu, ce qui me rassure beaucoup.

    Aujourd’hui c’est Noël et je vais le passer avec ma classe, mais aussi Eri, qui n’a jamais eu de vrai Noël. Je suis ravie qu’elle puisse découvrir ça. Ça me fait vraiment plaisir. Monsieur Aïzawa doit nous l’amener en début de soirée. Après Noël, je rentrerais chez ma mère, comme beaucoup d’élèves de ma classe. On en a eu l’autorisation, à condition qu’un héros pro nous accompagne.

    Avant la soirée, je décide d’aller m’entraîner un peu. Il ne fait pas très chaud, mais je vais juste aller courir, histoire de me maintenir en forme. Avec la découverte de mon deuxième alter, je n’ai pas arrêté de m’entraîner pour le perfectionner mais je suis bien loin de le maîtriser. Je ne m’attendais pas à une évolution pareille, mais après, c’est logique, d’autres porteurs l’ont eu avant moi, avec pour la plupart leur propre alter et l’un d’eux s’est manifesté lors du cours en commun avec la seconde B.

    Ça m’a perturbé et j’ai vraiment eu peur de perdre le contrôle, mais maintenant, je fais tout pour pouvoir le maîtriser. Je ne veux blesser personne. Me blesser moi-même parce que mon corps supporte mal le One For All passe encore. Mais que mon alter puisse blesser quelqu’un même involontairement, ça je ne peux pas l’accepter.

    Je cours près d’une heure, puis finis par rentrer au dortoir. Tout le monde est en train de préparer la fête et je me hâte d’aller prendre une douche et me changer pour aller les aider. Je passe d’abord par ma chambre pour prendre mes affaires avant d’aller dans la salle de bain commune. Une fois que je suis préparé, je rejoins mes camarades pour les aider.

    Tout le monde s’y met, sauf Katchan qui comme d’habitude fait semblant que ça le saoule. Mais je sais qu’il aime cette fête. Quand on était petit, il attendait toujours avec impatience la période de Noël, alors, je ne suis pas dupe. Je crois même avoir vu un petit sourire de satisfaction flotter sur son visage, mais, c’était très furtif. Si ça se trouve, je l’ai peut-être rêvé, mais je préfère me dire qu’il était bien là. C’est marrant, mais j’aurais bien aimé qu’il fasse un gâteau pour l’occasion, mais je sais que ce serait se trahir. Je me contenterais de celui de Sato, qui d’ailleurs, nous a à priori préparé le repas.

    La soirée commence quand Eri arrive. Elle est trop mignonne dans sa tenue de mère Noël. Tout le monde est en admiration devant elle. Nous faisons tout d’ailleurs pour la mettre à l’aise et qu’elle profite de cette soirée. Nous mangeons, nous échangeons les cadeaux. Katchan bougonne, mais je vois qu’il s’amuse vraiment et à la fin de la soirée, nous sommes tous dans un état de bonheur intense. D’ailleurs, quand je vais me coucher, mon sourire reste figé sur mon visage. Je rentre dans ma chambre, des souvenirs pleins la tête.

    Je me change pour la nuit et alors que je m’apprête à entrer dans mon lit, je remarque quelque chose sur mon oreiller. C’est un petit paquet, avec un papier vert émeraude et un ruban vert d’eau. Je le prends, me demandant de qui ça peut bien venir. Je l’ouvre avec précaution, me disant l’espace d’un instant que c’était peut-être dangereux, mais personne n’a pu entrer ici à part un élève ou un professeur donc c’est forcément quelqu’un d’ici.

    Ochaco peut-être ? Non, elle me l’aurait offert directement. Mais alors qui ? Je l’ouvre et je vois une petite boite où se trouve des chocolats, à priori faits maison. Il y a un petit message : « Joyeux Noël ». Je reconnais sans peine l’écriture, et je souris. Je n’aurais jamais cru qu’il penserait à moi et surtout qu’il m’offrirait un cadeau. Je souris, vraiment touché par son geste. Il la fait très discrètement, mais c’est tout lui et ça me fait vraiment plaisir. Je compte bien lui rendre la pareille, même si je ne suis pas sûr qu’il accepte le geste.

     

    Katsuki

     

    Je ne sais pas si Deku a ouvert mon cadeau. Il n’a rien laissé paraître le lendemain de Noël. Si ça se trouve, il n’a pas compris que c’était moi. Ou alors, il s’en fiche. Il sait que c’est moi mais il n’en a rien à faire de mon cadeau. Non, ce n’est pas le genre de Deku. Même si ça ne lui plait pas, il remerciera la personne qui lui a offert un cadeau, quoiqu’il arrive. Mais quand même, ça fait trois jours que je lui ai laissé et il n’a pourtant rien dit. J’avoue que je suis un peu déçu quand même, ça m’énerve même. Mais je n’ai pas envie de lui montrer, j’ai peur qu’il se moque de moi.

     

    Je ne mérite rien, je ne mérite rien d’autre que des moqueries, je le sais. Aucune excuse, aucun merci, il ne me doit rien. Ça a toujours été moi le moins que rien.

     

    Je sais, je suis plein de contradiction. Je sais que Deku est quelqu’un de gentil, mais je m’imagine toujours même si ce n’est pas son genre qu’il va se moquer de moi. Je soupire alors que je finis de faire mon sac Pour le nouvel an, je rentre chez mes parents. J’avoue que j’aurais préféré rester tranquille ici, seul, mais ils voulaient me voir et ce sont quand même mes parents malgré tout.

    Je rejoins mes camarades en bas, tout le monde a ses affaires prêtes. Je ne vois pas Deku dans le groupe. Il n’a pas l’air d’avoir terminé. Je grogne malgré moi. Le prof qui nous chapote, doit nous ramener tous les deux ensembles, vu qu’on habite dans le même quartier.

    -       Eh Bakugo, impatient de rentrer chez toi ? demande Kirishima avec son éternel air enjoué.

    -       Raconte pas n’importe quoi.

    -       Pourtant, tu as l’air pressé de partir. Tu n’arrêtes pas de souffler.

    -       Ça c’est parce que je suis obligé d’attendre cet imbécile de Deku. Il a l’air d’aimer se faire attendre.

    -       Si tu le dis, dit Kirishima en haussant les épaules.

    Après quelques minutes d’attente, il est enfin là. Il semble essoufflé, comme s’il avait couru un marathon, pourtant, il ne faisait que préparer son sac. Des fois, il est vraiment incompréhensible ce mec. Il s’approche de moi, un peu timide, comme s’il savait que j’allais me mettre en colère, quand il arrive près de moi, je le regarde juste de haut avant de soupirer.

    -       Pas trop tôt, dis-je. Magne-toi le train.

    -       Heu… oui, Katchan, dit-il les deux mains sur ses lanières de sac à dos.

    A la sortie de l’internat nous attend Monsieur Aizawa et une voiture. Dire qu’il va falloir que je fasse le trajet avec le Nerd. Le simple fait qu’il m’ait fait attendre me saoule grave, mais ce qui m’énerve encore plus, c’est qu’il n’a toujours rien dit. Pourquoi ça me gonfle autant qu’il ne m’ait pas dit merci pour le cadeau ? Je devrais m’en foutre comme d’habitude. Alors, pourquoi ça me touche autant ?

    Nous montons à l’arrière de la voiture et le trajet se fait en silence. Ce n’est pas plus mal, ça m’évitera de m’énerver contre Deku et de me prendre des remontrances de l’autre chenille à cause de ça. Quand nous arrivons devant chez moi, Deku sort en même temps. Pourtant, il me semblait que Monsieur Aizawa devait le déposer directement devant son immeuble.

    -       Tu fous quoi le Nerd, c’est pas chez toi ici, remonte dans la voiture. Tu sais plus où t’habite ? le raillais-je.

    -       Bien sûr que si, dit-il mal à l’aise. C’est juste… tiens.

    Il me tend alors un paquet et je reste un moment sans bouger. C’est quoi cette blague ? Il… il m’offre vraiment un cadeau ? D’un seul coup, toute la tension que j’ai ressenti ces dernières heures s’envole. Est-ce que ça veut dire… ?

    -       C’est bien toi qui m’a offert les chocolats pour Noël, dit-il avec un sourire.

    -       Heu… heu… qu’est-ce qui te fait dire ça ? demandais-je gêné.

    J’aurais dû réagir autrement, je le sais. Mon attitude ne fait qu’avouer la vérité. Habituellement, je me serais mis en colère, je l’aurais menacé, mais là, je ne me vois pas faire ça. Après tout, j’ai passé des jours à me demander s’il avait compris que le cadeau venait de moi et pourquoi il ne venait pas me dire merci. Alors, maintenant qu’il le fait, je n’ai pas le droit de me plaindre, ou… juste un peu peut-être.

    -       Pourquoi t’as mis tant de temps à venir me voir, alors que tu savais que c’était moi ? demandais-je finalement, sans lui laisser le temps d’argumenter sur ma dernière phrase.

    -       Je voulais… je voulais t’offrir quelque chose avant et j’ai eu du mal à me décider.

    -       C’est quoi ?

    -       Ouvre et tu verras, dit-il avec un sourire maladroit. C’est pas grand-chose, hein ? Tes chocolats maisons sont un bien meilleur cadeau, mais bon… j’espère que ça te plaira quand même ?

    J’ouvre le paquet doucement. Je ne sais pas pourquoi je fais ça. En temps normal, j’aurais arraché le nœud et le papier, mais là, je prends tout mon temps. Mon cœur bat plus vite qu’à la normal. Pourquoi je me sens si stressé pour un simple cadeau ? Quand j’ouvre la boite et prend ce qu’il y a à l’intérieur, je ne suis pas vraiment surpris du contenu. C’est Deku tout craché et j’ai presque envie de rire, mais son regard m’empêche de me moquer. Il est très sérieux en m’offrant ça et je n’ai bizarrement pas envie de gâcher ce moment.

    -       Un porte-clé All Might et une carte ?

    -       Collector, précise-t-il.

    -       Oui, bien sûr. Ça ne pouvait en être autrement te connaissant.

    -       Je… non, c’est… tu as raison, finit-il par avouer.

    -       J’ai toujours raison Deku.

    -       Je sais que… c’est rien par rapport à tes chocolats, répète-t-il. Mais… je sais que tu as toujours admiré All Might et même si on le côtoie toujours les jours à présent, je sais que tu n’en reste pas moins l’un de ses plus grands fans.

    -       C’est vrai, avouais-je.

    Il me regarde surpris. Est-ce que c’est mon ton qui l’a surpris ou le fait que j’avoue que je suis toujours fan de l’ex-numéro un des héros ? Peut-être les deux. Je regarde le porte-clé et la carte et les remets doucement dans la boite pour ne pas les abimer.

    -       Merci, Deku, dis-je avec un petit sourire.

    -       Ka… Katchan, tu…

    -       Ferme-là, ne le dis pas, dis-je rouge de honte. Profites-en, c’est pas tous les jours que je te dirais merci.

    -       Je… je sais, mais… ça me fait plaisir, dit-il en détournant le regard. Bon bah, je vais y aller. Monsieur Aïzawa va finir par s’impatienter. Passe le bonjour à tes parents et passe un bon réveillon du nouvel.

    -       Toi aussi Deku.

    Il me sourit et je lui fais un signe de tête avant de rentrer chez moi. Finalement, il ne m’avait pas oublié, il voulait juste m’offrir un cadeau en remerciement. Malgré moi, je me mets à sourire, un vrai sourire cette fois. J’ai envie de l’avouer, juste une fois : Ça m’a fait vraiment plaisir.

     

    Izuku

     

    J’étais vraiment stressé à l’idée de donner son cadeau à Katchan. Je pensais qu’il me l’enverrait directement à la figure en me disant qu’il en n’avait rien à foutre de mes cadeaux. Mais sa réaction m’a vraiment surpris. A plusieurs reprises, il a même esquissé un sourire et il m’a même dit merci, ce qui est assez rare pour être souligné. Je suis remonté en voiture avec le sourire aux lèvres. Je ne m’attendais vraiment pas à ce qu’il réagisse comme ça, mais ça me rend vraiment heureux. Même s’il a sans doute trouvé mon cadeau un peu kitch, digne de moi, en vérité, puisque je suis un fan inconditionnel d’All Might, je pense qu’il l’a apprécié malgré tout.

    Après tout, on est fan d’All Might depuis l’enfance. C’est même une chose qui nous avait rapproché avant que d’autres nous éloignent notamment le fait que j’étais né sans alter. Mais j’ai l’impression que les choses avancent dans le bon sens entre nous. Katchan est un peu plus calme avec moi, attentif même. Il connait le secret du One For All et je sais qu’il est largement digne de confiance. Il cherche même à comprendre les tenants et les aboutissants de ce pouvoir, et m’aide même à le maitriser. Il y a encore un an, je n’aurais jamais imaginé une chose pareille.

     

    Katchan a vraiment changé. Il devient quelqu’un sur qui on peut vraiment compter.

     

    Monsieur Aizawa arrête la voiture et je descends. Je monte jusqu’à l’appartement où m’attend ma mère. Quand j’ouvre la porte, elle se jette littéralement sur moi en pleurant. Il faut dire que ça fait plusieurs semaines qu’on ne s’est pas vu, à cause notamment de la mise en place de l’internat.

    -       Izuku, je suis tellement contente de te voir.

    -       Moi aussi maman, répondis-je en la serrant contre moi.

    J’entre dans l’appartement et vais poser mes affaires dans ma chambre que je me réapproprie un peu en installant quelques objets All Might notamment dont je ne me sépare jamais, mais aussi, la boite qui contenait les chocolats de Katsuki. Il n’en reste déjà plus beaucoup, il faut dire que les ai dévorés, tellement ils étaient délicieux. Ils étaient fourrés à la pâte de pistache. Ce sont mes préférés.

    Je suis étonné que Katchan sans souvienne encore, mais ça me fait vraiment plaisir qu’il ait pensé à moi. Je compte bien garder la boite, c’est une petite boite en bois toute simple, mais j’ai l’impression qu’il l’a choisi avec soin, le connaissant. Il n’est pas du genre à faire les choses à moitié. Je suis sûr qu’il s’est dit que quitte à offrir quelque chose, qu’il a sans doute pensé excellent, ce qui est le cas, il fallait aussi que le contenant le sublime. Et c’est le cas, il a bien choisi. Je regarde la boite encore quelques secondes, avant de me rendre compte qu’il y a quelque chose d’inscrit en dessous de la boite : Number one. Plus Ultra. Je ris en voyant l’inscription. Je suis sûr qu’il parle pour lui en plus.

    -       Izuku mon chéri, tu as faim ? demande maman dans l’embrasure de ma porte. Tu veux manger quoi ?

    -       A ton avis ? demandais-je.

    -       Katsudon ?

    -       Bingo, dis-je en souriant.

    -       Tu as vraiment bonne mine, quelque chose de bien est arrivé ? Attends me dis pas, tu as une petite amie, cette Ochaco ? me taquine maman.

    -       Hein ? Mais… non, non, pas du tout, dis-je en agitant mes bras dans tous les sens, gêné et mal à l’aise. Ochaco et moi on est seulement amis, rien d’autre.

    -       D’accord, d’accord, dit-elle. Et sinon, c’est quoi dans ta main ? Tu as l’air d’y tenir.

    -       C’est simplement un cadeau de Noël.

    -       Simplement ? Tu souriais comme si c’était la plus belle chose du monde, me fait-elle remarquer.

    -       Hein ? Mais non… c’est juste que le geste m’a fait plaisir c’est tout. Et d’ailleurs depuis quand tu m’observes ?

    -       Depuis un moment, dit-elle avec malice. Et sinon, qui t’a offert cette boite ?

    -       C’est… hum… c’est Katchan, dis-je en détournant le regard.

    -       Katchan ? Tu veux dire Katsuki Bakugo ?

    -       Oui.

    -       Vraiment ? Pourtant, il me semblait que vous n’étiez plus très amis ?

    -       Je ne sais pas si on peut dire qu’on est ami, mais on s’entend mieux depuis quelques temps.

    Je souris à nouveau, les yeux perdus dans le vague ce qui n’échappe pas à ma mère, car elle pose soudain, sa main sur sa joue, penche la tête, l’air pensive, comme si elle voyait quelque chose que je ne voyais pas.

    -       Quoi ? demandais-je.

    -       Non, rien, dit-elle. Je suis contente que tu t’entendes mieux avec lui. Vous étiez si inséparables quand vous étiez petits que j’ai toujours trouvé ça étrange que vous vous soyez séparé si brusquement.

    -       Disons que Katchan a son caractère et qu’il n’est pas facile, expliquais-je sans vraiment rentrer dans les détails.

    -       Hum… je vois, dit-elle.

    Je me demande si elle ne se doutait pas de ce qui se passé entre Katchan et moi, mais comme je ne lui en ai jamais parlé. Elle a sans doute jugé que j’arrivais à me débrouiller, malgré les brimades que je subissais de la part de Katsuki. Il faut dire que même si Katchan me faisait un peu peur, je n’ai jamais abandonné mes rêves, c’est d’ailleurs grâce à ma persévérance que j’en suis là aujourd’hui. Et c’est ce qui a toujours énervé et agacé Katsuki.

    -       Je t’appelle quand le dîner est prêt et on pourra manger devant la télévision en attendant le compte à rebours du nouvel an.

    J’acquiesce et elle me laisse seul dans la chambre. Je regarde à nouveau la boite. Je rougis en pensant que ma mère a pensé que j’avais une petite amie à cause de ça. Je me demande pourquoi elle a eu l’air si interrogative quand je lui ai dit que c’était Katchan qui me l’avait offert. Je faisais quelle tête à ce moment-là ? Est-ce qu’elle n’a pas cru que Katchan et moi… ? Non, ça m’étonnerait.

