• My Hero Academia

    Un écho dans ton coeur

     

    Série : My Hero Academia 

    Date de création : Du jeudi 15 septembre 2022 au dimanche 2 octobre 2022 

    Personnages principaux : Izuku Midoriya – Katsuki Bakugo 

    Nombre de chapitres : One-shot 

    Avertissement :  Yaoi, POV de Deku et Katsuki 

    Genre : Romance 

    Rating : PG13 (+ de 13 ans) 

    Résumé : Izuku a décidé de quitter Yuei. Pour quelle raison a-t-il abandonné son rêve de devenir un super héros ? Katsuki va tout faire pour connaître la raison de ce départ. 

    Statut : Terminée

    Liens vers les dessins : Fanart My Hero Academia 

     

    Izuku

     

    J’ai pris ma décision, ça n’a pas été évident. Il m’a fallu plusieurs jours de réflexion avant que j’en arrive à la conclusion que c’était la meilleure chose à faire. Ça n’a pas été évident de prendre cette décision, elle remet en cause tout ce pour quoi je me suis battu depuis mon enfance. Elle met fin également à un rêve que je n’aurais jamais cru possible de réaliser. Je n’avais pourtant quasiment aucune chance qu’il se réalise, mais le hasard des choses, un sauvetage, la rencontre avec mon héros, un acte inconsidéré pour sauver un ami, m’ont permis de pouvoir toucher ce rêve du bout des doigts. Mais voilà, aujourd’hui, je remets tout en cause, je ne peux plus me voiler la face, tout ça, ce n’était qu’une chimère et je vais bientôt replonger dans la réalité qui a bercé quasiment toute ma vie.

     

    Katsuki

     

    Deku s’approche de mon bureau et ça m’agace déjà. Je me demande bien ce qu’il me veut le Nerd. Il n’en a pas assez de me narguer à la fin ? Chaque jour, je me rends compte qu’il est meilleur que moi, il a toujours eu l’âme d’un héros, même sans alter. Aujourd’hui qu’il en a un, qui plus est donné par le plus grand des héros, il continue sur sa lancée de plus belle et moi j’ai l’impression de ne plus avancer. Il est bien loin le temps où il me poursuivait avec admiration, en me lançant ses « Katchan » à tout va.

    Il est planté devant moi et son regard me fuit. Il tient les lanières de son sac à dos et j’ai l’impression qu'il hésite à parler. Il se mord la lèvre et j’ai presque l’impression qu’il va pleurer, ce qui me gave encore plus. Qu’est-ce qu’il a à la fin ?

    -         Deku, ne reste pas planté devant mon bureau, dégage, si t’as rien à me dire, grognais-je en me levant brusquement.

    Il se recule légèrement et je sens qu’il hésite encore. Il n’est vraiment pas comme d’habitude. D’habitude, il répond de sa petite voix, il s’excuse, il agite ses bras, mais il ne reste jamais planté là, sans rien dire, en fixant le sol comme si le monde était en train de s’écrouler et qu’il n’avait plus qu’à se laisser engloutir.

    -         Deku, dégage de là.

    Je le pousse sur le côté et il manque de tomber. Je fronce les sourcils. Je ne sais pas pourquoi, mais ma curiosité me pousse à savoir ce qui lui arrive et pourtant, je devrais simplement le laisser pourrir devant mon bureau. Mais comme il est vraiment étrange, j’ai quand même envie de savoir.

    -         Tu comptes élire domicile ici ? Qu’est-ce que t’as à la fin ? T’as perdu ta figurine collector préférée d’All Might ou quoi ?

    Il ne dit toujours rien et je décide donc de l’ignorer et de m’en aller. Le cours est fini, pas besoin de tergiverser. Je n’ai qu’une seule envie maintenant, c’est d’aller me poser sur mon lit et d’écouter de la musique sans avoir une bande d’abrutis autour de moi. Alors que je m’apprête à sortir de la classe, je sens qu’on me retient par la veste. Je me retourne brusquement et Deku me lâche, la tête basse.

    -         Deku, si t’accouche pas très vite, je vais vraiment m’énerver, dis-je en lui prenant le col de chemise.

    -         Je… on peut parler… seul à seul ? demande-t-il finalement.

    -         Non !

    -         Katchan !

    -         Putain, t’es chiant, t’as cinq minutes.

    Je le prends par le bras et le traine dehors à l’abri des regards. Il ne manquerait plus qu’on me voie avec lui, tiens. Quand je me retourne pour le regarder, il a toujours la tête basse et je ne peux m’empêcher de soupirer d’exaspération.

    -         Dépêche-toi de vider ton sac, cinq minutes, c’est vite passé. Qu’est-ce tu me veux le Nerd ?

    Il relève la tête et je vois de la souffrance sur son visage. Ça me déstabilise quelques secondes. Depuis le temps qu’on se connait, je lui ai déjà vu pas mal d’expression sur le visage, mais celle-là, c’est la première fois.

    -         Katchan… hésite-t-il.

    Cette fois, j’attends. Je ne sais pas pourquoi je le fais, mais j’ai l’impression que c’est important. Il s’avance vers moi, tenant les lanières de son sac à dos, fermement. Il rebaisse la tête à nouveau et ça m’irrite à nouveau.

    -         Tu avais raison.

    -         A propos de quoi ? demandais-je surpris.

    -         A propos de tout, dit-il en relevant la tête.

    Soudain, il s’approche de moi, pose ses mains sur mon visage et… m’embrasse sur la bouche. Je reste un moment sans bouger, les yeux ouverts, surpris par son geste. C’est quoi ça ? Qu’est-ce qui se passe ? A quel moment la situation a dérapé ? Alors que je m’apprête à le repousser, je sens quelque chose de bizarre en moi, on dirait… que quelque chose passe de Deku a moi, sans que je ne puisse l’arrêter.

    Je décide donc de le repousser, mais il me retient avec une force que je ne lui ai jamais connu. Je n’arrive pas du tout à m’en défaire, et je ne sais pourquoi, je finis même par ouvrir la bouche, quand il en demande l’accès. Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Pourquoi je lui réponds au juste ? Pourquoi… je n’ai pas envie que ça s’arrête ? Qu’est-ce qui m’arrive ? Au bout de quelques secondes, il finit par se reculer et je reprends mon souffle. Il se recule doucement, sans me regarder.

    -         Voilà, maintenant… tu pourras devenir tout ce que tu as toujours voulu être, dit-il.

    -         Que… quoi ? Qu’est-ce que tu racontes comme connerie ? Pourquoi tu m’as... t’es cinglé ou quoi ?

    -         Je suis réaliste, je ne peux plus continuer ainsi. Il vaut mieux que ce soit toi, tu as toujours été un meilleur choix que moi.

    -         Hein ? Mais qu’est-ce que tu déblatères comme connerie ? Qu’est-ce que t’as fait Deku ?

    Il relève la tête vers moi et je vois un sourire triste s’afficher sur son visage. Des larmes perlent au coin de ses yeux alors qu’il se recule de plus en plus. Moi, je suis complètement perdu. Qu’est-ce qu’il a fait ? Que signifient ces paroles ? Ce que j’ai toujours voulu devenir ? La seule chose qui me vient, c’est que je sois le numéro des héros. Attends, il n’a pas fait ce que je crois ?

    -         Deku, me dis pas que…

    Il sourit à nouveau en baissant la tête, puis il s’approche brusquement de moi et me met un coup de poing dans le ventre qui me fait tomber à terre. Je mets un genou à terre, le souffle coupé. Deku commence à s’en aller et j’essaie de lui attraper le bras, mais il s’enfuit brusquement en courant. Je me relève difficilement, encore sonné par le coup qu’il m’a donné. Merde, qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Il n’a pas vraiment fait ça, c’est pas possible ? Je dois savoir, je veux savoir pourquoi. Je me lance à sa poursuite, mais il est déjà loin. Je m’arrête de courir lorsque je suis devant l’internat et quand j’entre à l’intérieur, tout le monde me regarde un instant.

    -         Bah alors Bakugo, pourquoi t’es essoufflé comme ça ? Je croyais que tu devais te reposer ce soir, me dit Kirishima.

    -         Il est où Deku, grognais-je en ignorant sa remarque.

    -         Je sais pas, pas vu depuis la fin des cours. Mais t’étais pas avec lui ?

    Je l’ignore et vais interroger ses deux pots de colle d’amis, qui me disent eux aussi qu’ils ne l’ont pas vu. A priori, il n’est pas passé par l’internat, alors où a-t-il bien pu aller ? Je m’apprête à ressortir pour le chercher quand j’entends soudain une phrase qui me glace le sang.

    -         Eh les gars, je suis passé devant la chambre de Midoriya, la porte était ouverte et j’ai vu qu’elle était complètement vide. Quelqu’un sait ce qui se passe ? demande Kaminari en passant la porte de la salle commune.

    -         T’as dit quoi Pikachu ? l’agressais-je.

    -         La… la chambre de Midoriya est… vide.

    J’écarquille les yeux. Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Les autres aussi ne semblent pas comprendre ce qui se passe. D’un seul coup, je réagis et je me précipite au premier étage pour aller voir la chambre de Deku. C’est pas possible, il raconte des conneries l’autre électrique, il a dû mal voir. Je prends les escaliers, l’ascenseur sera trop lent et j’arrive dans la chambre de Deku en quelques secondes. Quand je pousse la porte, mon cœur rate un battement. La chambre est…

    -         Vide, dis-je tout haut.

    Il n’y a pas plus rien à l’intérieur, plus aucun poster, plus aucune figurine d’All Might. Tous ses livres ont disparu, ses vêtements, tout. Il n’y a plus rien de Deku dans cette chambre. Je reste un moment interdit, n’en croyant pas mes yeux. A quel moment a-t-il déménagé tout ça ? Il n’a pas pu le faire en une journée alors… ça veut dire qu’il avait prévu de partir depuis longtemps ? Et il avait prévu de le faire, sans un mot, comme un voleur. Enfin, presque… puisqu’il a… Non, ne pense pas à ce qu’il a fait. Je ne comprends pas son geste et je ne veux pas le comprendre. Je veux juste savoir pourquoi il a décidé de disparaitre comme ça et quand je le saurais, je compte bien lui botter le cul, bien comme il faut.

    J’entends du bruit derrière moi et me rends compte que les autres aussi sont venus voir de leurs propres yeux que la chambre de Deku est vide. Miss Gravité passe à côté de moi et elle écarquille les yeux, les mains sur la bouche.

    -         Il… il est vraiment parti, dit-elle.

    -         Tu sais quelque chose ? demandais-je.

    Elle se tourne vers moi et je vois dans ses yeux que ce n’est pas du tout le cas. Elle est tout aussi perdue que moi.

    -         Bakugo, tu l’as vu à la fin des cours, non ? me demande Kirishima. Il ne t’a rien dit avant de partir ?

    Je me mords la lèvre et serre les poings avant de sortir brusquement de la chambre en poussant tous ceux qui se trouvent sur mon chemin. J’entends plusieurs élèves m’appeler, dont Kirishima qui attend toujours ma réponse. De mon côté, je préfère les ignorer et vais voir la seule personne qui peut savoir quelque chose. Lui, il doit avoir des informations.

    Je cours rapidement dans les escaliers, avant de sortir de l’internat et me rendre dans le bâtiment des profs. Je tambourine à la porte pendant plusieurs minutes, jusqu’à que Monsieur Aïzawa vienne m’ouvrir.

    -         Arrête ça Bakugo ou tu le regretteras.

    -         Pas trop tôt, dis-je simplement. Il est où All Might ?

    -         Qu’est-ce que tu lui veux ?

    -         Je veux le voir, c’est tout. Ça vous regarde pas pourquoi, grognais-je. J’ai besoin de lui parler, c’est important.

    Il hausse un sourcil et je me rends compte que mon attitude a l’air de le surprendre. Je suis dans l’urgence, ce qui ne m’arrive jamais. Mon agitation n’a rien de normal, je m’en rends compte. Je ne sais pas pourquoi je m’inquiète autant de savoir pourquoi Deku est parti. En temps normal, je m’en fouterais royalement, mais son dernier geste, c’est ça qui me rends le plus fou, enfin non, ses deux derniers gestes. Ça me rend dingue de pas savoir pourquoi il a fait ça. Qu’est-ce qui lui a pris à ce foutu Nerd ?

    -         S’il vous plait, je dois voir All Might. Me forcez pas à vous suppliez plus que ça, vous savez que je déteste ça.

    Il baisse les épaules et retourne à l’intérieur du bâtiment. Je me demande s’il est au courant pour Deku ? Si c’est le cas, pourquoi ne dit-il rien dans ce cas ? Est-ce qu’il sait de quoi il retourne ? Ou alors, peut-être que Deku a caché également aux profs qu’il s’en allait. Il ignore peut-être qu’il s’est fait la malle. J’aurais peut-être dû lui poser des questions, mais j’étais tellement focalisé sur le fait d’aller voir All Might, que je n’y ai même pas pensé. S’il revient, je lui demanderais.

    Mais, quelques minutes plus tard, ce n’est pas l’autre chenille que je vois apparaitre, mais All Might en personne.

    -         Tu voulais me voir mon garçon ? demande All Might.

    -         Deku, il est où ?

    -         Comment ça ? s’étonne l’ex-symbole de la paix.

    -         Vous savez pas ?

    -         Savoir quoi ? s’inquiète-t-il.

    -         Deku est parti. Sa chambre est complètement vide. Il est parti du lycée.

    -         Hein ? De quoi tu parles ?

    -         Deku est parti, répétais-je. Vous êtes sourd ? Et à priori, il n’a pas pris la peine d’en parler à son héros préféré, ce qui veut dire qu’il ne voulait vraiment pas qu’on l’empêche de se barrer.

    D’un seul coup, cette vérité me saute aux yeux. Sa chambre vide aussi rapidement, son geste envers moi, son silence envers celui qu’il considérait comme son mentor. Il avait vraiment tout prévu depuis longtemps, maintenant, c’est sûr. Il ne voulait pas qu’on le dissuade de partir. Ça me fout encore plus rogne. J’en ai déjà ras le bol.

    -         Attends, comment ça Midoriya est parti ?

    -         Il a vidé sa chambre et il est parti. Il a quitté Yuei et il…

    Je ne sais pas comment lui dire ce qu’il a fait. Même si je sais qu’il l’a fait, j’ai du mal à croire que c’est vraiment arrivé. Je ne me sens pas différent, donc peut-être qu’au final, ça n’a pas fonctionné, mais Deku avait l’air sûr de lui, alors… je pense qu’il est là, en moi.

    -         Entre, dit All Might. Tu vas tout me dire.

    Je le sens inquiet et je pense qu’après notre conversation, je vais le perdre. Je ne pense pas qu’il s’attend à ce que je vais lui dire. Il m’emmène dans son appartement et m’invite à m’asseoir sur un fauteuil. A vrai dire, je ne suis pas vraiment en condition pour papoter et prendre le thé. Je préférerais qu’on en vienne aux faits, pas besoin de tant que cérémonial. Pourtant, il prend le temps de me le faire ce foutu thé.

    -         All Might. Deku s’est barré de Yuei, dis-je alors qu’il me serre une tasse. Il a vidé sa chambre et il est parti. Et… il… il a fait autre chose aussi.

    Je détourne la tête, très mal à l’aise. Comment lui dire ?

    -         Il a fait quoi ? demande All Might encore plus inquiet.

    -         Il… m’a donné… le One For All.

    -         Quoi ? dit All Might avec surprise en se levant de son fauteuil.

    -         Il m’a donné le One For All, répétais-je. Il a demandé à me voir à la fin des cours et… il m’a donné le One For All.

    -         Comment ? Je veux dire… pour le donner, il faut ingérer une partie de la personne. Il faut qu’il y ait volonté des deux personnes pour qu’il se transmette, enfin surtout en ce qui concerne son porteur. Alors… comment a-t-il fait pour te le donner ?

    Je me lève et lui tourne le dos. Je ne peux m’empêcher de rougir. Je me rappelle très bien la manière dont il me l’a donné. Je touche mes lèvres et ferme les yeux. Son baiser, c’était… une surprise. Je me demande à quel moment il a pu penser que ça marcherait de me le transmettre ainsi ? Je ne le souhaitais pas forcément, mais… s’il a réussi à me le transmettre, c’est que… je l’ai accepté sans m’en rendre compte. Et si… c’était à ce moment-là… ce moment où j’ai répondu à son baiser ? Je me suis laissé aller et je ne sais même pas pourquoi. Qu’est-ce qui m’a pris de l’embrasser aussi ? Est-ce que j’ai perdu la tête ?

    -         Bakugo mon garçon, tout va bien ? demande All Might.

    -         Ça va, dis-je avec agressivité. Je… peu importe la manière dont il me l’a donné, il l’a fait. Même si je ne me sens pas tellement différent, je sais qu’il l’a fait, je l’ai senti. Le One For All est en moi. Deku m’a confié son pouvoir, votre pouvoir. Mais, merde, je comprends pas pourquoi.

    Je me tourne vers l’ex-numéro un des héros et il semble complétement perdu. Je le suis aussi. Je me rassois et baisse la tête, les mains sur les genoux. C’est la première fois que je me sens aussi abattu et en colère à la fois.

    -         Je ne comprends pas non plus, dit All Might. Je n’ai pas vu qu’il allait mal ou quoi que ce soit d’autre. Il a toujours travaillé avec acharnement pour maîtriser son alter, donc ça me dépasse complétement.

    -         Moi aussi, dis-je. Devenir un héros, ça a toujours été le rêve de Deku, alors c’est impensable qu’il ait laissé tomber comme ça. Il m’a toujours défié, même sans alter, il n’a jamais abandonné son rêve, alors pourquoi maintenant ? Je ne comprends pas. Et ça me gave. Et ce qui me gave encore plus, c’est qu’il m’ait donné votre pouvoir en pensant que j’en serais digne. Mais, si je l’avais été, c’est vous qui me l’auriez donné et pas lui. Il a cru quoi ? Que ça me ferait plaisir peut-être ? Eh ben, c’est raté. Ce pouvoir, j’aurais aimé le mériter, et pas qu’on me le confie par dépit.

    Je me lève brusquement faisant sursauter All Might. Je fais crépiter mes mains. Je suis tellement frustré et en colère. J’ai envie de tout péter autour de moi, mais je me retiens.

    -         Je vais aller voir Deku et je vais lui faire cracher le morceau, dis-je. Et ensuite, je le ramènerais ici par la peau des fesses s’il le faut.

    -         Attends un peu Bakugo, dit calmement All Might. Je vois bien que tu es en colère de la manière dont il est parti, mais aller le voir comme ça, sous le coup de la colère, ne fera que le braquer et tu n’auras certainement pas de réponses. Vous avez été longtemps en conflit, et je doute que Midoriya te parle, si tu l’agresses comme tu le fais d’habitude.

    -         Alors, vous suggérez quoi ?

    -         Je vais lui parler, lui demander des explications, dis-je.

    -         Et vous croyez qu’il va vous répondre plus qu’à moi ?

    -         Je n’en sais rien, dit-il. Mais, je vais essayer.

    -         Mouais, la méthode douce, c’est pas mon truc vous savez, bougonnais-je. Surtout avec Deku. Des fois, faut le secouer pour le faire bouger. Mais… ok, je vais vous laisser faire. Par contre, si vous n’obtenez pas de réponse, c’est moi qui irais lui faire cracher le morceau.

    -         D’accord, dit All Might avec un petit sourire.

    Je m’approche de la porte, prêt à partir. Mais, il y a une dernière chose que j’ai besoin de dire, avant. Je pense qu’il est nécessaire qu’il le sache et qu’il le dise à Deku également.

    -         All Might, quand vous verrez Deku, dites-lui bien que j’en veux pas de son cadeau. Je n’utiliserais pas le One For All.

    -         Tu… tu ne l’utiliseras pas ? demande All Might surpris.

    -         Vous êtes sourd, je viens de vous le dire. Le One For All, c’est pas mon pouvoir. Moi, je fais des explosions, c’est ça mon alter et ça le restera tant que Deku ne m’aura pas donné de raison valable de m’en servir. All Might, vous avez intérêt à lui faire entendre raison à ce Nerd. Tch, il a dû encore se mettre la pression ou un truc du genre, ça me gonfle vraiment. Il ne fait jamais rien comme les autres celui-là.

    -         C’est vrai, dit All Might. Tu l’as bien cerné.

