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    Chapitre 13

     

    Malaise

     

     

     

    Je sens qu’Inuki me retient, que mon verre tombe sur le sol. Mes yeux se ferment et bientôt, je ne sens plus rien qui me tient. Inuki m’a lâché à bout de force et je tombe en avant. Pourtant, quelques secondes se passent et subitement, je sens qu’on me tire en arrière. Je me retrouve allongé, sans pouvoir vraiment bouger, je crois que je n’en suis pas capable. J’entends des voix autour de moi, mais durant un moment, je ne parviens à répondre.

     

    Je sens une main fraiche sur mon visage et ça me fait revenir peu à peu. Je me rends compte alors que je suis dans les bras de Luka. Apparemment, c’est lui qui m’a rattrapé. {Si je n’étais pas aussi mal, je rougirais presque}. Je me remets doucement et me redresse avec l’aide de Luka.

     

    -         Eh ! Ça va Hikaru ? dit-il.

     

    Je remarque alors que tout le monde me regarde et je me sens soudain très mal à l’aise. Je n’aime pas être le centre d’attention. Adrien est à côté de moi et il semble inquiet.

     

    -         Tu peux te lever ? demande Luka.

     

    -         Oui, avec un peu d’aide, ça devrait aller, dis-je.

     

    Adrien et lui m’aident à me mettre debout, mais je suis encore bien mal en point. Ils m’accompagnent à l’intérieur de la péniche et nous allons jusqu’à la chambre de Luka. Ils m’allongent sur le lit et j’avoue, je ne me fais pas prier.

     

    -         Je devrais peut-être le ramener à la maison, dit Marinette.

     

    -         Pour l’instant, je ne pense pas qu’il soit capable de se déplacer. Ne t’en fais pas, il peut rester ici, en attendant.

     

    -         Merci Luka, dit-elle.

     

    Adrien les regarde et je n’arrive pas à savoir si ça le dérange ou non.

     

    -         De rien Marinette, dit-il. Je pense qu’on devrait le laisser se reposer.

     

    -         Tu as raison.

     

    -         Adrien ? demande Luka.

     

    -         Heu… je vous rejoins, dit-il.

     

    -         Ok !

     

    Ils sortent de la pièce et je me retrouve seul avec Adrien. Il a l’air angoissé et est blanc comme un linge. On se demande lequel de nous deux a eu un malaise. J’ai l’impression d’être plus frais que lui.

     

    -         Est-ce que ça va aller ? demande Adrien. Tu nous as vraiment fait peur.

     

    -         Je suis désolé, dis-je.

     

    -         Ne t’excuse pas, dit-il. Je ne m’attendais pas… à ça. Que… de l’utiliser te causerait autant de problèmes.

     

    -         J’ai trop tiré sur la corde, dis-je. J’en ai trop fait, surtout ces derniers temps. Mais, si je l’utilise moins et qu’on parvient à le réparer, ça devrait aller.

     

    -         Je l’espère, dit-il. Je ferais tout pour t’aider et je sais que Ladybug aussi.

     

    -         Je sais, dis-je. Alors, ne fais pas cette tête, ça va aller.

     

    -         J’espère. C’est juste… que ça fait remonter de mauvais souvenirs.

     

    -         Comment ça ?

     

    -         Ma mère… elle avait un peu les mêmes symptômes que toi avant de mourir. Et puis, l’assistante de mon père aussi ne se sent pas très bien ces derniers temps, alors dès que quelqu’un est malade, je ne peux m’empêcher de m’inquiéter.

     

    -         Je comprends, dis-je. Je prendrais le moins de risque possible, si ça peut te rassurer. Inuki me réprimande assez souvent.

     

    Je le sens qui s’agite près de moi, mais il fait en sorte de rester discret au cas où quelqu’un rentrerait à l’improviste. Et d’ailleurs, à peine ai-je pensé ça, qu’une tête passe la porte de la cabine.

     

    -         Adrien, il va falloir qu’on y aille, dit Kagami. Si on tarde plus, on risque d’avoir des problèmes.

     

    -         Je viens, dit Adrien en se levant. Hikaru, on se voit demain ?

     

    -         Oui, bien sûr. Je serais frais et dispo.

     

    -         Je l’espère.

     

    Il rejoint Kagami devant la porte et elle me fixe un instant.

     

    -         Repose-toi, dit Kagami.

     

    -         Oui, merci, dis-je.

     

    Adrien et elle sortent de la cabine et je ferme les yeux. J’ai l’impression qu’elle me donnait un ordre. Pourquoi il faut toujours qu’elle soit comme ça ? Elle admet rarement qu’on puisse avoir des faiblesses. Je suis vraiment fatigué et je sens que je ne vais pas tarder à partir au pays des songes, je résiste tant bien que mal, mais je pense qu’il ne faut pas je résiste. Je me cale dans le lit et je m’endors sans demander mon reste.