    Elle s’interrogeait certainement sur le moment où nous nous étions réconciliés, c’est sans doute pour ça qu’elle m’a posé la question. Je ne devrais pas y voir autre chose. Jamais il ne pourrait se passer quelque chose entre Katsuki et moi… Je me jette sur mon lit et lève les bras, pour regarde encore une fois l’inscription sous la boite. Et si… non, je me fais des idées, oublie ça Izuku. Jamais Katchan n’aurait ce genre de sentiments envers moi.

    Je repense soudain au geste qu’il a eu le jour où il m’a surpris à l’espionner dans la cuisine de la cafétéria. Je me redresse subitement, le rouge aux joues. Il m’avait… léché le doigt. Je secoue la tête, non, ça ne voulait rien dire, il a sans doute fait ça juste pour me faire réagir. Je me laisse tomber à nouveau sur mon lit. Et si c’était le cas… si Katchan… non, oublie ça Izuku, ça n’arrivera jamais.

     

    Katsuki

     

    Les cours ont repris très vite et avec eux un nouveau stage et cette fois, je peux enfin utiliser mon alter, grâce au permis que j’ai obtenu juste avant les vacances de Noël. Et comme je n’ai pas pu retourner chez Best Jeanist qui a d’ailleurs disparu de la circulation depuis quelques temps, je me retrouve chez le numéro un des héros, par l’intermédiaire de double face, qui nous a proposé au Nerd et moi de faire notre stage dans l’agence de son père. Quand nous sommes arrivés, Endeavor n’a pas eu l’air vraiment content de nous avoir, mais Todoroki ne lui a à priori pas laisser le choix.

    J’avoue que c’est une aubaine de pouvoir faire un stage avec le meilleur héros du moment, même si j’aurais aimé retourner chez Best Jeanist. Alors, pas pour son style et sa manie de vouloir me coiffer comme un premier de la classe, mais surtout parce que j’ai passé un bon stage, malgré ce que j’ai voulu faire croire aux autres. On peut dire ce qu’on veut Best Jeanist ne fait pas partie des meilleurs héros pour rien. Et puis, j’avais dans l’idée de lui donner enfin mon nom de héros, je voulais qu’il soit le premier à l’entendre.

    Todoroki et même Deku ont essayé de me faire cracher le morceau, quand on a sauvé le frère de double-face d’un vilain, mais il était hors de question que je leur dise. Lors du stage, le Nerd et moi avons fait comme d’habitude, oublié les cadeaux de Noël, c’était bien loin. Pour autant, j’ai senti que ce n’était plus aussi tendu entre nous qu’avant. Certes, nous ne nous côtoyons que pour le stage en ce moment, exit la pâtisserie, je n’ai plus du tout le temps, mais je sens que les choses changent petit à petit entre nous et de façon positive et bizarrement, ça me va.

    Je sais au fond que mon comportement change, que je n’ai plus le droit de faire comme avant, que je dois prendre en compte mon environnement, et qu’il faut que je fasse plus attention aux autres si je veux pouvoir réaliser mon rêve d’être le numéro un des héros et surpasser All Might. Je sais que j’ai un caractère de merde, mais j’essaie vraiment d’y remédier.

     

    Je suis sur la bonne voie, j’en suis sûr. J’espère pouvoir continuer sur cette lancée encore longtemps, jusqu’à ce que j’atteigne mon but. Je vais tout faire pour.

     

    Je regarde Deku qui est juste à côté de moi, essoufflé par notre course poursuite sur les traces d’un vilain, qu’Endeavor n’a finalement eu aucune peine à capturer. On a beau avoir réussi une fois à le devancer, il n’en reste pas moins rapide et efficace. On est loin de lui arriver à la cheville. Il va falloir que je cravache dur pour le rattraper, mais je ferais tout pour y arriver.

    -       Bah alors, le Nerd, on n’en peut plus ? demandais-je.

    -       Il nous aura fait courir celui-là, intervient double-face.

    -       Je t’ai pas causé, grognais-je. Je parlais à Deku.

    -       Vous avez l’air de mieux vous entendre ces derniers temps, fait remarquer Todoroki.

    -       Ferme-là, tu sais pas de quoi tu parles.

    -       Calme-toi Katchan. Ça sert à rien de t’énerver. Moi… moi aussi, je trouve qu’on s’entend mieux, tu penses pas ?

    Il me regarde et j’ai l’impression qu’il espère que je dise oui. Je reste un moment à l’observer avant de détourner les yeux. Je pourrais sans doute m’emporter en lui disant qu’il se fait des idées, mais je ne sais pas pourquoi, cette fois, je n’ai pas envie de démentir, mais je ne le dirais qu’à demi-mot.

    -       Si tu le dis, dis-je en détournant le regard.

    Le Nerd sourit à pleine dent et soudain, je sens mes joues chauffer. Merde ! Pourquoi ça me fait ça ?

    -       Ça va Bakugo ? demande Todoroki. T’es tout rouge tout à coup.

    -       Ta gueule double face, bien sûr que je vais bien. C’est juste l’effort, c’est tout.

    -       Ah ok ! dit-il simplement en haussant les épaules.

    Il ne cherche pas plus explication et heureusement. Par contre, je remarque le regard interrogatif de Deku sur moi et je détourne vite fait le regard, même si, si je fais ça, je vais avoir l’air encore plus suspect. Tant pis, il ne vaut mieux pas que je dise quoi que ce soit, j’aurais l’impression de me justifier et ça ne sera pas bon pour moi. D’autant plus qu’il n’y a rien à comprendre dans ces rougissements. Ce n’était certainement pas Deku qui m’a fait rougir, jamais de la vie.

    Je le regarde une nouvelle fois et il me sourit. Je reste figé quelques instants, avant de grommeler pour essayer de reprendre contenance. Qu’est-ce qui m’arrive bon sang ? C’est vraiment pas normal que je me sente aussi bizarre en présence de Deku. Y’a forcément quelque chose qui ne tourne pas rond chez moi. J’ai intérêt à me reprendre, parce que ça risque de me poser des problèmes à l’avenir et il n’est pas question que ça m’arrive.

     

    Izuku

     

    Katchan a eu une attitude plutôt étrange quand Shoto lui a demandé pourquoi il était tout rouge. J’avoue moi aussi ça m’a intrigué. Ce n’est pas du tout son genre de rougir aussi vite. Il a prétexté que c’était à cause de la course-poursuite, mais quelques minutes avant, il était comme d’habitude, alors qu’est-ce qui l’a fait rougir comme ça ? Est-ce qu’il aurait pensé à quelque chose d’embarrassant ? Je me demande à quoi pourrait bien penser Katsuki Bakugo, qui pourrait le faire rougir de la sorte. C’est marrant, mais je ne le vois vraiment pas avoir de pensées impures, surtout alors qu’on est en mission. Pour autant, il a bien rougi à quelque chose mais quoi ?

    Quand il a tourné la tête vers moi, je lui ai souris et il a grommelé comme à son habitude. Ce n’était sans doute rien, après tout. Nous retournons à l’agence en marchant, toujours sur nos gardes au cas où il y aurait un vilain dans les parages. Je dois l’avouer, c’est génial d’être en stage chez Endeavor, c’est quand même le numéro du classement depuis qu’All Might a pris sa retraite. Je sais qu’on a beaucoup à apprendre de lui et j’ai vraiment l’impression d’avoir évolué à son contact. Il nous a donné à tous les trois de bons conseils que nous avons appliqué avec plus ou moins de réussite au début, mais maintenant, je sens que je suis plus à l’aise avec mon corps et surtout, je maitrise un peu mieux mon deuxième alter, depuis qu’il m’a conseillé.

    De ma vie, je n’aurais jamais cru faire autant de choses. Le métier de super héros était mon rêve que je pensais inaccessible, quand j’ai appris que je n’avais pas d’alter et dont j’ai pu finalement faire l’expérience grâce à All Might, qui m’a fait confiance en me confiant le One For All. Maintenant, je fais tout pour être digne de sa confiance. Je ne peux pas le décevoir, ça m’est inconcevable.

    Nous arrivons à l’agence d’Endeavor et il nous donne congé pour la soirée. Je pense prendre un bon bain pour me détendre, et ensuite, repos. J’ai les muscles endoloris, et j’ai vraiment besoin d’un break. Je regarde Katchan, qui rentre sans un mot dans sa chambre. Depuis qu’on est en stage, il n’a pas remis les pieds dans une cuisine. Je trouve ça dommage dans un sens, mais on est tellement occupé qu’on a le temps pour rien d’autre. Quand on retourne au lycée, on doit aussi rattraper nos cours, c’est épuisant, mais nous ne pouvons pas nous plaindre, c’est nous qui l’avons choisi.

    Je rentre dans ma chambre, prends quelques affaires, avant d’aller dans la salle de bain. Je commence par me décrasser avec une bonne douche avant de rentrer dans le bain. Je suis tout seul, donc, j’en profite pour fermer les yeux et profiter du silence. Cela dure quelques minutes et je manque presque de m’endormir tellement je suis fatigué.

    -       T’endors pas dans le bain, abruti de Nerd, dit soudain une voix. Pas que ça me dérange, mais après, il faudra te ramasser et ça c’est moins drôle.

    Je rouvre les yeux et vois Katchan en train de se laver. Il me tourne le dos et je l’observe un moment. Je n’avais jamais remarqué qu’il avait un dos si large, ou alors, ce sont les différentes séances d’entraînement qui lui ont donné cette carrure. Il a bien changé depuis le collège, même s’il a toujours été plus costaud que moi. Je regarde mes avants bras, à une époque, je n’avais que la peau sur les os, un vrai gringalet. On aurait pu me faire tomber juste en me soufflant dessus. Mais pour pouvoir accueillir le One For All, je ne pouvais faire autrement que renforcer mon corps. Ça n’a pas été facile, mais je peux dire qu’aujourd’hui, je suis en bien meilleur forme pour l’utiliser. En dix mois, j’ai pris du muscle et j’ai continué à m’entretenir pour pouvoir supporter mon nouvel alter, sans me briser les os.

    -       Qu’est-ce que t’as à t’admirer comme ça, Deku ? Tu te sens plus parce que t’as pris un peu de muscle ? me demande Katsuki alors qu’il rentre dans le bain.

    -       Hein ? Mais… mais non, dis-je en agitant les bras.

    J’avoue, je suis surpris. C’est comme s’il avait lu dans mes pensées. Est-ce que lui aussi il pense que j’ai un peu changé ?

    -       Je me disais juste, que j’avais un peu changé depuis le collège, avouais-je.

    -       Heureusement, grogne Katchan. Sinon, All Might aurait fait une grosse erreur de te confier son alter.

    -       Hein ? dis-je surpris par ses paroles.

    -       Il t’a fait confiance, je comprends pas trop pourquoi, mais maintenant, tu n’as plus le droit de reculer. Tu ne peux qu’aller de l’avant et faire le plus d’effort possible pour le maîtriser. Il est hors de question que tu gâches son pouvoir.

    -       Oui, je… je sais Katchan, j’en ai bien conscience, dis-je en baissant la tête.

    Son ton était si calme que ça m’a un peu pris au dépourvu. Pour autant, je me rends compte que maintenant, il accepte pleinement que j’ai un alter. Je le regarde un instant. Il a mis une serviette froide sur son visage et sa tête repose sur un rebord du bain. En temps normal, il aurait attendu que je sorte pour prendre son bain. Il m’aurait même obligé à me dépêcher de sortir pour qu’il soit tranquille. Est-ce que ça veut dire qu’il m’accepte un peu, même lors d’un moment intime de sa vie ? C’est vrai que le simple fait qu’il me laisse rester avec lui quand il fait de la pâtisserie est déjà un grand pas, mais là, j’ai l’impression d’en franchir un autre. Je ne peux m’empêcher de sourire, ça me fait tellement plaisir.

    -       Qu’est-ce que t’as à me fixer comme ça Deku ? grogne-t-il.

    -       Rien. Je… suis désolé, ce n’était pas mon intention. Je regardais juste devant moi, c’est tout, je ne te fixais pas spécialement.

    -       Bah regarde ailleurs.

    Je me tourne un peu de côté. Si je lui avais avoué que c’était en fait lui que je regardais bien, je suis sûr que je me serais pris une explosion en pleine tête. Même s’il s’est adoucit quelque peu, Katchan garde encore quelques habitudes, un peu trop violentes à mon goût. Alors, je préfère éviter de l’énerver au maximum.

    Le silence s’installe entre nous et je n’ose pas parler. Il a toujours la tête en arrière, et la serviette sur les yeux. Est-ce qu’il s’est endormi ? C’est pourtant bien lui qui m’a dit de ne pas dormir dans le bain. Est-ce que je devrais m’assurer que tout va bien ? J’ai envie de sortir, mais s’il dort vraiment, j’ai peur de le laisser et qu’il lui arrive quelque chose.

    Je décide de m’avancer prudemment. Peut-être qu’il esquissera un geste si je sors et au moins, j’aurais la conscience tranquille. Je m’avance vers lui et il ne bouge pas d’un pouce. Je décide de m’approcher d’un peu plus près pour voir s’il dort ou non et quand je vois la serviette soudainement glisser de sa tête, je comprends qu’il s’est bel et bien endormi. Je reste un moment à le regarder. Il a vraiment un air paisible quand il dort, ça change de l’attitude énervé qu’il arbore en permanence. Si seulement il pouvait faire cette tête apaisée tout le temps, je suis sûr que tout le monde l’apprécierait.

    Bon et maintenant, je fais quoi ? Si je le réveille, je vais me faire gueuler dessus. Si je le laisse dormir et que j’attends, je vais finir par me sentir mal dans le bain et il me gueulera dessus aussi. Et si je m’en vais, là, c’est moi qui risque de regretter de l’avoir laisser seul s’il lui arrive quelque chose. Bon bah, foutu pour foutu, je préfère m’assurer qu’il va bien. Je pose ma main sur son épaule et commence à le réveiller doucement. Il bouge légèrement, mais n’ouvre pas pour autant les yeux.

    -       Katchan, l’appelais-je doucement.

    -       Hmm ? dit-il.

    -       Katchan, ne t’endors pas dans le bain, dis-je.

    Il bouge encore un peu, mais il ne se réveille toujours pas. Je le secoue encore et cette fois, il se penche vers moi et met sa tête dans le creux de mon épaule. Je sens mes joues surchauffer et je commence à paniquer.

    -       Ka… Katchan, l’appelais-je mal à l’aise.

    Il ne bouge pas dans un premier temps, puis il se cale un peu plus contre moi. Qu’est-ce que je dois faire ? J’ai peur de bouger. Il a l’air tellement bien comme ça, je n’ai pas envie de le déranger. Mais d’un autre côté, on ne peut pas rester trop longtemps dans le bain. Je commence déjà à avoir chaud. Le bain est constamment chauffé, comme dans une source chaude et je commence à ne pas me sentir bien. Malheureusement, il va vraiment falloir que je réveille Katchan. Je secoue son bras doucement et il commence à papillonner des yeux. Il lève la tête vers moi, le regard ensommeillé, il n’a pas l’air de me reconnaître. Ses yeux s’encrent dans les miens et je ne peux m’empêcher de rougir, en voyant son visage si serein. Je détourne les yeux, vraiment gêné.

    -       Kat… Katchan ?

    Il papillonne encore des yeux et d’un seul coup, il semble reprendre ses esprits. Quand il me reconnait enfin, il recule brusquement.

    -       Putain, Deku, tu fais quoi là ? crie-t-il.

    -       Mais… ri… rien Katchan. Tu t’étais endormi dans le bain, alors… je t’ai juste réveillé ?

    -       De quoi je me mêle le Nerd.

    -       Mais…

    -       Y’a pas de mais, sors de là.

    Je m’exécute en faisant la moue. Je crois que je préférais encore quand il dormait. Je lui jette un œil et j’ai eu l’impression qu’il avait rougi lui aussi, mais j’ai dû me faire des idées… c’est bien dommage.

     

    Katsuki

     

    Après le stage, nous avons eu un petit moment de répit au lycée, enfin disons plutôt que nous avons repris les cours. J’avoue que ça va me faire du bien. J’ai les muscles endoloris par toutes les patrouilles qu’on a fait et je suis vraiment crevé. J’essaie de ne pas le montrer, mais je trouve tout ça éprouvant. Mais, je n’ai pas le droit de me plaindre. C’est le lot de tous les supers héros et je suis obligé de prendre sur moi. Les vilains, eux, ne vont pas attendre qu’on soit reposé pour agir.

    Je suis tellement fatigué, que dès que mes muscles se relâchent et que je suis apaisé, je m’endors presque immédiatement. J’en ai fait l’expérience, dans le bain, l’autre jour, alors que j’étais avec Deku. J’ai relâché ma vigilance. Je n’ai pas trop compris ce qui s’est passé, mais Deku a essayé de me réveiller. Il était tellement proche quand j’ai ouvert les yeux. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression d’avoir dormi sur son épaule. La honte, vraiment.

    Malgré tout, je m’en veux un peu de l’avoir envoyé balader comme ça. Je sais qu’il est juste resté parce qu’il avait peur de me laisser seul. Après tout, je l’avais rabroué plus tôt à cause de ça, et finalement, c’est moi qui ai fait l’erreur de dormir dans le bain. Je me sens un peu bête. Quoiqu’il en soit, Deku est vraiment trop gentil, ça le perdra, mais… je dois avouer que c’est ce que j’aime un peu chez lui. Par contre, pas question qu’il le sache, j’ai déjà trop honte d’y penser. D’ailleurs, je trouve que ces derniers temps, je lui trouve bien trop de qualités.

     

    La preuve que je change.

     

    Nous sommes le soir et j’ai fini mes devoirs, manger, rangé un peu ma chambre. Je n’arrive pas à lire, pas l’envie. Je ne veux pas non plus rejoindre les autres dans le salon. J’ai pas envie d’entendre leurs jérémiades. J’ai besoin de calme, mais pour autant, je ne veux pas rester sans rien faire. Je me redresse de mon lit. Je crois que j’ai envie de pâtisser, c’est le bon moment. Je me lève et pour éviter que l’on me pose des questions, je sors par la fenêtre.

