• 8 Mantinée

     

    -362 av. J-C

     

    Cela fait près de deux ans que Pélopidas, mon cher ami a disparu lors de la bataille de Cynocéphale. Je l’avoue, il me manque. Nos discussions me manquent. Les années passent et je vieillis malgré moi et pourtant, je ne me vois pas être autre chose qu’un soldat. Diriger notre armée, c’est tout ma vie. Thèbes est toute ma vie. Longtemps, on m’a reproché de n’avoir pas eu de femme, ni d’enfants, mais ça n’a jamais été dans mes priorités et encore maintenant, ce n’est toujours pas ce qui me préoccupe.

    -         Encore dans la lune, Epaminondas, dit Gorgidas.

    -         Non, je réfléchissais.

    -         A quoi ?

    -         A ma vie, à ce qui se passe en ce moment. Les Arcadiens partent sur une mauvaise voie, je crains que l’on ne doive faire quelque chose.

    -         Donc, tu comptes faire quelque chose ?

    -         Oui.

    -         Et quoi ?

    -         Tu es bien curieux, dit Epaminondas.

    -         Je me demande juste ce qu’il y a dans ta tête. Tu es tellement mystérieux parfois et surtout, tu élabores des stratégies si rapidement que je me demande toujours comment tu fais.

    -         Aucune idée, ça vient… tout seul.

    -         Bien sûr, dit Gorgidas en grimaçant.

    Gorgidas lève les yeux au ciel. Il ne vaut mieux pas qu’il insiste de toute façon. Je ne comprends pas moi-même comment je fais. Nous restons un moment à discuter jusqu’à ce qu’il soit temps d’aller au Conseil.

    Le sujet de l’Arcadie est abordé. Les autres membres m’écoutent attentivement et comme je m’y attends, ils ne vont pas contre mes idées au contraire. A la fin de la réunion, je finis par avoir la charge du dossier Arcadien. Je compte me préparer au mieux, avec le bataillon sacré. Il est important que nous soyons victorieux. Sans cette victoire les autres pays risquent de croire que nous faiblissons et il est hors de question que ce soit le cas. La plupart des pays nous craignent, ceci fait après plusieurs batailles, mais le résultat est là.

    -         Enfin terminé, dit Gorgidas à côté de moi.

    -         Tu t’es ennuyé ?

    -         Non, mais… Bon d’accord, un peu, mais pas pendant ton intervention, je te rassure.

    -         Mais bien sûr.

    Gorgidas parait mal à l’aise, comme d’habitude quand il se sent pris en faute. Nous marchons un peu côte à côte et nous dirigeons vers la Cadmée. Les soldats du bataillon sacré doivent être en train de s’entraîner. Nous avons recruté récemment un couple de soldat assez prometteur et ils ont été pris en charge par Léandre et Alexis. Je leur fais confiance, ils sont là depuis longtemps.

    -         Tu sais, je suis étonné de la tournure qu’on prit les choses.

    -         Comment ça ? Demande Gorgidas.

    -         Les soldats du bataillon sont beaucoup plus liés que dans la plupart des autres bataillons.

    -         Liés, c’est bien le mot. La plupart sont même amants et ils se font confiances mutuellement. S’ils ont été choisi, n’est-ce pas pour leur capacité à combattre en binôme ?

    -         Oui, c’était l’idée, en effet, répondis-je.

    -         Alors, tout va bien.

    -         Oui, tu as sans doute raison.

    Nous arrivons enfin et je remarque que certains soldats sont en train de faire la course, tout en s’amusant. Au moins, ils ne s’ennuient pas, c’est déjà ça. Je rejoins un groupe de six personnes. Parmi eux, Léandre et Alexis, Sasha et Ewan et les deux nouveaux Tom et Amyntas. Ils sont encore jeunes, avec peu d’expérience. Amyntas en particulier. C’est un gamin qui sort à peine de l’enfance et qui a voulu suivre son compagnon. Tous me saluent et je remarque qu’Amyntas est un peu gêné. Je lui fais un sourire rassurant.

    -         Quand partons-nous ? Demande Sasha. Je suis impatient.