    -         Je le connais depuis l’enfance, j’ai toujours su comment il fonctionnait, dis-je.

    -         Oui, on dirait bien, dit All Might avec un sourire. Tu es celui qui le connait le mieux.

    -         Retirez-moi ce sourire de votre visage, ne croyez pas que ça fait de Deku et moi des amis, même pas en rêve.

    Son sourire s’étire et je soupire, agacé. Je lui dis au revoir et m’en vais. J’espère vraiment qu’il arrivera à tirer les vers du nez à Deku, sinon, c’est moi qui le ferais.

     

    Izuku

     

    Je viens de rentrer à la maison et ma mère m’accueille avec un sourire triste. Elle sait très bien ce qui s’est passé. Je lui ai fait part de ma décision depuis plusieurs jours déjà. Elle a fait le nécessaire auprès du directeur. Ne voulant avertir personne, il a promis de n’annoncer mon départ à personne. Je n’avais pas envie de dire au revoir, ni à mes camarades, ni aux professeurs. Le directeur Nezu a essayé de m’encourager à annoncer la nouvelle mais j’ai refusé et il a fini par accepter ma décision, un peu à contre-cœur.

    Le seul, au final, à qui j’ai dit au revoir d’une certaine manière, c’est Katchan. Je n’avais pas le choix, je ne pouvais pas partir, sans le voir et surtout, je devais lui confier le One For All. Je sais qu’il en fera bon usage. Il est le mieux placé selon moi. Je sais qu’il doit se poser des questions et je le vois bien pester contre moi. J’en souris presque, mais mon sourire est triste. La manière dont je lui ai donné le One For All… ce baiser, je ne l’ai pas fait parce que j’estimais que c’était le seul moyen pour qu’il accepte ce pouvoir parce que je n’imaginais même pas qu’il y répondrait, je l’ai surtout fait parce que je le voulais. Ce baiser c’était un dernier souvenir avant la fin de mon rêve.

    Je pose mes doigts sur mes lèvres et repense à celles de Katchan. Je ferme les yeux quelques instants. J’ai l’impression de les sentir encore sur les miennes. Je serre les poings et me mords la lèvre, essayant de me retenir de pleurer. Je sais que ma mère me regarde, mais je pense qu’elle doit mettre mon expression sur le compte de mon départ du lycée. Mais ce n’est pas ça qui me fait le plus mal. C’est le fait de l’avoir quitté, de m’être séparé de lui aussi brutalement, mais je sais que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire.

    Je vais dans ma chambre, pose mon sac dans un coin et m’allonge sur mon lit. Ça fait un moment que je n’ai pas mis les pieds ici, puisque le lycée a mis en place un système d’internat depuis le kidnapping de Katsuki.

    Je regarde autour de moi, cette chambre reflète mon admiration pour All Might, mais ça me rappelle également que j’ai mis fin au rêve de lui ressembler, de devenir comme lui. Mes larmes commencent à couler. Cette fois, je ne peux plus les retenir. Je me lève brusquement, sors de la chambre. Maman m’appelle me demandant ce qui se passe mais je ne lui réponds pas. Je descends dans la cave et prends quelques cartons.

    Je remonte ensuite dans ma chambre et je commence à tout enlever, tout ce qui me rappelle ce que je voulais devenir. Les figurines, les livres, les posters, tout. All Might est en train de disparaitre peu à peu de ma chambre. J’entends ma mère s’esclaffer devant la porte de ma chambre.

    -         Izuku mon chéri, qu’est-ce que tu fais ?

    -         Je range, dis-je simplement.

    -         Mais… pourquoi ? Izuku, je ne comprends pas ce qui se passe. Pourquoi tu ne veux pas m’expliquer ? Tout ça, c’est ton rêve.

    -         Mon rêve est fini maman, je dois tourner la page. Tant que j’aurais tout ça, je ne pourrais pas avancer.

    Je crois que mon ton la surprend. Mes larmes coulent sur mes joues, mais je suis très calme étrangement. Tout ce que je fais a du sens. Soudain, la sonnette retentit et maman hésite à aller ouvrir, mais comme cela ne s’arrête pas, elle finit par rebrousser chemin. De mon côté, je continue à tout ranger, enlever tout ce qui me rappelle tout ce qui a fait ma vie depuis toujours. C’est quand même difficile, j’ai le cœur serré, mais je n’abandonne pas pour autant ma tâche. J’entends vaguement des voix parler, celle de ma mère et celle de l’inconnu qui est venu nous rendre visite. Mais je continue ma tâche, sans me préoccuper de savoir qui est là.

    C’est quand ma mère revient vers moi, que je relève la tête. Elle me regarde avec hésitation. Elle tient son torchon de cuisine et le tort entre ses mains, comme si elle hésitait à me dire quelque chose.

    -         Izuku. Il y a… All Might est ici.

    J’écarquille les yeux avant de baisser la tête. Oui, bien sûr. J’aurais dû me douter qu’il allait venir me voir. Après tout, j’étais son successeur. Pas étonnant, qu’il veuille des réponses, mais… je ne pense pas être capable de lui en donner. Je ne sais pas quoi lui dire. A vrai dire, je ne me sens même plus digne de lui parler. Je l’ai trahi en rejetant le cadeau qu’il m’a fait. Je ne suis plus digne d’être son fan numéro un, c’est d’ailleurs aussi pour ça que je me débarrasse de tout ce qui peut me le rappeler.

    -         Je ne veux pas lui parler, dis-je d’un ton sec tout en continuant ma besogne.

    -         Izuku !

    -         Je ne veux pas ! m’écriais-je alors que ma mère sursaute, surprise par mon agressivité.

    J’écarquille les yeux au moment où je me rends compte de la manière dont je lui ai parlé. C’est la première fois que je me montre aussi méchant avec elle, alors qu’elle a toujours été là pour moi.

    -         Je… pardon maman, dis-je en me mordant la lèvre pour ne pas pleurer. Je ne voulais pas crier. S’il te plait, je suis désolé.

    -         Izuku, je ne comprends pas ce qui t’arrive et ça me fait mal de te voir comme ça. Mais, All Might a fait le déplacement pour venir te voir. Si tu ne veux pas lui expliquer les raisons de ton départ, dis-le-lui en face. Si tu veux vraiment avancer comme tu le dis, alors, je pense c’est la première chose que tu dois faire.

    Je fixe ma mère, surpris par ses paroles. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle me parle sur un ton si autoritaire. Je baisse la tête et regarde le coussin All Might que je tiens dans la main. Je le pose doucement dans le carton. Puis, j’acquiesce et ma mère repart, remplacé par le héros de mon enfance. Il s’avance doucement vers moi, tandis que je continue à ranger tous ses produits dérivés. Je suis sûr qu’il n’en connait même pas la moitié.

    Il s’agenouille en face de moi et prends une peluche qui traine par terre. Je rougis presque de honte. J’ai cumulé tellement de choses, une véritable groupie. Il l’a toujours su mais là, ma passion est d’autant plus visible qu’il est là dans ma chambre. Ce qui me gêne le plus, ce n’est pas tellement qu’il constate la passion que j’avais pour lui, ça il a toujours su même s’il n’imaginait pas que c’était à ce point. C’est surtout que je suis en train de mettre un terme à tout ça, en quelques minutes. Des années de passion, jetées à la poubelle en quelques minutes.

    -         Midoriya mon garçon, qu’est-ce qui s’est passé ? demande-t-il doucement.

    Il pose une main sur la mienne qui tient un mug à son effigie. Je me fige un instant. Je sens que j’ai encore envie de pleurer. J’ai peur de craquer, de rebrousser chemin, mais, je me rappelle rapidement que c’est déjà trop tard.

    -         Rien, j’ai… simplement arrêté de rêver, dis-je.

    -         Je ne comprends pas.

    -         Je ne suis pas fait pour être un héros c’est tout, je me suis toujours voilé la face et j’en ai pris conscience alors… j’arrête tout, c’est terminé.

    -         Est-ce que… il y a quelque chose qui t’a donné l’impression que tu ne pourrais pas devenir un héros ? Un geste de ma part ou autre chose ? J’avoue que je ne comprends pas. Tu étais bien parti, il n’y avait aucune raison que tu ne deviennes pas le héros que tu voulais être, alors que s’est-il passé ?

    -         Rien, je me suis juste réveillé, dis-je. Je ne deviendrais jamais un héros, c’est la seule chose qu’il faut retenir.

    -         Mon garçon…

    -         N’insistez pas All Might, dis-je d’un ton sec. Je suis désolé que vous ayez fait le mauvais choix. Vous m’avez confié le One For All et je ne m’en suis pas montré digne. Je suis désolé de ne pas avoir été à la hauteur. Mais, ne vous en faites pas, j’ai confié ce pouvoir un quelqu’un de bien meilleur que moi, il saura en être digne, j’en suis sûr. D’ailleurs, vous auriez pu le choisir dès le départ.

    -         Bakugo, dit-il.

    -         Il vous l’a dit ?

    -         Oui, on a discuté, dit-il. Il est un peu perdu, il ne comprend pas pourquoi tu as fait ça, tout comme moi. Midoriya, mon garçon, si je t’ai choisi, c’est parce que je pensais que tu serais digne de ce pouvoir. J’ai vu en toi, l’étoffe d’un héros.

    -         Eh bien, vous avez eu tort, dis-je en tournant la tête sur le côté.

    -         Je ne pense pas, dit-il. Je pense toujours que tu es fait pour être un héros. Je ne sais pas ce qui s’est passé pour que tu renonces à ton rêve, mais je pense que tu restes digne du pouvoir que je t’ai légué.

    -         Vous ne devriez pas, dis-je. Vous feriez mieux de vous occuper de Katchan, maintenant. C’est lui le nouveau détenteur du One For All, il va avoir besoin de votre aide pour devenir le super héros que vous recherchez. Maintenant, si vous voulez bien, j’aimerais finir de ranger tranquillement. Je vous demande encore pardon de ne pas avoir été digne de votre confiance, mais tout est terminé. Ne revenez pas, je ne changerais pas d’avis.

    -         Midoriya…

    Il soupire avant de se lever difficilement. Je ne le regarde pas. J’ai encore envie de pleurer. Je sais que mes dernières paroles sont dures, pas vraiment digne de celui que j’ai été, mais si je veux passer à autre chose, il faut que je fasse table rase de mon passé et ça commence par ma relation avec All Might. Maman avait raison, je pense que lui parler, était la première étape pour commencer ma nouvelle vie.

    -         C’est moi qui suis désolé, dit-il alors qu’il est devant la porte de ma chambre. Je n’ai pas été un assez bon mentor. Je n’ai pas compris que tu n’allais pas bien, au point que tu veuilles abandonner le rêve que tu as chéri pendant si longtemps. Mais sache une chose, je n’ai pas fait d’erreur en te choisissant, je pense que tu peux devenir un héros malgré tout. Et une dernière chose concernant Katsuki, il m’a demandé de te faire passer un message, qui j’espère te fera réfléchir.

    Un message de Katchan ? Je relève la tête. Pourquoi est-ce que ça m’intéresse autant ? All Might sourit en voyant qu’il a enfin mon attention. Je m’en veux presque d’avoir réagir aussi vite quand il a prononcé son nom.

    -         Il m’a dit qu’il voulait devenir un héros avec son propre pouvoir. Donc, il n’utilisera pas le One For All, il s’y refuse. Il pense que ce n’est pas un pouvoir qu’il mérite contrairement à ce que tu penses. Lui aussi veut connaître la raison de ton revirement et je pense qu’il n’abandonnera pas tant qu’il n’aura pas de réponses. Par ton choix, tu as peut-être mis fin à l’existence du One For All.

    -         Que… quoi ?

    Il ne dit rien, un sourire triste sur le visage, puis sort de ma chambre. Je sais que je devrais le rattraper, mais mes jambes refusent de me porter. Je… J’ai peut-être mis fin à l’existence du One For All ? Parce que Katchan refuse de l’utiliser ? Je serre les poings avant de les taper contre le sol. Je commence à pleurer de tout mon soul avant de me caler contre mon lit et de relever la tête. Tant pis, si le One For All doit disparaitre à cause de mon choix, c’est qu’il devait en être ainsi. C’est aussi le choix de Katsuki de ne pas l’utiliser. Ça veut dire aussi qu’il n'accepte même pas le dernier cadeau que je lui ai fait. Je ferme les yeux, un bras sur mon visage décidemment, il m’aura rejeté jusqu’au bout.

     

    Katsuki

     

    All Might ne devrait plus tarder. Il m’a dit qu’il viendrait me voir dès qu’il aurait parlé à Deku. J’avoue que ça me stresse. Ça m’a démangé toute la soirée de sortir pour aller le voir moi aussi, mais j’ai promis à l’ex-symbole de la paix de le laisser faire en premier. Si bien que je suis en train de tourner en rond dans l’internat alors que mes camarades tirent une tronche de dix pieds de long à cause du départ de Deku. Miss Gravité est dévastée, elle pleure dans les bras des autres filles. Les autres garçons, ont le visage fermé et grave.

    Personne ne comprend pourquoi il est parti, moi le premier. Et encore, moi j’ai eu droit un dernier entretien avec lui avant son départ, même si franchement, je m’en serais bien passé. Je fixe mes mains, j’ai vraiment le One For All en moi ? J’ai encore du mal à y croire, je ne veux pas y croire en fait. Pourtant, comme je l’ai dit à All Might, je sais qu’il est là.

    -         Katsuki, tu veux pas t’asseoir, me dit Kirishima. Tu nous donnes le tournis à tourner en ronds comme ça. Tu vas finir par user le parquet à force.

    -         Je m’en fous, dis-je.

    -         T’es sûr qu’il ne t’a rien dit qui pourrait expliquer son départ ? demande Kaminari.

    -         Non, rien.

    -         Alors pourquoi il a voulu te parler ? Tu es le seul qu’il a vu avant de partir.

    -         Je sais pas, il…

    Je ne peux pas leur dire pour le One For All et certainement pas pour le baiser. Du coup, pas étonnant qu’ils ne comprennent pas pourquoi Deku a voulu me voir avant de partir.

    -         Il m’a juste dit que j’avais raison et que jamais il ne pourra être un bon héros, dis-je dans les grandes lignes. Après, il est parti sans m’en dire plus. Croyez-moi, ça m’énerve autant que vous.

    -         C’était pourtant son rêve d’être un héros, dit Momo. Il était calé comme personne sur le sujet et il a toujours eu l’âme d’un héros plus que n’importe qui d’autre ici. Alors qu’est-ce qui a pu le pousser à abandonner le rêve de sa vie ?

    -         Oui, c’est incompréhensible, dit Iida. Personne n’a vu qu’il n’allait pas bien. Il n’a jamais montré qu’il était tenté d’abandonner son rêve. Je m’en veux de n’avoir rien vu. En tant que délégué, j’aurais dû me rendre compte que quelque chose n’allait pas. Je m’en veux tellement.

    -         Arrête Iida, dit double-face. Izuku a certainement tout fait pour le cacher et je suis sûr qu’il ne voulait pas nous inquiéter, c’est pour cette raison qu’il est parti sans un mot. Il ne voulait pas que l’on soit triste pour lui.

    -         Eh bien, c’est raté, dit Mina. C’est encore pire maintenant.

    Je m’éloigne un peu, ils me gonflent avec leur « et si ». Ça m’agace. Je sors de l’internant et décide d’attendre All Might devant l’internat. Il ne fait pas très chaud et j’ai eu la bonne idée de rester en T-shirt, quelle plaie. Je déteste le froid. Journée de merde, vraiment. Alors que je m’apprête à rentrer chercher une veste, je vois une ombre arriver vers moi, et oubliant le froid, je m’approche de lui, en courant. All Might détourne le regard et je comprends qu’il a échoué.

    -         Vous n’avez pas pu lui parler ? demandais-je.

    -         Si, mais… il n’a pas voulu me donner la raison de son départ. Et… il n’a pas l’air de vouloir changer d’avis. Quand sa mère lui a dit que j’étais là, il a été agressif envers elle, je ne l’avais jamais vu comme ça. Et… il était en train de mettre en carton, tous les produits dérivés qu’il avait à mon effigie. J’avoue que ça m’a fait un choc. Il veut vraiment tourner la page.

    -         Quoi ? Il a jeté tout ce qu’il avait sur vous ? m’étonnais-je.

    -         Jeté, je ne pense pas. Je pense qu’il sait ce que représente sa collection, mais il va la mettre au placard, c’est sûr.

    Je m’assois par terre, atterré par cette révélation. Deku, mettre au placard sa collection All Might ? C’est inconcevable ! C’est que les choses sont graves pour qu’il en arrive là. Sa collection All Might c’était presque toute sa vie et il s’en débarrasse comme si ça n’avait jamais existé. All Might s’assoit à côté de moi et je me rends compte que la situation est cocasse. Qui aurait cru que je me retrouverais assis au milieu d’un chemin, avec l’ex-numéro un des héros, le grand All Might. Si on me l’avait dit, il y a quelques années, je ne l’aurais jamais cru. Mais voilà, aujourd’hui, il est là à côté de moi, les épaules basses, complètement perdu. Je le suis autant que lui.

    -         La situation est vraiment grave, dis-je d’un ton plus calme que je l’aurais cru.

    -         J’en ai bien l’impression.

    -         Vous lui avez dit ?

    -         Oui.

    -         Et comment il a réagi ?

    -         Il a été surpris, forcément, mais il n’a pas réagi plus.

    -         Bon sang ! Ça me tue franchement, dis-je en mettant ma tête entre mes genoux. Qu’est-ce qu’il a ce foutu Nerd ?

    -         J’avoue que je ne comprends pas non plus, dit All Might. Tu sais Bakugo, je ne pense pas avoir fait le mauvais choix en lui confiant mon pouvoir, mais il a l’air de penser le contraire aujourd’hui et je ne sais pas pourquoi.

    -         Je vous l’ai dit, il a dû encore se foutre une idée bizarre dans la tête, ce bon à rien. Bon, dis-je en me levant brusquement. Puisque vous n’avez pas réussi à lui tirer les vers du nez, alors je m’en occupe. Je lui ferais cracher le morceau, à cet imbécile et je le ramènerais ici par la peau des fesses, s’il le faut.

    -         Bizarrement, je suis sûr que tu y arriveras, dit-il avec un petit rire.

    -         Qu’est-qui vous fait rire au juste ?

    -         Je me disais juste, dit-il en se levant. Pour quelqu’un qui l’a dénigré durant son enfance, je trouve que tu prends tout ça bien à cœur. Finalement, tu l’as reconnu en tant que héros, n’est-ce pas ? Sinon, pourquoi te donner autant de mal pour le faire revenir. Si jamais tu t’en fichais, vraiment, tu aurais juste accepté le One For All sans rechigner, en pensant que de toute façon, tu étais le meilleur pour le posséder. Or là, c’est loin d’être le cas. Si jamais tu le peux… tu lui rendras, n’est-ce pas ?

    -         Pfff ! N’essayez pas de m’analyser, dis-je en détournant le regard gêné. Si je veux savoir, c’est parce que ça me gave, qu’il me l’ait confié par dépit c’est tout.

    -         Oui, bien sûr.

    Il ne me croit pas et je ne me crois pas moi-même. Fais chier, je me rends compte qu’il a parfaitement raison. Je ne peux plus ignorer Deku, en fait, je n’ai jamais pu l’ignorer. Je l’ai pourtant toujours vu comme un caillou dans ma chaussure, mais je n’ai jamais pu me passer de son existence. D’autres l’auraient simplement ignoré, mais moi, j’ai toujours cherché son regard, sa présence. Maintenant qu’il est parti, j’aurais dû me sentir soulagé, qu’il ne soit plus sur mon chemin, mais au contraire, je ne veux qu’une chose, qu’il se mette devant moi, qu’il soit… près de moi. Bon sang, je n’y comprends rien. Pourquoi je suis tellement contradictoire, quand il s’agit de Deku ? Je ne sais vraiment pas ce que je veux.

    -          J’irais le voir All Might et je nous le ramènerais, d’accord ?

    -         Oui, d’accord, acquiesce All Might. J’ai confiance, je sais que tu le pourras.