    Je fais attention à ce que personne ne me voit, mais quand je passe non loin de Deku qui fait son éternel entraînement du soir, je ne peux m’empêcher de m’arrêter. Je me cache près d’un arbre et attends un instant, le regardant comme si j’étais un voleur en quête d’une proie. Il y met beaucoup d’ardeur. Je dois l’avouer, je suis vraiment impressionné par sa ténacité. Enfin depuis l’enfance, il n’a jamais abandonné ses rêves, alors même qu’il n’avait pas d’alter, alors ce n’est pas un simple entraînement quotidien qui pourrait lui faire peur. Décidemment, je le complimente beaucoup trop en ce moment.

    Je le regarde encore un moment et alors que je m’apprête à partir, nos regards se croisent. Il m’a vu, c’est sûr. Nous restons à nous regarder un moment, avant que je ne tourne les talons pour aller à la cafétéria. Va-t-il me suivre ? J’évite de me retourner, j’aurais sans doute la surprise. Quand j'arrive dans les cuisines, j’entends du bruit derrière moi. Dans un premier temps, je me cache au cas où, puis j’entends une voix.

    -       Katchan ?

    Je souris en me rendant compte qu’il est bien venu. Merde, faut que j’arrête de me réjouir d’un détail pareil. C’est nul de sourire parce que Deku vient me voir. Je l’ignore et commence à préparer mes affaires, tandis qu’il s’approche de moi. Il prend un tabouret, s’assoit et pose ses coudes sur le plan de travail devant moi, attendant que je commence. Nous ne parlons pas, dans ces moments-là, le silence est suffisant entre nous. Pas de bégaiement de sa part, et pas de hurlement pour moi. Juste le bruit des ustensiles et des ingrédients, emplissent la pièce et c’est tellement agréable à entendre.

    La préparation n’est pas très longue. Je fais un quatre-quarts, rien de plus simple. Je verse dans les moules rapidement et suis même obligé d’attendre un peu avant de les cuire, car le four n’est même pas encore chaud. Deku ne me demande rien, il attend patiemment que les gâteaux soient mis dans le four. Une fois que c’est fait, je remarque qu’il lorgne sur le fond de pâte qui est collé aux parois du saladier.

    -       Vas-y, dis-je.

    -       Vraiment ?

    J’acquiesce et alors qu’il compte prendre une cuillère, je l’arrête et l’oblige à plonger son doigt directement dans le bol. Puis, au lieu de le laisser goûter, je ne sais pas trop ce qu’il me prend, mais je lèche son doigt à sa place. C’est la deuxième fois que je fais ça et je ne sais pas trop pourquoi. La dernière fois, c’était juste pour lui donner une leçon, le surprendre. Mais là… j’avais juste… envie.

    -       Kat… Katchan ? bégaye-t-il rouge pivoine.

    -       C’est meilleur comme ça, dis-je en le regardant dans les yeux.

    Pourquoi je le provoque tout à coup ? Qu’est-ce que je cherche au juste en faisant ça ? Je ne comprends plus rien à mon comportement et je crois que lui ne comprend pas plus que moi ce qui se passe en ce moment. Il n’a pas bougé d’un pouce, alors que je tiens encore sa main près de ma bouche. Je me rapproche de lui. J’ai le cœur qui bat fort. Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Je lâche sa main et cette fois, c’est moi qui plonge un doigt dans la pâte, je lui tends mon doigt et il semble hésiter.

    -       Goûte, dis-je doucement.

    Il s’exécute un peu maladroitement. Sentir sa langue sur mon doigt comme ça me donne soudain des frissons. Je ne peux m’empêcher de le fixer et lui ne me regarde pas. J’ai l’impression qu’il est à deux doigts de s’évanouir. Moi, je ne réponds plus trop de moi, je ne sais pas trop ce que je fais, mais je le fais. Je pose mon autre main sur la joue de Deku pour le forcer à me regarder.

    -       Katchan, qu’est-ce que tu as ce soir ?

    -       Je ne sais pas trop, répondis-je sincèrement.

    Vraiment je ne sais pas. J’ai une drôle d’idée qui me traverse soudain l’esprit. Je sais que je ne devrais pas, mais j’ai comme l’impression que c’est pourtant le même meilleur moment. L’ambiance s’y prête, mon cerveau s’est mis en pause et ma raison a l’air de s’être envolé. Je n’ai pourtant pas bu, ni pris de coup sur la tête. Mais l’ambiance, cette ambiance-là, me fait un peu vriller.

    -       Deku… je…

    J’avance mon visage près du sien et je le vois un peu en panique. Pour autant, il ne se recule pas. C’est comme s’il me donnait son accord. Alors, que je m’apprête à faire la chose la plus dingue de ma vie, le four se met à sonner soudainement me faisant sortir de ma torpeur. La sonnerie me réveille d’un seul coup et je me retourne brusquement vers le four. Je me râcle la gorge pour essayer de cacher ma gêne, mais je pense que Deku n’est pas dupe. Je me sens un peu honteux. Qu’est-ce qui m’a pris enfin ? Si le four n’avait pas sonné, qu’est-ce qui se serait passé ? Est-ce que je l’aurais… je n’ose même pas l’imaginer.

    Je mets les gants et sors les gâteaux du four. Le temps qu’ils refroidissent, j’en profite pour ranger. Je le fais tête basse pour ne pas regarder Deku, qui a toujours l’air figé, dans la même position que tout à l’heure.

    -       Katchan… finit-t-il par dire.

    -       Je veux pas en parler, lui dis-je.

    -       Hum… d’accord, dit-il avec un peu de déception dans sa voix.

    Attends, est-ce que… il aurait voulu qu’il se passe quelque chose ? Je relève la tête et j’ai l’impression qu’il est frustré, mais ce n’est pas possible, n’est-ce pas ? Il ne pouvait pas attendre ça de ma part, n’est-ce pas ? Je ne sais pas trop quoi dire, ni quoi faire alors je lui tourne le dos. J’ai peur qu’il s’en aille, mais je comprendrais qu’il le fasse.

    -       Katchan… est-ce que tu pourras me refaire tes chocolats ? me demande-t-il soudainement.

    -       Hein ?

    -       Tes chocolats, j’aimerais que tu m’en refasses. Je les ai adorés. Tu as fait exactement le parfum que je préfère, c’est parce que tu t’en souvenais hein ?

    -       Hum, répondis-je un peu gêné qu’il ait compris.

    -       Alors ?

    -       Ouais, peut-être, dis-je en démoulant les mini quatre quart.

    Je me retourne et lui en donne un. Il le prend et le mange. Il sourit d’un seul coup avant de détourner une nouvelle fois le regard le rouge aux joues.

    -       C’est très bon, dit-il. Tu es vraiment doué.

    -       Si tu me dis encore que je pourrais devenir pâtissier… grognais-je.

    -       Non, non, dit-il. Mais, en tout cas, c’est vraiment bon.

    -       Bien sûr que ça l’est, dis-je.

    Je finis de démouler le reste et comme d’habitude, je compte laisser le reste aux élèves. Encore une fois, ça risque de faire parler demain, mais finalement, ça m’amuse quand je les vois essayer de chercher qui est à l’origine des gâteaux qui ont été fait dans les cuisines de la cafétéria, la nuit. J’en garde quand même quelques-uns, et je me tourne à nouveau vers Deku, avant de lui tendre un petit paquet.

    -       Ne tarde pas à les manger, dis-je avec un petit sourire gêné.

    -       Oui, merci Katchan, dit-il avec un grand sourire. C’est très gentil.

    -       Mouais, dis-je en détournant les yeux gêné une nouvelle fois.

    Je termine de ranger et quelques minutes plus tard, nous finissons par rentrer au dortoir. Deku rentre par la porte d’entrée, puisqu’il était censé être en entraînement et moi, je m’élance jusqu’à mon balcon pour rejoindre ma chambre. Je me change et rejoins mon lit. Cette soirée a été vraiment incroyable. Je rougis une nouvelle fois. Qu’est-ce qui m’a pris bon sang ? Pourquoi j’ai fait une chose pareille ? Est-ce que j’allais vraiment l’emb… je n’ose même pas y penser. Je ne comprends vraiment pas ce qui m’arrive, c’est invraisemblable.

     

    Izuku

     

    Je suis agité. Je ne comprends pas ce qui s’est passé ce soir. J’avais juste commencé à faire mon entraînement quotidien comme tous les soirs et c’est là que j’ai vu Katchan. Il me regardait, c’est comme s’il m’attendait. J’ai pris ça, comme une invitation le suivre et c’est ce que j’ai fait. Comme d’habitude, je l’ai regardé travailler patiemment, car je sais qu’il n’aime pas être dérangé et c’est quand il a eu mis les gâteaux dans le four que tout a dérapé. Je n’ai pas trop compris ce qui s’est passé. Les gestes qu’il a eus envers moi, rien que d’y penser, j’ai un nœud dans le ventre et les joues qui chauffent. C’était vraiment très bizarre. Quand il s’est approché de moi, j’ai vraiment cru qu’il allait m’embrasser. Est-ce que c’était le cas où est-ce que c’est mon imagination débordante qui a pris le dessus ? Je ne sais pas trop quoi en penser, d’autant plus, qu’à aucun moment, je n’ai reculé. J’ai même attendu, je crois, qu’il fasse le premier pas.

    Je cache ma tête dans l’oreiller, rouge de honte. Est-ce que j’attendais vraiment qu’il le fasse ? Qu’il m’embrasse ? C’est tellement invraisemblable. Je secoue la tête, me disant que Katchan n’aurait jamais eu l’idée de faire ça. Après tout, je l’agace, jamais il n’envisagerait une relation quelle qu’elle soit avec moi. Je me mets sur le dos et soupire. C’est clair, déjà être son ami c’est le parcours du combattant, alors plus… ce serait carrément utopique.

    Je me redresse soudainement, prenant soudainement conscience de ce que j’avais envisagé. Une relation plus qu’amicale avec Katchan ? Pourquoi est-ce que je l’envisagerais ? A aucun moment, je ne l’ai vu de cette manière-là, d’ailleurs, je devrais plutôt le détester après tout ce qu’il m’a fait endurer ces dernières années. Alors, pourquoi, l’idée ne me choque même pas ? Mon cœur bat soudainement très vite et l’idée tourne en boucle dans ma tête.

    Je me tourne soudainement vers ma table de chevet et prends la boite qui contenait les chocolats que Katchan avait fait pour moi. Son premier vrai cadeau pour moi. Je sens que les choses ont changé entre nous, et je ne sais pas du tout ce qui se passera à l’avenir. Je repense aux paroles de ma mère qui pensait que c’était ma petite amie qui m’avait offert cette boite. Il faut dire que vu l’emballage et ce qu’il y avait dedans, il y avait de quoi se poser des questions.

    Et maintenant, je me demande s’il n’y avait pas un sens caché dans ce cadeau ? Le problème, c’est que je ne peux pas demander directement à Katchan, je sais qu’il se braquerait. Je suis sûr qu’il irait jusqu’à nier ses gestes de ce soir, parce qu’il aurait trop honte. Pour autant, j’aimerais savoir ce qu’il en est. J’aimerais vraiment connaître ses sentiments à mon égard. Je sais que ça va prendre du temps pour qu’il me parle, mais j’espère qu’il se confiera à moi, le moment venu. Quant à moi, je le ferais également quand je jugerais que c’est aussi le bon moment et j’espère vraiment qu’il arrivera.

     

    Katsuki

     

    Il n’y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond chez moi. Vraiment. Après la soirée passée avec Deku, où j’ai eu un comportement des plus étranges, qui m’a étonné moi-même, je n’ai pas pu m’empêcher de retourner en cuisine, cette fois seul, pour aller lui faire ses foutus chocolats. Il n’y a aucune raison que je le fasse et pourtant, ils sont bien là, dans ma main, enveloppé dans un pochon de couleur verte. Ça devient n’importe quoi vraiment, mais je n’ai pas pu m’en empêcher. Mon subconscient m’a dit que ça lui ferait plaisir et ma raison a foutu le camp à ce moment-là. Quand j’en ai pris conscience, il était déjà trop tard et j’avais terminé.

    Et maintenant, je n’ose pas les jeter. Je le devrais pourtant, mais y’a rien à faire, ma main refuse de les lâcher alors que je suis juste au-dessus de la poubelle de ma chambre. Je ne me comprends plus ces derniers temps. Tout ce que je fais est en total contradiction avec ce que je suis habituellement. Je sais que je change, et c’est ce que je veux d’une certaine manière. Mais, c’est un peu trop radical pour moi. Deku me fait ressentir des choses très bizarre en ce moment. J’en ai peur, mais au fond de moi, ça me tord le bide mais pas d’une façon désagréable. J’ai même l’impression que c’est ce que je recherche depuis un moment, et c’est pour cette raison que je me retrouve avec ces putains de chocolats dans la main.

    Le pire dans tout ça, c’est que c’est la Saint-Valentin et que j’ai même émis l’idée dans un coin de ma tête de lui offrir aujourd’hui. Pas en main propre bien sûr, mais le simple fait qu’il sache que ça vient de moi, ce serait comme un aveu. Un aveu de quoi ? Je n’en sais rien. Je ne comprends pas moi-même mes propres sentiments. Je fais des choses incompréhensibles ces derniers temps.

    Je soupire, en voyant que je n’arrive pas à jeter les chocolats. Je vais m’asseoir sur mon lit et regarde le paquet. Ce serait dommage de les jeter, en fait et je ne veux pas les donner à quelqu’un d’autre. Après tout, les chocolats à la pâte de pistache, c’est ceux qu’il préfère. Je pourrais les manger, mais ce n’est pas trop mon truc. Je soupire encore une fois. Je vais lui donner quand même mais pas aujourd’hui. Demain, demain, c’est bien. Demain, c’est pas la Saint Valentin. Demain, il n’aura pas l’idée de se demander pourquoi je lui offre ça. Au pire, je n’aurais qu’à lui dire que j’ai eu pitié de lui. Oui, c’est ça, c’est juste de la pitié. Son regard suppliant la dernière fois a eu raison de moi, mais il ne m’aura pas une autre fois. Ça non !

     

    A qui je veux faire croire ça ? Lequel des deux a léché le doigt de l’autre ? Lequel des deux a failli…

     

    Je pose violemment les chocolats sur le lit et prends ma tête entre mes mains. Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Pourquoi j’ai tellement envie d’être avec lui ?

     

    Izuku

     

    Les choses n’ont pas beaucoup bougé entre Katchan et moi ces derniers jours. Il fait comme si de rien n’était, mais par moment, j’ai quand même l’impression qu’il me regarde. Si ça se trouve, je me fais peut-être des idées, encore une fois. Je ne sais vraiment pas quoi penser. De drôles de pensées se bousculent en moi depuis quelques temps. Je dois avoir trop d’imagination.

    Hier c’était la Saint Valentin, Ochaco m’a offert des chocolats d’amitié. J’ai trouvé ça gentil de sa part. Ce que j’ai trouvé drôle c’est que Denki et Mineta attendaient que les filles de la classe leur offrent des chocolats, mais tout ce qu’ils ont eu ce sont des rires moqueurs. Les pauvres quand même, je les plains.

    Ils étaient tellement dépités, surtout quand ils ont vu que Shoto et surtout Katchan qui est pourtant réputé dans le lycée pour avoir un sale caractère, ont eu des tas de chocolats dans leur casier. Shoto a partagé, ce qui a fait rager encore plus Denki et Mineta, tandis que Katchan les tous jetés à la poubelle. Comme je le sais ? Je l’ai vu faire et il l’a fait sans aucun état d’âme. Les pauvres qui ont pris le temps de lui faire ces chocolats, je les plains.

    D’un autre côté, elles ne peuvent pas savoir que Katchan n’est pas forcément fan de chocolat, même s’il sait parfaitement les préparer. Je me souviens encore des chocolats à la pâte de pistache qu’il m’a fait pour Noël. Rien que d’y penser, j’en ai l’eau à la bouche. Je lui ai même demandé d’en refaire, mais je ne pense pas qu’il réitère la chose. Après tout, c’était sans doute exceptionnel de sa part et je crois que je peux m’estimer heureux d’en avoir eu.

    C’est la fin de la journée et il est temps pour moi de retourner dans ma chambre faire mes devoirs. Ensuite, repas avec les autres et entraînement. Je profite de ces moments où nous sommes au lycée, car nous allons bientôt devoir retourner en stage chez Endeavor. Nous les enchaînons en ce moment et c’est assez éprouvant, mais il faut au moins ça pour que je puisse devenir un héros digne de ce nom.

    J’arrive dans ma chambre et avant de m’asseoir à mon bureau, je m’affale un moment sur mon lit, la tête dans l’oreiller. Ça fait vraiment du bien de se reposer. Je reste quelques minutes comme ça, fermant les yeux tout en appréciant le calme de la pièce. Puis, je me relève et m’installe à mon bureau. Je sors mes affaires et c’est là que je m’aperçois que quelque chose cloche. La boite que Katchan m’a offert à l’air d’avoir bougé. Je l’avais mise près de mon lit et elle se retrouve sur mon bureau. Je regarde autour de moi, comme si ça venait de se produire, mais ce n’est pas possible.

    Je prends la boite un peu fébrile, je vois quelque chose de vert dépasser à l’extérieur, elle a été mal refermée. Mon cœur bat soudainement très vite. Je me mets à sourire comme un idiot. Est-ce que… ce serait ce que je pense ? J’ai peur de me faire des idées, mais personne d’autre que lui n’aurait l’idée de remplir cette boite. D’ailleurs, à part ma mère qui l’a vu, je ne l’ai montré à personne. Et même si quelqu’un l’avait vu, personne ne pourrait deviner qu’elle vient de Katchan.