    -         Impatient d’aller te battre, Sasha ? Et comment sais-tu que nous allons bientôt partir ?

    -         Je sais ce qui se passe, dit le soldat. Nous allons en Arcadie, non ?

    -         Oui, tu es bien informé.

    Je suis étonné de constater à quelle vitesse vont les informations. Ca ne fait pas très longtemps que nous avons prévu une attaque contre les Arcadiens, alors comment peuvent-ils être déjà au courant ? Je regarde Gorgidas qui est un peu plus loin, avec un soldat à qui il fait de l’œil, pour changer. Je crois savoir d’où est partie la fuite. Ca ne me gêne pas, mais l’information n’était pas encore officielle. J’observe le groupe un moment et remarque la poigne possessive de Tom sur son compagnon.

    -         Tenez-vous prêts. Nous partirons bientôt. Profitez-en pour vous reposer un peu, la route risque d’être longue.

    -         Le général Gorgidas ne nous laissera pas nous reposer, dit Alexis.

    -         Alexis, ne dit pas ce genre de chose, dit Léandre.

    -         Non, laisse-le, dis-je en souriant. Il a le droit de se plaindre, je ne dirais rien au général. Cependant, faites quand même attention à ce que vous dites et à qui vous le dites.

    -         Oui, dit Alexis.

    -         Bien, je vais vous laisser. Je vais aller voir le tyran.

    Alexis se met à rougir et je ne peux m’empêcher de rire. Je jette un œil à Tom et Amyntas. Ce dernier est pâle, comme s’il comprenait seulement maintenant où il est. Je rejoins Gorgidas.

    -         N’importune pas les soldats, dis-je derrière son dos.

    -         Epaminondas, tu m’as fait peur, dit-il en se tournant vers moi, surpris.

    -         Je vois ça.

    -         Je n’importune pas les soldats, n’oublie pas que je suis leur général.

    Le soldat repartit, un peu gêné et je ne peux m’empêcher de soupirer. Gorgidas me regarde, un peu contrarié.

    -         Arrête de te mêler de mes affaires, dit-il.

    -         Je ne m’en mêlerais pas, si tu ne les affichais pas en place public.

    -         Ce n’est pas le cas, mais…

    -         C’est bon, j’ai compris. Gorgidas, étant donné que nous partons bientôt, laisse les soldats se reposer un peu.

    -         Mais… il faut qu’ils soient prêts.

    -         Je suis sûr qu’ils le sont. Ils ne vont pas rentrer de si tôt, laisse-les profiter de leur famille. Certains ne reviendront certainement pas.

    Gorgidas détourne le regard. Depuis que son dernier compagnon est mort, il est de plus en plus dur avec les soldats. Je me demande s’il croit qu’il a été incompétent jusqu’ici. Selon moi, il a fait du très bon travail, mais les pertes sont inévitables, durant la guerre.

    -         Tu fais des miracles Gorgidas, mais si tu les forces trop, ils vont être épuisés.

    -         Tu as sans doute raison.

    -          Ne t’en fais pas, je suis sûr que ça ira, mais lâche du leste, c’est important. Tu n’en seras que mieux respecté encore.

    Gorgidas ne répond rien. Je crois que j’ai touché juste. Je pose une main sur son épaule pour le rassurer.

    -         Bien, je vais te laisser, alors n’oublie pas ce que je t’ai dit.

    -         Oui, j’ai compris.

    Trois jours plus tard, nous sommes prêts à partir. Tous les soldats sont sur le qui vive, je crois que certains ont peur. Il y a beaucoup de nouveaux, sauf pour le bataillon sacré qui n’a pas beaucoup bougé depuis plusieurs années. J’ai du mal encore à croire qu’ils arrivent à se défendre aussi bien. Les faire travailler en couple a l’air de décupler leur force. Ils refusent de mourir.

    -         Alors, vous êtes prêts ? Demandais-je à Léandre.

    -         Oui, dit-il. Et je ne sais pas ce que vous avez dit au général Gorgidas, mais il nous a laissé tranquille pendant ces trois jours. D’ailleurs, on ne l’a quasiment pas vu.

    -         Pas vu ?

