•  Chapitre 10

     Jalousie

     

    -         Jusqu’à aujourd’hui ? demande Marinette. Comment ça ? Qu’est-ce qui s’est passé au juste.

     

    Je reste quelques instants silencieux. C’est compliqué pour moi de parler de mon propre passé, mais je sais que comme pour l’origine du Miraculous du loup gris, je suis obligé de lui raconter ce qui s’est passé, car c’est la raison de ma présence ici. Je regarde Inuki, qui acquiesce pour m’encourager à parler. Je prends une profonde inspiration. A ce moment, j’aimerais juste m’allonger sur mon lit, poser ma tête sur l’oreiller et ne plus penser à rien. Je sens que j’arrive au bout de mes forces et que j’ai vraiment besoin de repos.

     

     

     

    ***

     

     

     

    Quand ma sœur Kyoko et moi sommes venus au monde, nous étions destinés à contrôler les Miraculous. Kyoko, le loup blanc et moi, le loup noir. De ce fait, nous avons été formés toute notre enfance à les maîtriser. Kyoko était très doué, elle maîtrisait son pouvoir à merveille et quand nous nous confrontions l’un l’autre, c’était toujours elle qui avait le dessus. Elle brillait dans tout ce qu’elle faisait, contrairement à moi.

     

    Toute notre enfance, je suis resté dans l’ombre de ma sœur, en retrait, timide et mal à l’aise en société, contrairement à Kyoko qui était comme un poisson dans l’eau partout où elle allait. Elle était brillante, forte, indépendante, avenante avec tout le monde. Elle s’adaptait en tout circonstance et les gens la complimentait souvent. De moi, on disait juste que j’étais trop introverti, bien qu’ils louaient la beauté de mes yeux dorés, qui étaient d’un couleur très rares. De ce fait, nos parents, notre famille en attendait beaucoup d’elle, trop peut-être. Je l’avoue, j’en ai profité, ça m’arrangeait que ce soit elle le centre d’intérêt. J’avais juste envie d’être tranquille dans mon coin. Je ne souhaitais même pas devenir un porteur de Miraculous et à plusieurs reprises, ma sœur m’a tendu la perche.

     

    La première fois qu’elle en a fait mention, nous devions avoir sept ans. Elle venait de gagner un énième combat contre moi.

     

    -         Franchement Hikaru, tu n’es vraiment pas doué au combat, a-t-elle dit en m’aider à me relever.

     

    -         Je n’aime pas me battre, tu le sais, ai-je répondu. Ce Miraculous… je ne sais même pas si je le mérite vraiment.

     

    -         Alors donne-le-moi, a-t-elle dit en tenant la main avec sérieux.

     

    Je l’ai regardé à ce moment-là, très surpris. Il n’y avait pas une once d’hésitation dans sa voix. Honnêtement, j’étais prêt à lui tendre à ce moment-là. Lui donner le Miraculous du loup noir à ce moment-là, m’aurait évité des soucis pour le reste de ma vie. Mais au fond de moi, je sentais que je ne devais pas le faire. Les yeux de convoitise de ma sœur m’ont dissuadé de le faire et je l’ai donc gardé.

     

    Au fil des années, elle a quelques fois tenté de me reprendre le Miraculous, toujours de manière très subtile, souvent quand j’avais des moments de doutes, mais je ne lui ai jamais confié. Elle n’avait jamais insisté, me laissant le choix de lui donner ou non.

     

    Mais, il y a quelques semaines, son comportement a soudainement changé. Elle était plus agressive, plus incisive. Elle ne prenait pas de gants avec moi, lors de nos combats et un jour, alors qu’elle venait encore une fois de me mettre à terre, elle s’approcha de moi, me regarda de toute sa hauteur, puis m’empêcha de me relever en mettant son pied sur mon torse.

     

    -         Franchement, tu ne mérites vraiment pas ce Miraculous, a-t-elle dit avec mépris. Tu n’es vraiment qu’un raté. Pas une seule fois, tu ne m’as battu. Je ne vois pas comment tu pourrais défendre les gens comme ça.

     

    Elle a retiré son pied et je me suis relevé un peu sonné, non seulement par son geste, mais aussi par ses paroles blessantes et dures. Je n’avais jamais vu ma sœur avoir de telles paroles. Elle avait toujours mis les formes dans ses paroles pour ne pas me brusquer, mais là, son comportement était différent de d’habitude.