    J’ouvre doucement la boite, un peu fébrile. Mes mains sont moites et quand je vois la tulle verte et avec à l’intérieur, des chocolats, je sais que ça vient de lui. J’étais tellement sûr qu’il ne m’en offrirait plus et voilà que je trouve cette surprise dans ma chambre. Je dois l’avouer, ça me fait vraiment plaisir. Je goûte un chocolat. Je soupire de plaisir. Il a exactement le même goût que la dernière fois, c’est un vrai délice. J’ai presque envie de pleurer, tellement ça me touche.

    Est-ce que… c’était un cadeau de Saint Valentin ? Non, ce n’est plus la Saint Valentin aujourd’hui, cependant… j’ai quand même l’impression que c’en était un et qu’il n’a juste pas voulu me l’offrir hier pour que je ne me fasse pas d’idée. Je crois que c’est raté, bien sûr que je m’en fais et que j’ai envie de m’en faire. J’en goûte un autre et les larmes coulent sur mes joues. Je suis tellement heureux en cet instant, parce qu’il a vraiment pensé à moi. A cet instant, j’aimerais tellement être avec lui.

     

    Katsuki

     

    Le lendemain que je lui ai offert les chocolats, j’ai eu un mot sur ma table. Il n’était pas signé, mais j’ai tout de suite reconnu son écriture « Merci ! ». C’était simple et efficace. Ça a juste suffit pour me faire plaisir. Quand je l’ai vu, je me suis permis un regard dans sa direction et il m’a souri avec un tel bonheur, quand j’en ai rougi de surprise. Malgré moi, j’ai eu un petit sourire de satisfaction. Ça lui a fait plaisir, c’est tout ce qui comptait pour moi. Avant, je n’aurais jamais pu imaginer une chose pareille, je n’aurais jamais cru que j’aurais envie d’être près de lui.

    C’est un grand bouleversement pour moi et j’essaie, cependant, de ne pas bruler les étapes. Je sais que tout n’est pas encore réglé entre nous. Il y a encore des choses dont je ne suis pas fier le concernant et pour l’instant, je n’arrive pas à lui parler, à lui dire ce que j’ai sur le cœur. C’est encore un peu trop tôt. J’ai encore cet orgueil en moi qui me pousse à repousser le moment des confessions. Pour autant, je sais très bien qu’un jour, je ferais ce qu’il faut et quand ce sera le cas, je sais que je serais sincère envers lui.

    Les stages ont repris depuis un moment et nous sommes toujours à l’agence d’Endeavor, Deku, double face et moi. La fin de l’année scolaire approche et avec elle, une mission des plus importantes, la plus important qu’on ait eu jusqu’ici. Un combat contre le front de libération des super pouvoirs, avec à sa tête Tomura Shigaraki, le successeur d’All For One. Nous le savons bien, si nous ne l’arrêtons pas, l’avenir risque d’être incertain pour tout le monde. Ils ne nous ont pas dit exactement de quoi il retournait, mais à priori, Shigaraki aurait entreprit de se renforcer, ce qui n’est pas de bon augure.

    Les héros pros, ont prévus plusieurs attaques simultanées, mais n’étant pas assez nombreux, ils ont fait appels à nous, de simples lycéens, avec un permis provisoire à peine en poche et une expérience qui laisse à désirer, même si la seconde A, a vécu bien plus de choses de ce côté-là que la plupart des élèves de Yuei. On peut dire qu’on a été dans le feu de l’action, ces derniers mois. Le moment le plus marquant pour moi a été quand les vilains, m’ont capturé et qu’ils ont cru qu’ils pouvaient m’enrôler dans leur rang. Je sais que mon comportement laisse à désirer, qu’il s’apparentait beaucoup à celui d’un vilain, mais ils ont vraiment mal choisi leur cible.

    Depuis toujours, je veux devenir un héros, ça a été on Leit Motiv, depuis toujours. Je voulais être le numéro et dépasser All Might et mon ambition n’a toujours pas changé. Je ne me suis jamais laissé dévier de ma route. J’ai douté, eu peur d’échouer, j’ai eu l’impression de stagner à certains moments, mais je n’ai jamais perdu mon objectif de vue et ça restera ainsi jusqu’à ce que j’atteigne mon but.

     

    Je peux y arriver. J’en ai les capacités. J’ai évolué, je ne suis plus le même qu’avant.

     

    Le combat a déjà commencé et il est rude, très rude, encore plus depuis que Shigaraki est entré en scène. L’autre équipe n’a pas pu le stopper et il est à présent devant nous, plus fort que jamais. Je regarde Deku qui se bat comme un beau diable, mais qui a décidé de le faire seul. J’ai l’impression qu’il se sent responsable de la situation, que parce que c’est lui qui possède le One For All, il est le seul à pouvoir arrêter Shigaraki. Une grosse erreur de sa part.

    J’ai compris, moi, qu’on ne pouvait pas toujours combattre seul. C’est d’autant plus vrai quand notre adversaire est un monstre pareil. Il veut porter ce poids tout seul, il s’y sent obligé. Il a oublié qu’on était une équipe. Ça me fait mal de dire ça, parce que je n’ai jamais voulu faire équipe avec Deku. Je l’ai toujours considéré comme une épine dans mon pied, un bon à rien qui ne sert à rien et qui m’aurait ralenti plus qu’autre chose. Mais depuis quelques temps, je vois les choses autrement. Je sais que Deku est fort. Il fait tout pour maîtriser le pouvoir que lui a confié All Might. Mais à côté de ça, il s’éloigne de plus en plus à cause de ça. Il croit sans doute que c’est le mieux à faire, mais bien sûr c’est une connerie monumentale.

    Je le vois qui s’élance sur Shigaraki, la colère a pris le dessus sur tout le reste. Il ne se maitrise presque plus et avec ça, il commet l’erreur de laisser une ouverture à son ennemi. Shigaraki l’a dans sa ligne de mire et si on ne fait rien, Deku risque sa vie et ça je ne peux pas le permettre. Alors…

     

    A ce moment-là… avant même que je puisse réfléchir… mon corps a réagi tout seul !

     

    Izuku

     

    J’ai laissé la haine m’envahir complètement. Le simple fait que Shigaraki ait acquis la quasi-totalité de sa puissance et qu’il cause autant de dégâts, ça m’a fait complètement vriller. Pourtant, ce n’est pas mon genre. Mais là, j’ai bien du mal à me contrôler. Shigaraki s’apprête à lancer une attaque, qui va probablement m’atteindre, mais d’un seul coup, je vois quelqu’un me pousser de la trajectoire. J’écarquille les yeux, en voyant que c’est lui.

    -       Arrête d’essayer… de gagner… en solo, me dit Katchan alors qu’il est transpercé par le pouvoir de Shigaraki.

    Durant un instant, c’est la surprise qui m’habite, puis, la peur et l’angoisse. Mon cœur s’emballe alors qu’il tombe peu à peu à côté de moi, blessé gravement.

    -       Kat…

    Le reste de son nom se bloque dans ma gorge. Je suis incapable de parler et je ne peux même pas aller vers lui pour arrêter sa chute. Fort heureusement, c’est Shoto qui le rattrape. Mon cerveau est en ébullition, mon regard est bloqué sur Katsuki, blessé à cause de moi.

    -       Beaucoup de sang… aura coulé inutilement durant cette bataille, dit Shigaraki, mais aucun sacrifice n’aura été plus vain que celui-ci.

    En entendant ses paroles, mon sang n’a fait qu’un tour. Comment ose-t-il dire une chose pareille ? Dire que le sacrifice de Katchan a été vain, c’est comme reconnaître qu’il est inutile et ça je ne l’admets pas. Je ne peux pas. Ma colère vient de monter d’un cran, cette fois, je ne me contrôle plus.

    -       Retire ça ! dis-je en l’attaquant.

    Il semble surpris par mon revirement, et sûrement aussi parce que j’ai contré le tir qu’il m’avait lancé. Malheureusement, mon emportement a eu pour effet de lui laisser une ouverture pour me toucher et c’est l’effroi qui me prend quand je pense qu’il pourrait s’emparer du One For All. Fort heureusement, les autres porteurs m’ont porté secours, et il n’y est pas parvenu, mais, j’avoue que le simple fait qu’il ait pu pénétrer dans ma conscience m’a beaucoup effrayé. Il n’a pas pu me prendre le One For All, mais rien ne dit qu’il ne le fera pas plus tard.

     

    Katsuki

     

    Je me suis évanoui un moment et quand je me suis réveillé, j’étais dans les bras du délégué. Pour autant, il n’était pas question que j’abandonne. Son coup m’a fait un mal de chien, l’autre bigleux m’a dit que je faisais une hémorragie interne, mais je n’avais pas envie de renoncer.

     

    Une victoire absolue ou rien.

     

    La victoire, il n’y a rien d’autre qui compte, pas vrai Deku ? On ne peut rien faire si on n’y croit pas. 

     

    Le délégué a essayé de me retenir et quand j’ai vu Best Jeanist surgir de nulle part, revenu d’entre les morts, ça a achevé de mon convaincre qu’il fallait que je continue à me battre. Hors de question qu’il me voit aussi faible. Je me suis élancé à un moment donné du combat et j’ai enfin l’occasion de le dire. Je voulais que Best Jeanist l’entende en premier. C’est lui qui m’a fait prendre conscience qu’un nom c’est important. Je sais pourtant que certains ne vont pas apprécier, mais moi il me plait. Lorsque je me suis élancé, j’ai compris que c’était le bon moment. J’ai évolué, mon alter a évolué, je le sais.

     

    Je dois reproduire ces explosions… Elles étaient différentes… plus rythmées, plus rapides, plus puissantes que jamais !

     

    C’est la première fois que je ressens cette tension face à une situation de vie ou de mort !

     

    J’entends le délégué qui me fait des reproches sur mon geste insensé alors que je devrais sans doute me reposer. Je suis blessé gravement, mais ça m’est égal. Un héros ne flanche pas, il n’a pas le droit. Il doit continuer jusqu’au bout. Il doit sauver tout le monde, coûte que coûte.

    -       Alors, tu as fini m’a t’ouvrir sur le monde, « Bakugo » ? me demande Best Jeanist.

    -       C’était un nom de code provisoire, ça. Je voulais justement vous dire celui que j’ai choisi !

    Les paroles de Best Jeanist me reviennent en mémoire à ce moment-là. Il me disait que le pseudo d’un héros est un souhait. Il m’a dit de revenir après mon permis provisoire, qu’il me le redemanderait à ce moment-là. Le moment est venu.

    -       A partir d’aujourd’hui appelez-moi… GREAT GOD BOMBERKILL DYNAMIGHT !!

    Voilà, c’est dit. Maintenant, ils ne pourront plus l’oublier. Le combat a continué encore un moment et ça s’est terminé… pas de la façon dont nous l’aurions voulu. Je me suis évanoui avant la fin et quand je me suis réveillé, j’étais dans un lit d’hôpital.

     

    Izuku

     

    La frustration, c’est ce que j’ai ressenti à la fin du combat. La frustration de ne pas avoir pu arrêter Shigaraki alors qu’il était là, à ma portée. J’ai senti quelque chose en lui, j’ai eu l’impression qu’il m’appelait à l’aide. Je ne sais pas trop si je peux le sauver, mais je suis un héros, c’est ma vocation de sauver les gens. Je ne peux pas ignorer la détresse d’une personne sous prétexte qu’il a fait du mal aux autres. J’ai compris que tout n’était pas blanc ou noir. Les vilains ne naissent pas vilains, ils le deviennent. Certaines circonstances ont fait qu’ils devenus ce qu’ils sont aujourd’hui. On ne peut pas totalement les blâmer pour ça, mais ça ne les excuse pas pour autant. L’histoire de Shigaraki, je n’en connais que des bribes, je sais qu’il y a certains évènements dans sa vie, qui l’ont fait dévier du droit chemin. Et c’est pareil pour les autres, ils ont tous leur histoire, leur passé.

    Après le combat, je suis tombé dans un sommeil profond et j’ai rencontré tous les anciens porteurs du One For All. Ils étaient là, bien enfouis dans mon subconscient et pourtant, je les voyais clairement. J’avais déjà eu plusieurs interactions avec eux auparavant, mais là, c’était différent de d’habitude. J’avais l’impression d’assister à une réunion, où je pouvais à peine intervenir, car j’avais encore la bouche couverte.

    Difficile de parler, mais je parvenais à me faire comprendre. J’ai eu des informations très importantes sur le One For All, j’ai pu rencontrer le deuxième et troisième porteur et j’ai pris une décision à ce moment-là. Quand Nana Shimura m’a demandé si j’étais prêt à arrêter Shigaraki, si j’étais prêt à le tuer, j’ai compris ce que je devais faire. Une décision qui ne plaira pas, mais je m’y tiendrais.

    Lorsque je me suis réveillé tout était clair dans mon esprit. J’ai discuté avec All Might, vu ma mère. J’ai compris que tout le monde était prêt à me protéger car j’étais la cible numéro un de Shigaraki et All For One, qui a réussi à s’échapper du Tartare.

    Quand j’ai pu sortir de l’hôpital, ma décision était prise, je devais partir, pour les protéger. C’est mon devoir de les protéger tous. All Might m’a confié son pouvoir, il m’a passé le flambeau. A moi de faire le nécessaire pour que mon pouvoir sauve le monde.

    Avant de partir, j’ai écrit plusieurs lettres à mes camarades, leur racontant tout ce qui s’était passé, dévoilant l’existence du One For All. Je me suis ensuite attardée sur une lettre en particulier, celle de Katchan. Elle a été plus difficile à écrire que les autres, plus douloureuse. Ces derniers mois, on s’est rapproché plus que je ne l’aurais cru. Je n’aurais jamais imaginé ça possible, mais ça m’a vraiment fait plaisir. Je sais que ce que je vais faire ne va vraiment pas lui plaire, qu’il va me traiter de tous les noms, mais je n’ai pas le choix. Je ne peux pas faire autrement.

    Je suis allé dans sa chambre à l’internat et je lui ai déposé la lettre, et un autre présent. Je souris en le voyant, je suis sûr qu’il va me traiter d’imbécile quand il le verra, mais ça m’est égal. Il pensera aussi que c’est digne de moi.

    Je suis ensuite parti, laissant tout le monde derrière moi. Seuls quelques personnes sont au courant de mon départ, All Might, Endeavor et Hawks. Je sais que je suis un appât et ça me va, c’est pour ça que je les laisse me suivre, sans broncher. Tant qu’ils ne me gênent pas ça me va. Je sais que leur aide pourra m’être utile, mais quand le moment se présentera… je sais qu’il faudra que je fasse les choses seul.

     

    Je suis le seul à pouvoir vaincre Shigaraki et All For One. Je ne peux pas déléguer cette tâche à quelqu’un d’autre. C’est ma responsabilité, mon fardeau. Je suis vraiment seul maintenant.

     

    Katsuki

     

    Quand je me suis réveillé, deux jours après le combat, la première personne à qui j’ai pensé, c’est Deku. Mais ce n’est pas lui que j’ai vu à mon réveil. Les premières personnes que j’ai vues, ce sont des camarades de ma classe, qui m’ont fait gueuler à peine réveiller. Je leur ai demandé des nouvelles de Deku, de Shoto et des autres et leurs regards fuyants m’ont fait comprendre que les choses étaient très graves.

    Quand ils m’ont dit que Deku ne s’était pas encore réveillé, j’ai eu du mal à l’admettre et mon sang n’a fait qu’un tour. Je me suis levé, alors que ça fait un mal de chien, mais ce n’est rien à côté de la douleur que je ressens de savoir qu’il ne s’est toujours pas réveillé et que je ne sais même pas s’il le fera. Je suis sorti de la chambre, en trombe, Sato et Mineta sur mes traces, essayant de m’empêcher de sortir et d’aller me recoucher. Une phrase m’a traversé l’esprit, un peu bête, je dois l’avouer, mais je l’ai quand même dite.

    -       Il a pas intérêt à crever, cet enfoiré… Sinon, je le bute !!

    Oui, c’est nul, mais c’est sorti tout seul. Et j’avoue, je n’ai pas pu m’empêcher de continuer. Je crois que la peur de ce qui pourrait lui arriver, s’est transformé en colère et je me suis emporté, comme d'habitude, si bien que les insultes sont sorties toutes seules.

    -       Deku, pauvre tâche !! Comment tu peux pioncer pendant que je suis debout ? criais-je dans l’hôpital.

    Je sais que ça ne se fait pas, mais je n’arrivais vraiment pas à me comporter autrement. Je voulais qu’il se réveille, et qu’il me regarde avec un sourire gêné, en me disant qu’il était désolé en m’appelant par mon surnom. J’ai été ramené de force dans ma chambre et j’ai même croisé Best Jeanist en chemin qui m’a demandé comment j’allais. Il a d’autres questions bêtes comme ça lui ? Après ça, je n’ai pas eu d’autre choix que de me reposer et quand je suis enfin retourné à l’internat, je n’avais pas revu Deku et je n’étais pas près de le revoir.

    Le jour de mon retour, alors que je pénètre dans la résidence, je sens que toute ma classe est abasourdie, fébrile. Ils tiennent tous quelque chose dans leur main, une lettre. Ils lèvent la tête vers moi et je vois l’incompréhension dans leur regard. J’ai envie de leur gueuler dessus, mais quelque chose me pousse à m’éloigner d’eux. S’ils ont tous une lettre, alors… peut-être que moi aussi… Bon sang ! C’est quoi cette histoire ?

    Je me précipite dans ma chambre, mais arrivé devant la porte, je m’arrête. J’ai peur de découvrir ce qu’il y a derrière. Mon cœur bat la chamade, alors que je tourne la poignée de la porte. J’entre dans la chambre un peu fébrile et avance à l’intérieur. C’est là que je vois quelque chose sur mon bureau, un paquet et une lettre. Je ferme la porte derrière moi, prends la lettre et commence à la lire :

     

    Katchan,

     

    Je sais très bien que tu ne vas pas approuver ce que je vais faire, mais je pense que c’est la meilleure décision que j’ai prise. Je suis content que tu aies appris l’existence du One For All, tu m’as été d’une grande aide et ça, je ne l’oublierais jamais.

