• 9 Chéronée

     

    -338 av. J-C

     

    Nous ne sommes dans le bataillon sacré que depuis peu de temps, enfin par rapport à d’autres qui sont là depuis des années et qui font presque partis du décor. Ils ont beaucoup plus d’expérience. Pourquoi avons-nous choisi de nous joindre à eux ? Je ne sais pas vraiment. Pour ma part, cela vient peut-être de mon attachement à Thèbes mais aussi de mon attachement à mon compagnon, David. Nous avons choisi ensemble d’entrer dans cette armée et nous ne le regrettons nullement. Nous nous suivons mutuellement depuis toujours et nous ne nous quittons jamais. Il est très difficile de dire si tous les soldats qui sont autour de nous ont fait le choix de rentrer pour les mêmes raisons mais en tout cas, ils n’ont pas l’air d’être si différents.

    -         A quoi penses-tu ? Me demande mon compagnon.

    -         A rien de spécial. Je réfléchissais.

    J’essais de nettoyer ma lame du mieux que je peux, essayant d’enlever les traces de sang restées dessus sans pour autant rouiller la lame. Même en la nettoyant des dizaines de fois, il restera toujours des traces. C’est une façon de garder la trace de nos derniers combats. David, lui, astique son bouclier avec tant d’ardeur que j’ai l’impression qu’il va le briser en deux. De nous deux, c’est lui qui a le plus de force. Je l’ai déjà vu briser le bras d’un ennemi juste avec la force de ses mains. Et l’action a été plus qu’impressionnante. J’en ai encore des frissons quand j’y pense.

    -         A force de frotter la lame, il ne va plus rien rester, dit David avec un sourire. Je veux bien que tu y mettes du cœur mais là, tu y vas un peu fort.

    -         Oh, heu… Oui, tu as raison. Je ne faisais pas attention.

    Je m’arrête de frotter. De toute façon, j’ai beau le faire, ce sang ne part pas. J’abandonne. Je pose ma lame à terre et me lève. Je suis tout engourdi et j’ai un peu mal au poignet à force de frotter. Je me tourne vers David, qui lui, est toujours sur son bouclier. Il le nettoie avec minutie. C’est dingue, il est pire que moi.

    -         En ce moment, c’est calme, dis-je. J’aimerai bien que ça dure un peu. Que je puisse profiter d’être un peu avec toi tranquillement.

    -         Mais on est toujours ensemble. Même pendant les batailles. Et puis, tu sais bien que cette paix ne durera pas. Je pense que bientôt nous devrons retourner nous battre. Que veux-tu ? C’est notre destin.

    David se lève et me prend dans ses bras. Je me laisse aller à son étreinte. Il arrive toujours à me détendre. Etant beaucoup plus grand que moi, je me sens toujours protégé pourtant lors des combats nous nous protégeons mutuellement et il n’y a que ça qui compte. Nous battre contre l’ennemi tout en faisant attention à notre compagnon. Chaque couple fonctionne de la même manière. Et si l’un d’eux meurt, son compagnon meurt avec lui. Enfin, j’ai toujours vu ça comme ça et je pense que ce sera pareil pour David et moi. S’il venait à mourir, je ne pense pas que je pourrais vivre sans lui. Il est ce que j’ai de plus précieux au monde et je ne pense pas que je pourrais le quitter un jour. Nos destins sont liés à jamais.

    -         Oui, notre destin, répétais-je.

    -         Et nous l’avons choisi, ne l’oublie pas.

    -         Je sais. Nous avons décidé ensemble d’en faire partie. Ce n’est pas quelque chose que je regrette.

    -         Moi non plus.

    David s’éloigne un peu de moi et me regarde avec ses yeux bleus. Je sais maintenant pourquoi je suis tombé amoureux de lui. Il est vraiment… magnifique. Il est digne et courageux. Bon, ce n’est pas le moment de s’emballer. Tout le monde nous regarde, je le sens bien. Ils guettent toujours la moindre de nos réactions. C’est très étrange.

    -         On devrait peut-être aller à Thèbes pour changer d’air, fis-je.

    -         Oui, tu as raison. J’ai besoin de marcher un peu.

    Nous nous éloignons du camp. Je soupire. Les plus vieux soldats qui ne sont pas si vieux que ça, en fait, nous regardent nous éloigner avec de grands sourires aux lèvres. Nous sommes plus attentionnés l’un envers l’autre mais c’est dû à notre jeunesse. Comme ils disent, eux ont appris à maîtriser leur passion même s’ils ne se gênent pas parfois pour la montrer ouvertement, après une bataille par exemple. Chacun est toujours heureux d’être vivant après un combat et je pense que c’est le moment le plus intense entre tous les couples. Forcément, l’émotion et la tension retombe et on est plus… détendu.

    -         A chaque fois, ça les fait rire de nous voir tous les deux nous toucher sans arrêt.