    -         Non, il a seulement laissé ses instructions et nous ne l’avons pas revu à la Cadmée.

    Je ne dis rien et jette un œil à Gorgidas qui est déjà prêt à partir. Je souris à Léandre pour le rassurer avant de partir à la rencontre de mon ami. Finalement, mes paroles ont dû l’ébranler beaucoup plus que je ne le pensais. J’arrive près de Gorgidas qui est monté à cheval.

    -         Viens marcher un peu, dis-je.

    -         On va partir, dit-il.

    -         S’il te plait, insistais-je. On peut attendre quelques minutes, ça ne changera pas grand-chose.

    -         C’est toi qui dis ça alors que tu dis toujours que chaque minute compte.

    -         Oui je l’ai dit, mais parfois, il faut prendre son temps pour régler certains problèmes plus importants.

    -         Des problèmes plus importants ? Qui y’a-t-il de plus important que la mission ?

    -         C’est vrai que c’est important, dis-je. Mais il est nécessaire de régler certaines choses pour que le reste puisse se dérouler sans encombre.

    Gorgidas me regarde, ne comprenant visiblement pas où je veux en venir. Je lui fais signe de me suivre et il descend de cheval, sans un mot. Nous marchons lentement en silence, mais je sais qu’il est fébrile et que pour lui, c’est une perte de temps.

    -         Epaminondas, va droit au but, dit-il finalement. On doit partir.

    -         Je sais, mais rien ne se fera tant que tu seras dans cet état.

    -         De quoi tu parles ?

    -         Tu as changé Gorgidas, dis-je. Depuis qu’il est mort, tu n’agis plus de la même façon. Les soldats se posent des questions.

    -         C’est n’importe quoi.

    -         Tu nies l’évidence, mais les soldats commencent à te craindre et ce n’est pas bon pour un chef de guerre d’être craint. Tu risques d’avoir des défections et certains pourraient se rebeller.

    Il me regarde, un peu surpris. Je crois que c’était mieux d’aller droit au but. Il détourne finalement la tête et je crois qu’il a compris ce que je viens de lui dire. Il ferme les yeux et soupire.

    -         Je sais que tu as raison, dit-il. Mais je ne sais pas comment faire…

    -         On ne te demande pas de l’oublier, mais d’aller de l’avant. Tu n’es pas responsable de ce qui s’est passé. On ne peut pas éviter les pertes.

    -         Mais j’aurais pu…

    -         Tu n’aurais rien pu faire, il était loin et c’était inévitable. Les dieux l’ont voulu ainsi.

    -         Mais…

    -         Gorgidas, il faut te reprendre, sinon ça ne sert à rien de partir aujourd’hui. Je préfère que tu restes à Thèbes et que tu réfléchisses à tout ça.

    -         Quoi ? Tu plaisantes ? Je ne peux pas les laisser.

    -         Alors que décides-tu ?

    Je vois qu’il est complètement perdu. Je le laisse à ses réflexions et rejoins le bataillon sacré. Sasha et Ewan viennent vers moi. Tom et Amyntas ne sont pas loin. Léandre et Alexis n’ont plus l’air d’être dans le coin.

    -         Maître Epaminondas, dit Sasha.

    -         Nous partons bientôt. Le temps que le général Gorgidas se prépare.

    -         Il n’était pas prêt ?

    -         Il le croyait, mais il a encore une dernière chose à régler.

    Sasha me regarde sans comprendre et je lui souris. Tant qu’il n’aura pas fait la paix avec lui-même Gorgidas aura du mal à revenir à ce qu’il était. Nous attendons près d’une heure avant de partir et je vois enfin mon ami apparaître.

    -         Alors ? Demandais-je.

    -         C’est bon, dit-il. J’ai compris.

    -         Qu’est-ce que tu as fait pendant une heure ?

    -         Je suis allé me faire pardonner, dit-il en souriant.

    Je ne comprends pas très bien, mais je ne peux qu’imaginer. Il s’éloigne et reprend son cheval avant de décider du départ.