     

    J’ai vraiment aimé les moments que l’on a passé dans cette cuisine, tes gâteaux étaient excellents, tu as un vrai talent. Je sais que tu n’aimes pas que je le dise, mais tu aurais fait un excellent pâtissier. Mais, je sais aussi que tu deviendras un super héros excellent.

     

    Je ne te demande pas de comprendre mon geste, je sais que tu ne l’accepteras pas. Sache juste que j’espère vraiment te revoir et j’espère aussi pouvoir passer d’autres moments avec toi.

     

    Deku

     

    Ps : Voici mon cadeau du White Day, je n’ai pas pu te le donner avant, alors je le fais maintenant. Je sais que tu vas le trouver idiot, mais que tu te dirais que c’est tout moi. J’espère quand même que ça te plaira.

     

    Je froisse la lettre dans ma main et me rends compte que des gouttes d’eau tombe sur le sol. Ce sont mes larmes. Dès les premiers mots, j’ai compris ce qu’il comptait faire. La lettre est courte, mais j’ai l’impression qu’elle avait un sens caché. Je me fais peut-être des idées, mais… au fond, je l’espère. Cependant, ce que je sais, c’est qu’il est parti jouer les héros seul, qu’il ne m’a même pas jugé digne de le suivre, comme s’il devait être le seul à porter ce fardeau.

    -       PUTAIN ! criais-je en donnant un coup violent sur mon bureau ce qui le fait trembler.

    D’un seul coup, je m’emporte et tout ce qui est à ma portée finit par terre. Je suis furieux, furieux, qu’il soit parti, furieux qu’il m’ait laissé une lettre comme ça, qu’il n’ait pas eu le courage de me le dire en face. Ça me met hors de moi. Je continue à tout balancer et la seule chose qui reste, c’est son cadeau, encore bien emballé dans son papier rouge.

    -       Pourquoi ? Pourquoi faut toujours que tu sois comme ça ? Pourquoi tu crois que tu dois porter tout sur tes épaules ?

    Alors que je continue à taper sur mon bureau, tout en pleurant, j’entends la porte de ma chambre s’ouvrir.

    -       Bakugo ?

    Je reconnais la voix de Kirishima. Son ton est inquiet. J’imagine que le bruit et mes cris ont dû l’interpeller. Je m’en fous en fait, que tout le monde m’entende, ça m’est égal.

    -       Bakugo, répète-t-il en s’approchant de moi.

    -       Dégage ! crachais-je.

    -       Je peux pas, dit-il. Pas en te voyant comme ça.

    Il referme la porte derrière lui et je n’ai même pas le courage de le chasser. Je lui tourne le dos, mais il sait que je pleure. Je l’entends s’avancer vers moi et j’ai bien envie de lui en foutre une dans la gueule pour me soulager, mais mes membres refusent de bouger. Et puis, je sais que ce ne serait pas correcte, il ne m’a rien fait, mais ça me démange, je n’y peux rien.

    -       Va-t’en Kirishima, dis-je en fixant le cadeau de Deku sur le bureau.

    -       Non, je peux pas te laisser dans cet état. Bakugo… tu… tu savais pour Izuku, n’est-ce pas ?

    Je me tourne brusquement vers lui et il écarquille les yeux, sûrement parce que je pleure. Je ne dois pas être beau à voir, mais je n’essaie même pas d’arrêter mes larmes. Il s’approche de moi et je le laisse faire. Il me prend alors le poignet et me force à m’asseoir sur mon lit. Il attend que je me calme un peu et probablement une réponse aussi à sa question.

    -       Oui, je savais, dis-je finalement. Depuis quelques mois déjà. J’étais au courant de son secret.

    -       Eh bien, je n’aurais jamais cru ça, enfin… si depuis quelques temps, je sais que ce n’est plus si étonnant.

    -       Pourquoi tu dis ça ?

    -       Bakugo… je me demandais… je sais pas si c’est le bon moment pour te demander mais… est-ce que par hasard… tu ne seras pas am…

    -       Ta gueule, le coupais. Je ne veux pas que tu continues. Je ne veux pas que tu me demande ça.

    Je détourne la tête. Non, je ne veux pas penser à ça, je ne veux pas l’imaginer maintenant, parce si lui l’a vu, alors ça veut dire que peut-être d’autres personnes ont peut-être vu quelque chose eux aussi. Je serre les poings, bon sang, comment je pourrais envisager quoi que ce soit avec Izuku, alors que je n’ai pas encore réglé les problèmes que j’ai avec lui.

    -       Deku et moi, comme tu le sais, on se connaît depuis l’enfance.

    Merde ! Je commence à me confier. Je sais que je devrais m’arrêter maintenant, mais je sens que je ne vais pas pouvoir. Avant de parler au principal intéressé, je crois que j’ai besoin d’en parler à quelqu’un d’autre, même si ça ne me soulagera pas pour autant, je le sais.

    -       On s’entendait plutôt bien étant petit, mais, quand j’ai eu mon alter et que j’ai appris que lui n’en aurait jamais, tout a changé. J’ai commencé à me croire supérieur à lui, je l’ai rabaissé, critiqué. Durant des années, je l’ai harcelé, j’ai ri de son rêve de devenir héros, alors que sans alter ça lui était impossible. Je ne voulais pas qu’il soit mon égal alors j’ai tout fait pour qu’il reste derrière moi. Mais au fond…je sais très bien qu’il a toujours été meilleur que moi. En fait… le bon à rien, ce n’est pas lui, mais c’est moi.

    Je mets ma tête entre mes mains et mes larmes coulent de plus belle. Je sens la main de Kirishima dans mon dos pour essayer de me calmer, mais je ne pense pas que je pourrais me calmer comme ça.

    -       Bakugo, quand on s’est rencontré, je t’ai trouvé colérique, arrogant, imbu de toi-même, un peu trop sûr de lui et de son pouvoir et persuadé qu’il allait devenir le numéro un.

    -       C’est bon, t’as fini de souligner tous mes défauts, grognais-je.

    -       Oui, c’en est, dit-il. Mais le simple fait que tu t’en aperçoives aujourd’hui montre que tu as vraiment changé. Au fil des mois, j’ai vu ton évolution, tu as pris en compte les remarques qui t’ont été faites, tes échecs t’ont fait grandir et tu as même réussi à te rapprocher d’Izuku. Et même s’il t’arrive encore de t’emporter contre lui, j’ai bien vu que ton attitude avait changé envers lui. Tu as conscience de tes faiblesses et tu fais tout pour y remédier. Ce que tu as fait à Izuku durant votre enfance n’est pas digne d’un héros, ni d’un homme, mais je vois que tu essaies de te rattraper. Tu es quelqu’un d’intègre qui a vraiment envie de changer, je le sais. Alors, non, tu n’es pas un bon à rien. Tu fais des erreurs comme tout le monde, et tu fais tout pour les réparer. Le simple fait que tu pleures aujourd’hui du départ d’Izuku, montre que tu tiens à lui, qu’il fait partie intégrante de ta vie. Et je sais très bien que tu ne resteras pas à te lamenter sans rien faire. Avec la classe, on compte bien le ramener. Il pense que parce qu’il est visé, il doit gérer tout, tout seul. Mais, on va lui montrer qu’on est là, qu’il n’a pas à faire tout, seul dans son coin, qu’on peut le soutenir et que c’est tous ensemble que nous vaincrons Shigaraki. Et tu seras avec nous n’est-ce pas, Bakugo ?

    Je le regarde avec surprise. Je ne m’attendais pas à une telle tirade de sa part. Je ne pensais pas qu’il m’avait observé autant et que ses paroles seraient si justes. Je me rends compte que c’est vraiment quelqu’un bien. Depuis le début, il me supporte et je sais que c’est un vrai pote. Il ne m’a jamais laissé tomber, malgré mon sale caractère. Il est vraiment incroyable. J’essuie soudain mes larmes et me laisse tomber sur mon lit, un bras sur les yeux.

    -       Bien sûr que je veux le retrouver et t’inquiète que je lui botterais les fesses pour avoir cru qu’il pouvait partir comme ça en nous laissant derrière.

    -       Je te reconnais enfin, Bakugo.

    Je me redresse, sans le regarder. Je suis épuisé, pleurer, c’est crevant. Je jette un œil à Kirishima qui me fait un sourire d’encouragement.

    -       Ça va bientôt être l’heure de dîner, tu me suis ou tu préfères te reposer encore un peu ?

    -       J’ai plutôt envie de dormir là, répondis-je.

    -       Ok ! Pas de soucis, dit-il en se levant en posant furtivement une main sur mon épaule pour m’encourager. Repose-toi bien Bakugo.

    -       Ouais, hum… merci Kirishima, dis-je un peu gêné.

    -       De rien, je suis ton pote après tout. Si tu as encore besoin de moi, je serais toujours là.

    -       Merci.

    Il sourit à nouveau avant de sortir de ma chambre. J’en fais le tour du regard. Elle est sens dessus-dessous, mais je n’ai pas le courage de ranger. Je regarde mon bureau et prends le cadeau de Deku dans ma main. Je défaits lentement le papier et je souris en voyant ce qu’il m’a offert.

    -       T’as raison Deku, c’est idiot et même nul comme cadeau, mais bien digne de toi.

    Dans ma main se trouve un Badge All Might. Il ne pense vraiment qu’à ça comme cadeau, comme si ça pouvait plaire à tout le monde. C’est vrai que je suis fan d’All Might, mais pas au point de tout collectionner comme Deku. Y’a que lui pour croire que c’est un super cadeau. Je regarde l’intérieur de la boite.

    Il y a un papier sur lequel il est écrit que c’est un badge collector édité pour les vingt ans de carrière d’All Might. J’imagine qu’il doit être rare, alors, je ne peux même pas le jeter et au fond, je ne le veux pas. Même si c’est un cadeau aussi kitch que le porte-clé de la dernière fois, ça reste un cadeau de Deku et il l’a fait pour me remercier de mon cadeau de Saint Valentin, qui n’en était pas vraiment un puisque je ne lui ai pas offert ce jour-là. Mais à priori, il a la pris comme ça et en vérité… ça me va. Je ne regrette pas de lui avoir offert ces chocolats et j’espère même pouvoir lui en faire à nouveau.

    Je m’allonge sur mon lit et regarde le badge avant de le serrer contre mon cœur. Je compte bien retrouver Deku. Qu’il ne croit pas qu’il pourra mener cette mission contre Shigaraki tout seul. Je vais lui rappeler qu’on est une équipe, c’est lui qui l’a dit en premier alors un petit rappel n’est pas de trop. Quand je le reverrais, cette fois, je ne fuirais plus, je lui dirais tout ce que j’ai sur le cœur. Il est temps que je devienne un héros digne de ce nom et ça commence déjà avec Deku. Tant que je n’aurais pas réglé mon passé, je ne pourrais pas me tourner vers l’avenir.

     

    Izuku

     

    Ça fait un moment que j’ai quitté Yuei, quitté mes amis, ma mère, tout le monde. J’ai sauvé pas mal de monde en cours de route mais je suis toujours à la recherche d’All For One. Je sais que je pourrais attendre qu’il me trouve, mais je ne peux pas rester en place alors qu’on a besoin de moi. Beaucoup de vilains ont été libéré de prison et ils sèment le chaos partout dans le pays alors hors de question que je ne fasse rien, d’autant plus que beaucoup de héros ont jeté l’éponge.

    De toute façon, je ne peux pas rester à un endroit trop longtemps, de peur de mettre les gens en danger. Je suis la cible numéro un, je ne dois pas l’oublier. Je sais qu’Endeavor et Hawks me suivent de loin et All Might me soutient. Mais même s’il me soutient, il n’est plus ce qu’il était, combien de temps pourra-t-il encore me suivre comme ça, sans être en danger lui aussi ?

    Lors de mon périple, j’ai revu Muscular un vilain que j’avais battu lors de l’attaque de l’Alliance pendant le camp d’été. J’ai été surpris de la facilité avec laquelle je l’ai battu. J’ai ensuite continué mon chemin, et c’est là que je l’ai croisé : Lady Nagant, ancienne héroïne qui a fini en prison pour avoir tué un membre de la Commission de sécurité publique héroïque. Elle m’a raconté son histoire et j’ai encore plus compris que ce monde n’était pas tout noir, ni tout blanc.

    Ce sont les nuances qui font bouger les gens et qu’ils font des gens ce qu’ils sont. Lady Nagant a été un pion pour la Commission et elle a vu la noirceur qui existait derrière une institution que se voulait bien sous tous rapport. Mettre à mort des gens qui n’ont en encore rien fait de mal,  même juste parce qu’ils l’envisageaient, c’est détestable. Ça ne devrait pas exister. Et même s’ils l’ont fait ça pour garantir la sécurité du plus grand nombre, cela n’en reste pas moins des meurtres inutiles et injustifiés. Lady Nagant a voulu dénoncer cela et elle a commis l’irréparable, mais au lieu que l’affaire face un scandale, elle a été soigneusement dissimulée aux yeux de tous.

    Alors qu’elle était devant moi, j’ai bien compris qu’elle n’avait pas encore renoncé. Elle était toujours une héroïne malgré tout, parce que c’est ce qu’elle avait toujours voulu devenir. Je lui ai tendu la main parce que j’ai senti qu’elle avait toujours cette lueur d’espoir en elle. Si elle avait vraiment voulu me tuer, elle l’aurait fait. Quand elle a souri, j’ai senti que j’avais fait mouche et malheureusement, All For One en a décidé autrement. Un système de bombe faisant exploser quiconque le trahirait, c’est bien digne de lui. Avant de s’évanouir et d’être évacué en état critique, elle nous a quand même donné des indices. Après ça, j’ai été surpris de retrouver Kai Chisaki, le bourreau d’Eri. Je me suis surpris à être très calme. Il voulait absolument revoir son chef et j’ai vu dans ses yeux qu’il n’était plus une menace.

    Après ça, nous sommes allés, un groupe de héros et moi, à l’endroit que nous avait indiqué Lady Nagant. Bien entendu, All For One n’était pas là. Il a laissé une vidéo à mon attention avant de faire sauter l’endroit. Après ça, j’ai compris que je ne pouvais vraiment plus compter que sur moi-même, si je voulais que personne ne soit blessé à côté de moi. Tous les vilains qu’All For One m’ envoyé, je les ai étalés avec le One For All et petit à petit, je me suis éloigné du monde et le dernier lien que j’avais avec mes proches, je l’ai rompu en laissant All Might derrière moi.

     

    Les temps sont durs pour tout le monde… C’est quoi au juste le but d’All For One ? Où est-ce qu’il se cache ? Je dois à tout prix arrêter Tomura… et l’alliance des super-vilains au plus vite… Ils ont déjà fait assez de victimes !

     

    Je ne veux plus qu’il y ait de blessés… Il faut que j’apprenne à maîtriser complètement le One For All… pour qu’on puisse à nouveau vivre en paix… et retrouver… ces moments où on riait tous ensemble…

     

    Je dois sauver tout le monde, c’est ma mission. Je ne peux plus reculer, je suis déjà allé bien trop loin. 

     

    Je suis devant un vilain, qui a pris en otage une partie de la population. Je suis fatigué, au bord de l’épuisement, mais je sais que si je flanche maintenant, les gens qui comptent sur moi à cet instant craindront pour leur vie. Ils s’élancent vers moi et je vois leurs regards apeurés et effrayés et ils me demandent pardon, parce qu’ils ne peuvent rien faire pour s’arrêter alors qu’ils m’attaquent tous en même temps sans le vouloir.

     

    Ne vous inquiétez pas… Je sais ! N’ayez pas peur… je vais vous sortir de là… je réfléchis… à une solution.

     

    Alors que je me fais submerger de plus en plus par la foule, d’un seul coup, j’entends une détonation et une voix que me fait sortir de ma torpeur. Non… ça ne peut pas être lui ?

    -       C’est bon, je l’ai trouvé !

     

    Katsuki

     

    Tout la classe a décidé de partir à la recherche de Deku. Ils ont tous compris qu’il avait décidé de faire cavalier seul parce qu’il ne voulait pas nous mettre en danger mais ce qu’il avait oublié c’est à quelle point, toute la classe pouvait être têtu. Et puis, c’est comme s’il nous avait sous-estimé, qu’il nous avait vu comme inutile, comme des boulets à son pied, juste là pour le retarder. Et ça, je ne l’accepte pas. Je sais que c’est son côté héroïque qui a pris le dessus, qu’il a toujours été comme ça, mais là… il est allé bien trop loin et tout le monde s’accorde à dire qu’il a merdé sur ce coup-là.

    Alors, nous avons décidé de prendre les choses en main et nous allons le ramener de gré ou de force près de nous. Je serre dans ma poche le dernier cadeau qu’il m’a offert. Mis à part Kirishima, personne ne m’a vu perdre pied à cause de son départ et Kirishima n’a rien dit et je lui en suis reconnaissant. Alors, je donne le change devant tout le monde, reprenant mon masque de blasé habituel, mais tout de même concerné par la situation.

    Après une réunion avec tout le monde, nous avons décidé de forcer Endeavor à nous dire où se trouve Deku, car nous sommes persuadés que lui et l’autre pigeon savent où il se trouve. Il n’aurait jamais laissé un appât tel que Deku vagabonder dans la nature, même si le connaissant, il va finir par les semer pour de bon pour ne pas les mettre en danger eux aussi. Alors, c’est maintenant, qu’il faut agir avant qu’il ne soit plus possible de le repérer.