     

    Izuku

     

    Je vais faire mon entrée dans ma nouvelle école. J’avoue que j’ai stressé durant tout le week-end. C’est un grand changement. Dire que j’ai tout fait pour rentrer à Yuei et me voici à présent dans mon lycée de quartier, un lycée tout ce qu’il y a de plus normal. Plus de cours avec des supers héros comme professeurs, plus d’apprentissage héroïque, juste… des cours normaux, avec des gens normaux. Je regarde mes mains, je sens encore le One For All en moi, mais tout doucement, il disparait. Bientôt, ce ne sera plus qu’un écho, puis il ne sera plus là et je redeviendrais celui que j’étais avant, le Deku sans alter, qui n’a aucun avenir.

    Je pars, un peu à reculons, je dois l’avouer. Maman m’a dit au revoir, un peu anxieuse. Pas facile d'intégrer une nouvelle école en cours d’année. Je sais aussi qu’on risque de me poser pleins de question. Il faut dire que lors du championnat de Yuei, la compétition était retransmise sur les chaines de télévision japonaise, j’ai donc été exposé à la vue de tous et je ne peux plus revenir en arrière à présent.

    Quand j’arrive devant l’établissement, mon cœur se serre. J’ai envie de faire demi-tour, j’aurais dû attendre. Maman m’avait proposé d’attendre quelques jours, de me reposer. Je pense qu’elle espérait que je change d’avis. Pourtant, après l’attaque de Kamino, lorsque nous sommes allés sauver Katchan, elle a été très réticente à ce que je reprenne les cours à Yuei. Il a fallu qu’All Might se mette à genoux devant elle pour qu’elle accepte.

    Au final, tout ça n’aura servi à rien. J’ai finalement suivi ses recommandations et on dirait qu’à présent, elle préférerait que je fasse machine arrière. Pourtant, maintenant, je ne me mettrais plus en danger, je vivrais une vie tranquille, paisible et... monotone. Enfin, peu importe, c'est comme ça.

    J’entre dans le lycée. Avant d’aller en classe, je dois passer chez le directeur. Une fois que c’est fait, il m’emmène jusqu’à ma salle de classe et me présente à mon professeur principal, qui lui me présente à la classe. Lorsque je découvre mes camarades de classe, je me rends compte qu’il y en a deux que je connais, deux anciens amis de Katsuki, qui me faisaient la misère avec lui. Je sais qu’ils m’ont reconnu et leur sourire ne me dit rien qui vaille.

    Je me présente sommairement, sans préciser que je viens de Yuei, mais j’ai bien l’impression que tout le monde m’a reconnu. Ils chuchotent quand je passe à côté d’eux pour aller m’asseoir à ma place. Pour la plupart, ils se demandent si je ne suis pas celui qui se cassait les doigts lors du championnat.

    A la pause, tout le monde vient vers moi, et surtout mes deux anciens camarades de collège. Je baisse la tête, ne souhaitant pas parler, mais ils n’ont pas l’air du même avis.

    -         Tiens, tiens, tiens, si c’est pas Deku, le bon à rien de notre collège. Bah alors, Deku, t’étais pas à Yuei ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu t’es fait virer ? Ils ont enfin compris que tu n’avais rien à faire là-bas ?

    -         Alors, il vient vraiment de Yuei ? demande une fille de la classe.

    -         Ouaip, dit l’un de mes anciens camarades. Et apparemment, il a vraiment cru qu’il pouvait devenir un héros, mais on dirait bien que là-bas, ils ont compris qui tu étais vraiment. Franchement, t’as peut-être un alter maintenant, mais tu sais même pas t’en servir. Pas étonnant que tu n’aies pas pu rester. T’aurais jamais dû essayer d’entrer là-bas. Katsuki aurait dû être le seul de notre collège, à y aller.

    Je ne dis rien et les laisse parler. Ils continuent à baver sur moi et je ne cherche même pas à me défendre. A vrai dire, je me fiche bien de ce qu’ils peuvent penser. Ils essaient de démêler le vrai du faux, mais jamais ils ne pourraient s’imaginer la raison de mon changement d’école. Je passe les cours de la journée, loin des autres. Je sens que la solitude va devenir mon quotidien. Je n’ai envie de me lier à personne. Je repense à mes anciens camarades de Yuei. Ils étaient tous si gentils avec moi, mais je ne les méritais pas. J’ai maintenant l’impression d’avoir été un imposteur, quelqu’un d’illégitime dans ce cercle fermé d’apprentis héros.

    Quand je rentre à la maison, je suis lessivé. Maman m’accueille en me demandant si tout s’est bien passé. Je lui réponds que oui et vais directement dans ma chambre pour faire mes devoirs. Je les fais rapidement, le niveau dans ce lycée est moins élevé qu’à Yuei et ce sont des cours que j’ai déjà vu. Quand ma mère m’appelle pour manger, j’y vais sans rechigner et après le repas, je m’allonge sur le canapé, emmitouflé dans une couverture. Je suis fatigué alors que la journée n’a pas été si éprouvante que ça. Maman me laisse tranquille et s’installe sur le fauteuil à côté de moi. Elle me demande ce que je veux regarder, mais je lui laisse le choix du programme. Et alors, que l’émission commence, on sonne à la porte. Je ne réagis même pas et continue de fixer l’écran et regarde l’émission de variété qui passe à la télé.

    Quand maman ouvre la porte, j’entends soudain une voix que je connais. Mes yeux s’écarquillent, mais je ne bouge pas. Peut-être que maman va le faire partir, je l’espère.

    -         Bonjour Mme Midoriya.

    -         Katsuki Bakugo ? dit-elle. Ça fait tellement que je ne t’ai pas vu.

    -         C’est vrai. Je… hum… est-ce que je peux voir De… Izuku ? demande-t-il.

    Non, pourquoi Katchan est ici ? Pourquoi est-il venu ? All Might m’avait prévenu qu’il viendrait chercher des réponses, mais j’avais espéré qu’il abandonne l’idée. Après tout, qu’est-ce qu’il en a à faire de moi ? Je me cache un peu sous les couvertures, en espérant qu’il ne me voit pas.

    -         Je ne sais pas trop, dit maman. Izuku est… enfin, il n’est pas très en forme.

    -         Je sais, dit-il avec un calme que je ne lui connais pas.

    -         Je suis désolée, Katsuki. Je ne pense pas qu’il veut te voir.

    -         Deku, c’est vraiment ce que tu veux ? dit-il soudainement avec une voix plus forte. Tu vas vraiment rester là à te morfondre toute ta vie ?

    Je vois déjà la tête horrifiée de ma mère. Il a essayé de se retenir de m’appeler Deku au départ, mais là, c’est sorti tout seul. Finalement, son calme n’était qu’éphémère et son côté rebelle est en train de reprendre le dessus. J’entends des bruits de pas et d’un seul coup, quelque chose se retrouve devant mon champ de vision. Je ne relève même pas la tête et fixe le vide, puisqu’il me cache la télévision.

    -         Katsuki, s’indigne ma mère.

    -         Je suis désolé, Mme Midoriya, mais si je ne le brusque pas un peu, il ne bougera pas.

    -         Mais…

    -         Deku, tu vas te bouger oui ? Il faut qu’on parle, dit-il avec un ton agressif.

    Je ne dis rien. Il peut bien pester, s’énerver, gueuler comme il en a l’habitude, je ne veux pas lui parler. Pourquoi il ne comprend pas ? Je n’ai rien à lui dire, je ne compte pas lui donner d’explication.

    -         Deku, grogne-t-il.

    D’un seul coup, je sens qu’il tire sur ma couverture et j’entends ma mère hoqueter de surprise pourtant, elle n’ose pas faire un seul geste.

    -         Katsuki, je pense que tu devrais… commence ma mère.

    -         Non ! Pas avant qu’on ait parlé.

    -         Tu vois bien qu’il n’est pas en état.

    Il se penche vers moi et m’oblige à le regarder. Je ne détourne pas le regard, mais je ne parle pas pour autant.

    -         Ça t’amuse de me faire tourner en bourrique.

    -         Dégage Bakugo ! dis-je d’un seul coup.

    -         Izuku, dit maman avec un air horrifié.

    -         Pardon ? dit Katchan. Comment tu me parles ?

    Il me tient par le col et m’oblige à me lever. Nos regards s’affrontent et cette fois, je ne suis pas prêt à lâcher l’affaire. Je veux qu’il abandonne et c’est tout. Pour autant, je ne sais pas si je serais en mesure de lui tenir tête bien longtemps. Je ne me sens pas bien, j’ai la tête qui tourne, mes jambes ont du mal à me porter et c’est lui qui m’empêche de tomber, je crois.

    -         Va-t-en Bakugo, tu fais peur à ma mère, dit-il. C’est pas digne d’un héros.

    -         Tu joues la carte du héros, c’est bas, dit-il.

    -         Pas autant que toi qui me menaces, le défiais-je.

    -         Deku, je vais pas lâcher l’affaire, tu m’entends.

    -         Moi non plus. Va-t-en, ne reviens pas. Ça sert à rien d’essayer de me parler, je ne te dirais rien de plus.

    -         Tssss, tu crois que je vais me contenter de ça ?

    -         Il va bien falloir.

    J’ai la tête qui tourne de plus en plus. Je sais pas si je vais tenir bien longtemps, je suis trop fatigué. J’ai pas beaucoup dormi ces derniers temps. J’ai pu tenir le coup au lycée, mais là, la journée devient trop longue pour moi. Je ne tiens à rien, seulement aux bras de Katchan, qui me maintiennent debout.

    -         Deku !

    -         Fous-moi… la paix… je ne veux… pas…

    Mes yeux se ferment et je sens mes jambes me lâcher. J’entends à peine les cris de ma mère retentirent, mais je sens que les bras de Katchan se referment sur moi pour m’empêcher de tomber.

     

    Katsuki

     

    Je ne m’attendais pas en allant voir Deku, qu’il finirait par s’évanouir dans mes bras. J’avoue, j’ai été un peu violent. Je m’en veux un peu d’avoir effrayé sa mère, mais je ne voyais pas trop comment le faire sortir de sa torpeur. Et ça a fonctionné puisqu’il a fini par me parler et même s’il ne veut toujours rien dire, je ne compte pas m’avouer vaincu. Je finirais bien par avoir le fin mot de l’histoire, même si je dois revenir tous les jours pour le voir. Je sais que le lycée ne me laissera pas forcément faire, vu ce qui s’est passé avec l’Alliance des supers vilains, mais je ferais mon maximum pour venir le voir dès que possible.

    Je prends Deku dans mes bras, il est tellement léger que ça me fait peur. J’ai l’impression qu’il a perdu du muscle et ça ne peut pas venir du fait qu’il n’ait plus le One For All. Ça ne fait pas si longtemps qu’il ne l’a plus, et il ne peut pas avoir perdu aussi vite, ce qui veut dire que ça fait un moment qu’il se laisse aller et qu’il ne fait plus les exercices quotidiens auxquels ils s’astreignaient depuis des mois. Je le voyais parfois le soir et il n’a jamais lâché une seule séance, sauf quand il était à l’infirmerie.

    -         Je suis désolé Mme Midoriya, dis-je en la voyant horrifiée de voir son fils évanoui dans mes bras. Je ne pensais pas que ça le mettrait dans cet état.

    -         Ce… ce n’est rien Katsuki, tu ne pouvais pas deviner.

    -         Et je suis désolé, d’avoir forcé pour entrer, dis-je un peu mal à l’aise.

    J’emmène Deku dans sa chambre et le dépose sur son lit. Sa mère le borde et je la regarde faire un peu mal à l’aise. Le téléphone sonne soudainement, nous faisant sursauter tous les deux.

    -         Je reviens, dit-elle.

    Je sens qu’elle hésite à me laisser seul avec son fils, mais elle finit par sortir quand même. Je me rapproche du lit de Deku. Son visage est marqué par la souffrance. Je m’agenouille devant son lit et soupire.

    -         Je ne comprends pas ce qui t’a pris, Deku. Pourquoi t’as renoncé à devenir un héros ?

    J’avance ma main doucement vers une mèche qui tombe sur son front et la déplace légèrement. Quand je me rends compte de mon geste, je recule brusquement. Qu’est-ce que j’allais faire ? Je détourne le regard et me lève.

    -         Je n’abandonnerais pas Deku, tu finiras par me dire ce qui s’est passé.

    Je m’apprête à sortir, quand je vois Inko revenir dans la pièce. Elle me regarde avec tristesse. Je sens qu’elle est complètement perdue.

    -         Il ne vous a rien dit ? demandais-je.

    -         Non, j’ai eu beau lui demander des explications, il n’a rien voulu me dire. J’avoue que j’ai été surpris quand il m’a demandé à quitter Yuei. J’avoue lui avoir demandé de le faire à un certain moment, après ton enlèvement, mais, il était décidé à rester.

    Nous allons dans la pièce et elle me montre la chaise en face de moi. Elle va derrière le comptoir et prend une tasse de thé, qu’elle me sert.

    -         Merci, dis-je.

    Elle s’assoit face à moi et j’ai le sentiment qu’elle a besoin de parler. Il faut dire qu’elle ne doit pas avoir eu l’occasion de parler à quelqu’un de ce qui se passe avec son fils.

    -         Être un héros, c’est son rêve depuis toujours, dit-elle. Tu es bien placé pour le savoir, alors quand il m’a dit vouloir abandonner son rêve, je n’ai pas compris. Il a dû se passer quelque chose de grave, mais il ne veut rien me dire, ça m’angoisse, je n’aime pas le voir comme ça. Et toi, il ne t’a vraiment rien dit Katsuki ?

    -         Non, c’est pour ça que je suis venu.

    -         Quand All Might est venu, je me disais qu’il s’ouvrirait à lui, mais il a été plutôt agressif, ce qui ne lui était jamais arrivé. Avec toi, il a fait la même chose, je ne le reconnais plus.

    -         Moi non plus, dis-je en fixant ma tasse de thé.

    -         Aide-le Katsuki, vous êtes amis, n’est-ce pas ?

    Elle me regarde avec espoir et je détourne le regard. Amis ? Deku ne lui a donc pas dit ce qui s’était passé entre nous ces dernières années ? Je doute qu’elle ait été si naïve durant tout ce temps, ou alors, a-t-elle préféré se voiler la face ?

    -         Je suis désolée Mme Midoriya, votre fils et moi, on n’est plus amis depuis bien longtemps.

    -         En fait… je m’en doutais un peu. Quand vous étiez petits, vous étiez inséparables, il ne parlait que d’All Might et de toi et au fil des années, il n’a plus fait allusion à toi, alors, je me suis dit que vous vous étiez simplement éloignés l’un de l’autre, mais il y a autre chose, n’est-ce pas ?

    -         C’est vrai, dis-je mal à l’aise. Je… je n’ai pas… été très sympa avec Izuku, ces dernières années.

    Je ne pensais pas qu’en venant ici, c’est moi qui ferais des confessions, mais je lui dois bien ça. Après ce que j’ai fait à son fils, je ne peux pas faire semblant d’être ami avec son fils, alors que ce n’est pas le cas.

    -         Je… je l’ai plus ou moins… harcelé, parce qu’il n’avait pas d’alter, dis-je honteux. Le surnom Deku qu’il a finalement pris pour nom de héros, c’est moi qui lui ai donné et pas vraiment pour de bonnes raisons. C’était plus une insulte, pour le rabaisser. Je suis désolé, j’ai vraiment été lâche, je m’en suis pris à lui sans aucune raison. Mes excuses ne rattraperont pas ce que j’ai fait, je le sais.

    Elle me fixe avec dureté, puis son visage s’adoucit ce qui me perturbe un peu. Elle devrait me jeter dehors, après ces révélations, et pourtant, elle ne fait rien.

    -         Je devrais te frapper pour ce que tu as fait à mon fils, Katsuki, dit-elle. Mais… tu es là aujourd’hui, je vois bien que tu t’en veux de ce que tu lui as fait. Et le simple fait que tu veuilles l’aider aujourd’hui prouve bien que tu as changé. Si tu étais le même qu’à l’époque, tu ne prendrais même pas la peine de venir le voir pour le secouer un peu, à une heure aussi tardive. Tu as envie de comprendre ce qui lui arrive et c’est ce que les amis font. Tu peux me dire que ce n’est pas le cas, je vois bien que tu es plus attaché à lui que tu ne veux le dire. Je te pardonne Katsuki, cependant… si tu fais encore du mal à mon fils d’une manière ou d’une autre, tu auras à faire à moi, tu m’entends ?

    -         Je… oui, dis-je surpris.

    -         Bien, alors… je compte sur toi pour l’aider et le faire parler. Je te donne mon feu vert pour le sortir de son mutisme. Je compte aussi sur toi pour te faire pardonner auprès de lui. C’est bien de s’être excusé auprès de moi, mais ce serait bien que tu lui dises également.

    -         D’a… d’accord, dis-je. Merci, Madame Midoriya.

    -         Appelle-moi Inko, dit-elle avec un sourire.

    J’acquiesce et me lève. Elle me raccompagne à la porte et avant que je ne m’en aille, elle me retient par le bras.

    -         Quels que soit tes sentiments envers Izuku, parle-lui avec ton cœur, dit Inko. Ça finira par le toucher, j’en suis sûr. Même s’il ne parlait plus de toi, je sais qu’il t’admirait.

    Je ne réponds pas et je sens que je rougis. Quels que soit mes sentiments ? A quoi pensait-elle en disant ça ? Je lui dis au revoir et je ne sais pas pourquoi, mais mes joues chauffent sans raison. Est-ce qu’elle m’aurait vu tout à l’heure ? Non, mon geste n’avait aucune connotation bizarre, je lui ai juste repoussé une mèche de cheveux, ça ne voulait rien dire. Je repense à ce moment-là, au baiser que Deku m’a donné avant de quitter Yuei. Non, ça n’a aucun sens. Il a juste fait ça pour me donner le One For All. Je lui ai répondu, mais… ça ne voulait rien dire. Il n'y avait aucun sens caché. Merde ! Je suis complètement perdu. Qu’est-ce que tu m’as fait, abruti de Deku ?

     

    Izuku

     

    Quand je me suis réveillé après le passage de Katchan, on était le matin. Je me suis levé en me demandant si son passage n’avait pas été qu’un rêve, et ma mère ne m’a rien dit à mon réveil. Je suis donc parti au lycée, en me disant qu’il ne s’était rien passé et que c’était mieux ainsi.

    Par la suite, Katchan n’est pas revenu me voir, ce qui m’a conforté dans l’idée que j’avais sans doute rêvé son passage. Après, si c’est bien la réalité, il y a deux possibilités qui pourrait expliquer pourquoi il n’est pas revenu me voir : soit il avait abandonné l’idée de me faire parler, soit, il n’a pas pu partir du lycée et le connaissant, je pense que c’est plutôt la deuxième option. Je doute que Katchan abandonne si facilement, alors qu’il m’a clairement fait comprendre que ce n’était pas le cas. Je dois juste tenir bon jusqu’à ce qu’il lâche l’affaire pour de bon.

    Les jours se passèrent comme mon premier jour entre railleries et solitude. Mais aujourd’hui, mes camarades ont décidé d’être un peu plus virulents que d’habitude. J’essaie de les ignorer, de m’éloigner d’eux, mais rien n’y fait, ils me poursuivent sans cesse, je ne sais même plus comment m’en débarrasser.

    -         Allez Deku, tu vas nous faire une petite démonstration de ton alter hein ?

    Ils me poussent pour me faire bouger, mais je ne fais rien. Je les laisse me bousculer et continue de marcher. Ils continuent sans cesse, commençant même à me frapper. Je ne sais plus quoi faire, je pourrais courir, mais j’ai l’impression qu’ils vont me poursuivre. Je décide de me rendre en classe, mais d’un seul coup, je sens l’un d’eux tirer la veste de mon uniforme. Je tombe lourdement à terre et cela fait rire toutes les personnes présentes dans le couloir.

    L’un des élèves se penche et approche soudainement sa main et par réflexe, je le repousse par peur. Mon geste est si soudain, que je ne me rends pas compte que j’ai activé le peu du One For All qu’il me reste. L’élève se retrouve projeté sur le mur de droite et il tombe, assommé. D’un seul coup, il y a un attroupement autour de moi et j’entends les élèves m’insulter. Un professeur arrive vers nous et demande ce qui s’est passé.

    -         C’est Midoriya Monsieur, dit l’un d’eux. Il a activé son alter et l’a frappé ou plutôt il l’a balancé contre le mur.

    Le professeur me regarde et m’ordonne de me lever. Je le fais maladroitement et il me demande de le suivre tandis qu’il demande aux autres élèves d’aider leur camarade à terre, en l’emmenant à l’infirmerie. Je me retrouve rapidement dans le bureau du directeur, la tête basse.