    -         Oui, je sais, répondis-je. Mais je suis à peu près sûr qu’ils étaient pareils à notre âge. Et il n’y a pas que nous. Ils se comportent comme ça avec tous les novices qui arrivent dans le camp. Va savoir pourquoi ils continuent avec nous alors que ça fait un moment que nous sommes ici.

    -         On n’a pas vraiment changé en cinq ans. Je ne peux pas m’empêcher de t’avoir près de moi.

    -         Moi non plus mais bon… On est plus si… collés l’un à l’autre tout de même.

    Nous longeons un petit chemin où passent bon nombre de marchands qui veulent se rendre à Thèbes. Je suis à peu près sûr qu’ils ne doivent pas savoir qu’il y a un campement de soldats non loin. Ils connaissent la Cadmée, mais ils ne s’y aventurent jamais. Il faut dire qu’ils évitent de sortir de la route, de peur de tomber sur des bandits. Et ils ont bien raison. On ne sait pas ce qu’il peut arriver. Nous croisons d’ailleurs un marchand de bric à brac qui passe à côté de nous. Je sens qu’on va l’avoir sur le dos.

    -         Bonjour, messieurs, dit le marchand. Il n’y a pas quelque chose qui vous intéresse ? Vous devez bien avoir besoin de quelque chose ? Je suis sûr que vous allez à Thèbes. J’y vais aussi. Oh mais vous devez être des soldats avec des glaives comme ceux que vous avez à votre ceinture.

    On garde toujours nos armes sur nous, même si on ne se balade pas sans arrêt avec nos armures. Elles sont déjà assez lourdes comme ça, qu’on n’ait pas en plus à les porter toute la journée.

    -         Vous posez bien trop de question, fit David.

    -         Oh mais je ne suis qu’un simple marchand !

    -         Un marchand curieux, répondis-je avec un sourire. Vous devriez faire attention, nous pourrions être des bandits qui voudraient voler vos marchandises.

    -         Oh ! J’en doute messieurs. Vous n’en avez pas l’air et puis, les armes que vous portez appartiennent au bataillon sacré.

    -         Comment pouvez-vous le savoir ?

    -         Ce sont les seuls qui sont faites avec deux entailles sur le manche. Et puis, j’en ai déjà vu auparavant.

    -         Et qui vous dit que nous ne les avons pas volés ?

    -         Je ne pense pas car les épées sont enterrées avec leur propriétaire et il est impossible de les voler.

    Il est bien perspicace et il en sait beaucoup aussi sur nous. Je me demande qui il peut bien être. En tout cas, ça ne doit pas être qu’un simple marchand. Il m’a l’air d’avoir de la culture. Je pense qu’il a dû faire quand même quelques années d’études. Sûrement à Athènes si j’en juge ses vêtements. Je regarde David, qui lui, reste complètement froid à ce que vient de dire l’homme face à nous. Je sais qu’il se fiche un peu que tout le monde sache qui nous sommes. Après tout, tout le monde connaît notre réputation et ce bataillon n’a pas été créé par hasard par un simple caprice des dirigeants. Il existe depuis près de trente ans.

    -         Vous vous y connaissez bien à ce que je vois. Trop, pour un simple marchand d’Athènes. Je suppose que vous avez du faire vos études là-bas, dis-je.

    Il semble surpris. Eh oui ! Il n’y a pas que lui qui est observateur. Et quand on est soldat, il faut être à l’affût de tout et on se doit tout observer. Sinon on peut facilement se faire tuer.

    -         Nous ferions mieux d’y aller, dit David après un très long moment de silence.

    -         Oui, tu as raison.

    -         Vous êtes sûrs que vous n’avez besoin de rien ? Demande l’homme alors que nous nous éloignons. Et comment vous avez su pour Athènes ?

    -         Vos vêtements et votre langage, répondis-je de loin.

    Nous repartons en direction de Thèbes et je sais très bien que le marchand sera vite derrière nous. Donc, je décide de tirer David hors de la route. Après tout, nous pouvons faire un détour.

    -         Mais pourquoi tu nous emmènes par là ? Demande David.

    -         Le marchand est sur cette route et j’ai l’impression qu’il ne va pas nous lâcher de si tôt. Et puis, j’ai envie d’être un peu seul avec toi.

    Je m’approche de David et pose mes mains sur ses hanches. Je le tire vers moi et le serre contre mon corps. Je suis toujours aussi bien dans ses bras. Il a toujours été là pour moi et j’ai toujours été là pour lui. Je commence à lui embrasser le cou, étant plus petit que lui, c’est la première chose qui est à ma portée. Je le sens frissonner sous mes caresses. Il me serre un peu plus contre lui et je sens son corps se mouvoir contre moi.

    -         Ce n’est pas le moment, dis-je.

    -         C’est toi qui as commencé, je te signale, répondit-il. Et puis, tu ne voulais pas aller à Thèbes ?

    -         Si.

    Je m’éloigne de lui à contrecœur. C’est vrai qu’il commençait sérieusement à m’exciter mais de là à faire ça n’importe où, il y a des limites. C’est un endroit trop fréquenté et on pourrait se faire repérer.