     

    -         C’est n’importe quoi, dit-elle. Être obligée de partager ce pouvoir avec toi, c’est une perte de temps. Si nous réunissions à nouveaux les deux Miraculous, la question ne se poserait pas.

     

    -         Tu sais très bien pourquoi il est dangereux de les réunir. Le Miraculous du loup gris est trop puissant. S’il a été séparé, ce n’est pas pour rien.

     

    -         Tu n’as jamais voulu de ce pouvoir, peste-t-elle. J’ai toujours été la plus douée de nous deux. Je pourrais le maîtriser, j’en suis certaine.

     

    J’ai l’impression qu’elle parlait plus pour elle-même que pour moi. Et donc, quand elle m’attaqua ce jour-là, j’ai su que ce n’étaient pas des paroles en l’air. Elle voulait vraiment me prendre mon Miraculous. Ses coups étaient plus violents et je sentais qu’elle voulait m’arracher mon Magatama. Après un combat acharné et à ma grande surprise, pour la première fois de ma vie, je l’avais vaincu. Elle en fut aussi surprise que moi, mais son regard soudain, se changea en haine et quand elle se releva, elle sortit son katana et me porta un coup à la poitrine. Je pus l’esquiver de justesse, mais elle parvient à toucher mon Miraculous. Le coup provoqua ma détransformation. Le Magatama tomba au sol et je vis immédiatement qu’il était endommagé. Je le pris avant que Kyoko ait l’idée de me le prendre. Je me suis reculé, un peu sonné et soudain très fatigué.

     

    -         T’es vraiment qu’un raté, dit-elle. Je te le laisse, mais je ne compte pas en rester là.

     

    Elle a fini par partir, me laissant groggy un moment. Je suis retourné à la maison, mais je n’ai rien dit à personne. J’avais dans l’espoir que Kyoko avait juste eu un moment de folie, mais je compris les jours suivants, qu’elle était bien décidée à mettre son plan à exécution. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de partir, fuir notre maison. Nous avions des résidences un peu partout au Japon et j’ai fui dans l’une d’elle dans l’espoir que ma sœur ne me suive pas. Et elle ne l’a pas fait. Mes parents ont pensé que j’avais juste besoin de changer d’environnement, que c’était pour mon bien, donc ils ont accepté sans broncher. Tant que ma sœur était là, c’était tout ce qui importait de toute façon.

     

    J’ai donc été inscrit dans un autre collège à Tokyo et j’ai profité de cet éloignement pour m’occuper de mon Miraculous. J’ai très vite compris qu’endommager, il était dangereux de l’utiliser et je m’en suis servi le moins possible. J’ai donc entrepris des recherches pour le réparer. J’avais déjà quelques connaissances, puisque Raphaël, mon ancêtre était un ancien gardien. Il avait donc transmis à notre famille, toutes les informations qu’il avait sur les Miraculous. Par contre, il n’y avait aucune information sur comment les réparer. Il parlait cependant d’un grimoire qui faisait mention de tous les Miraculous et qui ne pouvait être lu que par les gardiens. J’ai donc entrepris des recherches sur le temple de gardiens, qui avait disparu dans une grave catastrophe, il y plus d’un siècle.

     

    Je savais qu’il était réapparu il y a peu de temps grâce aux informations. J’ai donc pris contact avec eux. Ils m’ont avoué que le grimoire n’était plus en leur possession, et qu’il avait sans doute été emmené par le gardien possédant la Miracle Box de la Coccinelle et du Chat. Il n’a pas été compliqué ensuite de découvrir où il se trouvait, puisque partout, on parle des héros Ladybug et Chat Noir.

     

     

     

    ***

     

     

     

    -         Je savais que je devrais me rendre en France dès que possible et grâce à mon nouveau collège et à ce système de correspondance, j’ai pu venir plus vite que prévu. Je comptais profiter de ce voyage pour chercher Ladybug et Chat noir afin qu’ils me donnent des informations sur le gardien. Mais, ce que je n’aurais jamais cru possible, c’est que ma correspondante ne serait autre que Ladybug, elle-même. Je me dis que le destin fait bien les choses, tu ne penses pas Marinette ?

     

    -         Oui, on peut voir les choses comme ça, dit Marinette. En tout cas, je n’aurais jamais imaginé une histoire pareille. C’est incroyable !

     

    -         Alors… tu es une partie d’Inugami, dit Tikki à l’adresse d’Inuki.