    -         Ça ne fait que quelques jours que vous êtes là, dit-il, et vous causez déjà des problèmes. Que s’est-il passé au juste ?

    -         Il a à priori agressé un élève, dit le professeur.

    -         Je ne l’ai pas fait exprès, dis-je. Il a tendu la main vers moi et je l’ai repoussé trop fort sans m’en rendre compte. Ce n’est pas ce que je voulais, je ne l’ai pas fait exprès. Je vous promets que ça ne se reproduira plus.

    Le directeur me regarde et soupire. J’attends la sentence avec inquiétude. Je n’ai jamais causé de problèmes jusqu’à maintenant. Je pourrais me défendre en disant qu’ils ne font que me harceler depuis le début de l’année, mais je sais que ça ne servirait à rien. Il me dirait que je n’essaie pas de m’intégrer, ce qui est le cas et que je devrais apprendre à contrôler mon alter. Mais bon, de toute façon, bientôt, ce genre de choses ne pourra plus arriver, il me suffit d’être patient. Je dois juste attendre. Mais bon, là, je crains quand même la sentence.

    -         Le directeur Nezu n’a fait que des éloges sur vous, vous êtes un bon élève, travailleur. Je veux bien vous croire pour cette fois, mais si jamais vous recommencez, c’est l’exclusion direct. Cependant, je crois que pour aujourd’hui, vous feriez mieux de rentre chez vous. Il vaut mieux que la tension redescende auprès des élèves.

    -         D’accord, merci, Monsieur, dis-je en me penchant devant lui.

    Je sors du bureau et retourne prendre mes affaires, avant de m’en aller, en évitant le plus de monde possible. Je n’ai pas envie de rentrer à la maison. Je sais que maman finira par savoir ce qui s’est passé mais pour l’instant, je n’ai pas envie d’affronter son regard maintenant. Au lieu de ça, je me rends dans le parc près de chez moi, et attends la fin de la journée.

    Je reste un moment, assis sur la balançoire, me balançant au gré du vent. Je ferme les yeux, j’ai envie de pleurer. Je savais que ce ne serait pas facile mais je n’imaginais pas que ce serait à ce point-là. Je sens que ma vie a régressé totalement, mais je dois prendre sur moi, je n’ai pas le choix. J’ai choisi cette voie et je dois m’y tenir.

    L’après-midi avance et je vois la sortie des écoles. Les gens me regardent bizarrement, mais ça m’est égal. Quand, je regarde ma montre, je me rends compte que le lycée est terminé et qu’il est temps pour moi de rentrer et alors que je me lève pour partir, je vois deux silhouettes que je n’ai pas du tout envie de voir. Je m’empresse de prendre mon sac et de m’en aller, mais elles me rattrapent bien vite.

    -         Bah alors Midoriya, on s’enfuit, dit l’un d’eux en posant un bras autour de mes épaules. T’étais où toute l’après-midi, t’as séché ? Non, t’as été renvoyé hein ? Faut dire que tu n’y as pas été de main morte avec l’autre tout à l’heure.

    Je baisse la tête et ne réponds pas. Je fais attention en m’extirpant du bras qui me tient, mais à peine ai-je réussi à me dégager qu’il me retient à nouveau. Je n’ose plus faire un geste, j’ai peur d’utiliser le peu de pouvoir qu’il me reste pour me dégager. Et si je faisais un mauvais geste encore une fois ? Je n’arrive même plus à jauger ma force, maintenant. Je ne sais plus comment faire.

    J’essaie quand même de m’en aller, mais ils en ont décidé autrement et le plus grand des deux, me fait tomber par terre. Je tombe lourdement au sol et je me retrouve à genoux devant eux. Je n’ose même pas relever la tête, j’ai envie de me cacher dans un trou de souris. D’un seul coup, je sens qu’on me tire les cheveux et je n’ose même pas répliquer. Je sais que je devrais me défendre, mais je n’y arrive pas. Je m’en sens incapable.

    -         T’es pitoyable Deku, dit le plus petit. Comme avant, tu sais vraiment rien faire. Pas étonnant que tu te sois fait renvoyer de Yuei.

    Il me donne un coup de pied dans le ventre et j’en ai le souffle coupé. Je me tiens le ventre et des larmes commencent à perler au coin de mes yeux. Je pourrais répliquer, leur dire que je suis parti de mon plein gré, mais je sais qu’ils ne me croiront pas. Ils pensent sans doute qu’on ne peut quitter Yuei qu’en étant renvoyé. Il faut dire que c’est une chance de pouvoir y entrer. Le taux d’admission chaque année est à moins de un pour cent, alors pas étonnant que personne n'ait envie de quitter un lycée aussi prestigieux. Sauf, que c’est mon cas.

    Je sens qu’il me tire encore les cheveux et j’oppose un peu de résistance, ce qui l’agace car, il me donne un nouveau coup de pied. Je m’écroule à terre, en toussant et alors que j’attends encore un coup, il ne vient pas. Au lieu de ça, je vois mes deux camarades de classe reculer, avec un air effrayé. Je relève la tête et je vois ce qui leur a fait peur.

    -         Eh, c’est Bakugo, dit le plus grand. Ça… ça fait longtemps.

    -         Ouais, pas assez à mon goût, dit-il. Qu’est-ce que vous faisiez au juste ?

    Il fait crépiter ses mains et je comprends pourquoi ils sont effrayés. Il a le regard de quelqu’un qui veut en découdre. Son sourire pourrait faire peur à n’importe qui, mais moi, ça fait bien longtemps qu’il ne m’effraie plus. Je m’assois par terre tandis qu’il se met devant moi, pour me protéger.

    -         Vous alliez faire quoi là, les nuls ?

    -         Eh, c’est pas sympa de nous traiter comme ça, Bakugo. On était potes au collège. C’est pas parce que tu es à Yuei qu’il faut te la péter maintenant.

    -         Je me la pète si je veux, dit Katchan. C’est pas deux nuls comme vous qui vont me faire peur. D’ailleurs, c’est plutôt vous les peureux. Pourquoi vous reculez ? Pourquoi vous continuez pas, ce que vous étiez en train de faire, hein ?

    -         On lui faisait rien de spécial, on discutait, pas vrai Midoriya ?

    -         En lui foutant un coup de pied dans le ventre ? Vous appelez ça parler ? grogne Katchan.

    -         Ce… t’es gonflé quand même, t’étais le premier à lui en faire baver au collège et là, tu le défends.

    Finalement, il ne se laisse pas démonter, mais on sent qu’il est effrayé. Il faut dire qu’ils n’en ont jamais mené large devant lui. Ils le suivaient parce qu’il était fort et ils n’ont jamais osé le contredire, de peur de finir comme moi. Alors, aujourd’hui, qu’il est devant eux, avec cet air énervé, ça ne doit pas aider.

    -         Ouais, je me souviens, dit Katchan. Mais aujourd’hui, je suis un héros, pas question de continuer à faire les conneries d’avant. Je suis là pour protéger les gens de petits cons comme vous.

    -         Protéger Deku ? Toi ?

    -         T’as un problème avec ça ? demande Katchan en s’approchant de lui en faisant crépiter encore plus ses mains. Tu veux goûter à mes explosions peut-être ?

    -         N… non, non, dit-il effrayé. Allez, viens on s’en va.

    Il tire le plus grand par la manche, avant qu’il ne parte en me lançant un dernier regard de dégoût. Je baisse la tête, soulagé, mais abattu. Il a quand même fallu que Katchan vienne m’aider, je suis pitoyable. Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’il faisait dans le coin ? Il ne devrait pas être au lycée à cette heure ? Comment a-t-il pu sortir alors que les sorties sont réglementées maintenant ? Est-ce qu’il aurait fait le mur ? Je reste à terre, épuisé par ce qu’il vient de se passer. Je ne relève même pas la tête pour regarder Katchan qui lui doit me fixer de toute sa hauteur, probablement avec un air hautain.

    -         Qu’est-ce que tu as foutu Deku ? Pourquoi tu t’es pas défendu ? grogne-t-il.

    -         A quoi ça aurait servi ? demandais-je.

    -         A éviter de te faire tabasser, peut-être ?

    -         Qu’est-ce que ça peut te faire si c’est le cas ? Retourne au lycée, tu vas te faire engueuler si on te voir dehors.

    -         J’ai la permission, dit-il.

    -         Tant mieux pour toi, dis-je en me relevant finalement.

    Je commence à passer à côté de lui, mais il me retient par le col et je manque de tomber à nouveau sur le sol.

    -         Pas si vite le Nerd, dit-il. Si je suis là, c’est pour qu’on parle.

    -         Et moi, j’en ai pas envie. Lâche-moi, je dois rentrer chez moi.

    -         Pas question, pas avant d’avoir eu des réponses.

    -         J’ai rien à te dire.

    -         Au contraire, t’as beaucoup à me dire. Je te l’ai dit, je ne lâcherais pas l’affaire. Je veux comprendre ce qui se passe dans ta tête de Deku pour que tu aies l’idée de me refiler le One For All, sur un coup de tête.

    -         Ça n’a aucune importance, le pourquoi. Tu l’as, alors ne te pose pas questions. Maintenant, lâche-moi.

    Il ne l’entend pas de cette oreille et il commence à me trainer jusqu’à la balançoire la plus proche afin que je m’y assois. Je ne peux que lui obéir, sa poigne m’empêchant de riposter. Je détourne le regard. Il peut toujours me menacer, je ne céderais pas.

     

    Katsuki

     

    Il m’énerve à baisser la tête comme ça. Ça me gonfle. Je sens que ça ne va pas être facile de lui faire cracher le morceau. Il est déterminé à rester muet. Je mets mes mains sur chacune des cordes de la balançoire, ce qui le fait bouger. Il tourne enfin la tête vers moi et je lui attrape le menton pour qu’il me regarde enfin.

    -         Deku, parle à la fin, ma patience a des limites.

    -         C’est ton problème, dit-il avec défi.

    -         Non, à partir du moment où tu m’as refilé ton pouvoir, c’est notre problème à tous les deux. Si tu crois que je vais me contenter d’un « je te le file, fais-en bonne usage », tu te fourres le doigt dans l’œil. T’as vraiment cru que je pourrais accepter une chose pareille de ta part ? J’en veux pas de ta pitié, j’ai pas besoin du One For All pour exister, mon pouvoir est amplement suffisant. Si encore tu m’avais donné une bonne raison de le prendre, mais là, tu t’entête. En plus, je suis sûr que c’est pour une raison de merde que t’as abandonné l’idée de devenir un héros. J’ai jamais accepté ça et je ne l’accepterais pas tant que tu ne m’auras pas dit de quoi il retourne.

    -         T’as pas accepté ça ? Bien sûr que si, sinon tu ne l’aurais pas en ta possession aujourd’hui. A partir du moment où tu m’as répondu, tu l’as accepté.

    -         Que… non, c’était pas… J’ai pas… répondu à ça pour…

    Merde je bégaye, ça me soule. Je n’arrête pas de me rappeler comment il me l’a transmis et ça me perturbe.

    -         Tu m’as pris par surprise, d’ailleurs j’ai essayé de te repousser au départ, dis-je en me reculant. Je n’aurais jamais pu deviner ce que tu allais faire. Tu m’as pris en traitre.

    -         Mais, tu m’as accepté, au final.

    -         C’est pas… ça que j’ai accepté, c’était... J’étais… juste pris par le moment. Je n’aurais jamais imaginé une chose pareille.

    -         Quoiqu’il en soit, tu as accepté. Même si ce n’était pas volontaire, au fond de toi, tu voulais ce pouvoir, sinon tu ne l’aurais pas aujourd’hui.

    -         Peut-être… peut-être que c’est le cas. J’ai probablement été jaloux qu’All Might te l’ai confié plutôt qu’à moi, mais en aucun cas, je ne l’aurais voulu de cette manière. Pour l’avoir, j’aurais dû le mériter, et là, ce n’est pas le cas. Tu me l’as transmis par dépit, parce que tu ne savais pas vers qui te tourner d’autre et ça me gave que tu aies fait ça.

    Il écarquille les yeux, parce qu’il voit que sa décision me touche plus qu’elle ne l’aurait dû. Il croyait quoi à la fin, que j’allais réellement accepter ça sans broncher ? Je ne suis pas comme ça. Je veux mériter ce qu’on me donne et là, je n’ai pas l’impression que c’est le cas. Il m’a imposé les choses et même s’il est vrai, qu’à un moment je désirais ce pouvoir, jamais je n’aurais aimé l’obtenir comme ça. Je ne comprends même pas que ça ait pu fonctionner. Ça me met en rage franchement.

    Et puis, il n’y a pas que ça. J’ai l’impression que ça ne lui fait rien la manière dont il m’a transmis le One For All. Un baiser, ce n’est pas rien, surtout quand c’est son premier. Ça m’énerve qu’il prenne ça à la légère. A quoi a-t-il pensé quand il a fait ça ? Il n’a pas imaginé que ça pourrait me toucher ? Ça m’énerve de m’en faire pour ça, mais ça me travaille depuis ce jour-là. Son baiser m’a troublé plus qu’il ne l’aurait dû et je ne sais plus quoi en penser. J’essaie de chasser ce souvenir de mon esprit, en fermant les yeux quelques instants. Je dois me reprendre, ce n’est pas ça le plus important pour le moment.

    -         Deku, c’est bien simple, dis-je en rouvrant les yeux et en le fixant. Soit, tu me donnes la raison qui t’a poussé à quitter le monde des héros, soit le pouvoir que tu m’as transmis disparaitra avec moi. Je t’assure, que je suis sérieux. Je ne compte pas m’en servir sans une bonne raison, donc si tu ne te décides pas, alors ce sera la fin du One For All et avec lui, tout ce qui a été fait par All Might et ses prédécesseurs, pour vaincre All For One. Si c’est ce que tu souhaites, alors reste dans ton mutisme. J’ai pas besoin de ce pouvoir pour devenir un grand héros, j’y arriverais avec mon propre pouvoir et par moi-même. Alors, réfléchis bien, parce que ta décision va avoir de grandes conséquences sur l’avenir.

    Durant toute ma tirade, je l’ai senti se décomposer. Il n’avait pas prévu un tel scénario apparemment, mais si ça peut l’obliger à parler, alors, j’ai bien fait. Je sais que lui mettre un ultimatum risque de le braquer, mais j’espère sincèrement que ça le fera réagir, qu’il réfléchira posément aux conséquences comme il l’a toujours fait.

    Il a toujours su peser le pour et le contre, alors j’espère qu’il le fera aussi cette fois. Il baisse la tête, se mordant la lèvre et pourtant, il ne dit rien. Il agrippe les cordes de la balançoire pour s’empêcher de pleurer, parce que je vois bien qu’il se retient. Je soupire, et passe une main dans mes cheveux, agacé par son manque de réaction.

    -         Deku, la balle est dans ton camp, dis-je. Si tu changes d’avis, tu sais où me trouver.

    Je le laisse seul dans le parc qui a connu nos jeux d’enfants. Ça me rendrait presque nostalgique, si je ne me souvenais pas avoir été très méchant avec lui ici durant notre enfance. Je m’en veux un peu de tout ça, j’ai l’impression que c’est ma faute ce qui arrive, pourtant c’est lui qui ne veut pas parler. Je ne comprends pas pourquoi. Et s’il ne parlait jamais ? Qu’est-ce que je ferais ?

    Je rentre à Yuei un peu dépité. Je ne sais vraiment pas quoi faire pour le faire réagir. C’est la première fois qu’il est aussi fermé et têtu. Il est vraiment pénible quand il s’y met. Je m’assois sur les marches de l’internat et regarde le soleil se coucher, avant de mettre ma tête entre mes mains. Il faut vraiment que je me le sorte de la tête, ça m’obsède et ce n’est pas bon. C’est au point que je n’arrive même pas à me concentrer en cours. J’imagine toujours Deku derrière moi, alors que son siège est désespérément vide. Si seulement, je pouvais m’en foutre, mais y’a rien à faire, j’arrive pas à laisser passer. Je dois savoir, j’ai besoin de savoir. Même si je lui ai mis cet ultimatum, je ne compte pas le laisser tranquille.

    -         Bakugo, mon garçon, dit soudain une voix près de moi.

    Je relève la tête et vois All Might s’approcher de moi, les bras ballants. Ça me fait toujours bizarre de le voir aussi maigre. J’ai l’impression qu’il va tomber en mille morceaux. Je n’oublie pas que c’est en partie ma faute s’il est dans cet état. Si je ne m’étais pas fait kidnapper, ils auraient continué encore un moment d’être le symbole de la paix. Il a beau dire que ça serait arrivé un jour ou l’autre, je me sens quand même un peu responsable.

    -         All Might ! Qu’est-ce qui vous amène ?

    -         Je voulais te parler.

    -         A propos de Deku, j’imagine.

    -         Oui. Est-ce que tu as pu lui parler ?

    -         Oui, quand je suis arrivé il était en train de se faire tabasser par deux anciens gars de notre collège et il se laissait faire comme si c’était normal. Il aurait pu se défendre et il ne l’a pas fait. Franchement, ça m’a mis hors de moi. Je les ai chassés et lui ai passé une soufflante, mais c’est comme si j’avais parlé à un mur. Il est complètement renfermé sur lui-même. Je ne l’avais jamais aussi fermé, pire, je l’ai mis au pied du mur et il n’a pas bronché. Il se fiche que le One For All soit perdu, il préfère rester dans son mutisme. Ça me gave, franchement.

    -         C’est vraiment grave alors, constate All Might.

    -         Oui.

    -         Et si jamais il ne dit rien, tu…

    -         Oui, je vous l’ai dit, hors de question que je me serve d’un pouvoir qui m’a été donné par dépit. Mais, je vous rassure, je ne m’avoue pas vaincu, je finirais par lui faire cracher le morceau et à ce moment-là… je…

    Je ne finis pas ma phrase. Qu’est-ce que je ferais à ce moment-là ? Plusieurs choses me viennent, mais je ne veux pas les exprimer à voix haute. J’ai peur que ça me porte la poisse si je le dis.

    -         Peu importe, finis-je par dire. Je verrais le moment venu. Mais, ne vous en faites pas, je ferais ce qu’il faudra.

    -         Je n’en doute pas, dit All Might avec un sourire.

    Je lui fais un sourire en coin et il se lève.

    -         Je sais que j’ai fait le bon choix, continue-t-il. Je sais que je ne me suis pas trompé. J’ai vu qu’il était digne du One For All, je n’imagine personne d’autre, sauf ton respect.

    -         Je sais, ça ne me vexe pas, dis-je. Tout se passera bien.

    Il a l’air rassuré, moi je le suis moins, même si j’essaie de rester optimiste. Je ne peux pas me laisser aller, je ne dois pas douter. Ce que je fais est juste, j’en suis sûr. Je pose un doigt sur mes lèvres et ferme les yeux quelques instants. Oui, je sais où je vais et ce que je dois faire.

     

    Izuku

     

    Quand Katchan est parti, je me suis mis à pleurer. Ses dernières paroles ont été très dures. S’il croit qu’elles ne m’ont pas touché alors il se met le doigt dans l’œil. Bien sûr que ça me travaille ce qu’il m’a dit. Je sais qu’il est sérieux, quand il dit qu’il n’utilisera jamais le One For All, si je ne lui donne pas de bonnes raisons de le garder. Mais voilà, je n’arrive pas à parler, je n’arrive pas à lui donner mes raisons. J’ai l’impression qu’il va me juger et ce sera encore pire, alors, je préfère me taire, quitte à faire disparaitre le seul pouvoir qui pourrait mettre un terme à l’avancée de Shigaraki et All For One. J’ai conscience que tout repose sur la décision que j’ai prise, mais aujourd’hui, je n’arrive pas à prendre la bonne décision.

    Je me lève, difficilement et rentre à la maison en trainant des pieds. Quand je passe la porte, ma mère se précipite vers moi et me pose des questions sur ce qui s’est passé dans la journée. Elle a eu un appel du proviseur et il lui a dit pour mon geste. Je ne sais pas quoi lui dire, quoi lui répondre. Je n’ai voulu blesser personne, mais je n’arrive même pas à me justifier. Je suis fatigué, j’en ai marre, j’ai mal aux côtes à cause des coups que les deux autres m’ont donné et je suis épuisé de la conversation que j’ai eue avec Katchan. Je n’arrive même plus à penser, ni à réfléchir. Là maintenant, je me fiche des paroles de Katchan et des conséquences qu’auront mon mutisme sur la suite. J’ai juste envie d’aller dormir.