    -         On pourrait peut-être reprendre la route et surtout se remettre sur le chemin, fit David.

    -         Mouais, si tu veux.

    -         Tu ne m’as pas l’air emballé.

    -         Bah, je suis un peu frustré, désolé.

    -         Oui, moi aussi. Mais c’est toi qui as voulu aller à Thèbes.

    -         Oui, oui je sais. J’ai quelques courses à faire.

    David me regarde perplexe. Quoi ? C’est vrai que j’ai des courses à faire. Je dois récupérer mon casque. La dernière fois, il a eu un petit accident. D’ailleurs, heureusement que je ne l’ai pas eu sur ma tête sinon bah… je ne serais plus là pour en parler. Enfin bon, j’ai eu de la chance ce jour-là. Une chance qui s’appelle David. J’en souris rien que d’y penser. Je n’ai jamais douté qu’il m’aiderait. Il est toujours à mes côtés.

    -         A quoi penses-tu ? Demande David. Tu es sans arrêt dans la lune.

    -         A rien.

    -         Comme d’habitude mais fais…

    Il n’a pas le temps de finir sa phrase que je butte dans un caillou et manque de tomber. Mais c’est sans compter sur les merveilleux réflexes de mon compagnon. Bon, j’évite de lui faire trop de compliments sinon il prendrait la grosse tête même si on ne peut faire que des compliments à un homme pareil.

    -         Heureusement que j’étais là, dit-il, n’est-ce pas ?

    -         Oui, heureusement.

    -         T’es toujours dans les étoiles. T’as envie de les rejoindre ?

    -         Non. Arrête de te moquer de moi.

    David rit comme à chaque fois que je me prends les pieds et que je manque de tomber. D’accord, je suis maladroit, je sais. Mais seulement quand je suis perdu dans mes pensées. Quand je me bats, je suis toujours très concentré. Sinon, je serais déjà mort, je pense. Enfin, David est là donc il protège quand même mes arrières. Nous nous retrouvons finalement sur le chemin et je fais mine de bouder comme à chaque fois que David rit de moi.

    -         Oh, tu me fais la tête mon petit Sam ? Demande David.

    -         Je ne suis pas petit et bien sûr que je fais la tête. D’ailleurs, je ne te parle plus.

    -         Pourquoi tu le fais alors ? Soupire-t-il.

    Je ne réponds pas tandis que lui passe un bras autour de mes épaules, mais je me dégage de son étreinte. Il ne m’aura pas cette fois. C’est vrai quoi, il sait très bien que je vais céder. Mais pas cette fois, je vais le faire languir. Non mais ! David revient à la charge, cette fois en passant le bras autour de ma taille mais je me dégage une nouvelle fois et m’éloigne. Je croise les bras et continue à marcher un peu plus vite. Je peux être très susceptible quand je veux.

    Et en plus, il m’a dit « Mon petit Sam » et il sait très bien que je suis complexé par ma taille. Je me trouve trop petit. En fait, je suis le plus petit de tous les soldats du bataillon sacré et ça les fait rire d’ailleurs. Ils me disent aussi que je suis le plus mignon et que je ne peux qu’attendrir mes ennemis par ma petite taille. Ca peut être un compliment quand ils évitent d’en rire. Je suis désespéré. Et David revient une fois de plus et se poste devant moi, reculant alors que j’avance. Je ne le regarde pas de peur de succomber comme je le fais d’habitude. Je vais trouver la faille cette fois. Et je le ferais attendre. Je regarde juste mes pieds, enfin ses pieds. Non, non, ne pas penser, ce n’est pas le moment.

    -         Mon Sam, regarde-moi ! Dit-il avec une petite voix suppliante à laquelle je résiste rarement, mais cette fois c’est autre chose. Parle-moi. Tu m’en veux ? Tu sais bien que je t’aime non ?

    Il me retient par le bras et ne m’y attendant pas, je m’écroule dans ses bras. C’est injuste. Il a bien prévu son coup, le bougre. Il me sert contre lui, faisant glisser ses mains dans mon dos le faisant exprès alors qu’il sait que je suis sensible. Il passe ses mains de mes reins à mon ventre et…

    -         T’as pas le droit, c’est injuste et déloyale, dis-je entre deux rires.

    -         Oh que si, c’est loyal parce que tu ne veux plus me parler et je suis très malheureux alors je me venge et puis au moins, tu ne fais plus la tête.

    Il s’arrête au bout de quelques secondes voyant que je me tiens les côtes et que j’essais de reprendre mon souffle. Je suis un genou à terre et je tiens sa tunique. Il s’agenouille en face de moi et prend mon visage entre ses mains. D’un coup, je redeviens sérieux alors que David me regarde avec des yeux tendres.

    -         Je préfère te voir rire. Tu es très beau. Et puis, tu ne me fais plus la tête hein ?

    -         Bien sur que non, répondis-je.

