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    Chapitre 2

     

    La Commission

     

     

     

    Ils me font poireauter, comme d’habitude. Ils se croient vraiment tout permis. Je n’étais pas coincé, ça fait longtemps que je leur aurais calqué la porte au nez. Je soupire en m’asseyant sur la chaise de bureau. Je sais que ça ne va pas leur plaire, mais je m’en fous. Quand je peux les emmerder, je le fais. C’est mon seul petit plaisir à défaut de pouvoir me barrer d’ici. La porte s’ouvre brusquement et je ne bouge pas d’un pouce. Je fais pivoter le fauteuil pour les regarder et les deux membres de la Commission me fixent avec un air courroucé. Je leur fais un petit sourire satisfait, avant de me lever finalement.

     

    -         Vous êtes en retard, je leur fais remarquer.

     

    -         Nous sommes très occupés, dit la présidente de la Commission.

     

    -         C’est vous qui m’avez fixé ce rendez-vous. La moindre des choses, c’est de respecter les horaires. Vous croyez que j’ai que ça à faire ?

     

    -         Calmes tes ardeurs Subaru, dit Yokumiru Mera. N’oublie pas à qui tu parles !

     

    -         A des bureaucrates qui font faire le sale boulot aux autres peut-être ? demandais-je avec désinvolture.

     

    -         Subaru ! grogne l’homme.

     

    -         Quoi ? demandais-je en m’approchant de lui avec un air de défi. Ce n’est pas vrai, peut-être ? Vous savez, je sais très bien à qui je parle, mais vous, vous avez oublié à qui vous avez affaire. J’étais déjà là, alors que n’étiez même pas encore né. Vos prédécesseurs ont déjà essayé de me contrôler, et ils ont tous échoués et ne ce n’est pas vous qui risquez d’y arriver. Si je travaille pour vous, c’est uniquement pour que fichiez la paix à ma famille, sans ça, ça ferait bien longtemps que je serais parti et que je vous aurais laissé dans votre merde.

     

    Yokumiru a reculé au fur et à mesure de mes paroles. Je crois que mes yeux dorés l’ont effrayé ou alors, est-ce ma main tenant mon katana qui lui a fait peur. Peut-être les deux qui sait ?

     

    -         Ça suffit Subaru, dit la femme. On a compris.

     

    -         Bien ! dis-je en me reculant. Alors pourquoi m’avez-vous fait venir ? Vous savez que ce n’est pas prudent ce genre de réunion entre nous, même si personne ne connait mon visage. Cependant, plus je viendrais ici et plus les gens me repéreront.

     

    -         Cette fois, nous ne pouvions pas te laisser de messages. Il y a parfois des moments où pour des raisons de sécurité justement, il est nécessaire que l’on se voie en face, dit la présidente d’une voix grave.

     

    Leur regard ne me dit rien qui vaille. La situation a l’air sérieuse. J’entends soudain un bruissement léger non loin. Je me tourne quelques instants et remarque quelque chose. C’est vraiment très léger, à peine perceptible, mais ça ne m’a pas échappé, contrairement à mes interlocuteurs qui n’ont pas l’air d’avoir remarqué quoi que ce soit. Dois-je les avertir ? Ou bien… non, je pense que ça peut être drôle de voir leur tête s’ils découvrent la vérité. De toute façon, je ne pense pas que ça changera quoi que soit si je le dis.

     

    -         Alors, dites-moi, quelle est cette nouvelle ? demandais-je.

     

    -         Nous avons décidé que Hawks allait infiltrer l’Alliance et nous voulons que tu le prennes en charge et que tu le protèges.

     

    -         Que… Pardon ? demandais-je incrédule. Vous plaisantez, j’espère ?

     

    -         On ne plaisante jamais Subaru, surtout quand il en va de la sécurité de la population.

     

    -         Oui, c’est sûr. A quoi je m’attendais ? Enfin, je sais quoi vous acheter à Noël, un peu d’humour, ça ne vous fera pas de mal.

     

    -         Trêve de plaisanterie, dit la présidente. On est d’accord ?

     

    -         Heu… ce n’est pas vraiment une question, n’est-ce pas ? Ce n’est pas comme si j’avais le choix à priori. Seulement, une question… qu’est-ce qui vous a pris de décider une chose pareille ? Hawks est le numéro deux du classement des héros, il a un avenir prometteur, une carrière qui vient à peine de commencer et vous lui demander d’infiltrer l’Alliance des Villains ? Y’a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond dans vos têtes.

     

    -         Surveille tes paroles, di Mera.

     

    -         Je dis seulement ce que je pense. J’ai passé l’âge de faire des courbettes et de me taire. Quand vous aurez vécu aussi longtemps que moi, vous comprendrez qu’on ne peut pas toujours fermer sa gueule. Enfin, de toute façon, vous ne vivrez jamais autant que moi de toute façon, alors que crois qu’il ‘y a vraiment aucun espoir de toute façon.