    -         Izuku, mon chéri, parle-moi, me dit maman.

    -         Désolé maman, je vais aller me coucher.

    -         Mange un peu avant.

    -         Je n’ai pas faim.

    Je passe à côté d’elle, me rends dans ma chambre. Je jette mon sac près de mon bureau et m’écroule sur mon lit. Je ne prends même pas la peine de me changer. Je ferme les yeux et m’endors tout de suite après, épuisé.

     

    Katsuki

     

    Le week-end est là et avec lui, deux jours de libre où nous avons le droit de sortir du lycée. J’avoue que ça va me faire du bien, parce que j’ai besoin de me changer les idées. Je n’ai pas pu retourner voir Deku, pas le temps. Et j’avoue que ça m’a bien agacé. J’aurais aimé aller le voir au moins une fois avant le week-end, histoire de lui rappeler que je ne lâcherais pas l’affaire. Mais, Monsieur Aïzawa ne m’a pas lâché et All Might n’a pas pu me donner de nouvelle autorisation de sortie, alors je dois me contenter de ce week-end pour agir à nouveau. Mais pour l’instant, je dois l’avouer, j’ai besoin de me changer les idées. Je suis fatigué, je dors mal, je pense sans cesse à Deku, et ça m’obsède constamment.

    Quand j’arrive à m’endormir, je rêve de lui, je revois la scène où il me donne le One For All, je ressens toujours ses lèvres sur les miennes et cette sensation de chaleur quand il m’a transmis son pouvoir. A vrai dire, c’est plus le baiser qui me fait réagir à chaque fois, plus que la transmission du One For All. Je n’arrête pas d’en rêver et chaque fois, j’ai l’impression que c’est plus intense. Quand je me réveille, je suis souvent en nage et j’ai le cœur qui bat à tout rompre.

    Alors, pas étonnant que je veuille oublier tout ça pendant quelques heures. Tête d’orties a proposé qu’on se fasse une sortie tous les deux, et j’ai accepté à son plus grand étonnement. Il s’attendait certainement à ce que je refuse tout net et qu’il soit obligé d’imaginer je ne sais quel subterfuge pour me convaincre. Je dois l’avouer, il est très doué pour me faire changer d’avis, il appuie toujours où ça fait mal, et je cours à chaque fois. Mais, en fait, je ne suis pas dupe. Quand je ne veux pas faire quelque chose, je ne le fais pas. Mais, quand il insiste et que je sais que ça ne me fera pas de mal, je finis toujours par accepter.

    -         T’es prêt Bakugo ? me demande Kirishima devant la porte de l’internat.

    -         Ça se voit pas, tête d’orties ? Tu crois que j’attendrais là si j’étais pas prêt ?

    -         C’est vrai, dit-il avec un petit rire. Alors, allons-y.

    Nous sortons du lycée et nous prenons le métro jusqu’au centre-ville. A partir de là, Kirishima m’emmène partout où il a envie d’aller, les boutiques de fringues, de chaussures, de livres, de multimédia. On passe par la case ciné et fast food. Je n’ai pas le temps de m’ennuyer, mais pour autant, je ne pense toujours qu’à Deku. Je pensais que ça me changerait les idées, mais il y a toujours quelque chose qui me le rappelle. Je décide de m’asseoir, tandis que Kirishima continue son chemin, sans voir que je ne le suis plus. Quand il s’aperçoit que je ne suis pas à côté de lui, il est déjà de l’autre côté de la rue. Il revient sur ses pas et me regarde avec un air contrit.

    -         Ça va pas Bakugo, tu te sens mal ? demande-t-il inquiet.

    -         Ça va, dis-je avec un peu trop d’agressivité.

    -         Tu veux qu’on rentre ?

    -         J’en sais rien, dis-je.

    Il s’assoit à côté de moi et je sens qu’il est mal à l’aise. Il faut dire que ce n’est pas souvent que je suis aussi fatigué.

    -         C’est Midoriya, hein ?

    -         Pourquoi tu me parles de lui, grognais-je.

    -         Parce que depuis qu’il est parti, tu n’es plus le même.

    -         Je suis toujours le même.

    -         Non, je le vois bien. Tu le cherches du regard quand on est en cours. Tu es été bien plus touché que tu ne veux l’admettre par son départ. C’est compréhensible, vous vous connaissez depuis toujours. Ça n’a rien d’anormal.

    -         Je m’en fous de ce foutu Nerd.

    -         Tu peux te voiler la face autant que tu veux Bakugo, mais ton corps parle pour toi.

    -         Hein ?

    C’est là que je me rends compte que je tremble. J’ai les poings serrés et j’ai bien du mal à contenir les larmes qui veulent couler. Pourquoi est-ce que je pleurerais pour lui ? Ça n’a aucun sens.

    -         Bakugo…

    -         Je veux savoir pourquoi il est parti. Ça m’obsède et il ne veut rien dire, avouais-je. Ça m’énerve parce que je ne comprends pas pourquoi il a fait ça. Ça me frustre, tu comprends ?

    -         Oui, je comprends. Je connais Midoriya depuis moins longtemps que toi, donc, de mon côté, même si j’aimerais savoir pourquoi il est parti, s’il ne veut pas le dire, je ne peux qu’accepter sa décision, mais je comprends pourquoi toi, tu ne peux pas l’accepter.

    -         Je ne sais plus quoi faire, dis-je en mettant ma tête entre mes mains.

    Je sens la main de Kirishima dans mon dos. Il essaie de me consoler, mais je ne sais pas si ça peut fonctionner. Il n’y a rien qui peut me consoler. Tant que je n’aurais pas de réponses, je n’aurais pas la paix.

    -         Je ne sais pas quoi te dire, dit Kirishima.

    -         Il n’y a rien à dire, dis-je. Mais, même si j’ai l’air abattu, je ne compte pas abandonner, je finirais par avoir mes réponses. Je…

    Au moment où je commence ma phrase, je relève la tête et une silhouette attire mon regard. Est-ce que ce serait lui ? Je me lève brusquement et fais sursauter Kirishima.

    -         Eh ! Qu’est-ce qui te prend Bakugo ?

    -         Il est là.

    -         Hein ? Qui ?

    Je ne perds pas une seconde, je me lance à sa poursuite, mais je le perds de vue quand une foule se cale devant moi lors de la traversée d’un passage piéton. C’est pas vrai, pourquoi c’est toujours comme ça ? Je m’arrête, regardant autour de moi où il a bien pu passer et soupire alors que Kirishima me rejoint en trottinant.

    -         Eh ! Qu’est-ce qui t’es arrivé ? T’as vu qui ?

    -         Deku, dis-je simplement.

    -         Oh ! Et il est où ?

    -         Disparu, pestais-je. Fait chier.

    -         Allez viens, il faut que tu te changes un peu les idées. Tu auras tout le temps de le retrouver plus tard. C’est pas comme si tu ignorais où il habite.

    -         Mouais.

    Mais ça me soule quand même de savoir qu’il est là tout près et que je ne peux pas aller le voir. Kirishima me tire par le bras et m’emmène dans un café, mais maintenant, c’est trop tard, je n’arrive plus à penser à autre chose.

    -         Bakugo ? Bakugo ! m’appelle Kirishima.

    -         Quoi ! demandais-je d’un ton un peu brusque.

    -         Je pense qu’on devrait rentrer, dit-il avec un petit sourire d’excuse.

    Je le fixe un instant. Il me regarde avec compassion et au lieu de m’agacer, ça m’attriste. Je ne voulais pas lui parler comme ça en vrai, mais ça devient un réflexe de crier sur tout le monde sans raison. J’ai bien conscience qu’il essayait juste de m’aider en me changeant les idées, mais la vue de Deku dans cette rue a tout anéanti.

    -         Désolé, dis-je en détournant le regard.

    -         Si tu t’excuses, c’est que ça va vraiment pas.

    -         N’en rajoute pas.

    -         Pardon. Tu sais, ça me fait de la peine de te voir comme ça.

    Je ne réponds pas et me lève. Il me suit et nous sortons du café. Et alors, que j’allais me faire une raison et rentrer bien sagement à l’internat, je le vois au loin, qui marche la tête basse.

    -         Là-bas, dis-je sans bouger.

    -         Encore Midoriya ?

    -         Oui.

    -         Va le voir, si c’est ce que tu veux.

    -         Je ne sais pas, je ne sais plus, dis-je perdu. Je sais que je devrais, j’ai besoin de réponse. Je me suis promis de ne pas lâcher l’affaire, mais là… je…

    -         Tu es fatigué ?

    -         Oui, mais…

    -         Tu vas y aller quand même.

    Kirishima me comprend vraiment trop bien et il ne me juge pas, c’est ce que j’apprécie chez lui. C’est aussi pour ça que je le tolère, plus qu’aucun autre à mes côtés. Il me donne une tape dans le dos et m’encourage à y aller.

    -         Bon courage, j’espère que tu arriveras à le convaincre de revenir.

    -         Hmm !

    Je m’éloigne de Kirishima. Je m’en veux un peu de l’abandonner comme ça, mais je ne serais pas tranquille tant que je n’aurais pas parlé à Deku. Je cours pour le rattraper, ne voulant pas qu’il s’échappe de mon champ de vision encore une fois et quand il est assez près, je ralentis. Mais, alors que je m’apprête à aller lui parler, une violente secousse me fait vaciller. C’est quoi ce merdier ?

    Alors que je regarde autour de moi pour voir ce qui se passe, je me rends compte qu’une barrière commence à s’ériger dans un périmètre restreint et je vois au loin Kirishima venir vers moi, en vain. Il est subitement arrêté par la barrière. Je regarde autour de moi, les gens sont terrorisés et essaient de garder l’équilibre, quand une deuxième secousse vient nous frapper.

    Je cherche Deku du regard et ce que je vois me surprends et me rassure à la fois. Deku dans les airs, avec deux enfants dans ses bras. Je souris malgré moi, même si le contexte ne s’y prête pas du tout. C’est vraiment comme ça qu’il renonce à un être un super héros ? Chassez le naturel, il revient au galop, je savais qu’il n’avait pas totalement abandonné. Et sa prouesse me fait dire qu’il n’a pas encore totalement perdu le One For All, ce qui veut dire que j’ai encore une chance de le faire parler.

     

    Izuku

     

    Ma mère m’a forcé à sortir pour que je m’aère un peu. Je l’avoue, j’aurais préféré rester dans mon lit toute la journée, mais elle ne m’a pas vraiment laissé le choix et je n’ai pas envie de lui causer encore plus de peine. Je vois bien qu’elle prend sur elle pour ne pas pleurer. Elle n’aime pas me voir comme ça et je n’aime pas me voir comme ça non plus. Mais, je n’arrive pas à me sortir de cette torpeur. Le lycée ne se passe vraiment pas bien, je suis mis de côté. Tout le monde me reproche d’avoir frappé volontairement un élève, alors que je me suis défendu par reflexe. Mais ça, ils s’en fichent. Même les profs sont contre moi.

    J’essaie donc de me faire le plus petit possible pour ne plus être le centre d’attention de tout le monde. Je me dis que ça finira bien par se tasser, qu’ils finiront par se lasser. Quoiqu’il en soit, je dois me montrer patient. Il y a au moins une chose qu’ils ne peuvent pas me reprocher, c’est que je fais mon travail correctement, ce qui a étrangement surpris mes autres camarades. S’attendait-il à ce que je sois un cancre ? Ils croient tous que je me suis fait renvoyer de l’école, à cause de mauvais résultats ou autre, mais encore une fois, ils sont bien loin de la vérité.

    Je passe devant un magasin de figurines et je m’arrête quelques instants. Une figurine d’All Might exclusive est en vente. Je baisse la tête, non, ça ne sert à rien de regarder. J’ai vidé toute ma chambre pour faire table rase de tout ça, ce n’est pas pour retomber dedans à la première occasion. Je soupire, avant de reprendre mon chemin. J’avoue que ce n’est pas facile de changer du tout au tout. Tout me rappelle que j’ai été fan d’All Might durant toute ma vie.

    La ville entière me le rappelle, même quand je croise un héros pro, je ne peux m’empêcher de me dire que ça aurait pu être lui. Mais voilà, ce ne sera plus jamais lui, parce qu’il a pris sa retraite et qu’il n’a même plus le One For All. Et en plus, il s’en est séparé pour le donner à quelqu’un comme moi, qui finalement ne s’en est même pas montré digne. Quel gâchis ! Je m’en veux de l’avoir autant déçu, mais il est trop tard pour regretter mon geste. Il faut que j’oublie tout simplement. Je ne deviendrais jamais un héros, ce n’était pas ma destinée.

    Je ne sais pas vraiment quoi faire ni où aller. Je regarde les grands écrans trônant en haut des immeubles. Il y a apparemment un incendie pas très loin d’ici et les héros locaux ont tous été mobilisés. J’entre dans un magasin par dépit, je regarde les rayons sans vraiment chercher quelque chose en particulier. En vérité, je n’ai envie de rien. Je regarde juste pour m’occuper avant de rentrer. Je sors du magasin, et entre dans le suivant et je fais ça pendant un moment. Puis quand je me décide à rentrer à la maison, je sens une violente secousse. Je me tiens au mur le plus proche. Un tremblement de terre ? Non, ce n’est pas ça. Je m’en rends compte quand je vois une sorte de barrière s’ériger autour d’un périmètre défini.

    Une seconde secousse plus violente se fait sentir et c’est là que je m’aperçois que deux enfants sont en danger près de moi, l’un des panneaux d’affichage menace de s’écrouler sur eux. Sans réfléchir, je me précipite vers eux. Je suis idiot, je n’ai plus le One For All, je ne sais même pas si je vais pouvoir faire quoi que ce soit. Mais poussé par mon instinct, je parviens à les récupérer et à sauter hors de la zone de danger. Je dépose les enfants à l’abri. Ils me remercient et moi, je regarde mes mains, je pensais qu’après tout ce temps, le One For All aurait définitivement disparu, mais il me reste encore un léger écho qui m’a permis de sauver ces enfants. Mais, c’est sans doute, tout ce dont, je serais capable. Je regarde en l’air et vois le vilain sur le haut d’un immeuble. Il provoque une nouvelle secousse et je mets un genou à terre.

    Cette fois, je ne peux rester que spectateur et attendre qu’un héros vienne nous sauver. Je l’avoue, ça me frustre, mais je l’ai choisi. Je ne peux pas intervenir plus que ce que je viens de faire. Je vois des gens autour de moi qui essaient de s’enfuir, mais ils sont arrêtés par la barrière érigée. Je fixe le vilain. Aurait-il deux alters ? Non, je ne pense pas. La barrière ne vient pas de lui, ce qui veut dire qu’il a forcément un complice. Je me mords la lèvre, avec cette barrière, les héros pros à l’extérieur risquent d’avoir du mal à intervenir. C’est bête, mais j’espère qu’il y en a qui ont été pris dans le piège et qui pourront intervenir.

    Nouvelle secousse et les bâtiments tiennent le coup pour l’instant, mais tout ce qui peut tomber tombe et les gens ne savent pas vraiment où se cacher. De mon côté, je ne sais pas vraiment quoi faire. Je pense qu’il faut que je trouve un refuge comme les autres, le temps que les héros interviennent. Même si je n’ai pas d’alter, je pourrais toujours aider les gens à se mettre à l’abri, mais je ne sais pas pourquoi, je reste figé sur place. Et quand une nouvelle secousse me fait tomber complètement à terre, je me rends compte qu’un autre panneau publicitaire fixé sur un immeuble est en train de me tomber dessus.

    J’écarquille les yeux. Je ne sais pas si je pourrais réitérer l’exploit de tout à l’heure. Sans pouvoir, je ne pense pas pouvoir éviter une aussi grosse structure. Je ferme les yeux, conscient que mon sort est scellé, mais j’entends soudainement, des explosions qui dégagent le panneau et je sens qu’on me soulève brusquement pour m’emmener plus loin. Quand je repose les pieds par terre, je regarde le visage de l’homme qui m’a sauvé avec surprise. Lui me regarde avec colère, mais j’y vois aussi de la peur, ce qui ne lui était jamais arrivé.

    -         Katchan, dis-je.

    -         Faut qu’on parle Deku et cette fois, tu ne te défileras pas.

     

    Katsuki

     

    Je n’ai pas compris pourquoi il n’a pas bougé, alors qu’il a sauvé ces enfants sans difficulté. Mais, mon sang n’a fait qu’un tour, quand j’ai pris conscience qu’il pourrait mourir. Je n’ai pas hésité une seule seconde, j’ai repoussé le panneau qui menaçait de lui tomber dessus et je l’ai pris dans mes bras pour l’emmener au loin, à l’abri. Quand je l’ai posé à terre, il a écarquillé les yeux en me voyant, surpris probablement que je vienne le sauver. Mais moi, je ne n’aurais jamais pu le laisser mourir sous mes yeux, c’était inconcevable. J’avoue que j’ai ressenti de la peur, quand j’ai pris conscience qu’il aurait pu disparaitre, mais à présent, je suis en colère qu’il n'ait même pas essayé de se sauver lui-même. Il a réussi à sauver ces deux enfants et il n’arrive même pas à éviter un panneau qu’il aurait dégommé en un coup de pied, il n’y a encore pas si longtemps, c’est quoi cette blague ?

    -         Katchan, dit-il surpris.

    -         Faut qu’on parle Deku et cette fois, tu ne te défileras pas.

    Il baisse la tête et je sens que je vais encore engager un bras de fer avec lui. Je suis déjà fatigué rien que d’y penser.

    -         Ça sert à rien, dit-il en se mordant la lèvre.

    -         Ça, c’est à moi d’en juger. D’abord, pourquoi t’as pas esquivé au lieu de rester planté là comme un con à attendre de te faire écraser ? T’es devenu suicidaire ?

    -         No… non, c’est juste que je pouvais pas esquiver, explique-t-il.

    -         Qu’est-ce que tu racontes comme connerie ? Je t’ai vu sauter dans les airs avec deux gamins avec toi et t’as pas pu esquiver ça. Tu te fous de moi ?

    -         C’est juste que je ne pensais pas pouvoir réitérer l’opération, je ne sais pas ce qu’il me reste du One For All.

    -         Donc, ce que tu veux dire, c’est que pour sauver les gens, tu ne te poses pas de questions, mais quand ça te concerne, tu ne sais plus ?

    -         Je… oui… peut-être, hésite-t-il à dire.

    -         Deku t’es fatigant à la longue. Le geste que tu as eu envers ces deux gamins, n’est pas celui de quelqu’un qui abandonné tout espoir. Au contraire, j’ai même l’impression que tu as toujours envie de réaliser ton rêve. Alors, maintenant parle, que je comprenne. Même si ta raison est idiote, je veux savoir. On joue plus là, Deku.

    -         Je joue pas, dit-il en levant le regard vers moi, des larmes aux coins des yeux.

    Soudain, la rage se lit sur son visage et il me prend par le col. Je lui retiens les poignets et il finit par baisser la tête, en me relâchant doucement.

    -         Tu crois que j’ai pas pesé le pour et le contre avant de prendre cette décision ? J’y ai pensé pendant des jours et j’en arrivais toujours à la même conclusion.

    -         Laquelle ?

    -         Que je n’étais pas à la hauteur, tout simplement, et surtout vis-à-vis de toi.

    -         Comment ça ? Qu’est-ce que j’ai avoir là-dedans ?

    Il s’assoit par terre tandis que le sol tremble de plus belle. Je sais que ce n’est pas vraiment le moment de parler de ça. Il y a un vilain tout près de nous, je devrais être en train de me battre contre lui, mais je sens que Deku est prêt à lâcher prise. Je m’agenouille devant lui et soupire. Il m’en fera baver jusqu’au bout.

    -         Depuis toujours, je voulais devenir un héros, c’était mon objectif. Même quand j’ai appris que je n’avais pas d’alter, cet objectif ne m’a pas quitté. Mais… je souhaitais également autre chose.

    -         Quoi ? Arrête d’être vague et va droit au but, tu sais que la patience ce n’est pas trop mon fort.

    D’un seul coup, il se renferme sur lui-même et là, je me dis que c’est mort. Pourquoi il agit comme ça bordel ? Il a juste à me dire ce qui ne va pas, je vais pas le bouffer quand même. Ça pourrait dénouer toute cette merde qu’il a balancé, mais il s’enlise de plus en plus.