    -         Eh les amoureux ! Vous pourriez aller ailleurs, fait une voix derrière moi.

    Nous nous relevons rapidement et David met un bras autour de mes épaules. Il me sert contre lui avec possession, le visage crispé pour observer la personne qui nous a parlé. Il se radoucit en s’apercevant que c’est un des hommes de notre camp, accompagné de son compagnon. Ils ont une nette différence d’âge mais bon… peu importe s’ils s’aiment ou s’ils s’entendent bien. Je pencherai plus pour une histoire d’amour que d’amitié dans leur cas. Le plus jeune est brun avec de beaux yeux noirs, et est plus grands que son ami. Quant à celui-ci, il a aussi les cheveux noirs avec des petites mèches blanches qui lui donnent un certain charme et aussi qui montre une certaine maturité. Il a les yeux bleus et je suppose que c’est lui qui nous a parlé puisqu’il arbore un sourire franc.

    -         Vous croyez vraiment que c’est le moment ? Dit l’homme. Décidemment, ces jeunes et surtout vous. Vous n’arrivez donc pas à vous contrôler ?

    Je rougis mais ça n’a pas l’air de gêner David plus que ça. J’aimerai bien avoir son contrôle. Il peut rester stoïque dans n’importe quelle situation. Je l’envie quand même. J’en pleurais presque quand je vois la facilité avec laquelle il peut rester impassible face n’importe quelle situation.

    -         Alors, vous rentrez au camp ? Demande toujours le même homme.

    -         Non, répond David. En fait, nous essayons, et je dis bien essayons, d’aller à Thèbes mais nous avons… rencontré quelques obstacles et le jeune homme que vous voyez à côté de moi a décidé de me faire la tête pour de petites paroles sans importance.

    -         Paroles sans importance ? Demandais-je vivement en élevant la voix. T’exagères, tu t’es moqué de moi.

    -         Tu es trop susceptible.

    -         Mais, t’as dit que j’étais petit.

    -         Oui, je sais mais bon, tu sais ce que je pense de toi alors pourquoi tu ne peux pas t’en contenter ?

    -         Heu… quand vous aurez fini de vous chamailler, on pourra peut-être vous accompagner jusqu’à Thèbes si vous voulez.

    C’est ma journée. Tout le monde m’en veut. Je suis un incompris. Et, bien entendu, je ne peux m’empêcher de rougir, toujours de gêne. Je me détourne d’eux, me dégage de l’étreinte de David et je pars en direction de la ville d’un pas décidé et toujours boudeur. Ils ont décidé de se liguer contre moi, aujourd’hui.

    -         Il est toujours comme ça ? Demande le plus jeune d’après sa voix à David.

    -         Oui, toujours.

    -         Et comment tu fais…

    -         Il ne faut pas vraiment se fier aux apparences et puis il n’est pas tout le temps comme ça. Je suis avec lui et c’est comme ça. Je ne pourrais jamais me passer de lui, je le sais.

    -         Oui, tout comme moi avec Tom.

    -         Oh c’est mignon ce que tu dis, fit Tom. C’est pour ça que je t’aime, tiens.

    J’adore la manière désinvolte de Tom. On a l’impression qu’il s’en fout mais j’ai bien vu le regard adorateur et amoureux qu’il a pour son compagnon. Comme tous les couples du bataillon sacré, je sais qu’il donnera sa vie pour son amant. Il a beau dire qu’on est toujours collés l’un à l’autre avec David mais lui n’est pas mieux parfois. Il n’hésite pas à bien s’afficher devant les autres avec son ami. Enfin, il l’a fait une fois quand il était trop bourré et je me souviens que son compagnon a été encore plus gêné que moi. Je m’arrête et attends quand même les trois autres. Les mots de David m’ont fait littéralement fondre. Là, il m’a eu encore une fois. Je ne tourne pas la tête vers lui mais il me prend par la taille arrivé à ma hauteur et m’emmène.

    -         Je me doutais bien que tu reviendrais, dit-il.

    -         Tu sais bien que je ne reste jamais longtemps fâché.

    -         Oh, c’est beau l’amour les jeunes et cette paix est bien appréciable mais elle ne va pas durer malheureusement.

    -         Comment ça ? Demande David.

    -         Une guerre se prépare. Mais vous en saurez plus ce soir. En attendant, mieux vaut profiter de notre journée parce que demain nous serons peut-être sur la route.

    Génial, je me disais bien que cette paix serait de courte durée. Il ne fallait pas se leurrer avec Philippe II qui essaie d’étendre son empire, on devait se douter qu’on irait bientôt à aller nous battre. Ce conflit avec Athènes, nous affecte tous. Je me serre un peu plus contre David et lève la tête pour voir ce qu’il en pense mais son visage reste fermé. Il a juste les sourcils froncés montrant son mécontentement. Nous arrivons enfin à Thèbes après une longue marche accentuée d’un très long silence. C’était assez gênant. En fait, savoir que nous allons peut-être devoir retourner au combat a un peu refroidi l’ambiance. Nous traversons le marché, noir de monde.