     

     

     

    ***

     

     

     

    Ce sont les voix de Marinette et Luka qui me sortent légèrement de mon sommeil. J’ai bien du mal à ouvrir les yeux. Je sens que j’ai encore besoin de dormir et mon corps refuse de toute façon de m’obéir. J’arrive juste à entendre la discussion de Marinette et Luka.

     

    -         Il va falloir qu’on rentre, dit Marinette d’un ton angoissé. Mais… il a l’air d’avoir besoin de repos. Mais mes parents ne vont pas comprendre pourquoi il n’est pas avec moi. Je suis responsable de lui, je suis sa correspondante. Qu’est-ce que je dois faire ?

     

    Marinette s’inquiète pour moi. Je devrais me lever et la rassurer, lui dire qu’on va rentrer ensemble. Mais, je n’arrive vraiment pas à bouger pour l’instant. J’ai encore besoin de repos. Mais, je ne veux pas non plus lui causer de problème.

     

    -         Il vaudrait mieux que tu rentrer Marinette, dit Luka. Parle à tes parents, dis-leur qu’il s’est endormi et que tu n’as pas osé le réveiller. Il est en sécurité ici, quand il se réveillera, je le raccompagnerais. Et sinon, je suis sûr que tes parents viendront le chercher.

     

    -         Oui… tu as raison, je vais faire ça, dit Marinette. Je suis désolé de t’imposer tout ça.

     

    -         Ne t’en fais pas. Hikaru est ton ami et je le trouve très sympa, je pense qu’on peut bien s’entendre. Enfin, en tout cas, c’est l’impression que ça m’a donné dès notre première rencontre. Alors, ce n’est pas une corvée pour moi, au contraire, ça me fait plaisir de pouvoir l’aider et de pouvoir t’aider aussi.

     

    {J’ai les joues en feu et ce n’est pas seulement à cause de la fièvre. Luka est vraiment quelqu’un de bien. Il y a vraiment quelque chose qui me plait chez lui et ce n’est pas seulement sa gentillesse et sa bienveillance. C’est un tout, je crois.}

     

    -         Merci Luka, dit Marinette.

     

    -         Je t’appelle dès qu’il se réveille, ok ? Suivant son état, soit je le raccompagne, soit on demandera à tes parents de venir, ok ?

     

    -         Ok !

     

    -         Ne t’en fais pas Marinette. Tout ira bien.

     

    -         Je l’espère.

     

    J’ai l’impression d’entendre Adrien. « Je l’espère ». L’espoir, c’est tout ce qu’ils ont pour le moment pour m’aider. J’aimerais que ça suffise, mais j’ai bien peur qu’il faille aussi un peu de chance dans l’équation.

     

    -         Bon, bah… je te laisse alors. Tu me tiens au courant, hein ?

     

    -         Promis, dit-il.

     

    J’entends Marinette sortir et Luka refermer la porte. J’imagine qu’il va la raccompagner à terre. Maintenant, qu’ils sont partis, je sais que je peux à nouveau me reposer et je retombe rapidement dans le sommeil.

     

     

     

    ***

     

     

     

    J’entends une douce mélodie à côté de moi. Durant un instant, je me laisse bercer par la musique, avant de comprendre que c’est de la guitare. Chaque note est jouée avec justesse et douceur. C’est apaisant et malgré moi, je souris. Je commence à me réveiller peu à peu. Je me sens beaucoup mieux. Dormir m’a fait un bien fou. J’ouvre les yeux et la musique continue. Je crois que Luka n’a pas encore vu que j’étais réveillé, trop occupé à jouer de la guitare. Je crois que c’est le genre de personne qui se laisse porter par la musique, en oubliant presque les gens autour. Je me redresse sur le lit et l’observe un moment. A la fin de son accord, il lève la tête vers moi. {Je suis perturbé et je détourne la tête légèrement. Ça ne dure que quelques secondes et je décide de le regarder à nouveau pour qu’il ne sente pas mon trouble.} Il me sourit avant de poser sa guitare sur son socle, se lève et vient vers moi.

     

    -         Comment vas-tu ? demande-t-il. Tu te sens mieux ? Tu as bien dormi ?

     

    -         Ça va mieux, oui. Dormir m’a vraiment fait du bien. Il est quelle heure ?

     

    -         Près de vingt heures, dit-il.

     

    -         Hein ? Si tard. Et Marinette ?

     

    -         Elle est partie, mais je lui ai dit que te ramènerais dès que tu serais réveillé.

     

    -         Je m’en veux un peu, dit-il. Je t’embête et surtout, j’ai dû inquiéter Marinette.

     

    -         Ne t’en fais pas, dit-il. Le principal, c’est que tu ailles bien. Est-ce que tu te sens de te lever ?

     

    -         Oui, ça devrait aller, dis-je.