    Nous sommes donc allés dans le bureau du proviseur et nous avons pu rencontrer Endeavor. Le proviseur nous a bien fait comprendre que Deku serait toujours le bienvenu à Yuei et nous a encouragé à aller le chercher. Alors, grâce à l’émetteur que nous avons pris à Endeavor, et qu’il n’a même pas cherché à récupérer d’ailleurs, nous sommes maintenant à sa recherche. Et nous le retrouvons en bien mauvaise posture, assailli par la population qui semble manipulé par un vilain. Je repère ce dernier et d’un coup bien placé, je parviens à l’arrêter. Alors que je retombe après mon attaque, je fixe Deku qui a l’air surpris de me voir.

    -       C’est bon, je l’ai trouvé ! dis-je en retombant sur le sol.

    Les gens s’écartent, enfin libres de leur mouvement alors que Yaoyorozu capture le vilain. Moi, je fixe Deku une nouvelle fois. Il est dans un sale état et ça fait un pincement au cœur de le voir comme ça. Mais, d’autres sentiments m’habitent en le voyant, car quand il commence à parler, je n’ai qu’une seule envie, lui en foutre une dans la gueule. Je me retiens, alors que je suis en colère, mais au lieu de ça, je décide de le provoquer, afin qu’il sorte de de ses retranchements.

     

    -       Waouh ! Trop classe !! T’es pas l’héritier du One For All pour rien.

     

    Provoquer pour l’irriter pour qu’il prenne conscience de ce qu’il est en train de devenir.

     

    -       Juste une question… tu gardes encore le sourire là ?

     

    Où il est passé le héros souriant que tu devais devenir ? Celui qui voulait ressembler à All Might ? Je ne le reconnais plus, mais j’ai envie qu’il revienne.

     

    -       C’est pour le retrouver… et vous rassurer que je dois m’en aller ! Alors… ne venez pas vous mettre… en travers de mon chemin.

     

    Excuse bidon, ça m’énerve, ça me fout en colère. Son visage, son attitude, il ne ressemble même plus à héros. Il nous menace et il croit qu’on va gentiment le laisser partir ? Il se met le doigt dans l’œil. Je suis là pour le ramener et je ne partirais pas avant qu’il ne soit rentré à Yuei avec nous… avec moi… près de moi…

     

    -       Vas-y, essaie de nous en empêcher, espèce d’All minable !!!

     

    La bataille commence entre notre classe et lui. Il essaie de fuir et ça me fout encore plus en rogne. Il croit vraiment qu’on ne pourra pas l’arrêter ? Il se sent tellement supérieur à nous maintenant qu’il maîtrise d’autres alters du One For All ? Nous ne sommes vraiment plus dignes de lui ? On va lui montrer qu’on vaut encore quelque chose. Toute la classe s’y met, ils sont tous prêt à le ramener. Quand le délégué attrape sa main, je sens que c’est le moment, le moment pour moi d’intervenir. Ça fait un moment que j’y pense. Quand j’ai parlé à Kirishima, j’ai compris qu’il était temps que je fasse table rase de mon passé et je sais que pour ramener Deku, c’est avec lui que je dois commencer.

    Il est dans un sale état et il se relève encore. Il devrait déjà s’être écroulé, mais il tient toujours le coup. Mina l’encourage à rentrer chez nous, mais il n’est toujours pas décidé. Je pense qu’il veut encore fuir, mais je sais aussi que les paroles de mes camarades l’ont fait vaciller, alors, c’est à mon tour maintenant.

     

    -       J’aimerais bien… mais… il y a tous ces gens à Yuei… et si jamais je les mets en danger ? Je ne peux plus… vivre comme avant, dit-il en avançant vers moi.

    -       Tu te rappelles ce que j’ai dit quand Tomura m’a ouvert le bide ? demandais-je.

    -       Euh… non, dit-il.

    -       Arrête d’essayer de gagner en solo !

     

    Ça y’est, il est temps que je lui dise ce que j’ai sur le cœur, que je vide mon sac. Il faut qu’il entende mes paroles. Je sais qu’il nous faut ça pour avancer tous les deux.

     

    -       Il y avait une suite… A l’instant où j’ai réagi par instinct et où je me suis fait transpercer, j’ai su que je devais te le dire… je t’ai toujours regardé de haut parce que tu étais un sans-alter… et tu étais censé être à des kilomètres derrière moi… et pourtant, j’avais l’impression que tu étais loin devant…

     

    Je détestais ça ! Vraiment, j’ai toujours détesté ça, te voir devant moi, ça m’était inconcevable.

     

    -       Je détestais ça.

     

    Je me sentais… comme un moins que rien. Alors…

     

    -       Je ne voulais pas te voir et encore moins t’accepter. C’est pour ça que je te traitais comme une merde… pour te tenir à distance.

     

    Je ne veux plus que tu sois loin.

     

    -       En te rabaissant, je pouvais me convaincre que j’étais au-dessus de toi… alors que tu as toujours été le meilleur ! Sauf qu’une fois à Yuei, je me suis pris la réalité en pleine poire… tous les jours, je me suis rendu compte de ta force et de mes faiblesses !

     

    Je veux que les choses changent, pour être à tes côtés, te soutenir et te protéger. Je veux que tu voies que j’ai changé, que je ne suis plus le même et peut-être qu’un jour…

     

    -       Ce que je vais te dire, ne changera pas le passé, mais sache que je le pense vraiment !

     

    C’est le moment, le moment de ne pas flancher. Mes mots vont changer notre relation à jamais, je le sais, mais c’est ce qu’il faut pour que nous puissions aller de l’avant.

     

    -       Izuku…

     

    Son prénom dans ma bouche. Tellement rare, mais qui a tout sous sens aujourd’hui.

     

    -       Pardon, pour tout ce que je t’ai fait.

     

    Je baisse la tête, je veux qu’il voie que je suis sincère et quand je vois son visage, je comprends que mes paroles ont fait mouche. Il est surpris ce qui veut dire que mes paroles ont eu l’effet escompté. Pour autant, je sais qu’il faut que je continue pour qu’il lâche enfin prise.

     

    -       Depuis que tu as hérité du One For All… tu t’étais toujours montré digne d’All Might… Tu as été… irréprochable ! Mais là… tu commences à vaciller ! Tu te retrouves devant un obstacle que tu ne peux pas franchir juste en imitant ton modèle.

     

    C’est le moment de le soutenir, de lui montrer qu’on est là… que je suis là, qu’il n’a pas besoin de faire tout seul.

     

    -       Ce que tu n’arrives pas à gérer, on est là pour s’en charger. On va surpasser All Might en sauvant tout le monde... Toi, les civils réfugiés à Yuei et tous ceux qui sont restés chez eux ! C’est comme ça qu’on va gagner !

     

    Son regard ! Ça y’est, je crois qu’il a compris. Il s’avance vers moi.

     

    -       Pardon… Pardon d’avoir dit que vous ne pouviez pas me suivre… c’était dégueulasse…

     

    Je le rattrape de justesse avant qu’il ne tombe à terre.

     

    -       T’inquiète ! lui dis-je alors qu’il s’est évanoui dans mes bras.

     

    Enfin, enfin il est là. Je le serre contre moi. J’ai presque envie de pleurer, mais je me retiens. Le soulagement vient de s’emparer de moi et quand Mezo prend le relais pour emmener Izuku à Yuei, je me laisse tomber par terre, mains, sur les genoux. Mon corps a relâché toute sa tension.  Je savais que ce serait difficile mais pas à ce point. Je vois tout à coup, une main se tendre vers moi. Je relève la tête et vois Kirishima me faire un sourire entendu.

    -       Bien joué, Bakugo, dit-il. Tu as fait ce qu’il fallait.

    -       Mouais, dis-je en prenant sa main qui m’aide à me relever.

    Je regarde Izuku dans les bras clonés de Mezo. Même si nous avons fait un grand pas en avant, je sais que le plus dur reste à venir.

     

    Izuku

     

    Les paroles de Katchan, je les ai attendu tellement longtemps. Je ne m’attendais pas à ce qu’il s’excuse comme ça, surtout maintenant, dans un contexte comme celui-là. Ses paroles étaient sincères, je l’ai tout de suite vu. Ses yeux ne mentaient pas. Je ne l’avais jamais vu si calme.

    Il ne m’a pas parlé, juste pour soulager sa conscience ou me ramener. J’ai senti, qu’il n’attendait même rien de moi, mais qu’il savait qu’il devait me dire tout ça en face. Ça m’a touché, beaucoup. Mon cœur s’est serré quand j’ai entendu sa voix si posée. Il a dit les mots justes et je me suis rendu compte que j’avais été injuste envers mes amis et injuste envers lui. Après ça, je me suis écroulé dans ses bras, mon corps m’a lâché d’un seul coup, vaincu par la fatigue.

    Quand je me réveille, je vois Numéro 13 au-dessus de moi et je me rends compte que je suis dans les bras de Mezo et surtout que nous sommes devant le lycée. Mais, j’ai du mal à croire que c’est le lycée que j’ai côtoyé tellement il a changé.

    -       C… C’est le lycée ça ?

    Mes camarades commencent à me donner des explications, sur le fonctionnement, quand soudain, une horde de personnes s’amassent devant l’entrée. Forcément, ça ne pouvait pas bien se passer. Les gens ne veulent pas que j’entre dans le lycée. Ils ont peur que je les mette en danger et je les comprends. C’est pour cette raison que je voulais éviter cet endroit.

    Les cris de la foule agressent mes oreilles. Peu importe ce que Katchan a dit, si les réfugiés ne veulent pas de moi à Yuei, pourquoi je leur imposerais ma présence ? J’ai envie de partir à nouveau, mais on me retient. Ochaco prend de la hauteur et avec un haut-parleur, elle prend ma défense. Ça me touche beaucoup et je la remercie. Sa gentillesse me touche, au point que je m’écroule à genoux, en pleurant. Les gens commencent à douter et quand je vois Kota puis, la civile que j’ai sauvé quelques temps auparavant venir vers moi, je me dis que j’ai moi aussi, le droit d’être ici. Un garçon avec un t-shirt All Might et un parapluie s’avance vers moi, il est hésitant, mais il prend son courage à deux mains pour m’interpeller :

    -       J’ai une question pour toi… si on te laisse te reposer ici… est-ce que les choses redeviendront comme avant ?

    Je regarde mes camarades et je sais exactement quoi dire. Maintenant, je ne peux plus ignorer les gens autour de moi. Je ne suis plus seul. Je regarde Katchan quelques instants. Non, je ne suis plus seul et je ne veux plus l’être.

    -       Je ne me bats pas… tout seul… alors oui… on vous ramènera la paix !

    Après ça, le soulagement s’est emparé de moi, quand la foule a finalement accepté que je reste. Oh, je sais que certains ne sont toujours pas convaincu, mais je vais tout faire pour les convaincre qu’ils ont eu raison de me faire confiance.

    Quand je suis enfin rentré Yuei, la première chose que mes camarades ont fait, est de m’obliger à prendre une douche et après ils m’ont littéralement jeté dans le bain. Et je l’avoue, ça me fait un bien fou. Ça faisait un moment que je n’avais pas pris le temps de me détendre. Je crois que j’aurais presque pu m’endormir dedans, tellement j’étais bien.

    Quand Katchan est arrivé, il a gueulé comme avant, reprochant aux autres d’avoir tout sali, puis il nous a rejoint. Il est resté égal à lui-même, arguant qu’il deviendrait le numéro un des héros. Il a eu du mal à m’appeler Izuku, alors, je lui ai dit qu’il pouvait encore m’appeler Deku, mais il semble vraiment vouloir faire un effort, même si ça me fait bizarre qu’il m’appelle par mon prénom. Mais, la phrase qui m’a marqué le plus, juste avant qu’il ne se rattrape sur mon prénom, c’est celle-là : « Vous êtes tous mes rivaux, ça n’a pas changé ! Et ça vaut aussi pour toi D… Izuku, ! » C’est peut-être bête, mais ça m’a vraiment fait plaisir parce que pour la première fois, il me considère comme son égal.

    Nous sommes ensuite sortis de la salle de bains et nous avons discuté un moment. Ça m’a vraiment fait bizarre d’être ici, avec eux. Être entouré de mes amis m’a complètement fait lâché prise, je me suis senti en sécurité, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps. Au bout d’un moment, je me suis endormi, épuisé, mais apaisé.

     

    Katsuki

     

    Il est enfin rentré et j’ai l’impression de respirer à nouveau. Ça fait déjà trois jours qu’il est là et il se remet doucement, même si je sens qu’il est quand même stressé. Je sais qu’il a peur de causer du tort à tout le monde, mais nous le soutenons du mieux que nous pouvons. De mon côté, je ne peux m’empêcher de l’observer, même si je ne vais pas forcément vers lui. Je mets encore un peu de distance entre nous, malgré ma confession.

    J’ai peur de ce qu’il pourrait dire. A vrai dire, il ne m’a pas dit qu’il me pardonnait, donc ça m’inquiète un peu. Même s’il m’a toujours suivi, toujours parlé, qu’il a toujours cherché à être mon ami, ça ne veut pas dire qu’il m’a complètement pardonné et mes excuses n’ont peut-être rien changé. Pourquoi, je m’en inquiète autant ? J’ai fait ce que j’avais à faire, maintenant, je ne dois plus rien. Pourtant… j’ai envie de savoir.

    Contrairement à d’habitude, je lui ai laissé un mot dans sa chambre. Je lui ai demandé de me rejoindre à la cafétéria. Il n’a forcément pas repris ses habitudes d’avant, à savoir s’entraîner le soir, donc, il était nécessaire que je lui demande de me rejoindre.

    Et me voilà comme un idiot à attendre qu’il arrive. Je suis un peu nerveux, j’ai les mains moites et quand elles sont moites, elles suintent la nitro, ce qui n’est pas bon. Je dois vraiment me calmer. Je n’ai pas envie de provoquer une explosion à cause de ma nervosité. Ça ne m’est jamais arrivé alors, il est hors de question que ça m’arrive maintenant.

    J’attends maintenant depuis dix minutes et il n’est toujours pas là. Est-ce qu’il a eu mon message ? Ou alors, il ne veut peut-être pas me voir ? Mon cœur se serre, rien que d’y penser. Je me sens mal tout à coup. Mais quand j’entends un bruit près de moi, je reprends espoir, cependant, au lieu de voir Izuku, je vois Lunch Rush entrer dans la cuisine.

    -       Je… heu… bégayais-je.

    -       Ne t’inquiète pas, dit le héros, je ne suis pas venu là pour te chasser, dit-il avec les mains en l’air en signe d’apaisement.

    -       Hum… vous saviez bien alors ? Depuis quand ?

    -       Depuis quasiment le début. Tu ne pensais pas que j’aurais laissé quelqu’un dans mes cuisines comme ça ? La deuxième fois que tu es venu, je t’ai vu.

    -       Pourquoi vous n’avez rien fait alors ? demandais-je un peu confus.

    -       Pourquoi ? Parce que j’ai vu la passion que tu mettais dans tes créations. Je t’ai observé à plusieurs reprises. Tu étais si calme, si concentré, si apaisé quand tu faisais de la pâtisserie, que je me suis dit que je ne pouvais pas t’arrêter comme ça. D’autant plus que d’habitude, tu es plutôt quelqu’un d’impulsif. Le contraste était saisissant et j’ai compris que tu avais besoin de ça pour ne pas perdre pied. Et je dirais que ça aura aussi permis au jeune Midoriya et toi de se rapprocher, non ?

    -       Heu… hein ? Vous saviez aussi pour D… heu… Izuku ? demandais-je gêné en détournant le regard.

    -       Oui, je savais et quand j’ai vu votre complicité, je n’ai pas osé vous déranger.

    -       Vous… vous avez vu quoi exactement ? demandais-je en détournant le regard rouge de honte.

    -       Juste une belle amitié et une magnifique complicité, dit-il avec un sourire.

    -       Hum…

    -       Tu l’attends, n’est-ce pas ?

    -       Ou… oui, mais… je ne suis pas sûr qu’il vienne.

    -       Je suis sûr qu’il viendra, dit-il en souriant avec confiance.

    Je ne dis rien et il s’en va en me faisant un signe de main que je prends comme un encouragement. Je reste à nouveau seul et je commence quand même à perdre à espoir au fur et à mesure que les minutes passent. Mais, quand j’entends un bruit à nouveau, je me demande un instant, si Lunch Rush n’est pas revenu, puis quand je vois Izuku s’avancer vers moi, le soulagement s’empare de moi. Pour autant, je suis quand même un peu anxieux.

    Il s’assoit comme il le faisait avant, sur le tabouret devant moi, la tête sur ses poings et il me fixe. Pas de sourire, mais une expression intense qui me perturbe beaucoup.

    -       Tu ne fais rien ? me demande Izuku.

    -       Heu… si, si bien sûr.

    -       Tu as choisi quoi ?

    -       Je… tu verras bien.

    Je me détourne de lui et commence à prendre des ingrédients au hasard. Mais finalement pas tellement au hasard, car quand je vois que j’ai pris instinctivement du chocolat et de la pistache, ça signifie que j’ai réellement envie de lui faire plaisir. Je crois qu’il a compris et il sourit enfin. Je commence à faire fondre le chocolat, faisant bien attention à la température. Puis, quand la texture est parfaite, je verse dans les moules avant de les mettre au frais pour que les coques refroidissent. Puis, je prépare ma pâte de pistache. Quand la préparation est faite, je décide de me lancer dans une autre préparation, en attendant que les coques en chocolat soient assez dures pour que je puisse y verser la pâte de pistache.

    -       Un brownie ? me demande Izuku alors qu’il me voit préparer la pâte à gâteau.

    -       Tu…

    -       A force, je connais la recette, dit-il avec un sourire malicieux.

    -       C’est vrai que je la fais souvent.

    -       C’est la première recette que tu as faite ici.

    -       C’est vrai.

    -       Et je l’adore, dit-il.