     

    -         On peut se passer de ce genre de commentaires, dit Yokumiru.

     

    -         Ça m’est égal, dis-je en m’approchant de la porte. Je ne suis pas d’accord avec votre décision. All Might n’est plus là et les vilains en profitent pour agir de plus en plus à leur guise. Aujourd’hui, les gens ont besoin de croire aux héros, encore plus qu’avant parce qu’ils craignent pour l’avenir s’ils n’ont pas un symbole de la paix pour les guider. Je vous le dis, si sa mission finit par s’ébruiter, cela ruinera sa réputation. Est-ce que vous tenez vraiment à gâcher sa carrière de héros ?

     

    -         Hawks sait très bien dans quoi il met les pieds. Il voit sur le long terme.

     

    -         Alors, c’est qu’il est aussi idiot de vous, dis-je. Ce genre de mission, ça peut briser un homme. Il va devoir fermer les yeux sur toutes sortes d’atrocités. Pour quelqu’un qui a pour métier de sauver les gens, les dommages pourraient être irrémédiables. Est-ce que vous en avez conscience ?

     

    -         Il le sait, dit la présidente. Il connait les risques et il les accepte.

     

    J’écarquille les yeux, abasourdi par tant d’aplomb. Ils sont vraiment prêts à tout et en plus ils veulent m’embarquer dans leur histoire. Même si je sais que c’est pour démanteler l’Alliance qu’ils ont fait ce choix, j’ai beaucoup de mal à accepter qu’ils embarquent Hawks là-dedans.

     

    -         Toi aussi, tu es obligé de fermer les yeux sur ce que fait l’Alliance, pour la mission, me rappelle-t-elle.

     

    -         Mais moi, je n’ai pas de réputation à tenir, je suis un homme de l’ombre. Je ne suis personne aux yeux des gens, contrairement à Hawks. Peu importe si mon esprit défaille à cause de ce que j’aurais vu, ça ne fera de tort à personne d’autre que moi.

     

    Enfin si, à ma famille, mais je me garde bien de leur dire, pour qu’ils n’aient rien à répliquer là-dessus, car sinon, ils pourraient encore me donner en exemple et ça m’énerverait grandement. Je regarde la porte et surtout ce qui y traine à proximité. Je soupire, j’ai envie de partir d’ici et maintenant.

     

    -         Peu importe ce que tu diras Subaru, il a déjà ses ordres et il les exécutera avec ou sans toi. Mais, tu le feras, n’est-ce pas ? Si vraiment tu veux qu’ils prennent le moins de risque possible alors tu feras ce qu’on te demande et tu le protégeras.

     

    -         Ai-je vraiment le choix ?

     

    -         Non.

     

    -         Alors, l’affaire est close.

     

    Je me penche en avant pour ramasser ce qui dépasse de l’encadrement de la porte, avant de l’ouvrir.

     

    -         Subaru, où vas-tu ? s’agace la présidente. Nous n’avons pas terminé. Il faut encore que nous te donnions les modalités de…

     

    -         Pas besoin… la coupais-je. J’agirais à ma guise. Le but, c’est ce que je le protège, c’est ce que je ferais, mais je le ferais à ma manière. Pour ma part, j’en ai terminé et si c’est pour me le présenter, vous savez tout aussi bien que moi que ce n’est pas nécessaire, d’autant plus que de toute façon, il sait déjà tout ce qu’on s’est dit dans cette pièce.

     

    -         Pardon ? demande Yokumiru. Comment ça ?

     

    -         Je parle de ça ! dis-je en montrant une plume écarlate. L’oisillon a laissé trainer ses plumes et vous ne l’avez même pas remarqué. Sur ce, je vous dis au revoir. Comme je vous l’ai dit je veillerais sur l’ange à plus, mais à ma façon et ce n’est pas négociable.

     

    Je ferme la porte, sous le regard effaré des deux membres de la Commission. Si j’avais pu, j’aurais pris une photo. Leur visage était impayable. Je me retrouve seul dans le couloir et je remarque une porte entrouverte. J’ai bien l’impression qu’il a envie de me parler. Je pénètre donc à l’intérieur de la pièce. Mon cœur bat plus rapidement dans ma poitrine. Ça fait tellement longtemps que je ne l’ai pas vu. Je me demande s’il va me reconnaitre et se rappeler de moi. Je n’en suis pas sûr, on ne s’est pas côtoyé beaucoup et il était tellement jeune. J’entre doucement. La pièce est à peine éclairée, mais la silhouette qui se dessine à l’intérieure ne fait aucun doute. Je referme la porte derrière moi, tout en évitant de la claquer.

     

    -         Je crois que tu as perdu quelque chose, dis-je en montrant la plume que j’avais toujours en main.

     

     

     

     

     


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