    -         Je dois aller chercher mon casque. Je crois que c’est le bon moment pour le récupérer si… Enfin bref.

    Je ne m’attarde pas à en dire plus et j’entre chez l’armurier. Il m’attendait apparemment car il court presque dans l’arrière boutique et revient avec mon casque flambant neuf. Eh bien, c’est plutôt une réussite.

    -         Voilà votre casque, dit-il.

    -         Merci, je vous dois combien ?

    -         Heu… laissez. Gardez votre argent.

    Je reste un moment à le regarder avec étonnement quand je vois sa gêne et son rougissement. Est-ce que c’est moi où je lui plais ? Ca ne me plait pas trop de ne pas payer juste parce qu’il me trouve à son goût. Je sors quand même de l’argent de ma bourse et lui tends.

    -         Non, je vous assure… commence t-il.

    -         Si, j’insiste. Prenez.

    J’entends quelqu’un derrière moi et me retourne. David nous regarde, les sourcils froncés. Il doit se demander pourquoi je mets autant de temps alors que je suis juste venu chercher mon casque. Il s’approche de moi et je le vois à la limite de mettre son bras autour de mes épaules. Je sens qu’il est jaloux. Je dépose l’argent sur le comptoir alors que l’armurier n’ose même plus me regarder par peur de David, j’en suis sûr. C’est vrai qu’il est imposant quand il le veut.

    -         Merci d’avoir réparé mon casque, le remerciais-je. Bonne journée.

    -         Heu… de rien, répond-t-il avec hésitation. Bonne journée à vous aussi.

    Je sors de l’atelier en compagnie de David. Il n’a rien dit depuis que nous sommes sortis. Je n’aime pas quand il est si calme. J’ai l’impression qu’il m’en veut. Mais qu’est-ce que j’y peux moi ?

    -         Tu lui plaisais, fit David après un long silence.

    -         Heu… je… si tu le dis.

    -         Tu le sais très bien.

    -         Tu es jaloux ?

    -         Toujours quand il s’agit de toi mais j’ai aussi confiance en toi. Je comprends qu’on puisse te regarder mais j’aimerai bien te garder juste pour mes yeux.

    Je souris. J’aime bien quand il dit ça. C’est rassurant. Je pose ma main sur son bras et il tourne le regard vers moi à ce contact. Il me sourit, lui aussi. Nous passons devant un marchand de fruits et légumes et je m’arrête.

    -         Tu veux quelque chose ? Demande David.

    -         Hum… une pomme. J’ai envie d’une pomme.

    Sans attendre, David va en acheter une, avant que je n’aie pu dire quoique ce soit. Je le regarde s’avancer pour choisir les fruits. Je l’observe un moment. C’est si simple aujourd’hui de vivre. Mais demain… on ne sait pas ce qui nous attend. Si ce que Tom a dit est vrai, nous sommes bons pour repartir nous battre. J’ai envie de graver dans ma mémoire les petits moments que David et moi nous passons aujourd’hui. Ce sont des actes simples de la vie mais ce sont de bons souvenirs à se rappeler en temps de guerre. Ca fait rêver et on a envie au plus vite d’en finir et de rentrer nous reposer dans les bras l’un de l’autre et reprendre la vie que nous avons laissé derrière nous avant nos combats. Ce sont peut-être de petites choses pour certains mais pour moi, ça représente beaucoup. David revient vers moi, tout sourire en me tendant une belle pomme verte. Apparemment, il a pris d’autres fruits aussi.

    -         Tiens, une pomme pour le plus beau fruit du monde, dit David avec un regard charmeur.

    -         Merci, dis-je en rougissant.

    Pourquoi faut-il qu’il soit si… attirant et si charmeur ? Et il a toujours les mots pour me faire rougir. Ah ! Rougir aussi souvent que je le fais, ça porte un peu atteinte à ma virilité. Je reprends un peu mes esprits et nous continuons notre route. Après une heure en ville, nous reprenons le chemin du retour. Nous retraversons les pleines de Thèbes pour retrouver notre campement. Cette fois, nous mettons moins de temps qu’au retour, moi mangeant ma pomme et David m’observant.

    -         Tu n’en manges pas ? Dis-je la bouche à moitié pleine.

    -         Tu ferais mieux d’avaler sinon tu vas t’étouffer, fit David avec un petit rire.

    -         Te moques pas de moi, continuais-je toujours avec des morceaux de pommes dans la bouche.

    -         Tu es vraiment mignon.

    Nous arrivons au camp et David et moi nous dirigeons directement dans notre tente. Tom et son compagnon sont déjà là et nous ont fait signe quand nous sommes arrivés. Je pense que nous irons les voir tout à l’heure. Je dépose mon casque à côté du reste de mon armure tandis que David est assis sur notre lit, enfin un lit c’est beaucoup dire. A vrai dire, je ne me souviens pas avoir déjà dormi dans un vrai lit avec des draps de soie, surélevé à quelques centimètres du sol. Et je ne suis pas sûr que je le fasse un jour.