     

    Cela fait déjà quelques jours que nous avons pris la route de l’Arcadie. Nous sommes presque arrivés et je suis certain qu’un comité d’accueil nous attend. Nous arrivons près de Mantinée, je pense que c’est à cet endroit que la bataille aura lieux. Je regarde les hommes s’affairer à monter les tentes et je me demande parfois si je n’ai pas tort. Pourtant, je n’ai vécu que pour la guerre et les combats et j’ai vu tomber beaucoup de Thébains, de Béotiens et des soldats d’autres armées.

    -         Tu as l’air pensif, dit Gorgidas en s’asseyant à côté de moi.

    -         Je réfléchissais.

    -         Tu réfléchis beaucoup ces temps-ci.

    -         Ah ! Sûrement. Demain, nous arriverons à Mantinée. C’est là que nous rencontrerons les Arcadiens.

    -         Angoissé ?

    -         Non, pas vraiment.

    Si je suis angoissé, ce n’est pas pour moi. J’ai l’habitude des combats, de la guerre. Ma vie n’a été consacrée qu’à Thèbes. Je n’ai pas de famille, si je meurs, je ne laisserai personne derrière moi, à part mes soldats. Je me lève et marche lentement, suivi de Gorgidas.

    -         Tu pense que ça ira ? Demande Gorgidas.

    -         Il n’y a aucune raison. Je mènerais le bataillon sacré, si tu veux bien.

    -         Hein… oui, si tu veux.

    -         Tu as l’air déçu.

    -         Non, mais… Tu es sûr ?

    -         Oui, j’en suis sûr.

    -         Bien, fais comme tu veux.

    Il repart et finit par entrer dans la tente d’un soldat et je ne peux m’empêcher de soupirer. D’un autre côté, je n’ai rien à dire. Demain, nous ne savons pas si nous rentrerons à Thèbes, je ne peux pas lui reprocher, mais je pense simplement que ce n’est pas vraiment le moment. Peu importe, je me pose sûrement trop de questions.

     

    Le lendemain, nous avançons près de Mantinée, un soldat nous a confirmé la présence des Arcadiens. Ils sont bien là. Je prends une profonde inspiration avant de donner mes ordres. Nous n’attaquerons pas tout de suite. Je ne sais pas encore combien ils sont, pour juger de la meilleure stratégie à adopter.

    -         Maître, est-ce que ça ira ? Demande Léandre près de moi.

    -         Oui, je pense qu’on a une chance. Reste à savoir combien ils sont. Vous êtes prêts ?

    -         On l’est toujours. On suivra vos ordres.

    -         Bien.

    L’éclaireur revient, essoufflé. Ils ne sont pas très loin, mais il a dû courir pour revenir au plus vite. Il me fait part de leur position exact et du nombre approximatif qu’ils sont. Comme je m’y attendais, nous pourrons enfoncer les lignes adverses grâce au bataillon sacré.

    -         Maître, attendez, dit le l’éclaireur. Il faut prendre en compte autre chose.

    -         Qu’est-ce qu’il y a ?

    -         Les troupes Spartiates sont avec eux, ce qui augmente leur effectif, mais l’essentiel se trouve sur l’aile droite.

    J’aurais dû me douter, qu’ils n’agiraient pas seuls. Et Sparte à un sérieux ressentiment envers nous depuis la dernière bataille. Cependant, je pense que ma stratégie va fonctionner. Il nous suffit d’être organisé.

    -         Alors, que faisons-nous ? Demande Léandre.

    -         On fait exactement ce que j’ai dit. L’intervention de Sparte ne changera rien.

    D’un seul coup, je me sens las et je ne sais pas pourquoi. Est-ce parce que ces guerres m’épuisent ? Les Arcadiens ont voulu une paix séparée, ils se sont emparés de l’Elide et du trésor d’Olympie et ils ont obtenu gain de cause. C’est une mauvaise plaisanterie, qui mène à cette bataille.

    -         Maître ? Demande Alexis près de son compagnon.

    -         Tout va bien, dis-je.

    Je lui jette un œil. Il a l’air anxieux parce que je ne fais rien pour l’instant. Je donne mes ordres. Je vois Gorgidas faire de même. J’ai l’impression d’être dans le flou, pourtant, je sais très bien ce que je fais. Nous avançons vers l’ennemi et je constate que le roi Agésilas est là. Ca n’en sera que plus intéressant. Nos troupes s’observent. J’entends chuchoter mes soldats derrière moi.