    -         Deku… grognais-je.

    -         Je voulais que tu me regardes, je voulais… que tu me montres un peu d’intérêt. Quand nous étions petits, nous étions amis, quand tu as appris que je n’avais pas d’alter, tu m’as dénigré, mais j’avais toujours ton attention, seulement petit à petit, tu t’es éloigné. Et tu peux pas savoir comme ça m’a fait mal. Quand le vilain gluant t’a pris en otage, ce n’est pas que par reflexe que j’ai voulu te sauver, mais c’est surtout parce que je ne pouvais pas te laisser mourir. Ça m’était inconcevable que tu ne sois pas dans ma vie. Mais, tu as commencé à t’éloigner. Quand j’ai eu mon alter, j’ai senti encore qu’un fossé nous séparait de plus en plus. Et, ce qui a accéléré ma décision, c’est quand tu t’es fait capturer par l’Alliance. Tu n’as pas voulu de mon aide et quand nous sommes allés te chercher, je savais pertinemment, que ce n’était pas vers moi, que tu te tournerais, alors qu’on se connaissait depuis toujours. Et là, j’ai compris que je n'étais pas à la hauteur, que tu ne me reconnaitrais jamais en tant que héros, ni en tant que personne. Je souhaitais devenir un héros plus que tout, mais je voulais surtout faire écho dans ton cœur et je n’y suis jamais parvenu. Alors, j’ai préféré tout arrêter, pour ne plus souffrir.

    Il pleure et moi, je suis complètement abasourdi. Je ne m’attendais vraiment pas à une révélation comme ça, à une déclaration comme celle-là. Maintenant, je l’ai mon explication et au final, elle ne me plait pas du tout, parce que… je suis la source de son départ. Mon cœur se serre. Pourquoi, ça me perturbe autant ? Qu’est-ce qui fait que ça me chier qu’il souffre à cause de moi ? Je me suis toujours dit que je me fichais bien de ce qui pouvait lui arriver, mais ce n’est pas vrai. La preuve, je n’ai pas cessé de le poursuivre, ces derniers jours, cherchant sa présence à chaque instant.

    -         Je vois, dis-je en m’asseyant par terre. Alors, c’est de ma faute.

    -         Non, je… c’est… la mienne, j’ai…

    -         Arrête ! le coupais-je. Franchement c’est bien ce que je pensais, ta raison est idiote, mais… je me rends compte que c’est en partie ma faute. C’est ma fierté et mon égo démesuré qui t’ont mis dans cette situation. Je t’ai toujours rejeté, parce que j’étais incapable d’accepter que tu sois meilleur que moi. Et pourtant tu l’es. Tu l’as toujours été. Tu as toujours fait preuve d’héroïsme quand il le fallait, j’ai toujours su que tu ferais un bien meilleur héros que moi, même quand tu étais encore sans alter. Alors, je vais répondre à chaque point que tu as énuméré.

    Il ne semble pas bien comprendre. Une nouvelle secousse se fait sentir et je le retiens par les bras. Je regarde autour de moi, les bâtiments ont l’air de tenir encore bon. Il n’y a personne autour de nous, je voulais discuter tranquillement et j’ai trouvé que l’endroit était approprié à un échange, sans être trop dangereux. Personne n’est encore venu par ici et je pense qu’ils ne bougeront pas de là où ils sont de peur d’être traqués par le vilain.

    -         Deku, ce que je t’ai fait par le passé, je ne peux pas le défaire et je comprends que ça t’ait affecté. Mais, quand le vilain gluant m’a pris en otage, le seul qui est venu à mon secours, c’est toi. Les héros sur place étaient démunis et ils ne savaient pas quoi faire pour m’aider. Je pense que si tu n’étais pas venu vers moi, comme tu l’as fait, je serais mort à l’heure qu’il est. Tu m’as donné de l’espoir à ce moment-là et All Might a fini par intervenir. Ma seule manière à l’époque de te remercier, ça a été de te laisser tranquille. Je ne voulais pas ravaler ma fierté, mais aujourd’hui, je te le dis, merci de ne pas m’avoir laissé tomber. Et pour ce qui est de mon enlèvement, je ne voulais pas que tu m’aides, parce que ça aurait servi à quoi qu’on se fasse capturer tous les deux ? D’autant plus, que je sais très bien que c’est Kirishima et toi qui avaient mis au point le plan de mon évasion, donc au final, c’était le meilleur choix à faire sur le moment. Et c’est vrai que je n’aurais certainement pas pris ta main sur le coup, par fierté encore une fois, mais tu as fait le choix de laisser Kirishima faire. Tu l’as fait dans mon intérêt, une fois de plus. A chaque fois, tu ne penses qu’à moi dans ces cas-là et tu te mets même en danger pour me sauver. Je t’avoue que j’ai été à plusieurs reprises, blessé dans mon égo, je ne voulais rien te devoir parce que je ne voulais pas te considérer comme un vrai héros. Mais en fait, tu en es un, et bien meilleur que moi, bien meilleur que je ne le serais jamais. Tu es fait pour ça Deku et je ne comprends pas que tu aies pu douter une seule seconde de tes capacités à aider les autres. Je sais que c’est de ma faute, et c’est pour cette raison que je suis ici. Maintenant que je connais tes raisons, je ne peux pas envisager un seul instant que tu ne reviennes pas à Yuei. Je vais te poser une question, est-ce que tu resterais vraiment sans rien faire, même sans pouvoir, alors que les gens ont besoin d’aide ? Parce que tu n’as même pas tenu un mois, pour à nouveau sauver deux gosses.

    -         Mais, j’ai encore… un peu le One For All. Quand je ne l’aurais plus, ça sera différent.

    -         J’en doute. Ce n’est pas une question de pouvoir, mais plutôt de volonté et d’état d’esprit. Tu as l’âme d’un héros, Deku, plus qu’aucun autre. Si All Might t’a choisi, ce n’est pas pour rien, c’est qu’il a reconnu cette qualité chez toi.

    -         C’est trop tard, maintenant, dit-il en détournant le regard.

    -         Non, je ne pense pas, dis-je en lui prenant les mains ce qui le surprend et le fait rougir en même temps. Si tu possèdes encore un écho du One For All, c’est parce qu’il n’a pas voulu totalement te quitter. Je suis sûr que ce n’est pas un hasard, s’il n’a pas complètement disparu.

    -         Tu crois ?

    -         J’en suis sûr. Deku, il y a un vilain là-bas, qui fait du mal aux civils et peut-être même plusieurs. Et j’ai bien l’impression qu’il n’y a pas de héros dans le périmètre pour l’arrêter, sinon, ils seraient déjà en train de se battre contre lui ou eux, ce qui veut dire qu’il n’y a que nous pour sauver tous ces gens. Bats-toi à mes côtés, je sais qu’on pourra le vaincre à deux.

    -         Mais… je n’ai presque plus de pouvoir, dit-il en baissant la tête.

    -         Je vais y remédier alors.

    Je pose mes mains sur ses joues et je le vois écarquiller les yeux. Je m’avance vers lui et pose mes lèvres sur les siennes. Je l’avoue, on aurait pu faire autrement, mais je n’en avais pas envie. J’ai besoin de lui transmettre de la même manière que lui me l’a transmis, mais aussi parce que je veux lui montrer tous les sentiments que j’ai pour lui en cet instant. Tout s’éclaire dans mon esprit à présent. Je ne peux plus nier ce que je ressens pour lui. Ces jours sans lui me l’ont fait comprendre.

    Je demande l’accès à ses lèvres et quand nos langues se touchent, j’ai des papillons dans le ventre. Je sens également que le One For All quitte mon corps peu à peu et même quand je ne le sens plus en moi, je ne lâche pas pour autant Deku et continue de l’embrasser comme si ma vie en dépendait. Deku me répond aussi et s’accroche à moi. Je sens ses larmes couler contre mon visage. Au bout d’un moment, nous nous reculons et je pose mon front contre le sien, avant d’essuyer ses larmes.

    -         T’es vraiment un pleurnichard, dis-je en souriant.

    -         Je sais, dit-il en baissant la tête.

    -         Comment tu te sens ?

    -         Je ne sais pas trop, dit-il en regardant ses mains. Bien, je crois… je crois qu’il est revenu… le One For All.

    -         Bien sûr qu’il est revenu, parce qu’il a toujours été à toi. Alors, maintenant, est-ce que tu es prêt à te battre à mes côtés ?

    -         O… oui, finit-il par dire en me regardant dans les yeux.

    Je suis soulagé, finalement, il n’a pas totalement renoncé. J’ai l’impression de retrouver peu à peu le Deku que je connais. J’ai vraiment eu peur de le voir disparaitre pour de bon. Je repose mon front contre le sien, ferme quelques instants les yeux, avant de relever légèrement la tête pour lui donner un baiser sur son front.

    -         Deku, quand tout ça sera terminé, il faudra qu’on parle… de nous, ajoutais-je.

    Je me lève doucement, ne lui laissant pas le temps de dire quoi que ce soit. Il est surpris, je le vois bien et tant mieux. Je lui tends la main pour l’aider à se relever et il la prend sans hésiter. Une fois debout, je lui caresse la joue avec un sourire, avant de regarder le ciel.

    -         Je ne pense pas qu’il soit seul, dis-je.

    -         Moi non plus, répond Deku. Il est peu probable qu’il ait deux alters, donc, je pense qu’ils sont au moins deux voir même trois.

    -         Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

    -         Tu ne trouves pas ça bizarre qu’il n’ait encore rien revendiqué ? Il se contente de balancer des secousses de temps en temps et c’est tout. Je pense que son deuxième complice a érigé la barrière pour que l’on soit coupé du monde. J’ai remarqué que toutes les télévisions sont éteintes et mon portable ne capte même plus, ce qui veut dire que sa barrière nous coupe du réseau. De plus, je ne sais pas si tu as remarqué mes tous les fils électriques et internet ont été coupé, comme tout est apparent au Japon, à cause des tremblements de terre, qui empêchent l’enterrement des lignes, il est plus facile de couper tout un quartier du réseau. Et d’ailleurs, je ne pense pas que le quartier a été choisi au hasard.

    -         C’est le quartier des bijoutiers, dis-je en comprenant peu à peu son raisonnement.

    -         Oui, un quartier en temps normal plutôt difficile à braquer, puisque la présence des héros y est constante.

    -         Mais pas aujourd’hui, je lui fais remarquer. Parce qu’on ne peut pas dire que ça se bouscule au portillon pour les arrêter.

    -         Oui, et je pense que c’est parce que tous les héros du coin ont été appelé en renfort pour stopper un feu incontrôlable. Je l’ai vu tout à l’heure à la télévision.

    -         Une diversion, donc ?

    -         Oui, sans doute, acquiesce Deku avec un doigt sous le menton.

    J’avoue que ça me rassure de le voir comme ça. Il n’a vraiment pas perdu ses capacités d’analyse, enfin, en quelques jours, ça aurait été étonnant.

    -         Donc, nous avons un vilain qui fait diversion en créant un feu à l’extérieur du périmètre mais assez près pour faire intervenir les héros du quartier, un autre qui crée une barrière pour isoler le quartier et ainsi empêcher un sauvetage de l’extérieur et un autre des séismes, pour faire peur probablement à la population, résume Deku.

    Il continue de réfléchir et je sens qu’il continue d’essayer de comprendre la situation. Je regarde autour de nous, nous sommes dans une impasse, c’est d’ailleurs pour cela que l’endroit est plutôt tranquille. Je sais qu’il va falloir que l’on sorte d’ici très bientôt.

    -         Un quatrième, dit soudain Deku comme s’il venait d’avoir une illumination.

    -         Un quatrième complice ?

    -         Oui, je pense. Le vilain qui provoque les séismes, a l’air de rester au même endroit depuis le début. Quand j’ai sauvé les deux enfants, les secousses étaient plus fortes dans ce périmètre. Il est possible que celui qui a créé la barrière fasse le casse des bijouteries, mais seul, je doute que ce soit évident et surtout un alter de protection ne lui servira pas à grand-chose. On peut imaginer que celui qui a provoqué le feu a réussi à entrer dans le dôme et est en ce moment même en train de piller les bijouteries, mais je pense qu’il est resté à l’extérieur pour monopoliser les héros le plus longtemps possible. Donc, je pense qu’il y a un quatrième complice capable de faire le casse à lui tout seul, grâce à son alter. Je trouve le quartier bien trop calme, tu ne trouves pas ?

    -         Oui, c’est vrai, c’est ce que je me disais aussi. Un alter qui paralyse, qui endort ? Si c’est le cas, pourquoi on n’aurait pas été touché ?

    -         Parce qu’on s’est éloigné du périmètre, peut-être, dit Deku.

    -         Ou alors, c’est autre chose, dis-je.

    -         Pour l’instant, on ne peut que supposer les choses, dit mon ami d’enfance.

    -         Alors, tu penses à quoi ? demandais-je.

    -         Tu me demandes vraiment ?

    -         Tu es surpris ?

    -         Tu es plutôt du genre à foncer dans le tas, même si je sais que tu ne fais pas les choses par hasard.

    -         Là, on ne peut pas simplement foncer dans le tas, parce qu’on ne sait pas où sont les vilains et ce qu’ils ont en tête exactement. Ça serait plus facile, s’ils se manifestaient, mais là, on va devoir les chercher, ce qui veut dire s’exposer.

    -         C’est vrai.

    -         Et donc, ton plan ?

    -         On va devoir se séparer, dit-il. Il faut trouver celui qui contrôle la barrière et stopper également celui qui provoque les séismes. Je pense qu’on ne doit pas se focaliser sur celui ou ceux qui braquent les bijouteries. Si nous arrivons à lever la barrière, les héros pros pourront intervenir et ils les captureront. Je pense que le plus difficile sera d’arrêter celui qui provoque les séismes. Ça ne va pas être facile de l’approcher, je l’ai vu tout à l’heure en haut d’un immeuble, mais il a peut-être bougé pour être plus à couvert. Et puis lorsqu’il a attaqué, j’ai ressenti des ondes de chocs, ce qui signifie qu’il doit probablement projeter des ondes non seulement sur le sol, mais dans l’air également. Que… Quoi ? Pourquoi tu me regarde comme ça ?

    Il rougit d’un seul coup, parce que mon regard surpris est fixé sur lui. Il a vraiment analysé tout ça en si peu de temps. Je dois le dire, il est impressionnant. Je n’avais pas repéré la moitié de ce qu’il a vu. Il faut dire que j’étais tellement focalisé sur lui et mon envie de savoir ce qui lui arrivait, que j’en ai oublié tout ce qui m’entourait.

    -         Je me disais juste que… tu étais impressionnant, répondis-je avec sincérité.

    -         Hein ? Heu… qu’est-ce qui t’arrive Katchan ? dit-il en panique.

    -         Quoi ? Qu’est-ce que t’as à t’agiter comme un débile ? grognais-je.

    -         Tu m’as fait peur, j’ai pas l’habitude que tu me complimentes.

    -         Bah habitue-toi crétin, dis-je en détournant le regard mal à l’aise.

    -         Hein ? Pour…Pourquoi ?

    -         Deku, t’es pénible, dis-je. Je t’ai dit qu’on en discuterait quand tout serait fini. Là, on doit arrêter des vilains.

    -         Ou… oui, je sais, dit-il en détournant le regard.

    -         Bon si j’ai bien compris, je m’occupe du vilain au séisme et toi tu retrouves l’autre avec sa barrière ?

    -         Oui, je pense que c’est le meilleur schéma possible.

    -         Pourquoi ? Parce que je préfère foncer dans le tas ?

    -         Non, non, c’est juste…

    -         C’est bon, je te taquine Deku, arrête de paniquer. Moi aussi, je pense que c’est bien comme ça, c’est pour ça que je l’ai dit. Je sais que tu es le mieux placé pour retrouver celui à la barrière, tu sais comment chercher, quant à moi, je préfère nettement la confrontation directe, et puis j’ai besoin de me dégourdir un peu les jambes. On n’a pas moyen de communiquer, alors… je compte sur toi pour mener à bien ta part du plan.

    -         Oui, compte sur moi, acquiesce-t-il.

    -         Voilà, c’est comme ça que j’aime te voir, dis-je avec un sourire en coin.

    Il rougit de plus belle et je me rapproche de lui. Je pose une main sur sa joue et il ferme les yeux. J’ai envie de l’embrasser mais je me retiens. Ce n’est pas le moment, de toute façon. On a des vilains à arrêter.

    -         Allez, on y va, dis-je. T’as intérêt à vaincre Deku.

    -         Tout comme toi, dit-il en souriant.

    Je lui montre mon poing et il cogne le sien au mien, puis, nous partons chacun de notre côté, moi au-devant du vilain au séisme et Deku vers celui qui a érigé la barrière.

     

    Izuku

     

    Cette conversation avec Katchan a été tellement incroyable. Je ne pensais vraiment pas qu’elle me mènerait à retrouver mon alter. J’étais persuadé que je ne le récupèrerais jamais, que c’était bien trop tard. C’est moi qui avais fait ce choix, il était normal que je ne puisse pas revenir en arrière, mais Katchan en a décidé autrement. J’avoue que ça m’a fait du bien finalement de lui parler, je pensais que je ne devais rien lui dire, que ça ne servait à rien, mais au final, je ne regrette rien.

    Quand il a évoqué le fait de me rendre mon alter, je ne m’attendais pas à ce qu’il le fasse de la même manière que je l’ai fait moi. Je ne pensais pas que Katchan était capable d’un tel geste envers moi et quand il m’a embrassé, j’ai senti que ce n’était pas seulement pour me rendre mon alter qu’il l’avait fait. Son baiser était plein de passion et d’amour. Je suis sûr de ne pas m’être trompé, enfin… j’espère ne pas m’être trompé. Il m’a pris dans ses bras, presque à m’en faire mal, mais je ne suis pas sûr qu’il s’en soit rendu compte. En fait, je crois que j’ai fait pareil, j’ai agrippé ses bras, comme si je ne voulais pas qu’il s’éloigne de moi.

    J’ai senti que le One For All me revenait parce que c’est ce que souhaitait Katchan et au fond, moi aussi, je voulais redevenir un héros et il l’avait compris avant moi. Quand nous nous sommes reculés, j’ai été surpris par ses paroles « Deku, quand tout ça sera terminé, il faudra qu’on parle… de nous ». Parler de nous ? Qu’est-ce qu’il a insinué par-là ? J’avoue, ça m’intrigue beaucoup, parce qu’il avait un air si calme et serein, que je pourrais presque m’imaginer des choses. Et en fait, j’espère que c’est ce que je pense.

    Ensuite, il m’a tendu la main et là, mon cerveau s’est mis en marche comme avant. J’ai pris sur moi d’analyser la situation et Katchan en a même été impressionné ce qui est rare venant de lui. J’ai vraiment été surpris par son attitude. Rien à voir avec celui qu’il était il y a encore quelques mois, mais je ne vais pas m’en plaindre.

    Nous avons convenu de nous séparer, lui vers le vilain au séisme, et moi vers celui qui contrôle la barrière. Et là, à présent, je suis à sa recherche. Le périmètre n’est pas très grand, mais avec les bâtiments, ça peut me prendre un peu de temps. A vrai dire, pour l’instant, je suis sur les pas de Katchan, car lui n’aura pas trop de mal à retrouver celui qui provoque les tremblements de terre. Il les émet à intervalle régulier et plus on se rapproche et plus ils sont intenses. Je pense chercher dans la zone où il se trouve avant d’élargir le périmètre.

    Je saute d’immeubles en immeubles et remarque peu à peu que la population est totalement figée à certains endroits notamment à proximité des bijouteries. C’est bien ce que je pensais, il y a bien un autre complice et il semble pouvoir figer les personnes qu’il touche avec son pouvoir, ça explique pourquoi, la population emprisonnée ne bouge pas. Ceux qui se trouvent loin, n’osent sans doute pas s’approcher, quant à ceux qui sont au plus près, ils ont été touchés par l’attaque. Ce qui fait qu’ils peuvent à présent se servir, sans être inquiété.

    Cependant, de mon côté, je suis inquiet à cause de ce vilain qui paralyse. Est-ce que son alter agit sur un périmètre donné et de quelle manière ? Est-ce qu’il reste dans l’air un moment pour figer quiconque s’en approche ? Et si Katchan et moi on pénètre dans son périmètre, est-ce qu’on va nous aussi être touchés ? Ça m’inquiète un peu. Raison de plus, pour ne pas m’attarder par ici et retrouver celui qui a érigé la barrière. On a besoin des héros pros, à nous deux, ça risque d’être vraiment difficile de les arrêter.