    -         Tu crois vraiment que ce qu’a dit Tom est vrai ? Demandais-je

    -         Oui, je pense. J’ai vu plusieurs soldats tendus. Je pense qu’ils savent.

    C’est à ce moment là qu’un des généraux avec un air sérieux entre dans notre tente. Nous savons d’avance ce qu’il va nous dire.

    -         Une réunion du bataillon est prévue dans dix minutes. Soyez-là.

    -         D’accord, répondirent David et moi en cœur.

    Le général sort, toujours avec son air grave sur le visage. Je jette un œil à David pour avoir son avis.

    -         Plus de doute, demain on est reparti, fit David. Je me demande si c’est encore à cause de Philippe II de Macédoine. Il essaie depuis longtemps d’étendre son empire. Et il paraît aussi que son fils Alexandre participe maintenant à quelques unes de ses batailles.

    -         Comment tu le sais ?

    -         J’ai parlé avec certains soldats qui ont des sources sur ce qui se passe un peu partout en Grèce. Il parait qu’Alexandre est très beau et très jeune aussi. Peut-être trop jeune pour aller se battre mais il semblerait qu’il ait tué son premier homme à douze ans pour défier son père. Enfin, est-ce que c’est vrai ? Il faudrait avoir une source plus sûre.

    Je reste un moment silencieux. David a sûrement raison, je pense que c’est contre Philippe que nous devrons nous battre. Nous connaissons sa réputation. Tout le monde dit que les Macédoniens sont des barbares mais parfois, j’ai la nette impression que ce ne sont pas les seuls. Je m’assois à côté de David et il me serre contre lui. Je me demande ce que vaut cet Alexandre pour qu’on en parle jusqu’ici ?

    -         Il est si jeune que ça ? Demandais-je.

    -         Oui, il paraît qu’il a dix-huit ans.

    -         Et tu trouves que c’est trop jeune ?

    -         Oui, trop pour un fils de roi.

    -         Moi, je ne pense pas. Je crois justement que s’il est arrivé à se faire accepter dans l’armée de son père, c’est que c’est un bon soldat et peu importe l’âge. Bon ! Je pense que nous devrions y aller.

    Nous nous levons et sortons. Nous nous enfonçons dans le cœur du camp pour nous retrouver avec tous les autres couples formant le bataillon sacré.

    -         Si nous vous avons tous réunis, dit un des généraux, c’est parce que demain nous devons partir pour Chéronée. Thèbes a conclu une alliance avec Athènes pour se battre contre Philippe.

    Tout le monde reste silencieux à cette annonce. Alors Thèbes s’est bien alliée à Athènes ? C’est plutôt inattendu et je suis sûr que Philippe ne devait pas s’y attendre. Je me demande ce qu’il s’est passé. Enfin, ça ne nous regarde pas vraiment. Je suppose que nous devrons aller nous battre contre les Macédoniens à Chéronée, mais est-ce une bonne chose ? Je ne sais pas. Je ne peux pas donner mon avis, ne connaissant pas tous les détails et surtout je suivrais comme les autres.

    Peu importe qui est mon ennemi, je dois le combattre puisque c’est la volonté de Thèbes. Et pourtant si je pouvais choisir… Seulement, j’ai choisi de donner ma vie à cette armée tout comme David. Alors… je ne faiblirais pas.

    Soudain, j’entends des bruits venir à mes oreilles. Je ne pourrais pas dire à quel moment les soldats ont commencé à parler entre eux. J’étais tellement perdu dans mes pensées comme à mon habitude quand il y a quelque chose qui semble curieux. Je me tourne vers David pour avoir son avis mais lui observe le général, son sourcil droit froncé.

    -         Je sais que c’est… inattendu, continue le général. Cependant puisque Thèbes est maintenant allié avec Athènes, ils ont décidé que nous irions nous battre contre les Macédoniens. Nous partons demain. Préparez vos affaires et ne prenez que ce qui est nécessaire.

    J’ai un mauvais pressentiment. Je ne sais pas trop. J’ai l’impression qu’on ne devrait pas y aller. Je n’ai pas peur, ce n’est pas ça mais, je ne sais pas. Ca ne me tente pas trop. Bon, soyons positif, on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Nous repartons David et moi à notre tente après que le général nous ait donné congé.

    -         Je ne pensais pas qu’on allait être du côté d’Athènes, fit David alors que nous rentrons dans notre tente. J’aurais cru plutôt le contraire. Mais bon, on ne peut pas juger les décisions des dirigeants même si elles peuvent s’avérer mauvaises parfois. Et puis, on n’a pas eu beaucoup de détails.

    -         Oui, je pense la même chose. Mais de toute façon, on est repartit pour la guerre, maintenant, c’est sûr.