     

    Je me lève. J’ai les jambes qui tremblent un peu, mais ça va, je tiens quand même debout. Je m’étire pour essayer de réveiller mes muscles. Je vois alors Luka sur son téléphone. Il doit probablement prévenir Marinette, que nous allons rentrer.

     

    -         Tu sais, tu n’es pas obligé de me raccompagner.

     

    -         Je l’ai promis à Marinette. Et puis… Paris est une grande ville, quand on ne connait pas, on a vite fait de se perdre.

     

    -         C’est vrai, mais les GPS des téléphones sont là pour ça, je lui fais remarquer.

     

    -         Tu marques un point. Mais si jamais tu rentres et qu’il t’arrive quelque chose en cours de route, je m’en voudrais beaucoup et Marinette serait sans doute fâchée.

     

    -         Tu as raison. Je ne veux pas la contrarier.

     

    -         Bien, alors, allons-y.

     

    Il sort avant moi de la cabine. {Finalement, je devrais profiter de ma chance de passer un peu de temps avec lui. Il ne me laisse vraiment pas indifférent.} Alors, que nous montons sur le pont, je m’aperçois qu’il fait nuit. La ville est éclairée et je vois au loin la tour Eiffel illuminée. C’est vraiment un spectacle magnifique. Rien que pour ça, je ne regrette pas d’être venu en France. Luka m’attend patiemment avec un sourire protecteur. Il a compris que je voulais profiter de la vue avant de partir. Puis, une fois que je suis prêt, nous nous mettons en route. Tout le long du trajet, nous ne parlons pas et je crois que ça me va. Je profite de la vue à l’arrière de son vélo. Nous arrivons finalement devant chez Marinette et je descends. {Je suis un peu déçu que la balade soit finie, mais toute bonne chose à une fin}.

     

    -         Est-ce que l’on peut se revoir ? On ne peut pas dire qu’on ait eu l’occasion de beaucoup se parler, à cause mon malaise. Et puis, j’aimerais encore écouter ta musique.

     

    -         Oui, bien sûr. Je serais libre samedi si tu veux. Il y a une répétition avec le groupe ce jour-là. Est-ce que ça ira ?

     

    -         Oui, enfin, je vais en parler à Marinette, dis-je. Ça reste ma correspondante, je ne peux pas prévoir de choses sans la prévenir.

     

    -         Aucun souci. Normalement, elle doit venir aussi, elle vient souvent à la péniche avec ma sœur et ses copines, dit Luka en souriant. Tiens-moi au courant si c’est bon. Je vais te donner mon numéro.

     

    -         Ah… oui, dis-je {un peu perturbé par son sourire}.

     

    Je sors mon téléphone et note son numéro. Je lui donne également le mien.

     

    -         Voilà, dit-il. Si c’est ok, on se dit à samedi

     

    -         Oui… pas de soucis.

     

    Luka me sourit puis s’éloigne sur son vélo. Je le suis du regard. Je ne pensais pas que cette journée serait aussi riche en rebondissement. Voir Kagami ici a fait remonter de mauvais souvenirs. Je ne pensais pas que ça me provoquerait un malaise. Je crois que j’en ai vraiment trop fait, il va falloir que je sois plus prudent. Luka s’éloigne et alors qu’il tourne au coin d’une rue, je le vois qui me fait un derrière signe de main pour me dire au revoir. Je lui rends, en souriant.

     

    {Je sens alors le rouge me monter aux joues, alors qu’il est déjà loin. Ah bon sang, je suis un imbécile. Je sais que je ne devrais pas penser à Luka de cette manière, mais c’est plus fort que moi. Depuis que je l’ai rencontré, il y a quelque chose qui m’a perturbé en lui. Je sais très bien que je vais en souffrir, mais tant pis, je crois que l’ai…}

     

    -         Hikaru ?

     

    Je me retourne pour faire face à Marinette et elle me regarde avec surprise. Quelle tête, je peux bien avoir ? Surement une tête affreuse vu la fatigue que je ressens dans tout mon corps.

     

    -         Tu… Est-ce que ça va ? demande-t-elle.

     

    -         Oui, ne t’en fais pas, dis-je en souriant. Je vais mieux.

     

    Elle fronce les sourcils. Je crois qu’elle ne me croit pas, et elle fait bien. Même si je me suis bien reposé et que je vais beaucoup mieux, je sais très bien que mon corps n’est pas au meilleur de sa forme. Cependant, je ne compte pas lui dire la vérité. Elle sait déjà que je suis perturbé par mon problème. Je n’ai pas encore trouvé de solutions pour réparer mon Miraculous. Le mieux serait de trouver la cachette de Papillon, mais ça ne va pas être une mince à faire et même que ce sera sans doute impossible. Pourtant, je sais que c’est sans doute la meilleure chance que j’ai pour arriver à mes fins.

     

     

     

     

     


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