    -         Qu’est-ce qu’on attend ? Dit un soldat.

    -         Je ne sais pas, répond un autre.

    Je me retourne pour savoir qui a dit ça, mais il reste tous prêts. J’observe tous les soldats et ne peux m’empêcher de les dévisager, graver leurs visages graves dans ma mémoire, pour ne pas les oublier. Parce qu’il est probable que certains ne reviennent jamais. Le bataillon sacré se bat en couple, je sais très bien que certains ne survivront pas si leur compagnon est tué. C’est triste à dire, mais c’est comme ça.

    L’ennemi est face à nous et nous avons décidé d’adopter la même stratégie que lors du combat contre Sparte. Notre troupe d’élite est renforcé alors que la leur est en nombre réduit. Ils ne pourront pas faire face à notre bataillon sacré. Le combat commence. Nous enfonçons les lignes adverses sans difficulté et ils se retrouvent vite désorganisés. Je suis descendu de mon cheval et je me bats contre l’ennemi. C’est plus difficile que d’habitude. Je regarde autour de moi. Le bataillon sacré se bat en ordre. Un soldat, Sasha, je crois, vient vers moi.

    -         Maître, tout va bien ?

    -         Oui, ne t’en fais pas. Attention à toi.

    Il acquiesce et repart près de son compagnon. Je ne sais plus vraiment où donner de la tête. Je pense qu’il serait judicieux d’éliminer le général de l’armée adverse mais je ne vois plus rien. Il y a du sang partout. J’ai l’habitude bien entendu, mais cette fois c’est différent. J’avance à travers les lignes, me débarrassant de l’ennemi, je donne mes ordres, essayant de regrouper les troupes pour qu’elles ne se dispersent pas trop.

    Je rejoins presque Gorgidas qui se défend comme un lion, alors que moi je peine de plus en plus. Je n’ai plus vingt ans malheureusement et les adversaires face à moi sont beaucoup plus jeunes. Je me défends encore pas mal, mais je sens que je recule, si bien qu’à un moment, je ne vois pas le coup venir. Je m’écroule, un genou à terre. Je regarde mon ventre qui saigne abondement et je me laisse tomber. Je ne sais même pas qui m’a assené ce coup. Je regarde autour de moi. Je commence à voir flou, je suis à terre, mais je sais que ça va. Ils peuvent se débrouiller sans moi.

    Je sais que tout ira bien, même si je comprends que ma vie va se terminer ici, à Mantinée. Je ne suis pas triste, j’ai eu la vie que je voulais et je m’en vais serein. J’entends des cris de douleur autour de moi, des épées qui s’entrechoquent, mais je ne veux pas mourir avant de savoir. Je sens des personnes autour de moi, mais je ne les distingue pas. Je ne sais pas depuis combien de temps, je suis là, à terre.

    -         Tiens bon, dit une voix.

    Je crois que c’est Gorgidas. Il a l’air inquiet, mais moi je ne peux m’empêcher de sourire.

    -         Alors ? Demandais-je.

    -         Nous avons gagné, bien entendu, dit-il. Epaminondas…

    -         C’est bon. Je vais mourir, je le sais.

    C’est bien plus silencieux, c’est étrange. Plus un mot, plus de cri. Je crois que des gens pleurent, mais pourquoi ? Il n’y a pas de quoi, nous avons vaincu l’ennemi.

    -         Epaminondas…

    -         J’ai assez vécu, puisque je meurs sans avoir été vaincu. Je laisse deux filles immortelles, Leuctres et Mantinée.

     

    ********

     

    Ainsi furent les derniers mots d’Epaminondas, créateur du bataillon sacré. Pendant près de sept ans, sous son commandement ainsi que celui de Gorgidas et de Pélopidas, le bataillon sacré ne fut jamais vaincu. Pendant vingt-quatre ans le bataillon sacré continua à protéger la ville de Thèbes, jusqu’à ce qu’ils rencontrent l’armée Macédonienne, dirigée par un certain Philippe II de Macédoine.

     

     


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