    Je rougis et détourne le regard. J’ai l’impression qu’il a décidé de me mettre mal à l’aise aujourd’hui. Il me fixe beaucoup, toujours sa tête sur ses poings. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai vraiment envie de le toucher, de quelque manière que ce soit. Si bien qu’une fois que j’ai préparé la préparation pour brownie, que je l’ai versé dans mon moule et que je l’ai mis dans le four, je me tourne vers lui et lui fait une pichenette sur le front.

    -       Eh ! Pourquoi t’as fait ça ! dit-il en faisant la moue.

    -       Arrête de me fixer comme ça.

    -       Je te fixe pas, je te regarde.

    -       C’est pareil, De… Izuku.

    -       Je t’ai déjà dit que tu pouvais m’appeler Deku.

    -       Je sais, mais je n’en ai pas le droit pour l’instant… je dois faire ce travail sur moi, sinon, j’aurais l’impression de ne pas avoir changé, dis-je en baissant la tête. Quand j’aurais fait la paix totale avec moi-même alors, je t’appellerais par ton nom de héros.

    Il me regarde avec surprise. Il ne s’attendait apparemment pas à ça. Il finit par me sourire et il avance tout à coup sa main vers moi et la pose sur la mienne qui est posée sur le plan de travail.

    -       D’accord, je comprends.

    Je me râcle la gorge, un peu gêné et profite quelques instants de la main d’Izuku sur la mienne, puis, je me recule et me retourner pour terminer de préparer les chocolats. Je verse la préparation de pistache avant verser du chocolat sur le dessus pour refermer le chocolat. Ensuite, je remets au frais. Puis, au lieu de me tourner vers Izuku, je m’assois par terre et regarde le four qui cuit le brownie. J’entends Izuku bouger son tabouret et il vient s’asseoir à côté de moi. Nous restons un moment silencieux à regarder la lumière du four, avant qu’Izuku ne se décide à briser le silence.

    -       Merci Katchan.

    -       Hein ? Mais… de quoi ?

    -       D’avoir enfin eu le courage de me dire ce que tu avais sur le cœur. J’ai conscience que ça n’a pas dû être facile pour toi. Mais, je suis content que tu l’aies fait et ça m’a beaucoup touché.

    -       Ha ! Hum… il fallait que je le fasse. Tu n’as pas mérité tout ce que je t’ai fait, c’est normal que je m’excuse.

    -       Et je te pardonne, c’est bien ça que tu attendais, non ?

    Je tourne la tête vers lui, surpris et il me fait un sourire avant de poser sa main sur la mienne. Il finit même par enlacer ses doigts aux miens et je sens d’un seul coup que l’ambiance a changé. Tout à coups, je ne sais plus trop quoi faire. Je détourne le regard, gêné et je crois l’entendre ricaner, ce qui me met encore plus mal à l’aise. Tout à coup, il se lève légèrement sans lâcher ma main et prend le saladier où se trouvait la préparation à Brownie.

    -       On n’a pas goûté, dit-il avec un sourire malicieux.

    -       Heu… oui.

    Il me lâche la main pour avoir une meilleure prise sur le saladier, puis il plonge un doigt à l’intérieur avant de le tendre vers moi. Durant un instant, je reste interdit, puis je m’avance vers lui, ferme à demi les yeux avant de lécher le doigt d’Izuku. Je le sens tressaillir ou peut-être est-ce moi, quoiqu’il en soit, ce simple geste m’a donné des frissons. Quand il retire son doigt, j’ai comme une sensation de manque. Quand je le regarde à nouveau, il est rouge pivoine, mais il ne bouge pas. Je lui prends la main et cette fois, je lui embrasse la paume. Il s’agite un peu. J’ai presque l’impression qu’il va tourner de l’œil, mais c’est lui qui a commencé après tout.

    Je garde sa main dans la mienne. Je le fixe et il ne me regarde pas, toujours aussi mal à l’aise. Je prends le saladier dans ma main et le pose à côté de moi. Je pourrais lui parler, mais je préfère le silence, l’ambiance est calme, je veux encore en profiter. Je pose ma tête contre son épaule et je regarde le four tourner encore. Il ne reste plus beaucoup de temps avant de sortir les brownies. J’en profite pour me serrer un peu plus contre Izuku et je sens sa tête se poser contre la mienne. J’enlace une nouvelle fois, mes doigts dans les siens et nous attendons comme ça tranquillement. Quand la sonnerie du four retentit, je n’ai pas envie de bouger, vraiment pas, mais je sais qu’il le faut.

    -       Katchan, le four.

    -       Je sais, dis-je.

    Je me lève à contre-cœur, prends des gants avant de sortir le brownie du four. Je retourne ensuite au niveau du frigo, pour vérifier les chocolats et remarque qu’ils sont déjà prêt. Y’a pas à dire, le matériel ici est vraiment top. Je reviens vers Izuku qui s’est levé et il me regarde démouler un chocolat avec envie. Je souris en le voyant impatient d’y gouter. Il me regarde, attendant que je lui en donne, mais j’ai envie de le faire mariner un peu. Je démoule le reste des chocolats et je sens près de moi qu’il s’impatiente, parce qu’il se colle à moi, comme si ça allait me faire aller plus vite.

    Quand enfin, j’ai terminé, j’en prends un et l’examine. Puis je le tends à Izuku. Il s’apprête à le prendre à la main, mais je l’arrête et lui tends près de la bouche. D’abord surpris, il finit par ouvrir la bouche et je lui glisse à l’intérieur. Il commence à mâcher et je le vois fermer les yeux. Un sourire tend son visage et je me sens soudain ébloui par son expression.

    Pris d’une pulsion, je me penche vers lui et effleure ses lèvres avant de reculer brusquement. Il rouvre les yeux brusquement et je détourne le regard, mal à l’aise avec un air contrit. Je n’aurais sans doute pas dû faire ça. Je commence à reculer, j’ai presque envie de m’enfuir, mais il me prend le poignet soudainement et me rapproche de lui. Il me force à le regarder en posant son autre main sur mon visage et quand nos yeux se croisent, je comprends qu’il n’est pas fâché.

    Nous nous regardons un moment et c’est lui qui finit par faire le premier pas. Il approche son visage du mien et pose ses lèvres sur les miennes. Le baiser est doux, un peu sucré, mais c’est surtout parce que Izuku a le goût de chocolat et de pistache. Quand nos langues se touchent, je sens encore plus le goût du chocolat envahir mon palais et c’est très agréable. Nous nous embrassons un peu maladroitement et quand nous nous séparons, je vois Izuku sourire, un peu gêné. Je lui caresse la joue et l’embrasse à nouveau avant de le prendre dans mes bras, et de le serrer très fort contre moi. Mon nez dans son cou, j’hume son parfum, m’imprégnant de son odeur.

    -       Ne pars plus jamais, lui chuchotais-je.

    Il ne répond pas, mais sa réponse à mon étreinte me fait dire qu’il ne le fera plus. Nous reculons ensuite et je me tourne vers le brownie qui a fini de refroidir. Je le coupe et lui en donne un bout avant d’en prendre un pour moi. Nous le mangeons en silence, collé l’un à l’autre, puis nous rangeons la cuisine. J’emballe soigneusement les chocolats avant de les donner à Izuku. Après tout, il n’y a que pour lui que je les fais. Pour le reste, je sais que Lunch Rush en fera profiter ceux qui en voudront au petit déjeuner demain matin.

    Nous quittons assez tard la cuisine, si bien que nous devons nous faire discret pour rentrer. Il y a quand même un couvre-feu et nous en sommes à la limite. Quand nous prenons l’ascenseur qui mène aux chambres, Izuku et moi, nous prenons la main et quand nous arrivons au premier étage, je n’ai aucune envie de la lâcher et à priori Izuku non plus parce qu’il m’oblige à sortir de l’ascenseur alors qu’on est au premier étage. Je le suis sans protester, parce que je n’ai pas envie moi non plus de me séparer de lui.

    Il me fait rentrer dans sa chambre et referme la porte derrière moi. Il se tourne vers moi et je vois qu’il rougit. Il me prend les mains et recule vers son lit. Est-ce que je comprends ce que je dois comprendre ? Je rougis à mon tour. Il s’assoit sur le lit et me tire vers lui, si bien que je manque de me casser la figure. Mais il bascule sur le lit et me tient contre lui, me serrant dans ses bras, avant d’embrasser la partie de mon cou qui lui est accessible.

    Je pourrais parler, lui demander ce qui lui prend, m’emporter même parce qu’il s’est montré un peu violent à cet instant, mais je ne fais rien. Je me redresse légèrement, mettant mes mains de chaque côté de sa tête et réajustant ma position sur lui pour être plus à l’aise. Encore une fois, nos yeux s’encrent l’un dans l’autre. Je me penche à nouveau pour l’embrasser alors que lui a glissé ses mains sur mon T-shirt. Je frissonne quand je sens ses mains froides sur ma peau. Mais, ses caresses me font frissonner.

    Ça ne lui ressemble tellement pas d’être aussi entreprenant, mais le contexte me fait dire que c’est le bon moment pour lui de l’être. J’enfouis ma tête dans son cou avant de l’embrasser, d’y déposer plusieurs baisers, qui lui font émettre soudainement des petits bruits de plaisir. Je le sens qui soulève un peu plus mon T-shirt, jusqu’à me l’enlever. Je fais de même avec le sien avant de le couvrir de baiser un peu partout. Il se cambre à plusieurs reprises et je sens que ça lui plait et à moi aussi.

    Je n’aurais jamais cru que j’éprouverais autant de bonheur à l’avoir dans mes bras. Ses mains sur moi, ses baisers, ça me fait tellement de bien. Je lui embrasse l’oreille droite et il se cabre légèrement, en gémissant. Mes mains quittent alors son torse que je caressais jusque-là, et descendent un peu plus bas. Je touche son jean et commence à déboutonner le bouton avant de descendre sa braguette. Je le regarde, attendant son assentiment. Je ne veux rien faire sans son accord. Et quand il m’embrasse à nouveau, et qu’il commence à poser une main sur mon pantalon, je comprends que je peux aller plus loin.

    Un peu fébrile, je commence à lui retirer son jean, puis son caleçon. Il rougit et je crois que moi aussi. J’ai peur d’être un peu trop maladroit, mais tant qu’il ne m’arrête pas, c’est que tout va bien, je pense. Il retire aussi mon pantalon et mon caleçon. La gêne est vraiment là, alors que pourtant, nous nous sommes déjà vus nus, dans la salle de bains, mais là, le contexte est différent. Nous savons tous les deux ce qui va arriver et ça va marquer un tournant dans notre relation.

    Je lui caresse le visage et l’embrasse, puis ma main se perd plus bas et il se cambre quand je touche son sexe. J’essaie d’être le plus doux possible, tout en essayant de lui donner le maximum de plaisir. Quand je commence à le préparer, je vois son visage exprimer de la douleur et j’hésite à continuer, mais il me serre contre lui et m’embrasse pour m’encourager à poursuivre. C’est vraiment très étrange, je n’ai jamais été aussi prudent de ma vie, mais je veux faire ça bien, pour qu’il n’ait pas à regretter sa première fois.

    Quand enfin, je le pénètre, que je m’insère en lui, je reste un moment sans bouger de peur de le blesser. Ses ongles s’enfoncent dans ma peau, mais je peux bien le supporter. Je n’imagine même pas ce que ça lui fait en cet instant. De mon côté, je n’ai jamais ressenti un tel plaisir de ma vie. Je pose ma main sur son sexe pour lui donner du plaisir, lui faire oublier la douleur. Je commence alors des vas et viens en lui, d’abord doucement, puis, quand je sens qu’il se détend, j’accélère le mouvement.

    Je le vois même donner quelques coups de reins, ce qui me fait dire, qu’il commence à apprécier. Nous nous embrassons encore et encore et ses yeux embués par le plaisir sont si beau. Il me serre contre lui et je continue le mouvement, jusqu’à ce qu’un de ses coups de rein plus violent que les autres, me pousse dans mes derniers retranchements. Je me crispe d’un seul coup, le plaisir est intense et je sens qu’Izuku, lui aussi est au bord de la rupture et quand enfin nous nous libérons, mon cœur devient plus léger. Je retombe dans ses bras et il me serre contre lui. Nous continuons à nous embrasser encore et encore avant de nous endormir dans les bras l’un de l’autre.

     

    Izuku

     

    Ce qui s’est passé cette nuit, je ne l’oublierais jamais. Je n’aurais jamais cru que Katchan pouvait être si tendre et si prévenant. Son regard était si doux, j’ai senti tout l’amour qu’il avait pour moi à ce moment-là. Il n’a rien forcé, il a fait tout pour que je me sente bien. J’ai même cru qu’il allait s’arrêter, quand il a vu que j’avais mal, mais il a compris mes gestes, compris que je ne voulais pas qu’on s’arrête, qu’il fallait aller jusqu’au bout.

    Je crois bien que c’est la première fois qu’on se comprenait si bien. On ne s’est rien dit, n’avons prononcé aucune parole, mais nous nous sommes compris, nous nous sommes aimés cette nuit. Nous nous sommes endormis rapidement et aujourd’hui, alors que j’ouvre les yeux et qu’il se trouve à côté de moi, je ne peux m’empêcher d’être heureux. Il est encore endormi dans mes bras, sa tête au creux de mon épaule, son bras contre mon torse et ses jambes emmêlées aux miennes. Je le serre un peu plus contre moi et il papillonne des yeux.

    Il semble mettre un peu de temps à émerger et je le trouve vraiment mignon à ce moment-là. Il lève la tête vers moi et m’embrasse. Je suis surpris tout d’abord, mais je réponds bien vite à son baiser. Je dois l’avouer, j’avais peur qu’il regrette ce qu’on avait fait au petit matin, qu’il envoie tout balader, mais son baiser, là, me rassure. Il referme les yeux et j’ai bien l’impression qu’il n’a pas très envie de se lever pour l’instant.

    Cependant, je crois que nos camarades ne sont pas du même avis, car d’un seul coup, un coup retentit à ma porte.

    -       Izuku, t’es réveillé ? me demande la voix d’Ochaco à travers la porte.

    -       Heu… oui, oui, dis-je un peu mal à l’aise.

    -       Je peux entrer ?

    -       Pas maintenant, je me change. J’arrive bientôt, attends-moi en bas.

    -       Ok ! dit-elle.

    J’entends ses pas s’éloigner et je vois soudainement Katsuki devant mon champ de vision.

    -       On peut même pas pioncer tranquille, dit-il avant de poser sa tête contre mon torse.

    -       Désolé, dis-je en lui caressant les cheveux. Je crois bien qu’on va être obligé de se lever.

    -       Pas envie, dit-il en s’accrochant à moi.

    -       Katchan…

    -       Encore un peu, dit-il.

    -       D’accord, dis-je vaincu par son ton suppliant ce qui reste rare de sa part.

    Je continue de lui caresser la tête et j’ai presque l’impression qu’il ronronne de plaisir. Je ne pensais pas que Katchan pouvait être si tactile et qu’il suffisait juste de lui caresser la tête pour qu’il soit aussi calme. Un autre coup sur la porte et Katchan se met à grogner.

    -       Izuku, ça va ? demande la voix de Kirishima.

    -       Oui.

    -       Désolé de te déranger, ou de t’avoir réveillé, mais… je me demandais si tu n’avais pas vu Katsuki ? Il n’est nulle part dans la résidence et ça m’inquiète.

    Je vois soudainement Katchan se lever, enfiler vite fait son caleçon et ouvrir brusquement la porte. Kirishima recule brusquement, surpris par tant de violence.

    -       Je suis là, dit-il, alors maintenant casse-toi.

    -       Kats… oh heu, désolé de vous avoir dérangé, dit Kirishima en comprenant ce qui se passe. Je vous laisse et… félicitation.

    -       Ta gueule tête d’orties.

    Je crois que Kirishima rigole, parce que Katchan rougit, mais je ne le vois pas très bien. Je souris, en me disant que Katchan est gêné mais qu’il ne nie pas pour autant ce qui s’est passé. Il referme brusquement la porte derrière lui et me regarde avec un air contrit.

    -       Qu’est-ce que t’as à me regarder comme ça Izuku ? crache-t-il.

    -       Rien, rien, dis-je amusé.

    -       Mouais, c’est ça. Tch ! On peut jamais être tranquille.

    Il revient s’asseoir au bord du lit et je me redresse un peu plus. Il pose sa main sur ma joue et se penche pour m’embrasser avant de poser une main sur mon front.

    -       Plus jamais tu pars, dit-il.

    -       Tu me l’as déjà dit.

    -       Je sais, mais je veux que ça rentre dans ta caboche de Nerd, ok ?

    -       Je sais, je te le promets, dis-je en l’embrassant à nouveau.

    -       Allez, on se lève, dit-il. J’ai pas envie que les autres passent un par un ici.

    J’acquiesce et nous nous rhabillons avant de rejoindre les autres dans la salle commune de l’internat. Quand nous arrivons ensemble, l’ambiance est très bizarre et pourtant, personne ne dit rien. Si jamais Kirishima avait dit quoi que ce soit, il y en a bien un qui nous aurait raillé avec ça ou alors ils ont tous peur que Katchan s’emporte s’ils disent quoi que ce soit, ce qui me parait plus probable. Quoiqu’il en soit, ils ne disent rien et ça me va très bien. Je ne pense pas que Katchan ait très envie de s’afficher et moi non plus, alors nous allons nous asseoir chacun de notre côté, rejoignant nos amis respectifs.

    Pour autant, mon regard se perd souvent de son côté et à vrai dire, je n’ai plus envie de le quitter des yeux et je l’avoue, j’ai peur de ce qui va se passer plus tard. Le plus dur reste à venir pour lui et pour moi et j’ai bien peur que ce moment de bonheur que nous avons vécu cette nuit ne soit bientôt qu’un lointain souvenir, mais je ne veux pas y penser pour l’instant.