    Je cherche un moment dans toutes les rues, ratissant large. Je vois Katchan se battre contre l’autre vilain, ce qui provoque des secousses encore plus intenses et rapprochées que tout à l’heure. Il essaie d’éloigner mon ami d’enfance, de l’éloigner de l’endroit où a lieu les casses. Il n’a pas l’air de savoir que je suis là et je ne pense pas que Katchan vendra la mèche. Je lève la tête, il n’est pas très loin de moi. Katchan est un peu en difficulté car les ondes de choc du vilain le repoussent sans cesse. J’aimerais aller l’aider, mais je sais que d’un il m’en voudra et de deux, j’ai ma propre mission, alors je continue en essayant d’ignorer le combat qui se déroule au-dessus de moi.

    Quand je vois que mes recherches ne donnent rien, j’essaie une autre méthode, si partir de l’épicentre ne fonctionne pas, alors essayons de chercher là où la barrière s’arrête. Je m’exécute et fais le tour du périmètre, jusqu’à ce qu’une chose m’interpelle. Je vois au loin, une délimitation, comme un interstice qui pourrait s’ouvrir. Je ne l’avais pas vu jusque-là, car elle était à l’opposé de l’endroit où Katchan et moi nous nous trouvions et elle se trouvait également derrière le vilain au séisme. Je pense s’il ne s’était pas mis à cet endroit par hasard, il le protégeait, j’en suis sûr.

    Je me dirige donc vers l’interstice, alors que Katchan est repoussé à l’opposé. J’en suis sûr maintenant, l’autre vilain, ne le repousse pas de l’autre côté par hasard. J’accélère. J’avoue que ça me fait bizarre de pouvoir bouger aussi vite, alors que je n’ai plus eu le One For All durant un moment. C’est à croire qu’il n’a jamais quitté mon corps, je me suis réhabitué à sa présence sans problème.

    Quand j’arrive sur place, je vois qu’un endroit est plus lumineux qu’un autre. Je me cache pour observer la zone et c’est là que je le vois. C’est une femme, elle est assise en tailleur, en position de yoga, concentrée. Elle a les yeux fermés, ce qui n’est pas très prudent et j’avoue que ça m’inquiète un peu, d’ailleurs. Je suis étonnée qu’elle reste ainsi à découvert. Il y a quatre choix possibles, soit elle peut se défendre, soit elle est sûre que sa barrière la protège des attaques, soit quelqu’un d’autre est là pour la protéger, soit elle est certaine que leur plan est infaillible et qu’elle ne risque rien. Quoiqu’il en soit, je dois me montrer très prudent.

    J’approche doucement, en essayant de faire le moins de bruit possible. Comment est-ce que je peux attaquer ? Vu l’endroit où elle est située, je n’ai pas d’autre moyen que de l’attaquer de face. Il n’y a pas d’endroit pour l’attaquer par l’arrière, elle est assise contre un mur. Je soupire, je crois qu’il va falloir que j’y aille en force, en profitant de l’effet de surprise.

    Je regarde à nouveau ma cible, avant de m’élancer. J’y vais rapidement et quand je suis proche de la vilaine, elle rouvre les yeux brusquement, mais elle ne bouge pas. Mince, je vais me heurter à sa barrière, elle l’a développé tout autour d’elle. Je la frappe une première fois et elle me fait reculer.

    -         Tiens, je croyais que tous les héros étaient à l’extérieur, dit-elle. Ah mais… t’es qu’un gamin en fait. Tu joues les héros ?

    Elle se lève et je vois que ses mains n’ont pas changé de position. J’imagine que c’est comme ça qu’elle active son alter. Alors, le seul moyen, c’est de la faire lâcher prise, mais comment briser sa barrière ? Passer en force ? Frapper jusqu’à ce qu’elle cède ? Je ne pense pas que ce soit aussi simple. Réfléchis Izuku, je suis sûr qu’il y a un moyen.

    Je décide dans un premier temps de frapper, j’ai besoin de connaître la dureté de sa barrière. Elle sourit et je sens que je fais fausse route. Je regarde autour de nous. La barrière est assez haute pour couvrir l’ensemble des immeubles ce qui fait que personne ne peut passer par les airs, ni sur les côtés. Je regarde la barrière quelque chose m’interpelle soudain. Et si… j’ai peut-être une idée. D’un seul coup je m’éloigne et elle semble surprise que je rebrousse chemin.

    -         Tu abandonnes déjà, mon joli ? Comme c’est dommage ! ricane-t-elle.

    Je vais dans une rue adjacente afin qu’elle ne me voie plus. Je repère rapidement une bouche d’égout et j’espère vraiment que je ne fais pas fausse route. Les gens sont tellement focalisés par la barrière qui s’est érigé, qu’ils n’ont pas forcément pensé qu’elle ne pouvait toucher le sous-sol. Sa barrière n’a pas l’air de passer à travers les matières épaisses, je m’en suis aperçu quand j’en ai fait le tour, elle contourne la plupart des bâtiments et je pense aussi qu’elle ne traverse pas non plus le sol, sinon, la vilaine aurait également une aura au-dessous de ses pieds. J’espère vraiment ne pas me tromper, et pour l’instant, c’est la seule piste que j’ai. Après, étant donné qu’elle a, avec elle un vilain qui provoque des séismes, personne n’oserait s’aventurer dans des souterrains sous peine d’être enseveli à cause des secousses, donc mon hypothèse parait de plus en plus plausible.

    Une secousse se fait sentir et je vois quelques morceaux de pierre se décrocher, mais rien de bien méchant. Je pense que Katchan occupe suffisamment l’autre vilain pour que je puisse faire ce qu’il faut. J’essaie de me repérer dans le labyrinthe des égouts. J’ai pris à droite, alors je dois faire demi-tour. Je ne dois pas être trop approximatif, de peur de viser à côté et de gâcher l’effet de surprise. J’arrive à l’endroit où je pense que se trouve la vilaine. Pourvu, que je ne me sois pas trompé. C’est maintenant, que tout va se jouer.

    Je prends de l’élan, revêtant le One For All, puis je m’élance. Sans mes gants, je risque de douiller sévère au niveau de mes bras, mais tant pis. Je détruis le plafond et des débris tombent sur moi, mais je vois également la vilaine tomber vers moi. Je la prends par le bras, avant qu’elle ne s’écrase dans l’égout et elle semble avoir été assommée par mon coup. Je remonte à la surface avec elle dans mes bras et je remarque que la barrière est en train de se désagréger. Je souris en me disant que j’ai réussi. Je cherche autour de moi de quoi l’attacher et quand c’est fait, j’essaie de rejoindre les héros pros les plus proches, qui peuvent enfin entrer. Quand j’arrive, c’est à ma grande surprise Monsieur Aïzawa, que je vois en premier. Il me regarde lui aussi avec étonnement et je lui lance un regard d’excuse.

    -         Midoriya, dit-il. Pourquoi je ne suis pas surpris. Vas-y explique.

    Je lui raconte ce qui s’est passé, tout en omettant la partie où Katchan me rend le One For All. Il me demande ensuite de rester ici et je lui obéis tandis que la vilaine est prise en charge par la police. Moi, j’attends, le retour de mon ami d’enfance, en me disant qu’une fois rentré, nous aurons cette fameuse conversation. Je rougis, rien que d’y penser, mais autre chose m’inquiète. Comment je vais pouvoir expliquer le fait que je veuille retourner à Yuei ? Un moment d’égarement passager, une perte de motivation ? Oui, c’est exactement ça en vérité. Seul Katchan sera au courant de l’étendu de mon problème et c’est bien suffisant. Maintenant s’il te plait Katchan, reviens-moi rapidement.

     

    Katsuki

     

    Deku m’a suivi durant un moment avant qu’il ne parte de son côté. J’ai ensuite foncé dans le tas, comme j’aime le faire. J’ai eu l’effet de surprise au départ, mais maintenant, je sens que le vilain essaie de m’éloigner d’une certaine zone. Je suis sûr que c’est là que se trouve l’autre vilain avec la barrière. J’aimerais prévenir Deku, mais je ne peux pas m’éloigner de ce vilain. Je dois lui faire confiance, je sais qu’il trouvera un moyen d’annuler l’alter de l’autre vilain.

    Je me reconcentre sur le vilain aux séismes. Il a l’air surpris de me voir ici, mais il ne se laisse pas impressionner par mes explosions. Contrairement à tout à l’heure, il multiplie les séismes et moi, j’ai l’impression de me heurter à un mur. C’est vraiment rageant. Ses ondes de choc me font reculer et je n’arrive pas à le toucher. Dès que je pose le pied quelques parts, il provoque des séismes à cet endroit si bien que je perds l’équilibre assez souvent. Je peux me maintenir en l’air un moment, mais je ne peux pas voler non plus. Au bout d’un moment, je suis obligé de me poser au sol, quelques secondes. Le problème, c’est que dès que je le fais, il en profite pour fuir et je n’ai pas le temps de souffler car il s’éloigne rapidement.

    Il commence sérieusement à me gonfler. Il faudrait que je puisse limiter sa zone d’action. Je m’arrête quelques instants, et regarde l’environnement avant de sourire. Oui, là, ce serait parfait. Je m’élance à nouveau à l’assaut mais cette fois, ce n’est pas lui qui mène la barque. Je l’oblige à aller là où je veux et il ne s’en rend même pas compte. Petit à petit, l’étau se resserre, au fur et à mesure qu’il détruit des objets, il est obligé de descendre de plus en plus bas. J’ai bien fait attention à ce qu’il ne détruise pas les bâtiments au cas où il y aurait encore des civils à l’intérieur et heureusement, les structures résistent plutôt bien aux secousses pour le moment.

    Depuis un moment, je lui fais croire que je me défends en balançant les débris au hasard, mais je l’enferme petit à petit et à un moment, il s’en aperçoit, sauf que, c’est déjà trop tard. Il est acculé et pour se défendre, il émet une nouvelle secousse mais les débris commencent à lui tomber dessus. Il se protège et j’en profite pour lui en foutre une belle dans la gueule. Il s’évanouie d’un seul coup et je soupire de soulagement.

    Je regarde autour de moi et me rends compte que la barrière est désactivée. Je souris, Deku a réussi et bien vite, j’entends du monde arriver. Je porte le vilain sur mon épaule et les rejoints. Je croise l’autre chenille et il soupire en me voyant arriver mais il ne semble pas pour autant surpris, ce qui me fait dire qu’il a sans doute croisé Deku.

    -         Un petit cadeau, dis-je en posant le vilain devant mon prof.

    -         Vous allez vraiment me faire avoir des cheveux blancs avant l’heure, dit-il.

    -         Il est où Deku ? demandais-je en ignorant ses paroles.

    Il me montre une direction et je m’empresse de le rejoindre. Quand j’arrive, il est assis sur un bloc de pierre et répond aux questions de la police. Je grimace en me disant qu’on va tous les deux avoir des problèmes et quand je m’approche, je n’ai même pas le temps de lui parler. Je suis alpagué par l’ami d’All Might et il me pose tout un tas de questions. Nous sommes ensuite ramenés tous les deux à Yuei et j’ai l’impression que Deku est un peu inquiet. On n’a pas parlé du trajet alors je ne sais pas trop à quoi il pense. J’ai peur qu’il fasse machine arrière et qu’il me dise que lui rendre son alter était une erreur. Nous arrivons devant l’école et nous sommes accueillis par All Might qui sourit en nous voyant.

    -         Je suis vraiment content de vous voir sain et sauf, dit-il. Heureusement que Kirishima nous a donné l’alerte, sinon, nous n’aurions pas su que vous étiez là-bas.

    -         Kirishima merde, je l’avais oublié, dis-je. J’étais sorti avec lui aujourd’hui.

    -         Il est à l’internat si ça peut te rassurer.

    -         Mouais… tant mieux, dis-je en détournant le regard.

    All Might regarde Deku et ce dernier détourne le regard mal à l’aise. Il faut dire que la dernière fois qu’ils se sont vus, Deku l’a envoyé balader. Je ne sais pas si je dois rester ou non et quand je m’apprête à partir pour les laisser discuter tous les deux, Deku me retient par le T-shirt.

    -         Pars pas, dit-il avec une petite voix.

    J’arrête mon geste et me rapproche de Deku ce qui a l’air de surprendre All Might. Il finit par sourire, semblant comprendre quelque chose qu’on n’a même pas encore dit.

    -         Alors, tu lui as rendu, dit-il en s’adressant à moi.

    -         Bien sûr que oui, vous croyez quoi ? bougonnais-je.

    -         Midoriya, mon garçon… commence All Might.

    -         Je suis désolé All Might, dit Deku en baissant la tête, les larmes aux yeux. Je n’aurais jamais dû vous parler comme je l’ai fait, je m’en veux vraiment. J’ai été indigne de votre pouvoir. Je ne sais pas si je mérite vraiment de le conserver, mais… je… je veux vraiment revenir à Yuei.

    Il lève la tête et il dit ça avec une telle conviction que cela surprend autant All Might que moi. Ce dernier d’avance vers Deku et lui met une main sur son épaule.

    -         Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé, dit l’ex-numéro des héros, mais tout ce que je sais, c’est que tu mérites d’être un héros. Je ne regrette pas mon choix. Et aujourd’hui, tu as prouvé que tu étais toujours digne de posséder ce pouvoir.

    -         Comment vous savez ? demandais-je avec étonnement.

    -         Aïzawa m’a tout raconté au téléphone.

    -         Tch, ça m’étonne pas.

    -         Bref ! dit All Might. Si tu souhaites toujours devenir un héros, alors tu es le bienvenu à Yuei. Comme j’espérais que tu changes d’avis, j’en ai parlé au proviseur et il était d’accord avec moi de te laisser une deuxième chance, si tu émettais le souhait de revenir.

    -         Je… je veux revenir, dit Deku en se mettant à pleurer tout à coup. Je veux devenir un héros.

    -         Bien, alors, bon retour à toi Midoriya, dit All Might en souriant.

    All Might prend Deku dans ses bras et je me sens soudain de trop. Pourtant, quand Deku me prend soudainement la main, je ne peux m’empêcher d’éprouver un peu de bonheur dans son geste.

    -         Midoriya, il va falloir qu’on aille voir ta mère, dit All Might. Je vais te raccompagner et tu pourras ensuite revenir ici. Bakugo, tu ferais mieux de retourner à l’internat, tu pourras rassurer Kirishima que tout va bien.

    -         Heu… ouais, dis-je un peu hésitant.

    Je n’ai pas très envie de lâcher la main de Deku. Je le regarde et il semble lui aussi peu enclin à me laisser partir. Mais All Might attend et il va commencer à se poser des questions si ça continue. Je finis par lâcher la main de mon ami d’enfance et il part avec All Might non sans un dernier regard pour moi. Je retourne ensuite à l’internat et Kirishima me saute littéralement dessus lorsque j’arrive. Je lui raconte succinctement ce qui s’est passé et lui dis également pour Deku. Après tout, c’est lui qui m’a encouragé à aller lui parler.

    -         Alors, il va vraiment revenir ? demande Kirishima.

    -         Oui.

    -         C’est super. Je vais le dire à tout le monde, ils vont être super contents.

    -         Hum.

    -         Et donc… lui et toi…

    -         Quoi lui et moi ? grognais-je.

    -         Eh bien… tu vois… je me demandais si…

    -         Ferme-là !

    Je rougis en comprenant de quoi il retourne et je sais que Kirishima n’est pas dupe. Comment il fait pour me connaître aussi bien ? Il me sourit, mais ne dit plus un mot sur le sujet.

    -         Je vais voir avec les autres pour qu’on organise un truc vite fait pour Midoriya. Tu m’accompagnes Bakugo ?

    -         Non, va leur dire, j’ai besoin de prendre une douche, me changer et me reposer un peu. Je sais pas si t’as remarqué, mais je suis pas vraiment présentable.

    -         Ah ah ! C’est vrai. Repose-toi bien alors !

    -         Ouais.

    Kirishima s’éloigne, impatient d’aller parler aux autres et moi, je me dirige vers ma chambre prendre des affaires, pour ensuite prendre une bonne douche bien méritée.

     

    Izuku

     

    Le trajet avec All Might a été silencieux, ce qui m’a mis très mal à l’aise. Quand nous arrivons chez moi, je me sens mal à l’aise et un peu honteux. Qu’est-ce que ma mère va dire ? Et si elle ne voulait pas que je revienne à Yuei ? Après tout, j’ai fait des pieds et des mains pour en sortir et maintenant, je veux y retourner. Elle va finir par ne plus rien comprendre.

    Quand nous arrivons à la maison, j’ai le cœur qui bat la chamade. Je sais déjà qu’elle va me regarder avec effroi, quand elle verra dans quel état je suis. J’ai les vêtements déchirés et quelques contusions. Quand j’ouvre la porte et que je rentre avec All Might sur mes talons, elle pousse un cri d’effroi.

    -         Midoriya mon chéri, mais qu’est-ce qui s’est passé ? Et pourquoi All Might est ici ? Il est arrivé quelque chose de grave ? Tu es blessé, tu as mal ?

    Elle s’approche de moi et vérifie mon état. Elle est tellement paniquée, qu’elle ne nous laisse même pas le temps de répondre All Might et moi.

    -         C’est… c’est bon, maman, ce ne sont que quelques égratignures.

    -         Mais… qu’est-ce qui s’est passé au juste ? Ne me dis pas que tu étais dans le quartier pris en otage ?

    -         Heu… si, avouais-je avec un regard d’excuse.

    A vrai dire, si ce n’était que pour ça, je ne me sentirais pas coupable parce qu’après tout, je n’avais pas prévu que des vilains surgiraient dans le quartier où je me trouverais. Mais voilà, si j’étais resté tranquille encore, ça passerait, mais je sais qu’elle ne sera pas dupe, vu mon état.

    -         Bonjour Mme Midoriya, dit soudain All Might.

    -         Bonjour All Might. Est-ce que mon fils vous a causé des problèmes ? Parce que si c’est le cas, je m’en excuse.

    -         Ne vous en faites pas, Mme, votre fils n’a causé aucuns soucis, au contraire, il s’est montré héroïque.

    -         Héroïque ? Mais… Izuku, ne me dis pas que…

    -         Je suis désolé maman, dis-je en baissant la tête. Ça a été plus fort que moi, il y avait ces deux enfants en danger et aucun héros dans le périmètre, alors j’ai agi sans réfléchir.

    -         Mais Izuku, tu voulais arrêter tout ça, me fait-elle remarquer.

    -         Je sais… je sais que je t’ai dit que je ne voulais plus être un super héros. J’y avais beaucoup réfléchi, mais ce qui s’est passé aujourd’hui m’a fait comprendre que je ne voulais devenir rien d’autre. J’ai beaucoup douté, mais… maintenant, je sais ce que je veux et… si tu me le permets, j’aimerais retourner à Yuei.

    -         Mais Izuku, tu…, proteste maman.

    -         Je sais, la coupais-je. J’ai bien conscience que je ne te rends pas la vie facile depuis toujours. J’ai découvert mon alter tard, et je me blesse constamment, je change d’avis sans que tu n’en comprennes la raison, mais là aujourd’hui, je suis sûr de moi. Je veux retourner à Yuei et j’espère vraiment que tu l’accepteras.

    -         Izuku…

    -         Si je puis me permettre Mme Midoriya, intervient All Might. Je pense qu’Izuku a simplement eu un passage à vide, ça nous arrive tous, même à moi, ça m’est arrivé de douter de ce que je faisais. Le tout c’est de bien réfléchir et de faire le bon choix. On a tous droit à l’erreur. Midoriya est un excellement élève avec un énorme potentiel pour devenir un super héros. Je pense que sa place est Yuei et comme je l’ai fait la dernière fois quand je me suis présenté à vous pour l’internat, je suis prêt à me remettre à genoux s’il le faut.

    Maman semble hésiter et je vois All Might esquisser un geste, prêt à supplier ma mère de me reprendre. Je m’en veux tellement de cette situation. Je l’avoue les paroles d’All Might m’ont touché, qu’il croit encore en moi comme ça, alors que je l’ai trahi, ça me fait vraiment plaisir et je me dis que je ne le mérite pas.