    Le soir même, Tom et son compagnon vinrent dans notre tente pour discuter un peu. Apparemment, ils ont l’air de nous apprécier. Ils restèrent quelques heures avant de repartir dans leur tente. J’ai appris le nom du compagnon de Tom, il s’appelle Amyntas. C’est vrai que je n’avais pas pensé à lui demander son nom. Je me serre contre David. J’ai envie le plus possible de profiter de lui, d’avoir son corps près du mien. J’en ai envie de sentir l’odeur de sa peau et la caresser. Lui, est en train de me caresser la joue et dépose un baiser furtif sur mes lèvres. Je ferme les yeux.

    -         Qu’est-ce qu’il y a ? Demande David.

    -         Rien. Je t’aime, dis-je en rouvrant mes yeux pour regarder ceux de David.

    -         Moi aussi, je t’aime. Je sais que tu es toujours nerveux avant une bataille. Ne t’inquiète pas, ça ira.

    -         La seule crainte que j’aie, c’est qu’il t’arrive quelque chose.

    -         Tout comme moi mais t’en fais pas, on est ensemble alors ça ira.

    -         Oui.

    Il me sourit et m’embrasse sur la tempe puis sur les lèvres. Il commence à descendre sur mon cou. C’est tellement bon quand il fait ça. Il continue comme ça et bientôt j’oublie vite tout ce qu’il y a autour de nous, la guerre, les autres soldats. Je ne pense qu’à David et rien qu’à lui. Il n’y a que lui qui compte pendant ces moments intimes.

    A l’aube, tous les soldats sont prêts à partir tout comme David et moi. Tom et Amyntas nous ont rejoint. C’est à Chéronée que va avoir lieu notre bataille contre Philippe et Alexandre. Des soldats Athéniens devraient nous rejoindre sur la plaine. Après tout, c’est plus leur combat que le notre. Mais, nous devons suivre.

    -         Alors, prêt les jeunes ? Demande Tom avec un sourire.

    -         Oui, bien sûr, répondis-je.

    -         Et la peur ?

    -         Non, ça va. J’ai l’impression d’avoir connu pire.

    -         Je suppose que Philippe a hâte de faire tomber Athènes mais c’est sans compter sur notre bataillon, continue Tom.

    -         Vous êtes toujours aussi confiant ? Demande David.

    Je regarde David. Il a son air sérieux des grands jours. Enfin, disons qu’il n’a pas aimé être sorti du sommeil en fanfare. Mais, je peux comprendre qu’il ait posé cette question. Tom est très confiant et il croit en notre bataillon. Je préfère rester mesuré. Je sais très bien que le bataillon existe depuis longtemps. Mais, même les grands peuvent tomber. Dans notre cas, il vaudrait mieux que ce soit Philippe qui tombe.

    Nous prenons la route en direction de Chéronée. Elle n’est pas très longue, à peine quelques jours de marche. Ce qui est moins supportable, c’est la chaleur. J’ai appris que Philippe avait voulu faire alliance avec Thèbes, il y a dix mois mais très peu de monde le savait. Dire que ça fait dix mois qu’ils savent qu’une alliance était en cours entre Athènes et Thèbes et que nous n’avons été prévenu qu’hier. Après une longue journée de marche, nous arrivons près du lieu du combat. Nous nous installons, il paraîtrait que Philippe ne serait plus très loin d’ici. Nous devons le retenir avant qu’il atteigne Athènes. Je me demande à quoi il ressemble. J’aimerais bien aussi voir Alexandre, pour savoir si ce qu’on dit sur sa beauté est vrai. Je suis très curieux.

    Trois jours après, on nous informe que Philippe est arrivé mais que pour l’instant, il ne bouge pas. Nous sommes sur le pied de guerre attendant le moment opportun pour attaquer. Après encore une journée d’attente, Philippe se décide enfin à bouger. Notre bataillon sacré est prêt, parfaitement en ordre, organisé et comme à son habitude en couple. Je jette un œil à David qui lui pose sa main sur mon bras pour un dernier encouragement. Je regarde autour de moi. Tous mes autres compagnons n’ont pas la même expression, certains restent impassibles, le plus souvent les plus âgés. D’autres sont plus inquiets et anxieux surtout les nouveaux venus. Je lis la peur sur leur visage. On a toujours un peu de peur intérieur car aller se battre n’a rien de plaisant. On peut mourir à tout moment ou perdre sa moitié dans la bataille.

    Je n’arrive pas à voir les soldats macédoniens. Je ne pourrais même pas dire qui est Philippe, ni qui est Alexandre. Mais d’après ce que j’entends, le roi se trouve sur l’aile gauche et Alexandre sur l’aile droite. Nous sommes supérieurs en nombre mais ils ont une bonne cavalerie. Il faut être très prudent.

    Je serre fort mon bouclier et mon glaive. J’ai un mauvais pressentiment. Je le sens depuis l’annonce de cette guerre. Philippe est quelqu’un de très habile en matière de combat et tout le monde sait qu’il a plus d’une victoire à son actif. Il a été formé par Epaminondas et Pélopidas, les créateurs du bataillon sacré. Il a un avantage certain sur nous, car il connaît déjà notre technique de combat. Cette bataille ne va pas être de tout repos et je pense que l’on peut s’attendre à tout avec lui.