     

    Katsuki

     

    Les jours qui suivirent ne furent pas de tout repos. Entraînement, mise en place d’une stratégie pour vaincre All For One et Tomura. Nous avons appris la mort de Star & Strip, l’héroïne numéro un en Amérique et amie d’All Might. Elle a combattu Shigaraki jusqu’à la mort et si même elle n’a pas pu en venir à bout alors qu’elle possédait le New Order, alors ça laisse présager un combat vraiment impossible. Je préfère ne pas trop y penser, mais je sais qu’il y aura des morts. Shigaraki devient de plus en plus puissant et inarrêtable et ça me fait un peu peur. Mais, je ne peux pas me laisser aller à l’angoisse. Je suis un héros, et ma mission est de vaincre les vilains et le mal.

    Izuku et moi avons préféré nous éloigner un peu. Ce qui s’est passé entre nous cette nuit-là a été la seule et unique fois et il n’y en aura pas d’autre, avant que nous ayons vaincu Tomura et All For One. Etrangement, nous ne nous sommes rien dit, mais c’était comme un accord tacite entre nous. Cependant, je dois l’avouer, ne pas le toucher me frustre, je recherche malgré moi sa douceur et sa chaleur, mais je me retiens, parce que c’est ce qu’il faut faire. Nous devons rester concentré et nous ne pouvons pas nous permettre de roucouler alors que tout le monde est sous tension.

    Et encore plus après ce qui vient de se passer. Ça a fait l’effet d’une bombe dans notre classe. Je crois que c’est la révélation la plus incroyable que nous ayons eu et que personne ne s’imaginait. La trahison de Yuga Aoyama. Celle-là, personne ne l’avait vu venir. Nous savions qu’il y avait un traitre à Yuei, beaucoup trop d’informations avaient fuité, le lieu de notre premier entrainement, le camp d’été, mais jamais on n’aurait imaginé qu’il s’agissait quelqu’un de notre propre classe, et encore moins cet illuminé d’Aoyama.

    Il nous a expliqué comment il en était arrivé là, sans alter comme Izuku, ses parents ont tout fait pour qu’il ne soit pas mis de côté, alors ils ont passé un pacte avec le diable et le diable était bien entendu All For One. Il a donné un alter à Aoyama et en échange, toute sa famille allait lui être redevable toute leur vie.

    Le secret aurait dû être bien gardé, ne jamais fuité, mais la promiscuité de tous a fait que le secret a fini par éclaté, grâce notamment à Toru, la fille invisible qui a surpris une conversation entre Yuga et ses parents et qui s’est empressée de prévenir Izuku.

    Les Aoyama ont ensuite été emprisonné, ils ont tout raconté, mais on a bien senti qu’ils craignaient pour leur vie. D’après ce que je sais, tous ceux qui trahissent All For One, risquent de disparaitre, exploser, c’est Izuku qui me l’a raconté, car il l’a vu de ses propres yeux. Alors, toutes les précautions ont été prises pour vérifier que les Aoyama ne subissent pas le même sort. Et ça a même donné des idées aux héros pour faire venir All For One, parce qu’on sait tous que la balle est dans son camp à présent.

    On ne peut pas venir à lui, alors, il faut le forcer à venir à nous et l’idée, c’est de se servir de Yuga. Lui donner des informations sur Yuei, sans qu’All For One ne se doute qu’il a été démasqué et tout ça grâce à Hitoshi Shinso, qui a le pouvoir de persuader les gens de leur propre parole. C’était indispensable, car All For One a le pouvoir de savoir quand on lui ment et donc, il fallait qu’au moment où Yuga le contacterait, il soit convaincu de ce qu’il disait.

    A partir de là, nous savons que nous ne pourrons plus reculer, qu’il ne sera plus possible de revenir en arrière. Dès qu’All For One apparaitra, nous saurons que la dernière bataille, la plus difficile de tous va commencer.

     

    Izuku

     

    Ça y’est, nous y voilà. Notre dernier combat est sur le point de débuter. Yuga est parti pour prendre contact avec All For One et je l’ai suivi. Je sais très bien qu’il va surgir sans attendre, trop impatient de pouvoir me capturer, sûr qu’il a une longueur d’avance sur nous, mais je pense qu’il ne s’attend pas à ce qu’on lui a préparé.

    Quand All For One apparait, je comprends qu’il a complètement mordu à l’hameçon et quand Yuga se retourne contre lui, il comprend qu’on l’a dupé. Il ne sait pas trop comment, mais la réalité est là. Pour autant, le surprendre ne veut pas dire qu’on a complètement l’avantage. Nous devons à présent mettre en place le plan et quand des portails s’ouvrent derrière moi, je sais que la bataille finale a commencé. Le pouvoir de Monoma reste quand même incroyable, pouvoir copier les pouvoirs comme ça, c’est vraiment un avantage et heureusement, il est avec nous.

    Les héros sortent les uns après les autres des portails, puis, comme prévu, nous sommes tous séparés. Moi, mon objectif, c’est Tomura Shigaraki. Katchan est avec moi, et ça me rassure, je dois l’avouer. Le simple fait qu’il soit à mes côtés me donne encore plus de courage. Il est motivé et ça me motive aussi. Mais alors que les portails se referment les uns après les autres, je me sens soudain attiré en arrière. Mon regard croise celui de Katchan et il me regard avec effroi disparaitre devant lui.

     

    Katsuki

     

    La surprise, l’effroi, c’est ce que j’ai ressenti quand je l’ai vu disparaitre à travers le portail. Nous n’avions pas prévu ce cas de figure. Izuku est indispensable pour mettre à exécution le plan qu’on a établi pour vaincre Tomura Shigaraki. Et là, il vient de partir en fumée, en une fraction de seconde.

    L’angoisse s’empare de moi, mais je sais que je ne dois pas flancher, lui ne le fera pas. Je préviens alors Best Jeanist que nous avons un problème et nous voilà face à l’un des pires vilains de l’histoire du Japon. Nous lui faisons face et le combat est intense, compliqué. Je ne vois pas beaucoup d’issues. Il me blesse gravement au visage, mais quand il l’a fait, j’ai entrevu quelque chose. Le problème… c’est ce que je ne sais pas ce qui va se passer, je doute de plus en plus de ma survie, mais il faut continuer quoiqu’il arrive, jusqu’à la fin, parce qu’un héros n’abandonne jamais. Tant que j’aurais un souffle de vie, je continuerais jusqu’au bout.

    A ce moment-là, alors que je m’apprête à m’élancer vers Shigaraki, je pense à Izuku. J’ai mal partout, je ne sais pas ce qui va se passer, mais je veux que mes dernières pensées soient pour lui.

     

    -       Il faut le gagner ce combat… pas vrai Izuku ?

     

    Se battre dans la douleur, déceler les détails importants, c’est par là que tu es passé, hein, Izuku ?

    Dis… Tu crois que je peux encore te rattraper ?

     

    J’ai mal partout, je sens que quelque chose cloche. Je crois que mon corps est en train de me lâcher. Jamais je n’aurais cru que ça arriverait un jour. Je me suis toujours senti au-dessus de tout ça, mais au fond, c’est un juste retour des choses, comme si… c’était normal que j’en passe par là.

    Ce n’est pas comme d’habitude, mais étrangement, je me sens calme. Je sais que quoiqu’il se passe, on vaincra, même si je ne suis plus là pour le voir. Mais, ce que je vais regrettais le plus… c’est ne de ne plus pouvoir voir ton beau sourire. Alors Izuku, dis-moi…

     

    Est-ce que… on aurait pu… être ensem…

     

    -       S… Son cœur…

     

    Izuku

     

    C’est Himiko, c’est elle qui m’a séparé des autres. La peur s’empare de moi, je ne devrais pas être ici. J’essaie de partir, encouragée par Ochaco et Tsuyu qui me disent qu’elles vont s’occuper de Toga. Cette dernière essaie de m’empêcher de m’enfuir, mais mes amies se mettent en travers de sa route et me voilà parti. Je vais aussi vite que je peux, aussi vite que le One For All me le permet. Je suis inquiet, j’espère que mes amis tiendront le coup, non, je sais qu’ils tiendront le coup jusqu’à ce que j’arrive. Il le faut, on doit vaincre Tomura Shigaraki coûte que coûte.

    Accélère encore, encore plus. Je pense à Katchan et au regard qu’il a eu quand il m’a vu disparaitre dans le portail. Il a été surpris, mais le connaissant, il a dû se reprendre bien vite. Il a toujours été sérieux et il n’a jamais perdu son sang-froid, je sais que ça se passera bien s’il est là. Pour autant, je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour lui. J’ai peur pour lui et je manque de trébucher en y pensant, troublé par cette peur qui s’empare de moi en imaginant qu’il pourrait lui arriver quelque chose. Mais, je n’ai pas le droit de flancher, pas maintenant.

    J’accélère encore et après un temps qui me parait infini, je parviens enfin à les rejoindre et quand mon pied se pose sur la plateforme où j’aurais dû combattre dès le début, je sens que les choses ont mal tournées. Mirko est dans un sale état, mais elle se bat comme une diablesse, les Big Three la soutienne. Je cherche alors Katchan du regard et c’est Best Jeanist que je vois en premier. Il est près d’un corps et mon cœur manque un battement, quand je vois de qui il s’agit.

    Oubliant que Shigaraki se trouve devant moi, je précipite vers mon ami d’enfance, qui gît au sol. Mon cœur accélère quand je comprends qu’il s’est passé quelque chose de grave.

    -       Tiens, Deku entre en scène, dit soudain Shigaraki derrière moi. Tu as vu le petit cadeau que je t’ai laissé, il te plaît n’est-ce pas ?

    Je sais qu’il me provoque pour que je l’attaque, mais je n’arrive pas à quitter Katchan des yeux. Je lui prends la main et j’ai envie de pleurer, mais je me retiens, ce qui est très rare de ma part. J’ai la larme facile, mais là, elles ne viennent pas parce que je ne veux pas admettre ce que je vois.

    -       Ne réponds pas à la provocation, dit Best Jeanist en posant une main sur mon épaule. Je ne sais pas si ça va marcher, mais… sache qu’Edge Shot est en train de soigner Dynamight.

    -       Comment ? demandais-je.

    -       Ce serait trop long à expliquer. Là, tout ce que tu dois faire, c’est te battre, pour le reste, je m’occupe de le protéger, alors toi, bats-toi. Il faut que l’on termine ce combat, il faut arrêter Shigaraki et tu es le seul qui peut y arriver.

    Ses mots me donnent du courage, mais j’ai encore bien du mal à lâcher la main de Katchan. Pourtant, je me force à me lever. Best Jeanist a raison, je n’ai pas le droit de flancher. Je suis le seul qui peut venir à bout de Tomura, alors, je ne dois pas hésiter. Je m’élance au combat, la rage au ventre, avec l’envie de gagner. Tomura sourit, mais je compte bien le lui faire ravaler. Katchan, tiens bon, je sais qu’on finira par être ensemble.

     

    Katsuki

     

    Lorsque j’ouvre les yeux, je me sens lourd. J’ai du mal à entendre et à voir ce qui se passe autour de moi. Je sens que ça s’agite autour de moi. J’ai mal partout, j’ai du mal à bouger. Mes poumons et mon cœur me brulent. Je mets un temps à comprendre ce qui se passe, à comprendre où je suis. Je sens que je viens de vivre quelque chose de traumatisant. J’étais… mort… oui, je suis sûr que lors ma dernière attaque, mon alter a eu raison de moi, alors comment je peux être encore vivant ?

    -       Bakugo ?

    -       Face… de Jean, dis-je doucement.

    -       C’est Best Jeanist, Bakugo.

    -       Je… Je sais. Je… comment ? Comment, je peux être… encore vivant ?

    Best Jeanist me lance un regard triste et j’ai l’impression qu’il est au bord des larmes, ce qui ne me rassure pas trop venant de lui. Lui qui est toujours si stoïque en toute circonstance. Qu’est-ce qui a bien pu se passer au juste ?

    Je me redresse doucement avec son aide. Je me rends compte que mon costume est en lambeau et ma chair à vif. Best Jeanist détourne le regard, et il finit par me raconter difficilement ce qui s’est passé. Mon cœur se serre et j’y porte la main, avec tristesse. Non, ça n’aurait pas dû se passer ainsi. J’ai presque envie de pleurer. Edge Shot, pourquoi ce sacrifice ? Est-ce que je le méritais vraiment ? Je n’en suis pas si sûr. Je me lève difficilement sous les protestations de mon mentor.

    -       Bakugo, tu es encore trop faible.

    J’ai les jambes qui flagellent. A vrai dire, je ne sais même pas si je vais pouvoir faire un pas devant l’autre. J’ai la tête qui tourne et je me sens mal, mais je ne peux pas abandonner, pas maintenant.

    -       Je ne peux pas rester sans rien faire, à regarder Izuku se battre au péril de sa vie, dis-je avec une respiration difficile. Si Edge Shot a donné sa vie pour moi, alors… c’est qu’il estimait que j’étais apte à continuer le combat, que je devais me trouver aux côtés de Izuku.

    -       Bakugo…

    -       Ne vous en faites pas. Je ne compte pas mourir une deuxième fois. Je compte bien protéger ce cœur et cette vie qui m’ont été donné. Je ferais tout pour qu’on gagne, non on gagnera, je le sais.

     

    La victoire et rien d’autre. Il n’y a pas d’autre option.

     

    Je me tourne vers Best Jeanist et lui adresse un sourire confiant. Il me regarde avec surprise, avant de baisser la tête avec un sourire en coin.

    -       T’en fais toujours qu’à ta tête, me dit Best Jeanist.

    -       Je sais.

    Je m’élance ensuite vers Tomura qui se bat contre Izuku. Le coup que je lui envois, le surprend et le fait tomber en arrière. Quand il se redresse, il est abasourdi. Je me retrouve près d’Izuku, qui lui aussi a un regard surpris. Je vois deux larmes perler de chaque côté de ses yeux. Décidemment, il ne peut pas s’empêcher de pleurnicher. Je sais que le combat va être difficile. Tout mon corps me fait un mal de chien, je suis épuisé, mais, je sais que je tiendrais le coup. Izuku est à mes côtés, alors je ne flancherais pas. Je me battrais à ses côtés, jusqu’à la fin. Je me mets à côté de lui en position de combat et il me fixe encore avec un sourire soulagé.

    -       Katchan, dit-il… tu es vivant.

    -       Bien sûr que je le suis. Tu croyais tout de même pas que t’allais finir ce combat sans moi ?

    -       Non… je… je suis content que tu sois là, mais… tu es sûr que ça ira ?

    -       A ton avis ? J’ai conscience du cadeau qu’on m’a fait, alors quoiqu’il arrive Izuku, nous serons vainqueurs.

    Il acquiesce et se met à son tour en position de combat. Notre dernière bataille va commencer et c’est maintenant que notre destin va se jouer. Je jette un dernier coup d’œil à Izuku. Notre avenir se joue maintenant, ensemble et unis plus que jamais.

     

    Izuku

     

    Katchan est là à mes côtés. Il est encore vivant. Je suis soulagé, même si je ne peux m’empêcher d’éprouver de la tristesse pour Edge Shot, qui a sacrifié sa vie pour le sauver. Je lui en serais éternellement reconnaissant, même si j’aurais préféré qu’on ne déplore aucune perte.

    Katchan se met en position de combat et je sais que je ne peux pas perdre s’il est là avec moi. Maintenant, je le sais, nous vaincrons, il n’y a pas d’autre issue possible.

     

    Katsuki

     

    Deux ans ont passé depuis le combat contre Shigaraki et All For One. Il y a eu beaucoup de pertes, de chaque côté, mais la vie a repris peu à peu son cours. Je regarde Izuku qui se prépare à partir pour notre prochaine mission. Alors qu’il enfile ses gants, ses yeux se perdent un instant vers la table de chevet de notre chambre où se trouvnte, la petite boite en bois que je lui ai offert pour la Saint Valentin, ainsi que le porte-clé, la carte et le badge All Might qu’il m’a offert en retour de mes cadeaux. En vérité, jamais je n’aurais mis ça en évidence, si ça n’avait pas été important pour moi, mais voilà, ce sont les premières preuves de nos sentiments à Izuku et moi.

    Je sens tout à coup Izuku fébrile alors qu’il prend la boite dans sa main. Je sais à quoi il pense. Il se demande encore combien de temps il pourra être un héros. Il est en train de perdre peu à peu son alter. Shigaraki et surtout All For One ayant disparu, le One For All n’a plus lieu d’exister. Il en possède encore quelques bribes, je crois même qu’il s’accroche.

    Je sais que tant qu’il le pourra, Izuku continuera à faire ce pourquoi il est né : être un héros. Même s’il perd son alter, il est et restera toujours un héros aux yeux de tous et surtout des miens. C’est sa raison d’être autant que la mienne.

    Même si ce n’est pas seulement le métier de super héros qui nous fait exister. Le sacrifice d’Edge Shot m’a permis de comprendre que je devais protéger mon cœur. Je compte en prendre bien soin. J’ai pu continuer à vivre et retrouver Izuku, grâce à lui. J’ai compris que cette émotion douce-amère que je ressentais pour Izuku, ce n’était ni plus, ni moins que de l’amour. Je pense que je l’ai toujours su même si je refusais de l’avouer. Maintenant, je ne reculerais plus et je ferais face à mes sentiments.

    Je fixe l’anneau à ma main, signe de notre lien en souriant, avant de me tourner vers celui qui compte le plus à mes yeux. Il se tourne soudain vers moi.

    -       On y va Katchan ? me demande-t-il en me tendant la main.

    -       Oui, on y va… Deku, lui répondis-je en lui prenant la main avec un sourire.

    Nous partons ensemble main dans la main, plus soudés que jamais, vers notre prochaine mission.

     

    Plus que jamais, c’est vers lui que sont mon cœur et mon avenir à présent !

    Fin !

     

     

     


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