• 10 Epilogue

    La fin du bataillon sacré

     

    La bataille de Chéronée marqua la fin du bataillon sacré de Thèbes. Deux cent cinquante quatre des trois cents soldats furent tués par les Macédoniens sous le commandement d’Alexandre Le Grand. Celui-ci se rendit sur le champ de bataille, le lendemain, avec l’envie de revivre cette bataille. Il était jeune et il n’en avait pas encore vu assez. Son père lui avait souvent parlé du bataillon sacré de Thèbes. Philippe avait vécu parmi les soldats et avait appris tout ce qu’il y avait à savoir sur l’art de la guerre. C’était même sans doute grâce à eux, qu’aujourd’hui, Alexandre avait pu les vaincre.

    -         A quoi ont-ils pu penser, Héphaistion ? Demanda le prince de Macédoine en regardant deux soldats morts enlacés sur le sol.

    -         Je ne sais pas. Ils souhaitaient certainement se protéger mutuellement.

    -         Crois-tu que certains se soient suicidés parce que leur compagnon s’est fait tué ? Demanda Alexandre en s’accroupissant devant le couple.

    -         C’est possible, mais je pense qu’ils se sont battus jusqu’à la mort. Ils se sont battus avant tout pour Thèbes, tu ne penses pas ?

    -         Oui, tu as sans doute raison. Ils se sont battus jusqu’à la mort, contrairement aux Athéniens.

    -         Alexandre…

    -         Mon père est venu tout à l’heure. Il les considère comme des héros, mais il refuse que les Thébains récupèrent leur corps pour l’instant. Il leur en veut d’avoir choisi Athènes. Il a été formé à Thèbes par celui qui a crée le bataillon sacré. Où en serait-il s’il n’avait pas été envoyé comme otage ?

    -         Je ne peux pas répondre, fit Héphaistion. La question ne se pose même pas.

    -         Je sais, mais serait-il devenu le roi qu’il est maintenant ?

    -         Tu te poses des questions qui ne trouveront aucune réponse, Alexandre. Laisse-les reposer en paix. Ils ont le droit d’être tranquille à présent.

    -         Tu as raison, seulement…

    Alexandre hésitait à dire quoi que ce soit d’autre. En dire plus servirait-il à quelque chose ? Ces hommes étaient morts. Le reste du bataillon était blessé. C’était la fin de leur ascension et les soldats vivants allaient très certainement arrêter de se battre. Ils avaient perdu.

    -         Seulement quoi ? Demanda Héphaistion tout en sachant que ce n’était pas une bonne idée de continuer sur ce sujet.

    -         Seulement, je ne sais pas. Je crois que j’aurais voulu moi aussi en découvrir plus sur eux. J’envie mon père d’avoir accédé à leur secret. Je suis jaloux et je n’aime pas ça.

    -         Alors, ne le sois pas.

    -         C’est plus facile à dire qu’à faire. Ils avaient une formation d’attaque et de défense impressionnante et malgré cela, ils ont perdu. Ils nous étaient supérieurs en nombre.

    -         Mais nous les avons vaincus, Alexandre. Pourquoi vouloir refaire la bataille ? Nous avons gagné.

    -         Oui, gagné, grâce à eux.

    -         Non, grâce à toi et à ton talent. Tu es un bon chef, n’en doute pas. Tu les as vaincu avec leur stratégie et ils se sont battus comme des héros, sois fier de cette bataille. Elle restera dans l’histoire.

    -         Je suis fier, Héphaistion.

    Alexandre s’agenouilla face aux soldats qu’il regardait depuis plusieurs minutes et prit le temps de se recueillir, puis il se leva et parti en compagnie de son ami, non sans jeter un regard vers les deux soldats enlacés du bataillon sacré.

    Philippe II, roi de Macédoine, annonça que les soldats du bataillon sacré de Thèbes seraient considérés comme des héros. Les soldats du bataillon furent enterrés dans une sépulture commune. Les Thébains firent construire une stèle en leur honneur, ornée d’un lion de pierre. « Maudits soient ceux qui soupçonnent ces hommes d'avoir pu faire ou subir quoi que ce soit de honteux. » Ainsi furent les mots de Philippe à l’endroit où avait péri le bataillon sacré de Thèbes.

     

     


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