    -         C’est bon, dit maman en levant une main pour éviter à All Might de s’agenouiller. Je sais que je n’aurais pas le dernier mot de toute façon et tout ce que je veux, c’est le bonheur de mon fils. Je n’aime pas l’idée qu’il se mette en danger, qu’il revienne constamment blessé après une bataille, mais je sais aussi que c’est dans ses gênes, alors… je ne m’opposerais pas à son retour à Yuei.

    -         Maman, dis-je les larmes aux yeux.

    -         Mais par contre, Izuku, continue-t-elle. Si tu décides d’abandonner une deuxième fois, ce sera définitif.

    -         Je ne le ferais pas, dis-je sûr de moi.

    Je la prends dans mes bras et mes larmes coulent silencieusement. J’ai vraiment de la chance de l’avoir. Elle a toujours supporté mes caprices.

    -         Bien, je vous remercie Mme Midoriya, dit All Might. Izuku, je pense qu’il est temps pour toi d’aller préparer quelques affaires, le lycée viendra chercher le plus gros un peu plus tard.

    J’acquiesce trop heureux de pouvoir retourner au lycée. Je vais dans ma chambre, faire vite fait un sac, avec le nécessaire, puis reviens rapidement vers All Might. Je serre ma mère contre moi, avant que nous partions. Je suis tellement heureux de pouvoir retourner en cours, voir mes amis. Je n’aurais plus à supporter ce lycée où j’étais rejeté. Aujourd’hui, je retrouve ma vraie place, auprès de mes proches… auprès… de Katchan.

    Je baisse la tête, sans lui, je n’en serais pas là. C’est sa ténacité à vouloir connaître les raisons de mon départ qui font que je peux retourner à Yuei aujourd’hui, ça et le fait qu’il m’ait rendu mon alter. J’ai encore du mal à croire qu’il ait fait ça. Il aurait pu gagner en puissance avec le One For All en sa possession mais il a préféré y renoncer. Je rougis en me rappelant la manière dont il me l’a rendu.

    Je ne pensais qu’il aurait agi de la même manière que je l’ai fait. C’était tellement inattendu de sa part. Je repense une nouvelle fois à ses paroles me disant que nous aurions une discussion sur nous. Est-ce que j’ai le droit d’espérer quelque chose ? J’aimerais tellement ne pas m’être fait d’idées concernant ses sentiments. J’en aurais bientôt le cœur net, mais je dois l’avouer, ça m’angoisse un peu. Et si je me trompais ? Qu’est-ce que je ferais ? Est-ce que tout va redevenir comme avant ? Ça me perturbe vraiment, rien que d’y penser. J’ai peur qu’il s’éloigne à nouveau de moi. Mais peut-être que ce sera le contraire, peut-être qu’il… il… Je rougis rien que d’y penser. Ne te fais pas trop de films Izuku, mais quand même… j’en ai bien envie.

     

    Katsuki

     

    J’ai eu un message d’All Might me disant qu’il rentrait avec Deku. Je l’avoue, je n’ai pas pu m’empêcher de sourire quand j’ai vu le SMS. Heureusement que personne n’était à côté de moi, sinon j’aurais eu droit à des remarques et ça m’aurait sûrement gonflé. Deku va rentrer, il va revenir à Yuei, il va reprendre sa vie avec nous… avec moi. Je suis nerveux à l’idée qu’on parle tous les deux. Je sais que ce ne sera pas pour tout de suite. Je sais que tout le monde s’agite en bas pour préparer une fête surprise pour le retour de Deku. Je pense que le connaissant, ça lui fera plaisir et même qu’il fondera en larme, comme à son habitude.

    Je m’apprête à sortir de ma chambre, mais avant je me regarde dans la glace. J’ai pas mal d’égratignures sur le visage. J’ai pris quelques coups lors du combat contre le vilain, mais rien de grave. Et puis, les blessures font parties du quotidien des héros. On n’y peut rien, on est obligé de supporter la douleur. Je vérifie mes vêtements, je ne sais pas trop pourquoi. Je crois que j’ai envie de faire bonne impression à Deku, même si c’est totalement stupide. Je rougis en y pensant. Il faut vraiment que je me reprenne, sinon je vais finir par me ramollir définitivement et ça c’est pas possible. Même si je sais que les choses vont changer entre nous, je ne compte pas tout envoyer valser et surtout, ce serait trop bizarre que je devienne gentil d’un coup. Les autres ne comprendraient pas.

    Je sors de la chambre, et prends l’ascenseur. Quand j’en sors, je vois que mes camarades de classe ont quasiment finis de tout installer. Ils sont tous en effervescence et je vois le délégué qui s’agite dans les tous les sens en donnant des conseils que personne n’écoute. Je m’approche de Kirishima qui vient d’accrocher une banderole dans l’entrée de la résidence. Il me lance un sourire quand il me voit et vient me rejoindre.

    -         T’as meilleure mine, dit-il.

    -         Ouais, ça fait du bien de prendre une douche et de se changer.

    -         J’en doute pas, dit-il avec un petit rire. Alors… prêt à le retrouver ?

    -         Il était pas perdu, tête d’orties.

    -         C’est pas l’impression que tu donnais.

    -         Oh ! La ferme ! dis-je en détournant le regard gêné.

    -         Oh, mais ce ne serait pas un rougissement que je vois là, se moque-t-il.

    -         N’importe quoi, je vois pas pourquoi je rougirais, dis-je.

    -         Peut-être… parce que tu penses à une certaine personne qui va bientôt revenir et que ça te fait plaisir.

    -         Tch !

    Je croise les bras et Kirishima se moque encore de moi, puis son visage s’adoucit et il me regarde avec bienveillance. Je me relâche un peu. Je sais que je lui dois beaucoup, ce n’est pas mon ami pour rien.

    -         Il ne devrait pas tarder, dis-je finalement.

    -         Comment tu le sais ?

    -         All Might m’a envoyé un message.

    -         Il y a combien de temps ? s’agite soudain Kirishima.

    -         Heu… dix minutes je crois.

    -         Hein ? Mais… eh les gars, faut qu’on se bouge, Midoriya va pas tarder.

    -         On a fini, fait remarquer Shoto.

    -         Ah ! Bah… bien, dit Kirishima. On n’a plus qu’à attendre alors.

    Quelques camarades se moquent de tête d’orties et j’ai presque envie de rire avec eux, mais je me retiens. Je quitte l’entrée, pour rejoindre le salon. Je ne me vois pas l’accueillir devant l’entrée, je serais trop gêné et puis, je sens que les autres vont se l’accaparer avant moi, notamment le délégué et Miss Gravité. Je sais qu’ils étaient très tristes de son départ, alors, exceptionnellement, je vais leur laisser le privilège de l’accueillir.

    Je m’assois sur le canapé et soupire. Je suis quand même fatigué, j’ai envie de dormir, mais je me retiens. Je ferme, cependant les yeux quelques instants, tout en gardant une oreille qui traine pour ne pas louper son arrivée. Au bout de quelques minutes, j’entends la porte s’ouvrir et j’ouvre brusquement les yeux. Tout le monde s’est levé pour rejoindre l’entrée, je suis le seul à être encore dans le salon. Je me lève doucement, mais reste en retrait. Quand tout le monde voit Deku, ils se jettent littéralement sur lui pour l’accueillir. Ils lui souhaitent tous la bienvenue et je vois même All Might derrière lui, une petite larme à l’œil, heureux de ce qui est en train de se passer.

    Comme je le pressentais, Deku se met à pleurer dans les bras de ses deux amis. D’un seul coup, je ne sais pas pourquoi, mais je me sens de trop, comme si je ne devais pas être là. Je n’aime pas cette sensation d’être mis à l’écart, parce que clairement, je ne sais pas comment trouver ma place à cet instant. Deku est entouré de tout le monde, ils lui souhaitent un bon retour à Yuei. Il est emmené dans le salon et découvre le repas qui lui a été préparé, avec des yeux ébahis et encore une fois, il pleure comme le pleurnichard qu’il est. Tout le monde est heureux, mais moi… je me rends compte qu’il n’a pas eu un regard pour moi, il ne m’a même pas cherché.

    Mon cœur se serre et je me demande si j’ai vraiment ma place à cet instant. Je finis par m’éloignant sortant du salon. Je serre les poings alors que mon cœur s’accélère. Pourquoi, je me sens si mal alors qu’il est ici ? Pourquoi… j’ai envie de pleurer tout à coup ? Est-ce parce qu’il m’ignore ? Oui… je l’admets, son indifférence me fait mal. Je décide de retourner dans ma chambre, incapable de rester avec eux plus longtemps. Ils mettront certainement mon absence sur le compte de la fatigue, de mon caractère de merde et ça me va. Je ne veux pas qu’ils me voient comme ça. Alors que je m’apprête à prendre l’ascenseur, je sens soudain qu’on me retient par le T-shirt. Quand je me retourne, je suis surpris de le voir, là, juste en face de moi, avec un sourire tendre et heureux.

    -         Où tu vas Katchan ?

     

    Izuku

     

    Je suis anxieux à l’idée de rentrer. Je ne suis qu’à quelques pas de l’internat et mon cœur s’accélère. Je suis à la fois anxieux et impatient de retrouver mes camarades. All Might est derrière moi, et avant que j’ouvre la porte, il met une main sur mon épaule. Je prends une profonde inspiration, encouragé par ce simple geste. Quand la porte s’ouvre, je découvre avec surprise que tout le monde est là et m’attend. Ils me souhaitent tous la bienvenue et je me rends compte qu’ils ont préparé une fête pour mon retour.

    Ochaco me saute dans les bras et Tenya nous entoure également. Je suis tellement soulagé et heureux de les voir que je m’effondre en larmes. Je suis sûr que tous savaient que j’allais pleurer, parce que tout le monde se met à sourire. Je suis accueilli avec tant de gentillesse, que j’ai bien du mal à me retenir le reste de mes larmes. Ils m’emmènent dans le salon et je me rends compte qu’ils m’ont préparé un repas. J’ai le droit à tout une explication, mais je l’avoue, j’ai quelque chose en tête à cet instant. Je m’approche de Kirishima.

    -         Il est où Katchan ? lui demandais-je.

    -         Il est… bah, c’est bizarre, il était près de l’entrée du salon tout à l’heure.

    Je fronce les sourcils. S’il était là, pourquoi il n’est pas venu me voir ? Je ne me sens soudain pas bien. J’ai besoin de le voir maintenant. Je sors du salon, en disant à mes amis que je reviens et personne ne me retient comme s’ils savaient tous que j’allais m’éclipser à un moment. Je cherche Katchan du regard et vois qu’il se dirige vers l’ascenseur. Je me précipite vers lui et lui attrape le T-shirt. Il se retourne et je ne peux empêcher un sourire d’étendre mon visage. Sa simple vue, me rend heureux. Je ne pensais pas que ce serait un jour possible.

    -         Où tu vas Katchan ?

    -         Je… dans ma chambre, dit-il en détournant le regard.

    -         Pourquoi ?

    -         Je… tu n’as pas besoin de moi, retourne auprès des autres, ils sont tous tellement heureux de te revoir, tu ne vas pas leur fausser compagnie, n’est-ce pas, dit-il en détournant le regard.

    Il se mord la lèvre et j’ai bien l’impression qu’il se retient de pleurer. Je perds mon sourire et me rapproche de lui. Je l’ai rarement vu comme ça. Je ne comprends pas ce qui se passe. Pourquoi est-il dans cet état ? Est-ce que par hasard, il serait… jaloux ? Il aurait peut-être voulu que je vienne le voir en premier.

    -         Katchan, je veux que tu restes avec moi, dis-je en prenant sa main. Ça sert à rien de faire une fête pour moi, si tu n’es pas là. Alors, s’il te plait, viens.

    -         Je…

    -         S’il te plait, répétais-je en me rapprochant de lui.

    Nos visages sont si proches, que j’en rougis et je vois que lui aussi. Je ne peux m’empêcher de sourire. J’aime cette expression sur son visage, dans ces moments-là, il ne ment pas.

    -         D’accord, dit-il.

    -         Merci Katchan. Et… quand la fête sera terminée, j’espère qu’on aura la discussion que tu m’as promis.

    Il relève la tête et rougit de plus belle avant de faire un sourire en coin. Il serre un peu plus sa main dans la mienne et j’ai l’impression qu’il veut esquisser un autre geste, mais qu’il se retient.

    -         Bien sûr, dit-il. Tu n’y échapperas pas.

    -         J’espère bien.

    Je l’emmène dans le salon et ne lâche pas sa main. Nos camarades nous voient arriver ensemble, mais ne disent rien. Je ne relâche sa main qu’au moment où nous nous installons à table pour manger. All Might a été convié au repas et il a l’air ravi. Je suis assis à côté d’Ochaco et Tenya et Katchan se trouve à quelques places de moi. J’aurais aimé être à côté de lui, mais on s’est assis comme on en a l’habitude quand nous mangeons tous ensemble. Le repas se passe dans la bonne humeur et je dois l’avouer, je suis vraiment heureux d’être rentré.

    Quand la soirée touche à sa fin, je tarde un peu à partir et Katchan aussi. Nos camarades nous laissent seuls et c’est Kirishima le dernier à partir. Je le vois parler à Katchan brièvement avant d’aller se coucher. Quand nous sommes enfin seuls, Katchan et moi on se regarde un moment sans parler, un peu gêné. Il finit par me tendre la main et je la regarde un peu surpris.

    -         Tu viens ? demande-t-il.

    -         Oui, acquiesçais-je en lui prenant la main.

     

    Katsuki

     

    J’ai été soulagé qu’il vienne me chercher. Même si on n’a pas vraiment passé la soirée l’un à côté de l’autre, le simple fait qu’il ne soit pas très loin a suffi à me rendre un peu de ma bonne humeur. Nos regards se sont souvent croisés durant le repas. C’était furtif, mais c’était intense. Ça ne m’était jamais arrivé de le regarder aussi longtemps et surtout avec autant de calme. J’avoue que j’ai eu un peu peur quand je suis parti, qu’il ne me rattrape pas, mais il l’a fait avec son beau sourire et j’ai été tout de suite rassuré.

    La soirée s’est déroulé dans le calme et la bonne humeur. Kirishima m’a lancé quelques piques par moment pour me faire réagir, et j’ai joué le jeu, afin de rester égal à moi-même, même si je sais que certaines choses vont changer à l’avenir, surtout vis-à-vis de Deku. Je ne peux plus retourner en arrière et je n’en ai aucune envie. Je veux aller de l’avant avec lui, c’est tout ce qui compte pour moi.

    Après le repas, tout le monde s’éclipse dans ma chambre. Kirishima est le dernier à quitter la pièce et avant de le faire, il s’approche de moi, posant une main sur mon épaule.

    -         C’est ton moment mon pote, me chuchote-t-il. Fonce !

    Je rougis à ses mots, mais ne dis rien. Heureusement que Deku ne peut pas me voir sinon il se poserait des questions. Kirishima a vraiment l’art et la manière de me gêner quand il ne faut pas. Mais, il est toujours là et je sais très bien qu’il a compris de quoi il retournait sans pour autant me le dire explicitement. Il attend probablement le moment où je lui en parlerais et je lui en suis reconnaissant. Ce n’est pas tellement facile d’avouer ses sentiments à quelqu’un et la première personne qui doit d’abord les connaître, c’est la personne concernée. Ensuite, j’en parlerais si j’en ai envie.

    Je me retourne vers Deku, qui a l’air de m’attendre. On est un peu gêné, c’est la première fois que ça nous arrive. D’habitude, je suis le premier à briser le silence et souvent je le fais de manière un peu brutale, mais là, je n’ai pas envie de ça. Je lui tends alors la main et il me regarde surpris, comme si je venais de faire un geste incongru, ce qui est le cas pour ceux qui me connaissent. Je ne suis pas du genre à tendre la main à n’importe qui.

    -         Tu viens ? demandais-je.

    -         Oui, acquiesce-t-il en me prenant la main.

    Je l’emmène doucement jusqu’à l’ascenseur et il se laisse faire. Je n’ose pas regarder derrière moi et quand nous entrons à l’intérieur de l’ascenseur, je reste dos à lui. Il ne dit rien, mais nos mains sont toujours l’une dans l’autre, signe qu’il ne me lâchera pas de sitôt. Nous montons au troisième étage, pour aller dans ma chambre. Là encore, il me suit docilement et quand nous entrons dans ma chambre, je me retourne enfin. Nos yeux s’encrent l’un dans l’autre et je ne le lâche pas du regard avant de le prendre dans mes bras. Durant quelques instants, il ne bouge pas, les bras ballants et je crains de n’avoir été trop vite.

    J’hésite un instant à le lâcher, un peu déçu qu’il ne fasse aucun geste, mais quand je commence à m’éloigner, il me retient brusquement. Il enroule ses bras autour de moi et je sens ses doigts qui s’accrochent à mon dos.

    -         Deku, ne pars plus. Plus jamais.

    -         Non, jamais, dit-il. Je suis désolé Katchan. Je me suis montré lâche.

    -         A cause de moi, dis-je en me reculant. Si je ne t’avais pas traité comme je t’ai traité, on n’en serait pas arrivé là. Je suis vraiment désolé pour tout. Mais… d’un autre côté… je n’aurais pas compris mes réels sentiments pour toi, si tu n’étais pas parti. Ne pas savoir pourquoi tu l’avais fait m’a vraiment frustré, d’autant plus quand j’ai compris que tu m’avais donné le One For All. Je n’arrivais pas à t’oublier et ces jours sans toi, ont été les plus longs et les plus pénibles de ma vie.

    -         Katchan… toi aussi tu m’as manqué pendant ces derniers jours, plus que jamais. Durant toutes ces années, même quand tu me harcelais, je n’imaginais pas ma vie sans toi. Mais… je me disais qu’il fallait que je tourne la page, que je n’avais aucune chance de toucher ton cœur, que ce serait à jamais impossible. Mais… tu es venu vers moi et ça m’a redonné un peu d’espoir. Katchan… dis-moi que tu ne m’abandonneras pas.

    -         Je ne t’abandonnerais pas, dis-je en me rapprochant à nouveau de lui. Je serais à jamais à tes côtés, Deku. Mon… mon cœur fera toujours écho au tien, quoiqu’il arrive.

    Je pose une main sur son cœur et pose la sienne sur le mien. Je ferme les yeux avant de poser mon front contre le sien, yeux clos. Je me penche ensuite vers lui pour l’embrasser avant de le serrer contre moi.

    -         Je… je t’aime Deku, dis-je en rougissant.

    Heureusement qu’il ne me voit pas parce que c’est la première fois que j’ai les joues qui chauffent autant et surtout que je prononce ces mots pour quelqu’un. Il se serre un peu plus contre moi et j’ai l’impression de sentir des larmes contre mon cou. Je ne lui dis rien, il peut bien exprimer ses émotions cette fois. J’avoue que moi aussi, j’ai presque envie de pleurer, mais je me retiens.

    -         Moi aussi…, dit-il en murmurant.

    -         Quoi ? demandais-je.

    -         Moi aussi, je t’aime Katchan. Plus que tout.

    Je souris et une larme parvient à couler malgré elle. Je me recule légèrement afin que l’on puisse se regarder. Il détourne les yeux, un peu gêné. J’essuie ses larmes et le force à me regarder avant de lui sourire. Il me regarde avec surprise avant d’esquisser un sourire.

    -         Tu peux pas t’en empêcher, dis-je.

    -         Je suis désolé, dit-il.

    -         Je t’aime Izuku.

    Il écarquille les yeux un peu plus et je ne lui laisse pas le temps de répliquer et l’embrasse à nouveau, afin qu’il ne voie pas la gêne que ça a provoqué en moi de l’avoir appelé par son prénom. Maintenant, j’ai compris mes sentiments, j’ai compris que mes actions et mes paroles ont des conséquences. A cause de ça, j’ai failli perdre celui qui compte le plus pour moi. J’ai failli perdre ce magnifique son qui a toujours fait écho dans mon cœur, l’amour d’Izuku et plus jamais je ne laisserai, je m’en fais la promesse, je ne le laisserai s’éteindre.

     

    Izuku

     

    Je le sens, je l’entends, ce son qui a failli disparaitre que je failli laisser partir et dont je me suis éloigné volontairement. Il est plus fort que jamais à cet instant. Il est là, dans mon cœur et dans le sien, cet écho, celui de l’amour que l’on se porte. Je m’en fais la promesse, plus jamais je ne le laisserais s’éteindre, plus jamais.

     

    Fin !

     

     


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