    -         J’ai un mauvais pressentiment, avouai-je à David.

    -         Ce n’est pas le moment d’avoir des doutes. Laisse-les aux dieux et ne pense qu’à l’ennemi.

    -         Oui.

    David est très concentré. Bien plus que moi mais il a plus de maîtrise. Pourquoi je ne suis pas comme lui ? Je n’arrive pas à me sortir ces doutes de la tête. Je respire un bon coup. Personne ne semble bouger pour le moment. La tension est bien présente. Je remarque un Athénien, se trouvant un peu plus loin, trembler comme une feuille. Quelque chose me dit qu’il a envie d’être ailleurs et je peux bien le comprendre. Personne à part moi ne semble remarquer que cet homme est sur le point de se faire dessus ou pire qu’il est sur le point de s’évanouir.

    Ils sont tous concentrés sur ce qu’il y a devant eux, ne se préoccupant aucunement de ce qu’il y autour. Je jette un œil sur mes compagnons du bataillon. Chaque couple est serré l’un contre l’autre. Je me rapproche de David, juste pour sentir sa présence. Bientôt, les soldats Athéniens commencent à bouger. Ca y’est ça commence. Nous ne bougeons pas pour le moment puisqu’on ne nous en a pas donné l’ordre. Cependant les autres soldats semblent se diriger sur Philippe. Pourquoi bougent-ils tous de ce côté ? Je le vois avancer. Est-ce qu’il gagnerait du terrain ? Je jette un œil à David.

    -         Tu n’as pas l’impression… commençais-je.

    -         Oui, je ne pense pas que ce soit une bonne idée que tous les soldats partent sur l’aile gauche. Nous serons en nombre inférieur s’ils tentent une attaque sur l’autre aile.

    -         Tu as raison David, intervint Tom qui est près de nous. Mais nous ne pouvons pas bouger pour le moment. La ligne s’étire et même si nous sommes supérieurs en nombre, se disperser comme ça est une mauvaise idée.

    J’observe la scène. Et Tom a raison. Ils commencent tous à se disperser pour courir après Philippe. Mais l’aile droite, que fait-elle ? Nous ne voyons pas grand-chose. Puis, d’un coup, des cavaliers arrivent sur nous passant dans une brèche laissée à cause de la dispersion des soldats Athéniens.

    Ils viennent tout droit sur nous. Un homme est à la tête de cette cavalerie. Il les mène et tous le suivent avec ferveur. Serait-ce lui Alexandre, fils de Philippe II de Macédoine ? David et moi sommes face à lui. Je jette un regard autour de moi, personne n’a bougé de sa place. Puis, nous commençons enfin à nous déplacer. Contre des cavaliers, il est plus difficile de se battre mais ce n’est pas impossible.

    -         Ils foncent sur nous, fit David avec une grimace. Si on ne bouge pas, on va se faire bloquer.

    Et ça ne se fit pas attendre. Alexandre fonce sur nous et a réussi à nous encercler. Nous commençons à nous battre, évitant les coups mais je vois des amis tomber. Chacun se protège mutuellement mais tous tombent les uns après les autres. Alexandre est descendu de son cheval et se bat comme un vrai guerrier. Je reste près de David, le protégeant quand je le vois en difficulté et lui faisant de même pour moi. Mais les couples s’écroulent autour de nous. Tom est près de nous et cherche apparemment Amyntas. Je ne peux m’occuper plus d’eux et dois retourner à notre combat.

    Soudain, par manque d’attention ou par un bon coup bien placé, je me sens transpercé. Je m’écroule à genoux, levant la tête pour croiser les yeux bleus de prince de Macédoine. David, près de moi commence à s’attaquer à Alexandre mais celui-ci après une habile manœuvre lui fait subir le même sort qu’à moi. David s’approche de moi difficilement alors qu’Alexandre est déjà reparti se battre un peu plus loin. Je m’accroche à David.

    -         Tu vois, dis-je en crachant du sang. Que j’avais un mauvais pressentiment. Je t’aime.

    -         Je t’aime aussi.

    Je sens le froid m’envahir et je m’écroule à terre. Ma blessure est profonde et je sais que je ne survivrais pas, tout comme David. Lui, à une entaille sur toute la longueur de torse. Je me demande même comment il n’est pas mort sur le coup. David tombe près de moi. Je m’approche difficilement de lui pour poser un dernier baiser sur ses lèvres avant de fermer les yeux. David met ses bras autour de moi, je sens son cœur ralentir comme le fait le mien. Alors que le sien s’arrête, je sens une larme couler sur ma joue avant que mon cœur lui aussi ne cesse de battre pour que je puisse rejoindre mon amour dans le royaume d’Hadès. Maintenant, plus rien n’importe puisqu’il n’y aura plus de lendemain. Le bataillon sacré est mort.

     

     


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