     

    -         Oui, acquiesce-t-il.

     

    -         Je ne l’ai pas beaucoup côtoyé puisque nous ne faisons pas partie de la même Miracle Box, mais, il est vrai que son pouvoir était très puissant. Pas étonnant que le gardien ait dû le séparer. C’est un peu comme mon pouvoir et celui de Plagg, ils ne vont pas l’un sans l’autre. Et ensemble, ils sont très puissants.

     

    -         Au point d’exaucer les vœux, c’est ça ? demandais-je.

     

    -         Tu es au courant ? demande Marinette.

     

    -         Oui, on me l’a enseigné lorsque j’étais petit. Mais, on nous a toujours mis en garde quant à son utilisation, car ce pouvoir impliqué un prix à payer, qui serait trop élevé. Alors, ne t’en fais pas, je ne suis pas là pour ça. Tout ce que je veux, c’est réparer le Miraculous d’Inuki que ma sœur a endommagé. Dès que ce sera fait, je pourrais rentrer et essayer de la raisonner.

     

    -         Je comprends, dit Marinette.

     

    -         Alors… est-ce que tu sais où je peux trouver le gardien ?

     

    Marinette détourne le regard, mal à l’aise. Elle s’agite sur sa chaise et quelque chose me dit qu’il y a un problème. Tikki se rapproche d’elle et Marinette lui sourit tristement. Inuki et moi, nous regardons, un peu inquiet de ce que Marinette va nous avouer.

     

    -         Marinette ? l’encourageais-je à parler.

     

    -         Eh bien… en fait, c’est moi la gardienne, dit-elle finalement.

     

    -         Que… comment ça ?

     

    Elle commence à me raconter son histoire, sa rencontre avec le gardien qu’elle appelait Maïtre Fu et qui lui a donné son Miraculous. Son récit est mélancolique et triste. On voit bien que c’est difficile pour elle d’en parler. Pourtant, je vois aussi qu’elle y parle avec nostalgie et à certains moments, je la vois sourire, signe qu’il a laissé une marque indélébile sur elle. Au cours du récit, je me lève et m’approche de la fenêtre et regarde le ciel parisien s’assombrir. Quand elle arrive à la fin de son récit, mon espoir en prend un coup.

     

    -         Alors, Maître Fu t’a confié la Miracle Box et aujourd’hui, c’est toi la gardienne ?

     

    -         Oui.

     

    -         Et le grimoire original est en train les mains du père d’Adrien qui l’a trouvé lors d’un voyage.

     

    -         Exact, acquiesce Marinette. Maître Fu en avait fait une copie, mais sa tablette sur laquelle se trouvait une copie, ainsi que sa traduction a disparu quand il m’a confié le rôle de gardienne.

     

    -         Alors… c’est Papillon qui l’a, c’est ça ?

     

    -         Oui, c’est ce que je pense, dit-elle.

     

    -         Je vois, dis-je en fixant un point à l’horizon.

     

    Mes yeux se troublent. Je crois que j’ai atteint mes limites et je dois l’avouer apprendre tout ça, m’a vraiment mis un coup au moral. Je commence à trembler. Finalement, je n’aurais peut-être pas dû me lever, je sens que mes jambes vont me lâcher d’un moment à l’autre.

     

    -         Essayer de récupérer le grimoire ne me servirait à rien s’il n’est pas traduit. Ce qui signifie que le seul moyen que j’ai de pouvoir réparer mon Miraculous, c’est de retrouver Papillon et de lui reprendre la tablette.

     

    -         Non, impossible, s’exclame Marinette. Ce serait trop dangereux.

     

    -         Je n’ai pas le choix, dis-je. Je… je n’ai...

     

    Ça y’est mes jambes me lâchent. J’entends Inuki et Marinette m’appeler et leur voix sont très lointaine. Durant quelques instants, je ne les entends plus, puis, je reprends peu à peu mes esprits. Marinette m’aide à me relever et m’installer sur le lit de la chambre. Je me sens complètement vidé de mon énergie.

     

    -         Je suis désolé, Marinette, dis-je.

     

    -         Ne t’en fais pas, dit-elle. Repose-toi. On reparlera de tout ça plus tard et on essaiera de trouver une solution encore, ok ?

     

    -         D’accord, dis-je avant de fermer les yeux.

     

    Je sens Inuki se poser près de moi et en un instant, je tombe de sommeil.

     

     

     


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